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Cette histoire a été écrite par LilyetJane

Catégorie Ecrivain
L'auteur souhaite savoir tous les éléments et détails qui pourraient améliorer son style d'écriture. Il demande à être jugé comme serait jugé un véritable auteur.

Cette histoire n’est pas encore terminée.



Salut, c'est LilyetJane pour une nouvelle fanfiction !! Ça faisait longtemps que j'avais cette idée en tête ;) Ça s'inspire un peu de moi, car je fais du patinage artistique, et puis certains personnages ressemblent à des gens que j'ai côtoyé. Mais c'est quand même très romancé ! Et c'est inspiré pour le format des filles au chocolat, mais je n'ai pas récupéré les personnages de la série. N'hésitez pas à me laisser un message pour me dire ce que vous en pensez !

Résumé[]

Je m’appelle : Nathalie Royer

Mon âge : 17 ans

Je suis : Froide et distante

Mon style : Leggings et robes-pull, c’est pratique et joli

J’aime : Patiner sur glace

Je rêve : De devenir super forte en patinage

Mon problème : Socialement, c’est plus compliqué…

❄️ 1 ❄️[]

On a déménagé en octobre. C’est très irritant : on n’aurait pas pu arriver dans cette nouvelle ville pour la rentrée ?! C’est horrible d’arriver en cours de route. À l’école, tu es présentée à ta classe, tu ne connais personne alors qu’eux se connaissent entre eux. Tout le monde se demande qui tu es, pourquoi tu es arrivée en cours d’année, mais personne ne te parle parce que personne ne veux parler à une inconnue ! Et pour retenir les prénoms, laisse tomber !

Bon, en vérité, que personne ne me parle ça m’arrange bien. Je ne voudrais pas parler avec eux. Si je viens au lycée, c’est pour apprendre des choses, passer mon bac et ensuite je me barre. Ces jeunes, ils m’énervent, je ne veux certainement pas me lier avec eux. Après les cours, ils regardent des débilités sur leur téléphone. Moi je vais à la patinoire. Chacun son truc, chacun son monde.

La patinoire. Là encore, je dois prendre sur moi puisque la glace est partagée pour tout le groupe. Et là encore, je ne connais personne.

Au premier cours, j’étais super stressée, même si je n’ai rien laissé paraître. Ma mère me dit que quand j’essaie d’avoir un visage impassible, c’est à dire souvent, j’ai plutôt l’air d’une tueuse capable de transpercer les gens de mon regard bleu clair. Peut être parce que je voudrais transpercer les gens des yeux. Waouh, ce serai cool ! Toi tu m’énerves ? Allez, ziou, rayon laser des yeux bleus, et hop, disparu ! Oui, bon, c’est un peu radical quand même. Bref, je pense que pendant ce premier cours de patinage artistique, les gens ont pensé que je voulais les tuer du regard, alors que j’essayais juste de calmer ma tempête intérieure.

Il y avait une dizaine de personne. C’était un groupe de loisir, car je ne veux pas faire de compétition (encore un truc trop stressant). Comme c’est un groupe ado-adultes, il y en avait de tout les âges. Beaucoup de femmes, aussi, seulement deux garçons : tant mieux. Déjà, le plus jeune des deux (qui à l’air d’avoir mon âge) est énervant. Il fait parti des plus forts, comme il y a différents niveaux, et il est beaucoup trop paradeur à mon goût. C’est vrai quoi, comme la professeure donne des exercices, on les suit, on ne s’amuse pas tester d’autres choses et on écoute au lieu de discuter ! Bref, il m’horripile, n’en parlons plus.

La prof, Jeanne, est sympa. Et elle patine merveilleusement bien, j’aimerais tellement pouvoir faire comme elle ! Quand elle glisse sur la glace, cela semble si simple… Quelle grâce, quelle rapidité ! Elle danse et elle vole en même temps. Elle est vêtue très simplement, préférant sûrement le confort que l’élégance, mais elle resplendit de beauté et de grâce.

Je me sens lourdaude, à coté ! Moi, je suis dans le groupe du milieu : il y a le groupe des débutants qui savent à peine tenir sur leur patins, il y a le groupe de ceux, comme moi, qui ont déjà fait du patin et qui se débrouillent, et il y a le groupe des « forts », comme le type qui m’énerve, qui sont assez bons pour être en compétition. Ils pourraient aller dans le groupe compétition, d’ailleurs, on en serai débarrassé ; et la prof pourrait prendre plus de temps s’occuper de nous autres.

Dis donc, je suis de plus en plus aigrie, moi. Qu’est ce que ce sera quand je serai vieille !

Bon, stop les ronchonnages, on y va. Où ? À mon cours de patinage, bien sur. Le troisième de la semaine. J’ai seulement trois cours, parce que… bah parce qu’il n’y avait pas plus. Et ça coûte déjà cher. Donc je dois m’en contenter, mais maman m’a dit que je pourrai aller aux séances publiques, aussi.

❄️❄️❄️

Je pousse la porte. En fait, elle est fermée au public, mais la patinoire a donné un badge spécial qui ouvre la porte. Ce serait pratique pour les voleurs si ils avaient un truc comme ça. Enfin, dans une patinoire, il n’y a rien de plus précieux que le plaisir de glisser sur la glace.

Sans un bruit, je rentre dans les vestiaires. Filles et garçons y sont mélangés, car ici on ne se change pas mais on enfile nos patins. Les miens sont semblables aux autres : des bottines blanches à petit talons. J’aime tellement cette paire de chaussure que j’ai les même à la maison, sans la lame du patin ! Et j’ai aussi des rollers pareils ! J’aime bien le roller aussi, mais c’est différent du patinage sur glace. Il n’y a pas cette sensation de glisse, ce frisson de froid et de plaisir en même temps.

Ensuite, j’enfile mes gants, obligatoires. J’ai ai des noirs, des blancs et des bleus. Aujourd’hui, j’ai mis les noirs, de la même couleur que mon leggings. Autour de moi, les autres discutent. Je ne leur accorde pas d’attention et une fois prête, je pars sur la glace. Je salue la professeure et je fais un petit tour de glace pour habituer mes pieds, vérifier que mes patins ne sont pas trop serrés…

Puis le cours commence. Ce n’est pas toujours facile, et la prof nous en demande toujours plus, mais c’est ce qui nous permet de progresser. Et ce qui est sympa, c’est qu’elle met une playlist qui donne de l’ambiance. Certains vont jusqu’à chanter sur les chansons qu’ils aiment. Quelle horreur, chanter en public, je ne ferai jamais ça !

Alors que je tente vainement de tenir ma jambe en l’air, quelqu’un passe juste à coté de moi comme une fusée. « Il » a la peau un peu basanée et des cheveux noirs bouclés, un sourire éclatant sur les lèvres. Totalement à l’aise dans ses mouvement, il a l’air de bien s’amuser. Par contre, moi, il ne m’amuse pas du tout. Il enchaîne un pas de valse et un pas de je-ne-sais-quoi alors que ce n’est pas du tout la consigne. Nan mais je rêve ou il se pavane ?! Excédée, je lève les yeux au ciel et je tente de me concentrer sur le pas que je dois faire. Mais je m’énerve encore plus parce que je n’y arrive pas. Je sais bien que ce n’est pas de sa faute, mais c’est tellement plus simple de rejeter la faute sur les autres…

-Matteo !

Tiens, il s’appelle Matteo. Hé bien tu vas moins faire le malin, Matteo, maintenant que la prof t’a vu !

-Matteo, tu me montres ?

Pfff, elle ne le fâche même pas. Enfin, s'il ne l’a pas écoutée, il sera bien obligé d’avouer qu’il n’était pas en train de faire ce qu’elle avait demandé…

Je blêmis. Toujours tout sourire, il est en train de faire à la perfection ce que Jeanne avait demandé ! C’est pas juste !

Attends… Je ne serais pas un peu jalouse, là ?

Stop. Nathalie, arrête de penser, concentre toi sur ce que TU fais, et arrête de regarder les autres, particulièrement les beaux garçons super et forts et super chiants.

Ça y est, le mouvement vient. Les pieds ont fini par comprendre comment glisser de la bonne manière, le corps sait où se pencher, et même mes bras se permettent des mouvements gracieux. Soudain, il n’y a plus rien autour de moi, il n’y a plus que la glace blanche sur laquelle je glisse et la musique qui m’entoure. Je répète inlassablement le même pas, en rythme, portée par la musique. Tout est lié, fluide, clair. Je fléchie le genou, tourne, et balance l’autre pied. Et encore, et encore. Et mes bras suivent le mouvement en improvisation, gracieux, caressants, et libres.

-Bravo Nathalie !

Dérapage.

Je titube.

Jeanne est arrivée à coté de moi et m’a félicité, mais en même temps elle m’a fait reprendre conscience de tout ce qui m’entoure. La magie est finie, maintenant, le regard des autres me brûle si fort que j’ai l’impression que la glace va fondre sous mes pieds.

La séance s’est terminée sans autres problèmes, à part que je n’ai pas retrouvé cette plénitude magique. Mais tant qu’il y aura ces gens autour de moi, j’ai peur de ne pas la retrouver…

❄️ 2 ❄️[]

Je sors du lycée, la tête encore remplie de leçon. Mon derniers cours, c’était l’enseignement scientifique alors je ne suis pas fâchée de sortir. J’ai encore le cerveau tellement embrouillé que je me mets à calculer des trucs sans queue ni tête !!!

J’inspire en grand coup. Je m’assoie sur le côté des marches de l’entrée et j’enfile mes rollers en essayant d’ignorer le niveau sonore des lycéens qui débauchent.

