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Est-ce bien toi

Cette histoire a été écrite par Iris-lafanLRDF

Catégorie Intermédiaire
L'auteur souhaite savoir les éléments à modifier pour améliorer son style d'écriture.

Cette histoire est finie.

Chapitre 1 :[]

Je tape frénétiquement sur mon téléphone, les mots filant presque aussi vite que mes pensées rêveuses :

« Imagine si Cacahuète m'aime ! Même si je sais que non, j'ai le droit de rêver ! »

Cacahuète est le surnom de la fille que j’aime depuis un an, car et oui, je ne connais pas son prénom.

« Arrête, je suis sûre qu'elle t'aime, Lil ! », me répond K-Lunaire.

Je souris en voyant son message. Si seulement c’était vrai… Cette fille -K-Lunaire-, c’est un peu mon pilier, celle qui me remonte toujours le moral et me fait rire. Sa bienveillance et son humour, c’est même grâce à ça qu’on c’est rencontrée. Enfin, si on peut appeler ça une rencontre. C’était l’année dernière, peu après la rentrée. Je paniquais pour ma présentation orale en français. Franchement, qui a eu l'idée de nous faire parler devant toute la classe ? Bref, je me suis retrouvée sur un forum de discussion autour de pleins de sujets. J'ai demandé si ils avaient des conseils pour m'aider.

Et là, au milieu de tout ça, j’ai vu un message complètement absurde :

« T’inquiète pas, imagine que tout le monde dans la classe est déguisé en licorne. Tu verras, ça marche à tous les coups. »

Je l’ai d'abord lu en me demandant si c’était une blague. Alors j’ai répondu :

«  Super, et si je commence à rire comme une folle devant tout le monde, ça fait partie du plan ? »

Et là, la réponse était arrivée instantanément :

« Évidemment. Si tu veux vraiment marquer les esprits, imagine aussi que le prof porte un tutu rose. »

J’ai éclaté de rire. Et c’est comme ça que tout a commencé. On a continué à discuter ce jour-là, puis le lendemain, et encore après. Je ne sais même plus comment on est passées des licornes, aux livres jusqu’à nos vies. K-Lunaire a toujours eu les mots pour me faire rire, même quand je me noyais dans mes angoisses.

Je ne sais toujours pas qui elle est vraiment, mais… c’est comme si elle me connaissait mieux que tout le monde. Et ses conseils ? D’accord, ils sont parfois un peu bizarres, mais bon… C’est comme ça que je l’aime. Un sourire béat me monte au lèvre, rien qu’en repensant à ces souvenirs.

Soudain, la porte s'ouvre dans un craquement et ma mère apparaît dans l'encadrement, un sourire distrait aux lèvres.

- C'est un garçon à qui tu envoies tous ces messages ? me demande-t-elle, sans se douter un instant de ce qui se cache derrière l'écran.

Je me crispe.

- Pourquoi faudrait-il toujours que ce soit la faute d'un garçon ! ? Pourquoi personne ne pense jamais…

Oh merde. Cette pensée vient de traverser ma bouche dans un murmure. Elle me regarde, son air interrogateur me confirme que je ne l'ai pas dit assez fort pour qu'elle m'entende. Avant qu'elle ne me demande de répéter ce que je viens de dire, je réponds à sa question aussi vite que me le permet ma bouche :

- Non, je parle à Emmy. Je prononce, la voix tremblante, avant de poser mon téléphone sur le bureau et d’éteindre l’écran d’un geste brusque, comme si ce simple mouvement pouvait effacer les mensonges que je gardais en silence depuis trop longtemps.

- Mouais, bah peux-tu dire à Emmy que je serais ravie de l’inviter ici ce week-end ?

- Ok, Maman.

La porte se referme dans un léger grincement cette fois, laissant place à un silence presque pesant, en tête-à-tête avec moi et mon téléphone. Je tends la main vers mon bureau qui débordait de livre et de feuille à moitié entamé, un chaos qui reflète mon humeur. Ma main reste suspendue en l'air, au-dessus de mon portable.

Je me force à souffler un peu, mais le stress ne me lâche pas. «Pourquoi faudrait-il toujours que ce soit la faute d'un garçon ! ? » J'ai à peine conscience que je l'ai marmonné à haute voix, et pourtant je l'ai fait. Puis ce que j’ai failli dire après… Elle m’a presque entendue. Heureusement que je parle si doucement parfois ! Je récupère mon téléphone et remarque que K-Lunaire m'a envoyé un message :

« Elle t’aime. C’est évident d’après ce que tu m’as dit. Mais tu sais, il faudrait peut-être arrêter de te prendre la tête et juste... lui parler de tes sentiments. Ce n’est pas compliqué. Non ? », m’écrit-elle.

Je rigole nerveusement et lui réponds :

« Mais oui, bien sûr ! Ce n’est pas du tout compliqué de dire à sa crush qu’on l’aime alors que je suis incapable d'aller lui dire "Bonjour" ! 😂 »

Juste à ce moment-là, j'entends la voix de mon père, derrière la porte fermée :

- On passe à table !

Je pose mon téléphone sur mon bureau en désordre et je me dirige vers la salle à manger. Quand j’arrive, tout est déjà prêt, les chaises sont disposées autour de la grande table en bois que ma mère prépare toujours avec une sorte d'amour étrange, comme si chaque repas était un événement. Les odeurs du bœuf bourguignon flottent dans l’air. Mon père est à la tête de la table, et mes frères, Jérémy et Théo, se chamaillent comme d'habitude, à propos de je-ne-sais-quoi. Ma mère coupe plusieurs tranches de pain.

Je traîne un peu les pieds, une partie de moi reste ailleurs. Mon cœur bat un peu plus vite en pensant à Cacahuète. À l’idée que les paroles de K-Lunaire se réalisent. Pourrais-je un jour parler de mes sentiments à une fille sans avoir peur?

Maman remarque que je suis dans la Lune, elle dépose une assiette pleine devant moi, ses yeux s'ouvrent légèrement avec une lueur d’inquiétude.

- Ça va, ma chérie ? Tu sembles ailleurs.

Je m’assois à table, le regard posé sur mon assiette, puis je lève les yeux, rencontrant le regard de ma mère. Un petit sourire forcé glisse sur mes lèvres.

- Oui, ça va. Juste un peu fatiguée.

Jérémy, toujours le rigolo de la famille, hausse les sourcils, un petit sourire malicieux aux lèvres.

- T’es sûre ? Pas une petite inquiétude à propos d’un garçon ?

Je rougis immédiatement. « Il ne va quand même pas s’y mettre, lui aussi ? » Je sens la chaleur de mes joues disparaître quand je me ressaisis.

- Oui je suis sûre que ce n’est pas un garçon, répondis-je, sèchement, qu’est-ce-que vous avez tous ici avec ça ?!

Après ce petit instant de fureur, plus personne ne dit un mot. Et c’est plus fort que moi. Un rire hystérique sort de ma bouche.

Mon père me lance un regard sévère. Le genre de regard qui te fait instantanément regretter ce que tu viens de dire ou de faire.

Après cet épisode, on fini tous notre assiette en silence.

Chapitre 2 :[]

Le lycée est un véritable tourbillon de voix et de bruits. C’est ce que je me dis, dès que j’entre dans la cour, comme chaque matin enfaîte.

Un vent léger me frôle le visage et j’ai froid. Je suis accrochée à mon téléphone, mes doigts glissent sur l’écran tandis que mes yeux relisent les derniers messages de K-Lunaire qui parle entre autre, du fait que je devrais aller parler à Cacahuète et de choses un peu débiles d’on j’avais parlé à mon amie.

- Hé, Lily ! M’appelle une voix familière, me ramenant brutalement à la réalité.

Emmy s’approche, ses yeux pétillants, suivie de « nos amis. »

Emmy, je la connais depuis la primaire. J’étais nouvelle et elle est directement venue me voir. Nous sommes devenue très proches. Mais arrivée au collège, elle a commencé à être populaire. Soit on l’admirais soit on la jalousait. N’empêche qu’elle finissait par faire craqué tout le monde. Elle ne m’a jamais lâché. Même si je ne grandissais pas avec d’aussi beau cheveux bruns ou que je n’avais pas autant d’amis qu’elle.

Je me force à sourire, mais de la colère monte en moi. Pourquoi est-ce qu’il faut toujours qu’il y ait tout un public autour ? Si seulement on pouvait se retrouver seules, elle et moi, sans tout ce monde. Si seulement… Si seulement je pouvais lui dire ce que je ressens pour Cacahuète, je pourrais peut-être même lui demandé son prénom ! Mais non, ce lycée, "nos amis", cette popularité… tout ça me paralyse.

- T’as l’air un peu distraite, ça va ?

Je hoche la tête sans vraiment écouter ce qu’elle me raconte. Mes yeux cherchent Cacahuète, alors que je ne leur ai rien demander. Je la repère enfin, un peu plus loin dans la cour. Elle est là, juste là, un peu en retrait comme d’habitude, sur son téléphone, à côté de son sac débordant de livres.

C’est une sorte de pression douce et incessante qui me serre le ventre. Alors que Cacahuète ne me remarque même pas, elle ne sait pas que je la regarde, comme souvent.

Je détourne le regard pour ne pas paraître trop obsédée si quelqu’un m’avait remarqué. Mais, bon, Emmy et sa bande ne m'ont pas vue la regarder. Pas encore. Pas cette fois.

- Tu veux qu’on aille poser nos sacs près de la salle de maths ? me demande Emmy, comme si elle ne sentait pas le malaise qui s’installe entre nous.

Je lui souris, mais mon esprit est ailleurs.

- OK…

Nous partons, seules. Je suis perdue dans mes pensées, je regarde mes pieds, écoutant à peine Emmy qui continue de parler. Je pense Cacahuète, à ce que ça ferait d’être avec elle. Mais ce n’est qu’un rêve, un fantasme.

Emmy me parle encore, mais maintenant je n’écoute plus. Je tourne à peine la tête, que mes yeux se fixent sur Cacahuète, qui tourne la tête un instant, comme si elle sentait mon regard. Elle me regarde, je la regarde. Mais en un éclair, elle se replonge dans son téléphone.

Emmy me secoue doucement l'épaule, me ramenant brutalement à la réalité.

- Lily, tu m'écoutes ?

Sa voix me ramène à la réalité.

Elle parcourt la court du regard, cherchant ce qui retenait mon attention, en vain. J’ai vraiment envie de lui parler, vous n’imaginez même pas. Mais la peur me retient.

« Hé, Lil tu es là ? Pourquoi tu réponds pas ? »

Je regardes mon téléphone, tout en murmurant un petit « Oui » à Emmy.

« Oui, oui désolée, je euh bah je regardais Cacahuète »

- Reste là, Je vais au toilette. me dit Emmy.

- OK. Répondis-je.

Je reste là, téléphone à la main. Et puis je la voie. J’observe la façon dont ses doigts glissent sur son téléphone, comme si elle était totalement absorbée par sa discussion.

« Allez, Lily, fais un effort. »

Le message de K-Lunaire s'affiche sur mon écran, je fronce les sourcils, elle n'utilise jamais mon prénom en entier.

« Sérieusement, tu attends quoi ? T’as l’occasion de lui parler, et tu restes là comme une idiote à la fixer ! Et ne ni pas ! Je crois te connaître depuis le temps ! »

Je soupire et j’écris rapidement :

« J’ai peur qu’elle.. me trouve bizarre. »

K-Lunaire met quelques secondes avant de répondre :

« Mais elle va te trouver bizarre. Mais si tu attends d’être parfaite, tu vas jamais rien faire. Alors vas-y, arrête de réfléchir et va lui parler! Je suis sûre qu’elle sera contente ! Et puis, tu sais ce que je dis : Le courage, c’est avoir peur et y aller quand même !"

Je me mords la lèvre. K-Lunaire a raison, mais c'est tellement plus facile à dire qu'à faire. Je regarde Cacahuète, ses yeux toujours rivés sur son téléphone, et je sens mon cœur battre plus vite. A qui parle t’elle, à son crush ? Elle ne me verra jamais comme ça, c’est sûr. Pas moi, la fille timide, la fille qui n’ose rien. Et encore moins, la fille qui aime les filles.

Je ferme les yeux un instant, et mes doigts glissent à nouveau sur l’écran. Je réponds à K-Lunaire, espérant que ses mots puissent me donner un peu de temps :

« Mais comment tu sais qu’elle sera contente ? »

La réponse arrive. Je ne m’y attends pas vraiment.

« Tu ne sais même pas si elle va t’aimer ou pas ! Cacahuète, elle est super cool, non ? Elle t’a jamais regardée comme si t’étais une extraterrestre, alors tu dois pouvoir lui parler.  »

Bon, je veux aller lui parler, je vais aller lui parler. Je rassemble tout mon courage, mais, au moment où je lève les yeux, je me fige. Cacahuète me regardais déjà. Nos regards se croisent, sans que l’une de nous ne le détourne pendant un moment, avant qu’elle ne repose ses yeux sur son téléphone. Mon cœur rate un battement, puis s’accélère.