Maintenant, je connais assez ma nouvelle ville pour pouvoir faire le trajet lycée-maison en roller, et bien sûr, je connais aussi parfaitement le trajet maison-patinoire. Heureusement que notre nouvelle maison en est assez proche.

Quand j’arrive chez moi, j’ai le cœur qui palpite et le visage rafraîchit par le vent. Je fouille dans mon sac à la recherche de mon porte-clé : Des patins à glace argentés. J’y ai accroché mes clés de maisons et mon badge de patinoire.

Je rentre et balance mon sac par terre, puis je vais boire un verre d’eau dans la cuisine. Il n’y a que le bruit du frigo, et autres petits sons ménagers. J’ai l’habitude de rentrer seule, car ma mère est infirmière et elle rentre tard. Un peu déprimée, je songe à mettre de la musique, quand il me vient une meilleure idée : Et si j’allais me perfectionner au patinage en allant aux séances publiques ?

Aussitôt dit, aussitôt fait : je prends mon sac de patinage et je renfile mes rollers, sans oublier de laisser un petit mot à ma mère pour la prévenir.

Quand je rentre dans la patinoire, je comprends aussitôt que ça ne va pas bien se passer.

La glace est remplie de gens, des jeunes, des vieux, des débutants, des gens qui se tiennent à la balustrade pour ne pas tomber et d’autre qui slaloment dangereusement entre les patineurs. La glace n’est plus lisse, elle est toute abîmée, effritée, trouée. Une musique aux basses dérangeantes passe en arrière fond, mais le niveau sonore des rires, cris et discutions est plus fort.

Je reste pantelante devant l’entrée sur la glace. Soudain, je suis bousculée par un petit garçon qui se précipite sur la surface gelée en poussant des cris. Je frémis. Je me sens m’affaisser de déception tandis que je fais demi tour, remets mes rollers et rentre chez moi. Même les voitures me sont insupportable sur le chemin du retour.

Rentrée chez moi, j’ai l’impression d’être revenue en arrière. Je balance mon sac par terre, puis je vais boire un verre d’eau dans la cuisine. Il n’y a que le bruit du frigo, et autres petits sons ménagers. Mon petit mot à l’intention de maman trône au milieu de la table. Je l’attrape, le froisse et le jette. Puis, je récupère mon sac d’école et je m’installe dans ma chambre pour faire mes devoirs.

❄️❄️❄️

-Nathalie ! Ton sac de patinage traîne au milieu du salon !

Ah, ma mère est rentrée. Sympa de me crier dessus alors que ça fait trois heures que je l’attends.

Je descends en traînant des pieds.

-C’est bon, je le range.

-Tu n’as rien préparé pour le repas ?

-Bah non, je t’attendais.

-Pfff, Nathalie, tu sais bien que je rentre tard ! Tu aurais pu préparer la table, au moins.

-Hé ho ! Déjà j’ai passé la soirée seule, à faire mes devoirs, alors merci !

Cette fois, j’ai crié, furieuse. Comment ose-t-elle me demander de faire tout ça, alors que je lutte pour ne pas déprimer, seule dans mon coin, promise à un avenir de merde ?!

-Débrouille toi toute seule, tu m’énerve !

Je crie, puis je remonte dans ma chambre d’un pas rageur, et je claque violemment ma porte. Je mets une musique de rock à fond, une musique qui couvre le bruit de vaisselle que fait ma mère.

❄️❄️❄️

Quand je redescends, je suis un peu calmée. Ma mère a préparé le repas, et du coup, je me sens un peu coupable. Après tout, si elle m’a laissée seule, c’est parce qu’elle travaillait. Et quand elle rentre excédée de son travail, moi, je n’ai rien préparé, ce qui signifie qu’elle a encore du travail à la maison. La pauvre. La prochaine fois, je ferais plus attention.

Je la fixe un instant, puis je vais m’asseoir à table en silence.

-Tu essaye de me transpercer avec tes yeux bleus ? Demande t-elle, sourire aux lèvres.

-Pardon maman, je marmonne.

-Pardon de quoi ? D’essayer de me tuer de ton regard de glace ?

Cette fois, elle me fait rire.

-Non, pardon de t’avoir crié dessus au lieu de t’aider.

-C’est pas grave, c’est fini. Moi aussi je t’ai crié dessus en rentrant, je n’aurais pas dû.

-Bon on arrête de crier toutes les deux, alors !

Nous rions ensemble. J’aime quand on se réconcilie.

❄️ 3 ❄️[]

Lorsque j’arrive devant la porte de la patinoire, une mauvaise surprise m’attend.

Elle s’appelle Matteo et elle m’attend littéralement. En fait, il me tient la porte pour m’éviter d’avoir à sortir mon propre badge. Je passe à coté de lui sans l’ombre d’un sourire. Je n’ai rien à faire de sa galanterie !

Il continue de tenir la porte pour laisser passer une autre fille, qui, elle, le remercie. Pimbêche, va. Je ne leur accorde plus d’importance mais je suis bien obligée d’entendre leur conversation.

-Ce n’est pas grave si je n’ai pas passé mon badge ? Demande la fille.

-Non, répond Matteo. Le badge, c’est juste pour ouvrir la porte, ça n’enregistre pas ta venue !

Je repense à mon histoire de voleurs. Cela confirme que ce serait très pratique pour s’infiltrer, si il y avait quelques objets précieux dans la patinoire. Heureusement, ce n’est pas le cas.

Soudain, une idée me vient… Non, vraiment, c’est trop bizarre. Je préfère l’oublier. Les voix des deux autres me ramènent à la réalité.

-En fait, mon père travaille ici ! C’est comme ça que je le sais, dit Matteo.

Je lève les yeux au plafond. Mais quel crâneur ! Et l’autre fille, là, qui fait l’intéressée !

-Il fait quoi, ton père ?

-Eh bien, c’est celui qui s’occupe de la machine qui lisse la glace, par exemple. Et il s’occupe de d’autres choses, aussi. En plus, on a déménagé juste à coté de la patinoire, c’est plus pratique !

-Et plus écolo ! Moi, je suis obligée de venir ici en bus…

Je décroche de leur petite conversation en mettant mes patins. Et après, direction la glace !

❄️❄️❄️

Ce soir là, je n’arrive pas à m’endormir. Allongée dans mon lit, j’ai les yeux grands ouverts sur le noir. Pleins de pensées tourbillonnent dans ma tête : Le lycée, la patinoire, mes échecs répétés aux cours de patinages, ma médiocrité par rapport à Matteo, Matteo… Non pas Matteo ! Pourquoi je pense à lui ? Mais déjà, mes pensées repartent dans une autre direction, si vives que j’ai l’impression d’être dans un train. Le badge, la porte, les voleurs… Le badge, la porte, la nuit… Le badge, la porte, la patinoire vide qui brille au clair de lune… comme ça doit être beau ! Et agréable !

L’idée folle que j’avais eu un peu plus tôt me revient. Maintenant, je n’ai plus du tout envie de dormir…

Je me lève. Je n’ai jamais fugué, mais de toute façon, ma mère dort, donc elle ne se rendra compte de rien. Alors je commence à échanger mon pyjama contre ma tenue habituelle…

❄️❄️❄️

Quelques lampadaires éclairent la rue, mais personne ne me remarque. Devant la porte, j’hésite encore. Puis, prise d’une soudaine résolution, je passe le badge.

La porte s’ouvre.

Je rentre. Je tremble presque, en attente d’une stridente sonnerie d’alarme, d’un gardien de nuit, quelque chose qui hurle mon intrusion illégale…

Rien.

Aucun bruit, sinon le claquement de mes pieds sur le sol. J’observe la patinoire. Elle ne brille pas au clair de lune en projetant des scintillements partout comme je l’avait imaginé. En fait, il fait très sombre. Mais la glace, blanche, brille un peu, reflétant chaque parcelle de lumière existante.

C’est aussi magnifique que dans mes rêves.

Alors j’enfile mes patins et je m’élance sur cette blancheur immaculée.

Enfin, je peux glisser sans crainte du regard des autres.

Enfin, je peux me mouvoir en prenant toute la place que je veux, de toute la vitesse que je peux.

Enfin, je peux tenter tout ce que je voudrais faire, sans obéir à des consignes, juste en puissant dans ma créativité.

Enfin, je peux faire n’importe quoi, je peux rire, pleurer ou chanter. Je peux glisser, sauter, inventer, tournoyer. Et tant pis si je me trompe, car je recommence, et encore et encore comme si je dansais pour des yeux invisibles.

Enfin, la magie de la glace est revenue, cette magie qui me porte et me pousse, cette magie qui se dégage du sol blanc brillant, comme une aura froide et calme.

Enfin, libre, je glisse.

Non. Je vole.

❄️ 4 ❄️[]

Le lendemain, fait très rare, je pars au lycée avec un sourire. Le bonheur que j’ai vécu cette nuit m’est resté dans le cœur. En revanche, je suis un peu fatiguée, mais bon, ça ira.

Je commence par un cours d’histoire-géo. C’est long, un peu ennuyant, mais ce n’est pas si terrible. C’est fou comment on peut voir les choses différemment selon notre état d’esprit !

Enfin, je suis quand même bien contente en sortant de l’école. Ce n’est pas seulement la surcharge de travail, qui me gêne, mais aussi les autres élèves. Aujourd’hui, par exemple, une fille m’a tellement énervée que je n’ai pas pu m’empêcher de lui répondre.

C’était dans les toilettes des filles. Elle, c’est le genre de fille populaire qui drague les mecs à coups de battement de faux-cils. Elle était en train de se tartiner les lèvres de gloss et elle discutait en même temps avec deux de ses amies. J’ai rien compris à leur conversation, mais ça donnait quelque chose comme :

-Oh la la, j’adooore ton nouveau fond de teint, tu l’as d’où ?