Puis un autre message de K-Lunaire apparaît à l'écran et je baisse les yeux moi aussi :

« Tu sais, Cacahuète, elle est peut-être plus ouverte que tu crois. Moi je pense qu'elle t’a déjà repérée.»

Je suis paralysée. « elle t’a déjà repérée. » Cacahuète me regarde peut-être comme elle regarde tout le monde, sans rien de particulier. Pourtant, la façon dont elle a détourné les yeux après m’avoir vue...

Je réponds rapidement, presque sans réfléchir, un frisson me parcourant :

« Tu crois vraiment ça ? Que je lui plairais ? Et puis je ne lui ai jamais parlé... »

« Bah, pourquoi pas ? T'es vraiment gentille, et t’as pas l’air d’être du genre à juger les gens. Cacahuète, elle doit bien aimer ça, non ? Et puis, elle a souvent l’air un peu à l’écart, d’après ce que tu me dis. Et si tu ne lui à jamais parler, à qui la faute ? » me répond-elle.

K-Lunaire a une manière bien à elle de me donner des coups de pied au derrière sans me faire mal.

Un soupir échappe à mes lèvres, et je me sens soudain stupide, stupide d’avoir si peur de juste… dire bonjour. Si je ne le fais pas maintenant, est-ce que j’aurais une autre occasion comme celle-ci ? Emmy est partie, la cour se vide et Cacahuète est toujours là, seule avec son téléphone.

C’est maintenant ou jamais.

« Bon j’y vais. » dis-je à K-Lunaire.

Mes pieds bougent avant même que mon cerveau ne valide la décision. Un pas, puis un autre. La distance entre nous diminue et mon cœur tambourine dans ma poitrine. Je répète dans ma tête : "Salut, ça va ? Je m'appelle Lily." Simple. Basique. Rien d’effrayant. Enfin je crois ?

Mais au moment où j’arrive à quelques mètres d’elle, son regard se lève et me transperce. Ses yeux sont plus clairs vu de près que je ne le croyais, une sorte de vert pale magnifique. Et il y a cette expression indéchiffrable sur son visage, quelque part entre la surprise et… la curiosité ?

Je m’arrête net.

Mon téléphone glisse entre mes doigts, et je le rattrape de justesse avant qu’il ne tombe. L’instant est si maladroit que je veux disparaître. Pourtant, elle sourit. Pas un sourire éclatant, mais quelque chose de discret, comme si elle hésitait entre s’amuser de ma maladresse et rester polie.

- Euh… Salut, dis-je enfin, d’une voix un peu trop aiguë que je maudis intérieurement.

Elle incline légèrement la tête et enlève ses AirPods que je n'avais pas remarqué. Ses yeux sont encrées aux miens, comme si elle essayait de deviner mes intentions. Elle ne sourit plus, mais elle ne semble pas agacée pour autant.

- Salut, répond-elle, teintée d’une pointe d’interrogation.

Je ne sais pas quoi dire, je ne suis pas douée pour entamée des conversations. Alors qu’elle attend justement les raisons qui m’ont poussée à venir lui parler, merde.

- Je… je voulais juste… enfin, j’aime bien ton style. Tes livres et tout.

Ces livres ? Sérieusement, Lily ?

Elle sourit discrètement. Et murmure un « Merci. ».

- J'adore les classiques. Tu aimes lire, toi aussi ?

Une vague de soulagement m’envahit. Elle continue la conversation, elle enchaîne !

- Oui, j’adore lire. Enfin, le classique, pas trop… mais peut-être que tu pourrais me conseiller ?

Ses yeux brillent un peu plus, et maintenant, elle me sourit vraiment.

- Oh, bien sûr ! Je suis toujours en train de découvrir des auteurs… Si tu veux, je pourrais t’en prêter un.

Elle passe une main dans ses cheveux, un geste lent et un peu nerveux qui contraste avec sa joie apparente. Mon cœur s’emballe. On est vraiment en train de parler ! C’est réel !

- Ça serait super, merci ! Je lui souris. Et au fait, moi c’est Lily.

Elle hésite une seconde, puis répond gentiment :

- Enchantée, Lily. Moi, c’est Camille.

Camille. Cacahuète a un prénom. Et elle vient de me le donner.

Je veux répondre quelque chose, mais à ce moment précis, la sonnerie qui annonce le début des cours retentit. Camille se lève, remet son sac sur son épaule, et me jette un dernier regard.

- On se voit après le cours ? Je te montrerai un des livres.

Je hoche la tête, trop émue pour répondre.

- On échange nos numéros ? me demande t’elle.

- OK.

Elle me tend son téléphone, je le récupère et fait la même chose, puis j’enregistre mon numéro dans ses contacts.

Elle me rend mon portable, je fais la même chose, puis elle s’éloigne en hochant la tête en guise de remerciement et moi, je reste là, debout, un sourire idiot sur le visage.

Quand je suis dans les escaliers, en direction de mon prochain cours, un message de K-Lunaire s’affiche sur mon écran :

« Alors, ça s’est passé comment ? T’as survécu ? 😏 »

Je ris doucement, mes doigts tapant une réponse rapide :

« C’était trop bien ❣️ Et… je crois qu’elle veut me revoir. »

Et puis, c’était pas si dur. Bon, sauf le moment où j’ai failli m’étouffer avec ma propre salive en disant « Salut ».

À peine ai-je envoyé le message que l’écran de mon téléphone s’allume à nouveau.

« Trop bien ! Mais là je dois te laisser, je file en cours de français. Parle-moi après, tu me raconteras tout 💜 », écrit K-Lunaire.

Je souris en voyant son message, mais je n’ai pas le temps de répondre. En levant les yeux, je vois Camille – non, Cacahuète… enfin, Camille– marcher vers le bâtiment. Avant qu’elle ne disparaisse, mon téléphone vibre à nouveau.

Un message. De Cacahuète/Camille.

« C’était sympa de parler. J’ai français, je serai devant la salle si tu veux me parler ! 😊 »

Mes yeux s’écarquillent. Elle m’a envoyé un message ! Je réponds rapidement, sans me poser de questions cette fois.

« Oui, ça sera cool. Bon cours ! »

Chapitre 3:[]

Je sais pas quoi faire.

Mon cours de maths vient de se terminer, et je reste assise, le regard fixé sur mon téléphone. Je relis encore une fois le message de Camille. "je serai devant la salle si tu veux me parler !"