-Hi hi (rire stupide de pimbêche), je l’ai acheté hier à Sephoraaa !

Et là elle a sortit un truc du genre :

-Nan mais franchement je comprends pas les filles qui se maquillent pas, genre, Sephora c’est la vie !

Sachant qu’elle m’avait vue, puisque je me lavais les mains à coté, je me suis sentie un peu beaucoup visée (même si je me demande comment elle peut savoir que je n’ai jamais mis les pieds à Sephora). Je lui ait répliqué d’un ton aussi glacial que mes yeux :

-Alors tu as une conception très étrange de ce qu’est la vie, si selon toi c’est un magasin qui vend des produits qui servent à masquer ta beauté naturelle. Si tu ne comprends pas les filles qui ne se maquillent pas, moi, je ne comprends pas les filles qui se composent un faux visage et qui ensuite se pavanent sous des airs supérieurs. Tu te trouve belle, mais moi, je ne vois qu’une fille « parfaite » comme tant d’autres, une fille qui se cache son vrai visage sous des couches de crèmes et de paillettes.

Et ensuite je suis sortie sous leurs airs mi-horrifiés, mi-abasourdis. Quand j’ai fermé la porte, je l’ai quand même entendue dire à ses amies choquées :

-Nan mais elle quand elle parle c’est toujours pour dire un truc méchant. Elle a vraiment un cœur de glace.

❄️❄️❄️

Niveau arrogance et fierté, j’en connais un autre qui bat les records. Au cours de patinage suivant, il a dépassé les limites.

Ce jeudi soir, on travaille les trois arrières en dedans. Pas du tout facile. Faudra que je m’y entraîne une nuit prochaine.

Bref, pendant ce temps, je n’arrive pas à avoir le « truc ». Je patine n’importe comment, et je dérape quand j’essaye de tourner. Soudain, Matteo arrive à coté dans un dérapage, maîtrisé, lui. Une fille du « groupe des forts » lui demande ce qu’il fait, et il répond qu’il en a marre de l’exercice qu’ils font et qu’il veut essayer ce que NOUS on fait. Il s’insère donc dans notre groupe et commence à faire notre exercice… qu’il réussit parfaitement, bien sur. Bras ballants, je le regarde en pestant intérieurement. Quand il revient à mon niveau (car nous tournons en cercle), il me sourit et je jurerais qu’il m’a même lancé un clin d’œil. Pour toute réponse, je le fusille du regard.

Je retente quelques essais infructueux, puis je me dégage du cercle pour ne pas gêner les autres. Jeanne s’occupe de groupe des débutants, donc je ne peux pas lui demander de l’aide. Alors j’observe les autres en essayant de comprendre. Matteo s’arrête à coté de moi.

-Ça va Nathalie ?

-Pourquoi ?

-Parce que j’avais l’impression que tu avais du mal avec cet exercice, tu veux que je t’aide ?

-Je peux me débrouiller toute seule, merci.

Il paraît étonné de mon ton cassant, et retourne dans le cercle sans rien dire. Du coup, je me sentirai presque coupable de l’avoir repoussé. Je dis bien « presque ». Et puis, qu’est ce qu’il croit ? Il ne peut pas patiner à ma place, donc je dois me débrouiller toute seule.

❄️❄️❄️

Le soir, quand les lumières de la maisons sont éteintes, je me ressasse cette scène. Jusqu’à en tirer une conclusion : je dois progresser. Et pour progresser, je dois encore travailler. Et pour cela, quoi de mieux qu’une nouvelle visite nocturne de la patinoire ?

Je retourne donc dans ce qui est devenu ma deuxième maison. Cette fois, plus confiante, je m’autorise à mettre de la musique avec mon téléphone. Ce ne sont pas les musiques qu’on entend en cours, car même si j’aime bien celles-ci, je préfère ne pas casser l’ambiance magique de la glace sous la nuit. Je choisis des musiques sans paroles, des orchestres de films, des douces et des entraînantes.

À nouveau, je prends l’ampleur de la patinoire pour moi seule, je peux exprimer ma créativité comme jamais. Et je travaille tant et si bien mes trois arrières, que quand je ressors vers 2 heures du matin, je maîtrise pleinement le mouvement.


❄️ 5 ❄️

Si il y a un truc qui est aussi magique que de glisser sur une patinoire déserte la nuit, c’est bien manger des esquimaux.

Avec moi, tout est de glace en fait : je mange des glace, je glisse sur la glace, et j’ai des yeux couleur glace. Et j’ai un cœur de glace, aussi, d’après les filles du lycée. Mais passons.

Même si on est fin novembre et qu’il fait froid, je continue de supplier ma mère pour garder des réserves d’esquimaux dans le congélateur. J’aime tout type de glace : en pot, en cornet, glace à l’eau… mais je préfère les esquimaux, parce que c’est de la glace à la vanille (un de mes parfums préférés) entouré de chocolat !

Alors en sortant du lycée aujourd’hui, j’avais une petit faim et j’ai décidé de m’accorder une pause goûter. J’ouvre le congélateur et j’en sors un paquet emballé. Je croque un bout de chocolat (celui-ci a des éclats de noisettes, encore meilleur!), puis je lèche la glace. Et je croque un autre bout de chocolat, je lèche la glace. Etc…

C’est sûr qu’en manger seule dans une maison en Novembre, c’est moins bien qu’en été quand on veut se rafraîchir, mais…

Les esquimaux en été. Un souvenir me revient en mémoire comme un ras-de-marée.

-Papa, il fait trop chaud !

-C’est le principe de l’été, chérie !

-Oui mais… heu… le principe des glaces, c’est rafraîchir, non ? Quelle chance, un marchand de glaces ! On n’a qu’a les utiliser !

Le père rit de sa voix grave et caverneuse. Puis, cédant à sa fillette, il sort de la monnaie pour lui prendre une glace.

-Qu’est ce que tu veux ?

-Un esquimau ! Avec du chocolat ! Répond la fillette toute excitée.

-Et voilà un esquimau pour ma princesse inuit !

La petite fille rit en s’emparant de le glace. Mais derrière elle, une femme blonde croise les bras, mécontente.

-Tu la gâte trop ! Tu veux que ta « princesse inuit » devienne grosse ou quoi ? C’est la dixième glace de la semaine !

-Contente-toi de faire ton travail de mère et laisse moi gérer mon travail de père, veux-tu ?

Ici, l’âme sensible de la petite fille a oublié la suite. Le souvenir s’efface.

Seul reste une profonde mélancolie mêlée de tristesse.

L’esquimau, dans ma bouche, paraît plus froid.

Je froisse l’emballage et le jette à la poubelle en haussant les épaules. Puis je monte dans ma chambre et je tente de me concentrer sur mes devoirs. Chose compliquée car je suis crevée. Je fini par m’allonger dans mon lit en attendant le retour de ma mère.

❄️❄️❄️

Début décembre, je me suis habituée à faire des siestes, car je suis souvent retournée à la patinoire la nuit. Maintenant, j’y vais en toute confiance et j’allume même la lumière. Et j’ai bien progressé ! Je sens que je suis bien meilleure qu’avant, et ce sentiment me porte et pousse à continuer.

Aujourd’hui, je ne fais pas la sieste mais je suis couchée sur mon lit, papier et crayon à la main : J’écris ma liste de Noël. C’est peut être réservé aux petits qui croient encore au père Noël, mais moi j’en fait toujours. Comme ça ma mère sait quoi m’acheter.

~Liste de Noël~

~Une tenue de patinage bleue

~Une enceinte Bluetooth

Je m’interrompt : est ce que je demande de nouveaux patins ? Non, ceux ci me suffiront bien.

Je rajoute une demande de livre « surprise » pour la forme, et je descends ma liste. Elle est petite, mais je préfère ne pas en demander trop.

-Maman ! Tiens !

Je lui tends ma liste et elle la lit en souriant.

-D’accord, je prends connaissance de tes demandes. Ah au fait, pour Noël…

-Quoi ?

-On ne le fêtera pas le 24 et 25, je travaille ce soir là. Et… Pareil pour le premier de l’an.

-Ah…

-Tu comprends, c’est important qu’il y ait des gens à l’hôpital, même les soirs de fête ! Tu imagines tout ces gens qui ne sont pas bien, il ne faut pas être égoïstes et les laisser pour faire la fête, hein ?

-Oui, oui, je sais.

Elle me regarde gentiment.

-Tu sais quoi ? Pour la peine, on fêtera deux fois Noël : une fois le 23, et une fois le 26 ! Ok ? Et pour la nouvelle année… bah tu te coucheras plus tôt, et puis on se verra bien assez tôt pour la nouvelle année !

Je souris. Même si c’est triste de passer les fêtes seule, je sais que ma mère fait tout pour aider les autres, et en plus elle essaye de trouver une solution pour me faire plaisir !

-Ok, cool !

Ma mère sourit tendrement. Contente d’avoir annoncé la nouvelle sans accroches, elle repart rapidement sur un autre sujet.

-Ah tient, j’ai vu que le marché de Noël avait commencé, au centre ville. Il ont mis une patinoire d’extérieur ! Tu voudras y aller ?

-Non.

C’était un non affirmatif, sans retour en arrière. Maman paraît étonnée, mais elle ne dit rien et part ranger le linge, me laissant seule avec mes souvenirs…

Il faisait froid, mais il était encore trop tôt pour qu’il neige. Trois silhouettes emmitouflées déambulent dans les rues illuminées par les guirlandes. Deux grandes, un toute petite entre les deux. Est-ce qu’elle est mise entre eux par amour, ou est ce qu’ainsi placée, elle créé une barrière entre ses parents ?

Les vitrines des magasins sont alléchantes, mais le trio se dirige vers le petit village de Noël qui a été installé sur la place du centre-ville.

-Tu voudrais essayer le patinage, ma chérie ? Demande le père.

-C’est quoi ?

La mère, de l’autre coté, répond :

-C’est quand on met des chaussures spéciales pour glisser sur un sol gelé !

-Allez, venez, on va essayer !

La mère fronce les sourcils.

-Elle est encore petite, ça pourrait être dangereux !

-Mais non, arrête de la surprotéger !

La fillette, pendant ce temps, enfile déjà ses patins, mais elle doit appeler son père pour qu’il lui fasse les lacets, trop complexes pour son jeune âge.

La mère reste sur le bord, pendant que le père et la fillette s’élancent à la découverte de la patinoire.

C’était la première fois qu’elle découvrait le plaisir de la glisse. Plus tard, elle verrait des champions de patinage artistique à la télévision et elle demanderai à s’inscrire à la patinoire de sa ville.

❄️ 5 ❄️[]

Si il y a un truc qui est aussi magique que de glisser sur une patinoire déserte la nuit, c’est bien manger des esquimaux.

Avec moi, tout est de glace en fait : je mange des glace, je glisse sur la glace, et j’ai des yeux couleur glace. Et j’ai un cœur de glace, aussi, d’après les filles du lycée. Mais passons.

Même si on est fin novembre et qu’il fait froid, je continue de supplier ma mère pour garder des réserves d’esquimaux dans le congélateur. J’aime tout type de glace : en pot, en cornet, glace à l’eau… mais je préfère les esquimaux, parce que c’est de la glace à la vanille (un de mes parfums préférés) entouré de chocolat !

Alors en sortant du lycée aujourd’hui, j’avais une petit faim et j’ai décidé de m’accorder une pause goûter. J’ouvre le congélateur et j’en sors un paquet emballé. Je croque un bout de chocolat (celui-ci a des éclats de noisettes, encore meilleur!), puis je lèche la glace. Et je croque un autre bout de chocolat, je lèche la glace. Etc…

C’est sûr qu’en manger seule dans une maison en Novembre, c’est moins bien qu’en été quand on veut se rafraîchir, mais…

Les esquimaux en été. Un souvenir me revient en mémoire comme un ras-de-marée.

-Papa, il fait trop chaud !

-C’est le principe de l’été, chérie !

-Oui mais… heu… le principe des glaces, c’est rafraîchir, non ? Quelle chance, un marchand de glaces ! On n’a qu’a les utiliser !

Le père rit de sa voix grave et caverneuse. Puis, cédant à sa fillette, il sort de la monnaie pour lui prendre une glace.

-Qu’est ce que tu veux ?

-Un esquimau ! Avec du chocolat ! Répond la fillette toute excitée.

-Et voilà un esquimau pour ma princesse inuit !

La petite fille rit en s’emparant de le glace. Mais derrière elle, une femme blonde croise les bras, mécontente.

-Tu la gâte trop ! Tu veux que ta « princesse inuit » devienne grosse ou quoi ? C’est la dixième glace de la semaine !

-Contente-toi de faire ton travail de mère et laisse moi gérer mon travail de père, veux-tu ?

Ici, l’âme sensible de la petite fille a oublié la suite. Le souvenir s’efface.

Seul reste une profonde mélancolie mêlée de tristesse.

L’esquimau, dans ma bouche, paraît plus froid.

Je froisse l’emballage et le jette à la poubelle en haussant les épaules. Puis je monte dans ma chambre et je tente de me concentrer sur mes devoirs. Chose compliquée car je suis crevée. Je fini par m’allonger dans mon lit en attendant le retour de ma mère.

❄️❄️❄️

Début décembre, je me suis habituée à faire des siestes, car je suis souvent retournée à la patinoire la nuit. Maintenant, j’y vais en toute confiance et j’allume même la lumière. Et j’ai bien progressé ! Je sens que je suis bien meilleure qu’avant, et ce sentiment me porte et pousse à continuer.

Aujourd’hui, je ne fais pas la sieste mais je suis couchée sur mon lit, papier et crayon à la main : J’écris ma liste de Noël. C’est peut être réservé aux petits qui croient encore au père Noël, mais moi j’en fait toujours. Comme ça ma mère sait quoi m’acheter.

~Liste de Noël~

~Une tenue de patinage bleue

~Une enceinte Bluetooth

Je m’interrompt : est ce que je demande de nouveaux patins ? Non, ceux ci me suffiront bien.

Je rajoute une demande de livre « surprise » pour la forme, et je descends ma liste. Elle est petite, mais je préfère ne pas en demander trop.

-Maman ! Tiens !

Je lui tends ma liste et elle la lit en souriant.

-D’accord, je prends connaissance de tes demandes. Ah au fait, pour Noël…

-Quoi ?

-On ne le fêtera pas le 24 et 25, je travaille ce soir là. Et… Pareil pour le premier de l’an.

-Ah…

-Tu comprends, c’est important qu’il y ait des gens à l’hôpital, même les soirs de fête ! Tu imagines tout ces gens qui ne sont pas bien, il ne faut pas être égoïstes et les laisser pour faire la fête, hein ?

-Oui, oui, je sais.

Elle me regarde gentiment.

-Tu sais quoi ? Pour la peine, on fêtera deux fois Noël : une fois le 23, et une fois le 26 ! Ok ? Et pour la nouvelle année… bah tu te coucheras plus tôt, et puis on se verra bien assez tôt pour la nouvelle année !

Je souris. Même si c’est triste de passer les fêtes seule, je sais que ma mère fait tout pour aider les autres, et en plus elle essaye de trouver une solution pour me faire plaisir !

-Ok, cool !

Ma mère sourit tendrement. Contente d’avoir annoncé la nouvelle sans accroches, elle repart rapidement sur un autre sujet.

-Ah tient, j’ai vu que le marché de Noël avait commencé, au centre ville. Il ont mis une patinoire d’extérieur ! Tu voudras y aller ?

-Non.

C’était un non affirmatif, sans retour en arrière. Maman paraît étonnée, mais elle ne dit rien et part ranger le linge, me laissant seule avec mes souvenirs…

Il faisait froid, mais il était encore trop tôt pour qu’il neige. Trois silhouettes emmitouflées déambulent dans les rues illuminées par les guirlandes. Deux grandes, un toute petite entre les deux. Est-ce qu’elle est mise entre eux par amour, ou est ce qu’ainsi placée, elle créé une barrière entre ses parents ?

Les vitrines des magasins sont alléchantes, mais le trio se dirige vers le petit village de Noël qui a été installé sur la place du centre-ville.

-Tu voudrais essayer le patinage, ma chérie ? Demande le père.

-C’est quoi ?

La mère, de l’autre coté, répond :

-C’est quand on met des chaussures spéciales pour glisser sur un sol gelé !

-Allez, venez, on va essayer !

La mère fronce les sourcils.

-Elle est encore petite, ça pourrait être dangereux !

-Mais non, arrête de la surprotéger !

La fillette, pendant ce temps, enfile déjà ses patins, mais elle doit appeler son père pour qu’il lui fasse les lacets, trop complexes pour son jeune âge.

La mère reste sur le bord, pendant que le père et la fillette s’élancent à la découverte de la patinoire.

C’était la première fois qu’elle découvrait le plaisir de la glisse. Plus tard, elle verrait des champions de patinage artistique à la télévision et elle demanderai à s’inscrire à la patinoire de sa ville.

❄️ 6 ❄️[]

Minutieusement, je lace mes patins.

Cette nuit, je me suis encore entraînée, et j’ai pourtant j’ai encore hâte de retourner sur la glace, malgré ma fatigue.

Quelqu’un s’assoit à coté de moi pour chausser ses patins aussi. Devinez qui ? Matteo.

Comme je me retourne vers lui, il croise mon regard et m’adresse un salut. C’est dingue, mais il n’a pas l’air de m’en vouloir alors que je ne suis pas très… sympa. En fait, il me sourit et commence à discuter, enfin, monologuer puisque je lui réponds à peine. Il sourit tout le temps, lui. Mais… Si ça se trouve, il pense « elle sourit jamais, elle ». En tout cas, il n’a pas l’air d’en être embêté.

Puis nous allons sur la glace et nous nous séparons pour rejoindre nos groupes respectifs.

Jeanne commence à nous donner des exercices. Je trouve que ce qu’elle nous demande est d’une simplicité enfantine, mais comme je ne peux pas me permettre de lui demander un truc plus dur, je m’efforce de le faire à la perfection, en rajoutant des ports de bras gracieux.

Mais Jeanne revient vers moi.

-Nathalie, viens ! Tu vas rejoindre l’autre groupe, ok ? Parce que tu es très bien capable de faire leur exercice.

Et c’est comme ça que je me retrouve dans le groupe des forts.

Du coup, je me sens rejetée a un niveau plus faible. Mais Jeanne avait raison de me changer de groupe, car même si je n’y arrive pas très bien, cet exercice est plus à mon niveau.

Matteo me rejoint. Aïe, j’avais oublié qu’il était là…

Mais finalement… Ce n’est pas si dérangeant. Il me dérangeai parce qu’il était complètement mon opposé, avec son aisance et sa chaleur, mais il a l’air tellement agréable comme garçon ! D’un coté, il m’horripile parce que le trouve crâneur et il est plus à l’ais que je ne le serai jamais. Mais d’un autre coté, il est avenant et chaleureux et je ne peux pas lui en vouloir pour ça, au contraire, ça le rend… attirant.

Pendant que j’étais perdue dans mes pensées, je continuais de travailler. Et ça a porté ses fruits : je commence à réussir l’exercice avec aisance.