J’y vais ? J’y vais pas ? Si j’y vais, elle va croire que je suis trop insistante, non ? Mais si j’y vais pas… elle va penser que je m’en fiche ?

- Bon Lily, tu comptes rester plantée là encore longtemps ?

Je sursaute. Emmy est juste derrière moi, les bras croisés. Je réalise que je bloque complètement le passage et que tout le monde sort déjà de la salle. Je me décale maladroitement contre le mur.

Elle me suit du regard, l’air intrigué.

- Qu’est-ce qu’il y a ? Depuis tout à l’heure, t’as l’air ailleurs. En vrai, ça fait plusieurs semaines que t’es bizarre.

Son ton est un peu blessé. Ça me serre la poitrine. Elle voit bien que je lui cache quelque chose… et j’ai pas envie qu’elle pense que je lui fais pas confiance.

Je baisse les yeux.

- Je suis désolée… C’est juste que… y a une fille…

- Une fille ? Dit-elle pour me pousser à continuer.

Je rougis instantanément.

- Une fille qui a l’air trop cool, tu vois ? Genre, j’aimerais bien être son amie. On a échangé nos numéros et elle m’a proposé de venir lui parler après le cours… Mais j’hésite. J’veux pas paraître trop insistante.

Je relève la tête. Emmy me fixe avec un drôle d’air. Un mélange de soulagement… et peut-être un peu de jalousie ?

- Ah ouais ? C’est qui cette fille ?

- Elle s’appelle Camille. Cheveux noirs, yeux verts. La sœur de Nathan.. Tu vois qui c’est ?

Elle fronce les sourcils.

- Ah, elle.

Son ton a changé.

- T’es sûre de vouloir être amie avec elle ?

Mon cœur rate un battement.

- Pourquoi ?

Elle me regarde un instant, puis secoue la tête.

- Rien… Oublie.

Elle m’adresse un petit sourire avant de partir. Mais moi, j’ai le cœur qui bat trop vite.

Pourquoi elle a dit ça ? Et pourquoi elle l’a dit comme ça ?

Bref, je me dirige vers la salle de français.

Mes jambes tremblent alors que j'avance, je ne savais même pas que c'était possible. Mon ventre est un nœud d’angoisse, et il se serre de plus en plus à chaque seconde.

Quand j’arrive enfin devant la salle où Camille est censée être, mon cœur loupe un battement. Elle est là, appuyée contre le mur, plongée dans un livre orange.

Je m’arrête un instant, hésitante. Puis, je prends une grande inspiration et je me lance.

- Camille ?

Ma voix est enrouée. Merde.

Elle lève les yeux, et ses pupilles vertes captent la lumière du néon.

- Oh, salut, Lily.

J’adore la façon qu’elle a de prononcé mon nom.. Elle referme son livre avec douceur. Ses yeux me scrutent.

- Si ça te dis on peut parler maintenant. Mais je vais bientôt devoir y aller, on doit préparer la fête d’anniversaire de mon frère.

Je hoche la tête, alors mon courage commence déjà à s’envoler.

Le frère de Camille, tout le monde le connaît, ou du moins, tout le monde sait qui il est.

Je ne lui ai jamais vraiment parlé, mais Emmy si. Elle est même sortie avec lui l’année dernière, ils se sont quittés, personne ne sait vraiment ce qu’il c’est passé, Emmy ne m’en a pas parlé, elle l’aimait vraiment en tout cas. Grand, fort, avec les mêmes cheveux noirs que Camille et des yeux d’un bleu perçant. Et puis, il y a ce truc chez lui… ce charisme, cette assurance, qui font que la moitié des filles du lycée ne parlent que de lui.

- Oui, enfin… Si ça te dérange pas, je répond à Camille.

Elle esquisse un petit sourire, presque imperceptible.

- Pas du tout.

Le silence s’installe. J’ai l’impression de me retrouver bête. J’aurais dû réfléchir à ce que j’allais dire avant.

- Euh… Tu lis quoi ? je demande, à moitié pour combler ce vide et à moitié parce que ça m’intéresse vraiment.

Son regard s’éclaire légèrement et elle rougit.

- Un automne pour te pardonner.

Je me fige un instant, plongée dans mes souvenirs. Je crois que K-Lunaire le lisait, il est si populaire que ça ? C’est une romance, si je me souviens pas. Elle semble presque gênée.

- Ah… c’est mignon comme titre, dis-je.

Camille regarde son livre toujours un peu rouge, et je la trouve presque touchante dans sa gêne.

- Je ne lis pas souvent de la romance… mais j’aime bien, confie-t-elle, une pointe de honte dans la voix.

Je souris.

- T’as bien raison, qui n’aime pas les histoires d’amour ?

J’aimerai qu’un jour on ait la notre. Mais qu’est-ce que je raconte ?!

Elle me lance un regard presque étonné, avant de reprendre.

- Tu l’as lu ?

- Non, mais ça parle de quoi ? Demandai-je curieuse.

- Viens je vais t’en parler pendant qu’on marche !

- D’accord.

Elle récupère son sac, et on se met à marcher côte à côte.

— C’est l’histoire de Camélia, une étudiante en droit à Édimbourg, passionnée par les affaires criminelles. Un jour, elle se retrouve embarquée dans une enquête qui la ramène à son passé. Son ancien harceleur, Rory Cavendish, a été assassiné, et le principal suspect, c’est Lou McAllister, son meilleur ami et amant. Cinq ans plus tôt, Rory l’avait détruite, rabaissée au point qu’elle ne s’en est jamais remise. Et là, elle devient l’avocate de Lou.

- Oh, mais elle n’a pas peur ?

- Si sûrement, mais elle est courageuse.

- Oui c’est sûr..

- Le courage, c’est avoir peur et y aller quand même, lâche-t’elle.

Je ne répond pas pendant un instant. Cette dernière phrase, je l’ai déjà entendue..

- C’est d’un livre ?

- Pardon ?

- Cette phrase : « Le courage, c’est avoir peur et y aller quand même. ».

- Oh non, c’est de moi.

Elle sourit et me regarda amusée pour guetter ma réaction. Comme si elle me défiait.

J’aurai pourtant parié que je l’avais déjà entendue.

- Ah ok !

Son téléphone se met à sonner. Elle le sort, dévoilant un Xiomi avec une coque noire ornée de motifs rappelant la Lune. Elle lit le message et se tourne vers moi, désolée.

— C’est mon frère, je vais devoir y aller, on se revoit plus tard ?

J’acquiesce un peu trop vite, comme si j’avais peur qu’elle change d’avis.

— Avec plaisir, à plus !

Elle me gratifie d’un dernier regard, un de ceux qui me réchauffent toujours un peu le cœur. Puis, elle tourne les talons et s’éloigne d’un pas léger, ses cheveux noirs ondulant légèrement dans son mouvement.

Je reste figée, les yeux fixés sur elle jusqu’à ce qu’elle disparaisse au bout du couloir.

Chapitre 4 :[]

K-Lunaire commence à me poser pleins de questions en fin de soirée.

« ALORS ?! »

Son message s'affiche en majuscules sur mon écran, accompagné d’une tonne d’emojis surexcités. Je souris malgré moi avant de répondre.

« Tu veux que je te raconte quoi ? 🫣 »

La réponse ne tarde pas à arriver.

« TOUS ! »

Ça a le mérite d’être clair.

Je m’allonge sur mon lit, les yeux rivés sur l’écran, hésitante. Par où commencer ? Par le moment où on s’est parlées pour la première fois ? Par le moment où Camille m’a proposé de se revoir? Par son regard insistant quand elle m’a dit que la phrase sur le courage venait d’elle ? Par la façon dont j’ai eu l’impression que le monde autour disparaissait quand elle est partie ?

J’efface trois fois mon message avant d’envoyer :

« On a discuté. Elle est cool. »

La réponse de K-Lunaire fuse aussitôt.

« Cool ??? Juste cool ??? Tu me parles d’elle depuis je ne sais pas combien de temps et c’est tout ??? 😭 »

Je roule des yeux, amusée.

« Oui. Elle est gentille. Et un peu… intrigante. »

Et toujours aussi géniale.

« Intrigante comment ? »

Je fixe l’écran.

« Je sais pas…  »

Trois petits points s’affichent, signe que K-Lunaire est en train d’écrire. Puis elle finit par envoyer :

« Hm, je vois… Mais t'as pas eu l'impression qu'elle t’aimait bien ? »

Je suis un peu surprise par la question. Comment je pourrais le savoir ? Je me rappelle de ses yeux, ces pupilles vertes qui semblaient sonder chaque mot que je disais, mais je n’y avais pas vraiment réfléchi à ce moment-là.

« Non, je… pas vraiment, pourquoi ? »

K-Lunaire répond presque immédiatement :

« C'est juste une impression que j'ai.»

« Pfff, tu peux pas le savoir ! »

« 😏 »

Je fronce les sourcils.

« Pourquoi tu mets cet emoji ? »

« Pour rien »

Je soupire et balance mon téléphone à côté de moi. Pour rien, mon œil.

Chapitre 5 :[]

On avait beaucoup parlé, Camille et moi, ces derniers temps. Parfois on discutait au lycée, mais entre les cours et la préparation de la fête, c’était plutôt compliqué. On avait donc opté pour les téléphones.

On s’écrivait à longueur de journée, vraiment. Des petits trucs sans importance sur les profs, où le lycée en général et puis d’autres, qui se poursuivaient tard dans la nuit. Des conversations où elle me parlait de ce qu’elle aimait, de ses rêves, de tout.

J’avais appris qu’elle était fan de Billie Eilish, qu’elle regardait beaucoup d’animés japonais et qu’elle adorait marcher sous la pluie, chose que je ne comprenait pas vraiment. Elle rêvait aussi de voir le Japon un jour, parce qu’elle trouvait ça à la fois beau et irréel.

Et bien sûr, K-Lunaire n’en ratait pas une miette.

« ELLE T’AIME. 😍😍😍 »

Je roule des yeux en lisant son message.

« T’abuses. »

« Je n’abuse pas. Qui passe des heures à parler avec quelqu’un si il ne l’aime pas ?? »

Je mords l’intérieur de ma joue. C’est vrai. Mais…

« Toi 😂 »

Elle ne répond pas tout de suite. Puis :

« Lily. Ouvre. Les. Yeux. »

Je soupire, fixant le plafond de ma chambre.

Est-ce que Camille m’aimait bien ? Enfin… vraiment bien ?

Je repense à nos échanges, aux moments où elle riait à mes blagues, même les pires. À ses messages qui arrivaient quand on n’avait pas parlé depuis quelques heures.

Et puis, il y avait cette façon qu’elle avait de me regarder, parfois.

Comme si elle attendait quelque chose.


Les derniers jours ont été… étranges.

J’ai l’impression de parler plus avec Camille qu’avec K-Lunaire. Et pourtant, K-Lunaire et moi, on se parle vraiment tout le temps.

— Lily ?

Je sursaute et ouvre les yeux. J’enlève mes écouteurs où la musique de Maiah Wynne continue. Camille est devant moi, l’air un peu hésitante.

— Ça te dirait de venir à l’anniversaire de mon frère ? C’est demain soir.

Elle dit ça comme si c’était une invitation normale avec une voix normale, une attitude normale alors que sa proposition es tout sauf normale. Comme si ce n’était pas la fête où tout le lycée rêvait d’être invité.

J’ouvre la bouche sans trop savoir quoi répondre.

— Euh…

— Si t’as déjà prévu un truc, c’est pas grave, hein, ajoute-t-elle vite.

Je secoue la tête.

— Non, c’est pas ça, c’est juste que…

Que quoi ? Que ça me fait bizarre qu’elle m’invite ? Que j’ai peur de ne pas être à ma place ? Que je suis en train de me demander si elle invite moi ou si c’est une invitation lancée au hasard ?

— Enfin, oui, je veux bien, dis-je finalement.

Un sourire discret passe sur ses lèvres.

— Cool !

Elle s’apprête à partir, puis se retourne une dernière fois.

— Tu me diras si t’as besoin d’infos ou quoi.

— Oui… merci.

Elle s’éloigne. Je reste figée un instant.

Je la regarde marcher, son sac en bandoulière, ses cheveux noirs tombant sur son épaule.

Chapitre 6 :[]

« Elle m’a invité à la fête, tu sais celle de son frère qu’elle préparait »

«  Serieux !!!! Mais c’est génial ! »

« Ouais mais.. je vais pas être à ma place là-bas.. »

«  Bah Lil, est-ce qu’elle est le genre de meuf à avoir des fêtes comme ça ? »

« Euh oui ? »

« Non ! Tu la connais pas ou quoi ? c’est pas ce genre de meuf voyons ! Vous serez ni l’une ni l’autre à votre place ! »

Je pose mon téléphone sur mon lit puis me dirige vers mon dressing.

Je me met quoi ?

Après une dizaine de minutes à être rester plantée là, j’opte pour une robe à fleurs que je n’avais jamais mise par manque d’occasion et une paire de bottine noire.