Hélas, la séance se termine rapidement. Au moment de sortir du bâtiment, mes patins à l’abri dans mon sac, je suis interpellée par Matteo :

-Hey, Nath !

-Ne m’appelle pas Nath !

Il s’arrête brusquement, choqué par mon ton. Je me rends compte que j’ai presque crié, d’une voix cassante et sèche. Une voix qui choquerait n’importe qui qui ne s’y attendrait pas.

-Je… Tu aimerais que je t’appelle Matt, moi ?

-Ben, oui, tu peux m’appeler Matt…

Je lutte pour ne pas perdre contenance.

-Eh bien moi je ne veux pas que tu m’appelle Nath, compris ? Et je dois rentrer chez moi.

Le laissant bras ballants devant la patinoire, je m’enfuis en essayant de m’empêcher de trembler. Ma tête tourne et je marche d’un pas rageur pour tenter de me contenir, mais un flot de souvenirs me revient…

-Nath ! Viens !

-Nath… J’ai une surprise pour toi !

-Nath, ma petite princesse, ne pleure pas…

-Nath, papa est là…

Non. Ne pas pleurer, ne pas pleurer… Je suis toujours dans la rue, ne pas pleurer !

Tout ira bien.

Il faut juste que rentre à la maison…

❄️❄️❄️

Maman est toujours au travail. Seule dans la maison, je peux me laisser aller. J’aurais eu envie de mettre une musique, de préférence une musique triste et mélancolique, mais j’ai trop la flemme et je me contente de m’affaler sur mon lit.

Plus rien ne bouge, si ce n’est les tremblements de mon corps. Plus de bruit non plus, à part mes sanglots étouffés par mon oreiller.

Puis, au bout d’un moment, le calme revient. Les larmes ont séchées sur mes joues, et mon esprit s’est vidé.

Un profond sentiment de culpabilité m’envahit. Un sentiment que je n’aurais jamais pensé avoir. Mais je m’en veux d’avoir répondu si méchamment à Matteo. Pourquoi ? Des réponses méchantes, j’en ai distribué un paquet, à un paquet de personnes ! Alors pourquoi je culpabilise pour Matteo ?

Je crois que je sais : Lui, contrairement aux filles du lycée, et contrairement à plein d’autres, je lui ai crié dessus alors qu’il était gentil avec moi. Vraiment, à part mes parents, qui a témoigné d’autant de gentillesse pour moi ? Malgré mes airs revêche, il a continué d’être aimable, avenant, presque affectueux.

Il est resté aussi chaleureux que je suis restée froide.

Mais maintenant… il a dû comprendre que je ne valais rien. La prochaine fois, tout gentil garçon qu’il soit, il ne me parlera plus avec un sourire. Et comment pourrait-on lui en vouloir ? Entre parler avec des filles sympas (il y en a plein) et parler à une fille qui répond toujours méchamment, le choix est vite fait. C’est à moi que j’en veux. Je m’en veux de n’avoir fait aucun efforts pour être sociable, je m’en veux de m’être rendue compte trop tard que j’aurais dû prendre Matteo en amitié et non en rogne.

Trop tard.

C’était le dernier cours de patinage avant les vacances de Noël. Quand on reprendra après les vacances, il ne voudra plus être sympa avec moi, c’est sûr.

Mes yeux tombent sur une guirlande dorée où l’on peut lire « Joyeuses fêtes ! ».

Sans parents, sans amis, et pire, avec la promesse d’une amitié gâchée, je sens que je vais passer des fêtes extraordinairement joyeuses…

❄️ 7 ❄️[]

Fête… Peut on appeler ça une fête ? Je regarde toujours cette banderole dorée qui flotte devant mes yeux.

~Joyeuses fêtes !~

Dans une maison silencieuse. Il n’y a que moi, une table un peu sale parce que j’ai déjà mangé. La nuit est tombée dehors. Les guirlandes lumineuses du sapin clignotent. Et moi, immobile, j’observe tout ceci depuis le canapé de cuir brun.

Je me lève. Sous le sapin, il y a mes cadeaux, déjà ouverts car nous avons décidé de fêter Noël hier soir, le 23. Je m’agenouille et attrape ma tenue de patinage.

C’est une robe courte, douce et fluide, qui fait un dégradé du blanc au bleu, agrémentée de paillettes et d’un voile transparent, ainsi qu’un harmonieux décolleté. Il y a aussi les collants, couleur chaire, et des gants très fins assortis. Maman m’a aussi fait la surprise d’un accessoire de cheveux, une sorte de pince avec des flocons de neige argentés.

J’ai déjà essayé mon ensemble hier, bien sûr ; qui n’essaye pas ses cadeaux immédiatement après les avoir reçu ? Mais j’ai à nouveau l’envie de la mettre. Alors je monte dans ma chambre et je l’enfile, m’admirant dans le miroir.

Je me rend compte que la seule chose que j’ai envie de faire, en ce soir de Noël, c’est patiner seule sur la glace brillante au clair de lune.

Alors j’attrape mon porte-clés en forme de patins, sur lequel est accroché le badge de la patinoire, je prends également ma nouvelle enceinte Bluetooth, et je fourre tout ça dans mon sac de patinage. Puis j’enfile un gros manteau et un pantalon par dessus ma tenue, et je sors dans la nuit.

❄️❄️❄️

Biip !

La porte s’ouvre.

Je dois être vraiment folle pour entrer illégalement dans une patinoire la nuit de Noël. Si les gens le savaient…

Heureusement, personne ne le saura jamais. De toute façon, tout le monde se fiche de ce que je peux faire, tant que je ne gêne personne.

Ce soir, je n’allume pas la lumière, car c’est la pleine lune et il y a assez de luminosité pour éclairer la patinoire. La glace brille. Comme il fait un peu sombre, cela donne un aspect vraiment froid, mais magique. Parfait pour moi.

J’enlève mon manteau, je mets mes patins, et je lance une playlist triste et douce. Puis je m’élance sur la glace.

Je glisse, je tournoie, je saute.

Ma respiration se cale sur la musique, mon corps et mon esprit aussi.

Le clair de lune ne fait pas briller que la glace : même si je ne me vois pas, j’imagine les diamants de ma robe étinceler. Et quand je vais vite, le jupon volette derrière moi. Je me sens… Belle.

Alors mes larmes coulent, et je m’emporte dans une danse sur la glace, avec la glace. Mes émotions s’exprime avec la mélodie qui résonne dans la pièce, ma tristesse se révèle dans mes enchaînements. Il n’y a plus rien que la musique, mon corps qui suit, dans un ballet plus fort que ce que je n’ai jamais fait.

Et puis, après un montée en puissance de la musique, dans laquelle je m’élance dans un saut, le rythme se calme, pour finalement s’arrêter.

Au milieu de la piste gelée, haletante, je me suis arrêtée dans une pose gracieuse.

C’est le vide, le vide de la fin de la musique, de la fin de la danse.

D’habitude, dans les spectacles, quand la musique s’arrête et que la patineuse s’est immobilisée dans sa pose de fin, les applaudissements retentissent.

Clap clap clap !

Des applaudissements.

Non, je ne rêve pas, il y a vraiment quelqu’un qui applaudit dans les gradins. Mon cœur rate un battement. Je regarde en direction du bruit : les gradins sont plongés dans l’ombre, car seule la glace est éclairée par la lune.

Soudain, une ombre se détache des gradins, toujours en applaudissant.

-Que… fais-tu là ? Je demande en m’approchant du bord de la piste.

Le brunet m’adresse un sourire. Ce n’est pas le même sourire que d’habitude : c’est un sourire ému, touché par ce qu’il vient de voir. Le sourire que j’ai lorsque j’admire une magnifique performance musicale ou artistique.

-Je crois qu’on va avoir des explications à se donner tout les deux, me répond Matteo.

❄️❄️❄️

Nous nous sommes assis sur les premiers gradin, qui ne sont pas totalement dans l’ombre. J’ai gardé mes patins et ma tenue, non seulement parce que je me sens bien dedans, mais aussi parce que je suis tellement surprise que je n’arrive plus à penser à rien.

-Tu es là depuis le début ? Je demande.

-Je suis rentré avant toi. Un tout petit peu avant. J’allais partir quand je t’ai vu rentrer ; alors je suis resté.

Je hoche la tête, en attendant plus d’explications. Je n’arrive moi-même pas à parler.

-Bon, je crois qu’il faut que je t’explique. Mon père est gardien ici. Tu le savais ?

Je hoche la tête pour lui signifier que oui. Il prend une inspiration profonde et continue.

-Mon père m’a raconté que depuis quelques temps, certain matins, la glace était abîmée.

J’étouffe une exclamation. Comment n’ai-je pas pensé à ça ! Quand je patine, ça laisse des traces !

Matteo sourit, amusé par mon expression horrifiée.

-Eh oui, tu croyais que ça passerait inaperçu ? Figure toi que ça a marché : mon père a accusé ses autres collègues. Il disait qu’ils laissaient la glace en état le soir, par flemmardise. Mais moi, j’ai trouvé ça bizarre. Alors j’ai réussi à visionner les archives de caméras de surveillance.

-Attends… Il y a des caméras de surveillance ?! Je m’exclame.

-Oui. Tu n’avais pas remarqué ? Mais seulement à l’entrée.

-Et… Personne n’a été prévenu que j’étais rentrée ? À part toi qui es allé voir les vidéos ?

-Ben non, apparemment. C’est bizarre, mais le système ne devait pas être très au point.

-Et donc, tu as vu les vidéos de surveillance… ? Dis je pour l’inciter à continuer.

-Et je t’ai reconnue. J’étais… curieux. J’ai essayé de venir, mais les deux fois où je suis venu, tu n’y es pas allée.