Après avoir enfiler tout ça et noué mes cheveux dans une tresse, je regarde mon reflet dans le miroir, un peu hésitante. Je n'ai pas l'habitude de ce genre de look, mais je me dis que ça pourrait passer. Il faut bien oser un peu, non ?

Je prends une grande inspiration avant de sortir de ma chambre, mon téléphone dans mon sac en bandoulière. Dès que je descends, ma mère me lance un regard sceptique.

- Où vas-tu comme ça ?

Je rigole, un peu gênée.

- Une amie m’a invité chez elle.

Ce n’est pas un mensonge, si ?

Elle hausse les épaules, apparemment pas convaincue, mais elle n'insiste pas.

- Sois prudente, ok ?

Je hoche la tête et file vers la porte. Mon cœur bat un peu plus vite en m'approchant du lieu de la fête.

Quand j’arrive devant la maison, la musique résonne à travers les murs. Je peux déjà entendre des rires et des voix. Ça m’effraie un peu, mais je m’en veux de me poser autant de questions. Je souffle un bon coup et pousse la porte.

La première chose qui me frappe, c’est l’ambiance tranquille. Il y a des gens de tous les âges, des gens que je connais à peine, et d’autres que je n’ai jamais vus. Mais l’ambiance semble détendue.

Je cherche rapidement du regard Camille. Je la repère au fond, avec un grand sourire sur le visage, en train de discuter avec une fille, ce qui me rend un peu jalouse. Elle me voit aussi, et elle m’appelle.

- Lil ! Viens ici !

Lil ?

Avant de ne réfléchir plus, je me faufile entre les invités pour la rejoindre. Je passe devant de personne en train de s’embrasser. L’une des silhouettes m’est familière.

- Emmy ?

Elle se retourne, me confirmant ce que je savais déjà.

- Lily ? Qu’est-ce que tu fais là ?

- Camille m’a invi…

Je m’arrête quand je reconnais le garçon près d’elle. C’est le frère de Camille, son ex.

- Je.. je vais vous laissez.

Je repars en voyant Camille qui me fait signe de la suivre avant de s’engouffrer dans un couloir.

J’entre dans la pièce par la porte couleur bois laissée ouverte et pour découvrir une chambre. Des posters, des étagères remplies de livres et quelques guirlandes lumineuses accrochées au mur donnent à l’endroit une ambiance douce et personnelle.

- Désolée, il y avait trop de bruit en bas, explique Camille en refermant la porte derrière moi.

Je hoche la tête, observant la pièce. Mon regard s’attarde sur un mur décoré de plusieurs photos. Des instants de vie, des paysages, des portraits… Et au milieu de tout ça, une photo attire mon attention.

Mon cœur rate un battement.

C’est impossible.

J’avance lentement, plissant les yeux comme si ma vision me jouait un tour. Mais non, je ne rêve pas. Cette photo, je la connais. Je l’ai déjà vue.

C’est la photo de profil de K-Lunaire.

Je sens une vague de chaleur monter en moi, suivie d’un frisson glacé. Mon esprit se met à fonctionner à toute vitesse. Comment cette photo peut-elle être accrochée ici, dans la chambre de Camille ?

Je déglutis difficilement et me tourne vers elle, essayant d’afficher un sourire naturel.

- C’est cette photo trouvée sur Pinterest? je demande d’une voix que j’espère détachée.

Camille jette un coup d’œil rapide avant de hausser les épaules.

- Oh, non, c’est moi qui l’ai prise, pourquoi ?

Mon souffle se coupe.

- C’est toi qui l’a prise ?

Elle fronce les sourcils, intriguée par ma réaction.

- Euh… oui. Pourquoi ça te surprend autant ?

Je bafouille un vague « rien » avant de détourner les yeux.

Mon cœur bat à tout rompre. J’ai besoin de sortir d’ici. Maintenant.

- Excuse-moi, il faut que j’aille aux toilettes, dis-je précipitamment.

Je n’attends même pas sa réponse et sors rapidement de la pièce, mon pouls tambourinant dans mes tempes. Une fois dans le couloir, je respire profondément pour me calmer. Puis, sans réfléchir, je sors mon téléphone et ouvre ma conversation avec K-Lunaire.

« Comment tu t’appelles IRL ? »

J’ai le temps de rentrer chez moi pour que la réponse arrive.

« Quoi ? »

Je serre le téléphone entre mes doigts, frustrée.

« On ne parle jamais de toi. »

« Mais ce n’est pas grave, ça ! »

Je prends une grande inspiration.

« Dis-moi ton prénom. »

Le temps semble s’étirer tandis que j’attends sa réponse. Puis, enfin, une simple notification apparaît sur mon écran.

« Camille. »

Je sens mes jambes se dérober.

C’est bien elle.

Camille… la Camille… est K-Lunaire.

Chapitre 7 :[]

Mon téléphone glisse presque de mes mains.

Je relis son message une, deux, trois fois, comme si les lettres allaient se réorganiser pour former un autre mot. Mais non. Camille. C’est bien ce qu’elle a écrit.

Une vague de chaleur m’envahit. Mon cerveau refuse de connecter les points, mais tout est là, sous mes yeux. Camille est K-Lunaire. K-Lunaire est Camille.

Je me laisse tomber sur mon lit, fixant le plafond, le cœur battant à tout rompre.

Depuis combien de temps je parle avec elle sans savoir qui elle était ? Depuis combien de temps je me confie à elle, sans me douter une seule seconde que c'était cette Camille, celle que j’admire en secret, celle qui m'a invitée à cette fête, celle qui—

Mon souffle se bloque.

Depuis combien de temps sait-elle qui je suis ?

Je me redresse d’un coup, la gorge sèche. La situation l’amusait bien ! Elle savait quels étaient mes sentiments pour elle ! Elle se moquait bien de moi !

Mon téléphone vibre dans ma main. Un autre message. Je sans que je vais explosée.

« Tu es toujours là ? »

Je fixe l’écran, incapable de me calmer.

« C’est tout ce que tu trouves à dire ?! »

Furieuse de cette situation, je balance mon téléphone à l’autre bout de mon lit puis je m’assois sur fauteuil. J’ouvre un tiroir de mon bureau et j’en sort mon carnet et un crayon pour faire la chose où je suis le plus douée : écrire.

Tu étais l’ombre derrière l’écran,

Les mots doux dans le noir mouvant.

Un éclat de lune, une vraie amitié,

Un refuge où je pouvais exister.

Mais tu avais un visage, une voix,

Un mensonge tissé sous mes doigts.