-Mais ce soir ? Tu ne fêtes pas Noël ? Avec ta… famille ?

Ma voix se brise un peu quand je lui demande. Il me regarde avec compassion.

-Normalement, si. Chez moi, actuellement, il y a plein de monde. Parents, grands-parents, oncles, tantes, cousins, etc.… Tellement que même si je disparaissais, personne ne s’en rendrai compte. C’est ce que j’ai choisit de faire. Je me doutais que tu ne serais pas à la patinoire ce soir, mais j’avais besoin de calme. Alors je suis venu là. Et au moment où j’allais partir, à mon plus grand étonnement, j’ai entendu la porte s’ouvrir. Je me suis discrètement assit dans les gradin et j’ai admiré le spectacle que tu m’as offert malgré toi.

Pour la première fois, il paraît gêné quand il baisse la tête pour se frotter la nuque.

-Je… heu, désolé, tu n’avais peut être pas trop envie qu’on te voit…

Il me regarde en attendant une réponse. Je me rends alors compte que depuis tout à l’heure, je ne ressens rien : pas de tristesse, pas de colère contre lui. Je l’écoute, simplement. Et maintenant, il me demande ce que je pense. Il faut que je me pose moi-même la question.

-Je ne pensais pas qu’on me verrai, et je ne le voulais pas. Mais ce n’est pas grave.

Non, cette fois, je ne dois pas être froide. Dire quelque chose de gentil, qui inspire confiance, maintenant !

-En fait, ça ne me dérange pas du tout que tu m’as vu. Mais heu… Tu as aimé ?

De nouveau un sourire admiratif de sa part.

-J’ai adoré. C’était magnifique.

-Merci.

Je sourit. Mais là, ce n’est pas pour être gentille. Je suis vraiment heureuse. Finalement, il ne m’en veux pas trop d’avoir été froide et désagréable. Peut être qu’il y a encore une chance…

-Et toi, tu me racontes ? Pourquoi tu viens patiner ici ?

Je n’aurais jamais pensé raconter à quelqu’un ce que j’ai fait, et pourquoi, et ce que ressens. Et pourtant…

-Je vais tout t’expliquer…

❄️8❄️[]

-Et voila comment je me suis retrouvée ici, dis-je en terminant de narrer mon histoire à Matteo.

Celui ci pousse un petit sifflement de surprise.

-Eh bien…

Je souris. Même si je suis hyper gênée, je me sens bien, et discuter avec lui est un plaisir. Se confier à quelqu’un est tellement soulageant !

-Mais heu... Tu es sûr que personne ne se rendra compte que tu es partit de ta maison ?

-Non, t’inquiètes, je te dis qu’il y a plein de monde ! On peut encore discuter, ajoute-t-il avec un sourire engageant.

Alors, nous parlons de plein de choses. Enfin, surtout lui, il est plus bavard que moi. Mais je suis la première surprise en me rendant compte que je parle bien plus qu’à l’habituel (et avec le sourire!).

Bien sur, le patin a une grande place dans la conversation. Nous nous demandons mutuellement depuis quand nous en faisons. Moi, depuis trois ans, et lui, cinq.

-En fait, j’ai commencé par m’inscrire au hockey sur glace, me dit-il. Mais j’ai rapidement compris que les brutes qui tapent sur un palet ce n’était pas trop mon truc. Je voulais plutôt… Je sais qu’on dit que c’est pour les filles, mais moi je voulais plus de grâce, de légèreté. Je voulais glisser librement, comme… un oiseau. Pardon, un oiseau sur la glace, c’est bizarre comme comparaison, mais quand je patine j’ai vraiment l’impression…

-De voler, je complète.

-Oui. Tu vois ce que je veux dire ?

-Parfaitement. Moi aussi, j’ai ressentit ça dans mes meilleurs moments. Voler sur la glace. Et c’est fabuleux.

Un instant de flottement survient, mais pas désagréable. C’est simplement… une respiration. Nous nous regardons dans les yeux, un léger sourire aux lèvres. Je réalise soudain la situation d’un aspect extérieur, comme quand je revois mes souvenirs…

Une jeune fille en tenue de patinage, patins aux pieds, comme si elle sortait d’un compétition. Elle assise à côté d’un garçon aux cheveux bruns bouclés, habillé d’une chemise de fête et d’un pull de noël. Les deux sont tournés l’un vers l’autre immobiles, yeux dans les yeux. Et la glace derrière, d’un blanc immaculé, comme parsemée de paillettes qui étincellent à la faible lumière de la lune. Cette glace, si magique, si attirante…

Je détache mon regard de Matteo pour me tourner vers la glace. Comme si il comprenait, il se lève.

-Tu voudrais y retourner ?

Je souris.

-Matteo ? Dois-je te rappeler que tu n’as pas de patins, que nous sommes ici illégalement et qu’il est minuit passé ?

Il rigole, d’un rire charmant et joyeux qui résonne dans la grande pièce.

-Hé, tu étais inquiète à l’idée qu’on découvre que je ne sois plus chez moi ? Eh bien je vais retourner chez moi, vérifier que personne n’a besoin de moi, et revenir avec mes patins !

❄️❄️❄️

Je me balance d’un pied sur l’autre.

Reviendra-t-il ? Et si il s’était trompé, que sa famille le cherchait et qu’il ne pouvait pas revenir ?

Un bruit à la porte. Ouf !

Hé ho, non mais j’étais en train de me ronger les sangs dans l’attente d’un garçon ? Mais où est passée la vraie Nathalie Royer ?!

-Hey Nath… alie ! J’ai mes patins.

Je m’immobilise. Il a faillit m’appeler Nath. Nath.

Et alors ? Est ce que je dois lui en vouloir, alors qu’il ne sait même pas pourquoi je ne supporte pas qu’on m’appelle comme ça ? Ou bien je laisse m’appeler comme ça par gentillesse ?

Je décide de faire comme je n’avais pas entendu qu’il voulait « raccourcir » mon prénom. Après tout, il s’est rattrapé en disant le reste, même si il a eu un temps d’hésitation.

-Heu, ça va ? Je ne t’ai pas trop fait attendre, j’espère ?

Je m’aperçoit qu’il me dévisage avec angoisse. Je me force à sourire.

-C’est bon t’inquiètes. Mais dépêche-toi de mettre tes patins, j’ajoute en m’apprêtant à aller sur la glace sans l’attendre.

-Hé attends Nathalie ! J’ai apporté un truc.

Je m’arrête.

-T’as faim ? J’ai réussi à piquer discrètement deux parts de bûche glacée…

Il regarde l’assiette qu’il a dans les mains.

-Zut, je suis bête, j’aurais pas dû prendre un truc froid !

-Non, c’est super, merci beaucoup ! Mais tu n’aurais pas dû… je vais me sentir redevable.

-Je croyais que tu n’étais pas le genre de personne à faire de cadeaux, dit-il espièglement.

-Je ne fais pas de cadeaux aux gens parce qu’ils ne m’en font pas.

Après cette réponse simple et directe, je monte sur la glace.

-On pourra les manger après ? Si on patine assez, on aura chaud et ça fera du bien de manger !

Matteo s’empresse de lacer ses patins, puis me rejoint. Alors que je comptais que nous nous donnions mutuellement des conseils et appréciations, il m’attrape la main pour patiner à mes côtés.

Je suis d’abord surprise par ce contact, mais je me laisse entraîner. Bientôt, l’air frais fouette mon visage, grâce à la vitesse de notre glisse.

❄️❄️❄️

J’avais raison. On a chaud après avoir patiné. De toute façon, j’ai toujours raison… non ?

Matteo me tend une part de bûche de Noël.

-C’est une bûche esquimau : glace à la vanille et au caramel recouverte de chocolat aux éclats de noisettes.

Je souris. Bien sûr qu’il ne pouvait pas savoir que j’adore les esquimaux. Et pourtant…

-C’est délicieux, dis-je en croquant dedans.

-Ouep. Même si je préfère la bûche aux marrons. Ma mère devait en avoir ras-le-bol d’en faire tout les ans, alors elle a testé une autre recette.

Nous mangeons en silence, jusqu’à ce que Matteo finisse sa part et me dise :

-C’est cool de patiner ici la nuit. Maintenant, je comprends pourquoi tu venais !

Je hoche la tête en silence. Matteo me regarde, et c’est comme si… Je pense que c’est ce genre de regards que dans les livres, on qualifie de « regard brûlant ». Le genre de regard qui fait rougir, à la fois de gêne et de fierté. Ses yeux s’arrêtent sur ma tunique.

-C’est nouveau ça ? Parce que tu devrais la mettre plus souvent, c’est très joli. Enfin, tu es très jolie. Je veux dire, ce n’est pas la tunique qui te rend belle, mais elle est belle quand même. Je veux dire… Rââh, je sais plus parler !

Je rigole. Matteo Lopez qui perd ses moyens, c’est rare !

Il est mignon quand il est gêné. Il se passe la main dans ses cheveux bouclés, histoire de les ébouriffer plus qu’ils ne le sont déjà. J’ai l’impression que par ce geste, il essaye de se donner une contenance.

Je cligne des yeux. Mes paupières se font de plus en plus lourde, et je me suis affalée plus qu’assise sur le banquette devant la piste. Matteo étouffe un bâillement, mais trop tard, le pouvoir contagieux du bâillement est plus fort : Je baille à mon tour, à m’en décrocher la mâchoire. Ce qui fait rire Matteo à son tour.

-Je crois que toute les bonnes choses ont une fin… On devrait peut être rentrer se coucher, parce que je doute que ce soit une bonne idée de dormir ici…

-D’autant plus que c’est pas confortable.

-Je te raccompagne ?

-Non, merci, je n’habite pas loin, et ça ira.

Soucieux de me laisser mon intimité, il accepte, mais à contre-cœur, je le vois bien.

-Hé, c’est bon. Ça fait plusieurs nuits je fais ça !

-Ok. Alors… à bientôt ?

-À bientôt !

❄️9❄️[]

Quand j’ai revu ma mère le lendemain, elle a pensé que mon réveil à 11h et ma tête défoncée étaient dû à un coucher tardif (ce qui, en soit, était vrai, mais elle ne savait pas que c’était parce que j’avais patiné et discuté jusqu’à 2 heures du matin).

En gros, elle ne m’en a pas voulu du tout, ce qui n’aurait pas été le cas si elle avait su que j’étais rentrée par effraction dans la patinoire pour la je-ne-sais-combien-dième fois.

Elle aussi était fatiguée, d’ailleurs, et quand je me suis levée (pardon, traînée) jusqu’à la cuisine, elle m’y attendait avec un bol de thé mais nul doute qu’elle n’était pas levée depuis longtemps.

C’était assez sympa, cette ambiance de après-fêtes-même-si-on-n’a-pas-fait-la-fête. On parlait peu et doucement, en sirotant notre thé. On s’est dit qu’on n’allait pas manger de petit-déjeuner, quand même, vu l’heure.

Quand la théine à commencé à me donner de l’énergie, du moins, assez pour me soulever de ma chaise, je suis allée m’habiller. Pour changer, j’ai choisit une robe longue, de couleur pervenche, avec une ceinture blanche. En voyant ma tête dans le miroir de la salle de bain, j’ai décrété qu’il serait également judicieux de me passer coup de brosse.

Bref, le reste de la journée s’est passé, comme on peut s’en douter, très calmement et sans trop de rebondissements ou d’aventure (traduction : visionnage de films vautrée dans le canapé).

Les autres jours de la semaine se sont passé de la même manière, excepté quelques sorties, envoie de lettre de bonne année à des amis, et des ateliers cuisine (ma mère était étonnée que je lui demande de faire une bûche glacée).

❄️❄️❄️

La bûche glacée, bien que très différente de celle m’a fait goûté Matteo, était délicieuse, je songe. Mes cupcakes aussi, et je me suis bien amusée à les faire. Nous sommes le dernier jour de l’année actuelle, et ma mère est déjà partie au boulot. Il ne reste plus une miette de cette bûche glacée, et j’ai franchement la flemme de cuisiner encore. J’ai fini ma série et j’en ai marre de regarder les écrans, donc pas de piste d’anti-ennui de ce côté ci non plus.

Je m’approche de la fenêtre : Le temps est un peu gris, ni soleil, ni pluie, et encore moins de neige. Fichu réchauffement climatique. J’aime trop la neige.

Même si je ne le vois pas par la fenêtre, je devine qu’il fait froid dehors. Alors, que faire pour profiter de ce dernier jour ?

Et non, pour une fois, je n’ai pas envie d’aller à la patinoire. En fait, ce que je voudrais… c’est un ami. Ou une amie.

Dans les histoires, les héros sont toujours entourés d’amis fidèles, avec qui ils passent du bon temps, ils s’entraident, etc.

Moi, les seuls amis que j’ai eu, j’ai rapidement perdu leur contact, et puis de toute façon je n’était pas super amie avec eux. Quand je dis « eux », c’est un petit nombre, hein. Genre cinq personnes durant les 17 années de ma vie. En comptant les gamins de la crèche, ce qui n’est pas très fabuleux.

Du coup, je me décide à ranger ma chambre. Le genre de truc qu’on ne peut faire que quand on s’ennuie vraiment.

Jusqu’à ce que je reçoive un message. Qui donc peut m’envoyer un message ?

Numéro inconnu.

Salut, c’est Matteo ! Tu m’avais dis que tu serais toute seule pour le premier de l’an, alors j’ai demandé à mon père si je pouvais regarder les numéros de téléphone des inscrits de la patinoire, c’est comme ça que je t’ai trouvé. Bon, je ne sais pas si ça te plairait, mais si tu te sens vraiment seule, tu peux venir chez nous !

Je reste un instant sans bouger.

Finalement, si moi je suis assez folle pour entrer dans la patinoire la nuit, Matteo a un niveau assez haut en folie pour regarder les caméras de surveillances et consulter les numéros des inscrits du club de glace… M’étonnerai que n’importe qui se permette ce genre de choses…

En attendant, il faut que je lui réponde. Bon, d’abord, j’enregistre son numéro. Et ensuite, je réfléchis. En vérité… Revoir Matteo, je dois l’admettre, me ferai plaisir. Je n’aurai jamais pensé dire ça un jour !!

Mais en même temps, l’idée même de faire la fête chez lui me donne la nausée. Il ne pouvais pas proposer, je ne sais pas moi, qu’on se retrouve à la patinoire ?

Ok, clairement, je dégénère : je suis en train d’espérer un tête à tête avec Matteo Lopez !

J’ai l’impression qu’une nouvelle personne s’empare de mon corps : une personne qui rêve d’être entourée d’amis, d’être normale, une personne totalement différente de la fille froide et marginale qui je suis. Ou peut être que cette personne a toujours existé…

Salut Matteo, c’est sympa que tu ais trouvé mon numéro.

Approche avenante : o.k.

Merci de ta proposition, mais je préfère rester chez moi.

Refus de la proposition sans méchanceté : o.k.

On se reverra bientôt, salut !

Salutation et invitation à se revoir : o.k. Envoyer !

Ouf. C’est pas si compliqué, d’être gentille, quand on s’y met !

Heureuse, je m’allonge sur mon lit en attrapant mon nounours. Oui, j’ai un nounours à 17 ans, et alors ? Je l’avait dit, que j’étais bizarre !

Et puis, ce nounours (un ourson polaire prénommé Toudou), je l’ai depuis longtemps. C’est dur de se détacher de choses qu’on a depuis des années. Surtout quand elles ont une histoire émotionnelle importante…

-Tu veux le garder ?

-Mais oui maman ! Toudou, c’est Toudou, quoi, je le garde ! Pas vrai papa ?

-Bien sur ma chérie, tu peux le garder !

-Oh, Marc, tu dis ça parce que c’est toi qui lui a offert ! Elle est grande maintenant, elle n’a plus besoin d’un doudou !

-Bah oui, c’est papa qui me l’a offert, mais j’ai envie de la garder !

-Coraline, laisse-la garder sa peluche, il n’y a pas d’âge pour ça !

-Bon, d’accord.

Ce souvenir, il est plus récent. Ça s’était passé un jour qu’on faisait du rangement dans la maison, la maison d’avant. Il y avait eu beaucoup de disputes, ce jour là. Comme beaucoup d’autres jours, d’ailleurs…

Je soupire. Il faut vraiment que je sorte ça de ma tête.

Au lieu de ça, je serre plus fort mon nounours et je me mets à lui parler.

-Toi, Toudou, tu connais toute l’histoire, hein ? Et tu es bien le seul à qui je peux en parler… Et je t’aime beaucoup, Toudou, mais parler à un doudou, c’est pas très… Enfin, c’est pas pareil que de se confier à une vraie personne. Je crois que j’aimerais bien avoir un vrai ami pour cette raison, aussi. Un ou une vraie amie, on peut tout lui confier. Il ou elle est toujours là pour te réconforter, te changer les idées… Et hélas, un doudou, ce n’est pas un vrai ami.

Je repose Toudou, la gorge nouée.

Est ce que c’est moi qui repousse les amis ? Pourquoi, si j’ai le droit à une famille détruite, je n’ai pas le droit à un ami de consolation ?


❄️10❄️[]

Je rentre dans la patinoire en respirant l’air froid avec bonheur. Enfin, la nouvelle année à commencé, les vacances sont finies, et, si c’est dommage de reprendre l’école (je m’en serais bien passé, merci), je suis très contente de reprendre les cours de patinage artistique.

En entrant dans les vestiaires, j’aperçois Matteo.

-Bonjour Matteo, dis-je avec un sourire.

Les yeux de celui-ci se lèvent vers moi et s’illuminent.

-Oh, salut Nathalie ! Tu as passé de bonnes vacances ?

Il me lance un clin d’œil, comme si on ne s’était pas vus pendant ces vacances…

Je répond vaguement, que ouais, ça allait (je pense qu’on peut effectivement résumer mes vacances par « ça allait »). Puis je remarque un air étonné sur le visage de certaines personnes.

Je comprends alors : C’est peut être la première fois qu’elles entendent ma voix. Non, j’exagère, mais c’est sûrement la première fois qu’elles entendent ma voix avec une intonation sympathique.

Sans m’en occuper davantage, je commence à lacer mes patins. Puis, je rejoins Jeanne sur la glace sans autres démonstrations de cordialité.

À la fin du cours, je m’approche discrètement des autres : Matteo est une grande conversation avec une autre fille sur leur « avenir ». Curieuse d’entendre ce que Matteo souhaite faire comme métier, je ralenti mes mouvements pour les écouter.

-J’adore patiner, mais je ne sais pas si je voudrais être patineur pro. Mais à choisir, je crois que je préférerais faire du patinage en couple. Enfin, il faudrait que je trouve ma partenaire, mais dans l’idéal je préfère ça que la compétition en solitaire. Bref, et toi ?

L’autre fille, Mélie je crois, enchaîne sur ses études en droit.

-… Et après ça, mon but, c’est de devenir juge.

-Juge ? Je demande.

Les eux se retournent vers moi, étonnés.

-Ouais, c’est ça. Peut être que je commencerai en étant avocate, mais ce que je voudrais vraiment c’est être juge.

Je ricane, puis je lance froidement :

-Parce que tu t’imagines que tu rétabliras la justice, hein ?