Tu étais là, tout près de moi,

Et moi, aveugle, je ne voyais pas.

Trahison douce, poison doré,

J’ai confié mon cœur à un mirage brisé.

Camille, K-Lunaire… qui es-tu vraiment ?

Et moi, dans tout ça… que puis-je faire maintenant ?

Chapitre 8 :[]

Les jours passent, mais ma colère ne s’apaise pas. Au contraire, elle grandit.

Je l’évite.

C’est devenu mon objectif principal, ma mission quotidienne : ne pas croiser Camille, ne pas lui laisser la moindre chance de m’expliquer, de me manipuler avec ses beaux discours. Parce que je sais qu’elle essaiera.

Je l’imagine déjà, avec son regard sincère, ses mots bien choisis, essayant de tout justifier. Mais comment pourrait-elle ? Elle m’a menti, elle a joué un rôle, elle a vu mes failles et n’a rien dit.

Alors non. Je ne lui laisserai pas cette opportunité.

À chaque couloir où je la vois de loin, je change de direction. À chaque fois que son nom s’affiche sur mon téléphone, je l’ignore. Mes notifications sont pleines de ses messages non lus, mais je refuse de les ouvrir.

Mais elle ne lâche pas.

Le jeudi, à la fin des cours, alors que je m’apprête à sortir du lycée, je l’aperçois près du portail. Mon cœur rate un battement. J’accélère le pas, garde la tête baissée.

- Lily, attends !

Sa voix d’habitude calme et posée, est aujourd’hui fébrile mais je fais comme si je n’avais rien entendu.

- Lily, s’il te plaît !

Je tourne brusquement à droite, comme si j’avais aperçu quelqu’un. Mais elle est rapide, plus rapide que moi. En une seconde, elle est là, devant moi, me barrant le passage.

Son regard accroche le mien, et pour la première fois depuis la révélation, je la regarde vraiment.

Elle a l’air fatiguée. Inquiète.

- On peut parler ? murmure-t-elle.

Je serre les poings, ravale ma colère et mes larmes.

- Il n’y a rien à dire.

Je tente de l’esquiver, mais elle me retient doucement par le poignet.

- Si. Il y a plein de choses à dire.

Je me dégage d’un geste sec.

- Trop tard, Camille. Ou devrai-je dire K-Lunaire ?

Je tourne les talons et pars sans me retourner ni attendre la réponse.

Mais alors que je m’éloigne, je sens mon cœur se serrer. Parce que malgré toute ma rage… une infime partie de moi voudrait encore entendre ce qu’elle a à dire.

Chapitre 9 : Camille[]

Je rentre chez moi avec un poids immense sur la poitrine. Tout s’effondre, et je suis incapable de faire quoi que ce soit.

Je me laisse tomber sur mon lit, fixant le plafond, mon esprit tournant en boucle.

Je l’ai perdue.

Lily ne veut plus entendre parler de moi. Elle ne veut pas comprendre. Elle ne veut pas savoir pourquoi je n’ai rien dit.

Et pourtant, je n’ai jamais voulu lui mentir. Jamais.

Je me souviens encore du moment où j’ai compris que Lil, cette fille brillante, sensible et drôle avec qui j’échangeais depuis des mois… était cette fille. La fille.

J’ai eu ce moment d’hésitation, cette fraction de seconde où j’aurais pu tout lui avouer. Mais je me suis tue.

Pourquoi ?

Parce que j’avais peur. Parce que je savais qu’en un instant, tout changerait. Parce que… j’aimais ce que nous avions, ce lien unique, cette liberté de nous parler sans masque, sans peur du regard de l’autre.

Mais maintenant… maintenant, elle me voit comme une menteuse. Et elle a raison. Mais..

Comment lui faire comprendre que je ne voulais pas lui faire de mal ?

Un message ? Elle ne le lira pas. Lui parler en face ? Impossible, elle fuira.

Alors quoi ? Je vais juste laisser les choses comme ça ?

Non.

Je me redresse brutalement, attrape une feuille et un stylo.

Si elle refuse d’entendre ma voix… alors elle lira peut-être mes mots.

Je prends une grande inspiration et commence à écrire.

Lily,Tu ne veux pas m’écouter, et je comprends. Je t’ai menti, et je ne t’en veux pas d’être en colère. Mais laisse-moi au moins te dire pourquoi.

Quand j’ai compris que cette fille, avec qui je parlais depuis si longtemps sur Internet, c’était toi, la fille qui m’obsédait tant depuis que je l’avais vu pour la première fois, j’ai paniqué. Pas parce que je voulais jouer avec toi. Pas parce que je voulais me moquer. Mais parce que j’avais peur de te perdre. De briser ce qu’on avait construit, derrière nos écrans, sans les barrières du monde réel. J’aurais dû te le dire. J’aurais dû être honnête. Mais je ne savais pas comment. Et plus le temps passait, plus c’était difficile. Mais une chose est vraie, et je veux que tu la croies : je ne t’ai jamais menti sur ce que je ressentais.

Tu es importante pour moi, Lily. Plus que tu ne l’imagines.

Je m’arrête, le cœur battant, puis relis ce que je viens d’écrire, encore et encore.

C’est sincère.

C’est tout ce que je peux lui donner pour l’instant.

Demain, je glisserai cette lettre dans son casier.

Et j’attendrai. Autant que je le pourrai.

Chapitre 10 :[]

Je me réveille avec la gorge en feu et la tête prise dans un étau. Génial. Comme si j’avais besoin de ça.

Je me redresse avec difficulté, attrape mon téléphone sur ma table de nuit et grimace en voyant l’heure. Trop tard pour aller en cours. De toute façon, je n’aurais pas eu la force de sortir du lit.

Je soupire et ouvre mes messages. Mon doigt hésite au-dessus de l’écran. Je n’ai pas parlé à Emmy depuis la fête. Mais à qui d’autre pourrais-je demander ça ? Je n’ai qu’elle, maintenant.

Je sais qu’elle doit se poser mille questions. Mais aujourd’hui, je n’ai pas l’énergie de lui donner des réponses. Juste besoin d’un service.

« Hey, désolée de te déranger. Je suis malade, tu peux me déposer les cours dans mon casier ? »

J’envoie le message avant de pouvoir changer d’avis. Mes paupières sont lourdes. J’ai l’impression que mon corps pèse une tonne.

J’espère qu’elle ne m’en veut pas trop… Je ne lui ai pas parlé depuis deux semaines.

Je fixe l’écran de mon téléphone, attendant une réponse d’Emmy.