Elle paraît aussi déstabilisée que si ses patins avaient subitement disparus de ses mains.

-Mais oui, bien sûr, tu vas aider tout le monde, arrêter les méchants et rétablir la vérité et la justice ! Arrête de rêver, franchement. La justice ici, c’est de la merde.

Sur ce, je sors.

❄️❄️❄️

Au moment où je m’apprêtais à partir sur la route, rollers aux pieds, la voix de Matteo m’intercepte :

-Nathalie, attends !

Je m’arrête et me retourne. Il est seul et court vers moi, alors je décide de l’attendre.

-Quoi ?

-Heu… Tu dois rentrer chez toi, là, ou on peut prendre un temps ensemble pour discuter ?

Je prends un petit temps pour réfléchir. Au passage, je remarque avec amusement qu’avec mes rollers, je fais presque sa taille.

-Ok, tu veux qu’on parle où ?

-Viens, répond-t-il simplement.

❄️❄️❄️

Assise sur un banc, je défais mes rollers, car je me doute que la conversation peut durer un moment.

-Pourquoi tu as dit ça ?

-Dis quoi ? Je réponds.

-Ben… ce que tu as dis à Mélie, c’était pas très gentil. Carrément pas, en fait.

Ah, oui, la fille qui voulait être juge.

Je me sens soudain très coupable. Non pas pour Mélie et mon speech sur la justice, mais parce que l’air triste et déçu de Matteo me fait l’effet d’un poignard dans le cœur.

-Ben je…

-J’ai vraiment besoin d’une explication, là. Tu as été hyper méprisante avec Mélie alors qu’elle ne t’a rien fait ! Elle était en train de parler de ses rêves et toi tu arrives, tu la défonce !

Enfin, je comprends pourquoi il m’en veux. Ce n’était pas de la faute de Mélie. Mon attaque était injustifiée. J’aurais dû faire attention avant de parler, mais je n’ai pas pu m’en empêcher, je ne pouvais pas m’empêcher d’être méchante…

Ma gorge se serre et je baisse la tête. Je n’ose même plus regarder Matteo dans les yeux, je suis trop nulle, trop méchante, trop froide… Ce n’est pas pour rien que je n’ai pas d’amis. Alors, je remets mes rollers et je me lève pour partir. Mais juste avant, je réponds à Matteo :

-Je suis vraiment désolée, Matteo. Tu as raison, bien sûr, j’ai été odieuse, mais je ne peux pas m’excuser. Je suis vraiment…

Je me souviens alors de ce qu’avaient dit les filles de mon lycée.

-J’ai vraiment un cœur de glace.

Ma voix se brise sur ces derniers mots, et je m’apprête à partir. Mais Matteo me retient par le bras.

-Attends !

Déstabilisée par mon appui sur mes rollers et mon bras tiré, je lui retombe dessus. Sans s’en inquiéter, Matteo me fait rasseoir sur le banc à côté de lui.

-Non. Tu ne peux pas partir juste en disant « j’ai un cœur de glace, ça explique tout ! »

-Mais c’est vrai Matteo ! Je ne peux pas me justifier comme ça, je le sais, mais c’est vrai !

-Alors explique pourquoi.

Là, je ne comprends plus sa question.

-Pardon ?

-Pourquoi. Pourquoi tu as un cœur de glace ?

J’en reste muette de stupeur. C’est quoi cette question ?! Il soupire.

-Bon. Si tu était aussi hostile avec Mélie, c’était pour une raison, non ? Surtout, j’ai l’impression que tu était hostile contre la justice. Explique moi pourquoi, s’il te plaît.

À mon tour de soupirer. Je ferme les yeux. Il est intelligent, n’empêche ! Et il a raison, il a le droit d’avoir des explications.

Je m’étais dit que si j’avais un bon ami, je pourrait tout lui confier. La question est : Matteo serait-il un bon ami ? Pourquoi, finalement, c’est compliqué de se confier ?

Inspiration. Expiration.

Je me rapproche de lui, pour prendre du courage. Il a toujours les sourcils froncés en attente d’une réponse mais il me laisse me mettre contre lui.

-J’ai assisté à un procès.

Je le regarde. L’œil attentif, il m’invite à continuer.

-Attends. Je recommence du début. Avant j’habitais à Lyon avec mes deux parents. Au départ, ils étaient gentils avec moi et ils m’aimaient beaucoup, et comme j’étais petite, je n’ai pas remarqué que eux, ils ne s’aimaient plus. C’était pire, il ne se supportaient plus. J’ai été témoin de beaucoup de disputes. Au fur et à mesure des années, c’était de pire en pire. Parfois, ils s’énervaient tellement qu’ils se balançaient des objets dessus. Je dis « ils », car les deux se détestaient autant l’un que l’autre. Ils ont fini par se mettre dans une démarche de divorce, comme ils auraient dû le faire depuis longtemps. Mais problème : ils avaient une fille pour deux et ne voulaient pas se voir. Je crois aussi qu’aucun des deux ne voulait me laisser avec l’autre, par peur que je ne sois montée contre eux. L’affaire a duré longtemps car aucun des deux ne voulait lâcher l’affaire. Ils ne voulaient pas de garde partagée, aucun accord n’était possible. Je me souviens de ce procès où l’on m’a demandé mon avis : J’avais 12 ans et j’ai répondu que je voulais garder mes deux parents. Les adultes ont hoché la tête avec empathie et sont retournés à leur débat sans se soucier de moi. Et puis… Et puis ma mère a gagné. Elle a gagné ma charge complète, et mon père ne pouvait plus me voir. Mais c’était injuste, et je l’aimais autant que ma mère ! Alors, comme on habitait toujours la même ville, j’allais le voir en cachette. Mais ça n’a pas duré longtemps. Avec ma mère, on est parties chez mes grands-parents et, fait étrange, j’ai perdu le numéro de téléphone de mon père peu après notre départ. J’avais 13 ans la dernière fois que je l’ai vu, juste avant qu’on parte définitivement de Lyon, et je me souviens…

-Nath, ma chérie… Je suis désolé que tout a été si compliqué… Je ne sais pas si on pourra se revoir, mais je l’espère de tout cœur. On ne s’oublie pas et on continue de penser l’un à l’autre, hein ?

-Oui… Papa…

-Chut… On s’appellera ? Tu dois y aller, maintenant. Au revoir, Nath.

Un silence s’installe dans le parc où Matteo et moi sommes assis. Il vérifie que j’ai fini de raconter, puis murmure doucement :

-C’est pour ça que tu n’aimais pas que je te surnomme Nath, hein ? Ça te rappelait de mauvais souvenirs. Je suis désolé…

-Ce n’est pas grave, tu ne pouvais pas savoir.

Je lui ai répondu avec un sourire, mais je sens que mes yeux se remplissent de larmes. Matteo s’en aperçoit aussi, et il ouvre ses bras. Aussitôt, je plonge dedans pour laisser jaillir mes sanglots.

❄️❄️❄️

Maintenant que c’est fait, ça fait vraiment du bien de s’être confiée. La tête toujours enfouie dans le torse de Matteo, mes larmes continuent de couler avec de moins en moins de débit. Je suis tellement soulagée de lui avoir raconté ! Une dernière chose me titille : est ce que je le considère comme un meilleur ami ? Je me suis confiée à lui, je suis heureuse d’être avec lui… Alors, je suppose que oui.

-Ça va mieux ?

Je ressors ma tête.

-Oui, oui. Merci.

-C’est moi qui te remercie de m’avoir fait confiance. Par contre, ça m’énerve que tu sois triste.

Soudain, il se lève, ou plutôt, il bondit du banc. Il me tend la main pour m’inviter à me lever à mon tour.

-Viens, j’ai une idée.

❄️❄️❄️

Toujours étonnée, je le suis jusque dans une… épicerie ? Pourtant diable m’emmène-t-il dans une épicerie ?!

Il se dirige vers le rayon frais, tandis que je tente d’ignorer le regard furieux du commerçant qui n’a pas l’air très content que je rentre dans son épicerie avec des rollers. Je me frotte également les yeux après avoir vu le regard de pitié que me lance une vielle femme : évidemment, je dois avoir des traces de larmes sur mon visage.

Quand je me reconcentre sur « que fait Matteo, bon sang ?! », celui ci est déjà à la caisse, en train de payer…

-Tiens, me dit-il en sortant du magasin.

Et il me tend un esquimau.

Toute contente, je le déballe et croque le chocolat.

Nous nous sourions mutuellement.

C’est froid, mais c’est bon, sucré, chocolaté et vanillé.

C’est drôle, mais j’ai toujours aimé les esquimaux sans me rendre à quel point on pouvais faire la comparaison entre ceux-ci et moi.

Dur à l’extérieur, mais fondant à l’intérieur. L’amertume du chocolat qui dissimule son goût délicieux, et froid de la glace qui dissimule son goût sucré.

Je me retourne vers Matteo qui lui aussi mange un esquimau.

-Merci, je murmure.

Et à cet instant, j’ai l’impression qu’il n’y a plus de froideur dans mon cœur. Son sourire est réconfortant et chaleureux. Si chaleureux et communicatif que je souris à mon tour à vielle femme qui sort du magasin. Puis je me rapproche légèrement de Matteo, pour être sûre de ne pas perdre une miette de la chaleur qu’il m’apporte.

Il a fait fondre mon cœur de glace…

Fin

NdA : Mais c’est la fin de Cœur de glace !!

« Comment, déjà ?! » me diriez vous. Mais je vous rassure, l’histoire n’est pas finie… Seulement, nous allons maintenant voir la suite d’un nouveau point de vue… Alors, foncez lire Esprit givré !!

à suivre...