Pourquoi j’ai attendu d’être malade pour lui reparler ? C’est lâche. J’aurais dû le faire bien avant, mais non. J’ai préféré fuir. Comme toujours.

Je ferme les yeux un instant, ma tête brûlante de fièvre posée contre l’oreiller. Et si elle m’ignorait ? Si elle avait compris que je l’avais évitée et qu’elle avait décidé d’en faire autant ?

Je soupire, agacée contre moi-même. Ce n’est pas le moment de me torturer avec ça. Mon corps est lourd, mes pensées en vrac. Je veux juste dormir et oublier tout ça, mais je n’y arrive pas.

Parce qu’il y a Camille.

Son prénom s’impose dans mon esprit malgré moi, comme une vieille chanson impossible à oublier. J’ai beau essayer, elle est là, toujours. Je sens ses yeux verts sur moi au lycée, je vois son nom s’afficher sur mon écran, je vois ces vingt-et-une notifications toujours pas ouvertes. Je sais qu’elle veut me parler.

Mais je refuse d’entendre ses excuses. Je refuse de lui ouvrir cette porte. Pas maintenant. Pas alors que tout fait encore trop mal.

Je me tourne sur le côté, la gorge serrée, et je fixe le plafond jusqu’à ce que mon téléphone vibre.

« Pas de souci, repose-toi. »

C’est simple, rapide. Trop peut-être.

Est-ce qu’elle m’en veut ? Ou est-ce qu’elle s’en fiche ? Je n’arrive pas à savoir. Avant, elle aurait sûrement ajouté un emoji, un petit truc en plus, une touche de chaleur. Mais là, juste ces quelques mots.

Je pose mon téléphone et ferme les yeux.

Peut-être que je me fais des films. Peut-être qu’elle a juste répondu sans arrière-pensée. Après tout, pourquoi j’attends plus alors que c’est moi qui ai pris mes distances ?

Le sommeil finit par m’emporter.

Et je rêve.

Tout est flou. Je suis dans les couloirs du lycée, mais il n’y a personne. Le silence est lourd, presque oppressant. Je marche, sans savoir où je vais, jusqu’à mon casier.

Et là, je la vois. Camille.

Elle est debout devant mon casier, jetant des regards furtifs autour d’elle. Ses mains tremblent légèrement alors qu’elle glisse quelque chose à l’intérieur. Une enveloppe ? Un carnet ? Je ne vois pas bien.

Puis une autre silhouette apparaît au bout du couloir. Emmy.

Elle avance lentement, ses pas résonnant contre les murs vides. Elle s’arrête devant mon casier, l’ouvre, y dépose des feuilles… et tend la main.

Elle récupère l’objet que Camille vient de laisser.

Et elle le glisse dans son sac.

Puis, plus rien.

Le noir complet.

Quand j’ouvre les yeux, la lumière filtre à travers mes rideaux. Ma tête est lourde, ma gorge encore douloureuse.

J’ai la sensation étrange d’avoir oublié quelque chose.

Comme un rêve qui m’échappe.

Mais impossible de mettre le doigt dessus.

Chapitre 11 :[]

Deux jours.

Deux jours à dormir, à errer du lit au canapé, à enchaîner les Dolipranes.

Aujourd’hui, ça va mieux. Ma gorge ne me brûle plus autant, ma tête est moins lourde. Je peux enfin respirer sans avoir l’impression qu’un marteau-piqueur s’acharne sur mon crâne.

Je m’étire en grognant et attrape mon téléphone. Aucun message d’Emmy.

Rien de Camille non plus – ou plutôt, plus rien, parce qu’hier encore, son nom hantait mon écran.

J’ai fini par désactiver les notifications. Trop épuisant. Trop de choses à gérer.

Je pousse un soupir et me lève. Retour au lycée aujourd’hui. Je n’en ai aucune envie, mais je ne peux pas me terrer ici éternellement.

Je jette un œil à l’heure. Pas le temps de traîner.

Une fois prête, je quitte la maison, les mains enfoncées dans les poches de ma veste. L’air frais me frappe, me réveille un peu. J’inspire profondément, comme pour effacer ces derniers jours passés dans une bulle.

Arrivée au lycée, je me dirige directement vers mon casier. Emmy a dû y déposer les cours.

J’ouvre la porte métallique et, comme prévu, des feuilles soigneusement empilées m’attendent. Je les prends et les cale sous mon bras.

Mais quelque chose cloche.

Un petit papier plié en deux est coincé entre les pages.

Je fronce les sourcils.

Je le prends, le déplie doucement.

Quelques mots. Écriture fine et soignée.

"On doit parler."

Mon cœur rate un battement.

C’est l’écriture d’Emmy.

Chapitre 12 :[]

Pourquoi ?

Pourquoi elle m’écrit ça ?

Qu’est-ce qu’elle veut me dire ?

Elle est froide avec moi depuis des jours. Alors pourquoi maintenant ?

Un pressentiment me ronge. Je relève la tête et la cherche du regard.

Et je la vois.

Là, à l’autre bout du couloir.

Avec Camille.

Non.

Ce n’est pas possible.

Mais si.

Un frisson me parcourt l’échine. Est-ce qu’elle sait ?

Mon cœur bat trop vite. Mes doigts se crispent sur le petit mot. Je regarde mes mains qui tremblent légèrement.

Est-ce que je suis en train de paranoïer ? Ou est-ce réel ?

Est-ce qu’elle va me regarder différemment maintenant ?

Je relève la tête. Camille n’est plus là.

Mais Emmy me fixe, adossée contre un mur, bras croisés.

Elle attend.

Je pourrais partir.

Faire comme si je n’avais rien vu, jeter son mot dans mon casier et tourner les talons. Mais mes jambes avancent toutes seules.

Quand j’arrive à sa hauteur, elle pousse un soupir et décroise les bras.

-Tu as eu mon mot.

- C’est quoi, ça ? Ma voix est plus basse que prévu.

Elle hésite. Baisse les yeux un instant. Puis relève le menton.

- Il faut qu’on parle, Lily.

Mon cœur se serre.

- Parler de quoi ?

Elle me fixe. Puis murmure :

- De toi. De Camille. Et de ce que j’ai trouvé.

De ce qu’elle a trouvé ?

Mon estomac se tord un peu plus.

- Trouvé quoi ?

Emmy ne répond pas tout de suite. Elle plonge la main dans la poche de son manteau et en sort une enveloppe froissée.

Elle me la tend.

Mon cœur loupe un battement.

Je reconnais immédiatement l’écriture. Camille.

Je l’attrape d’un geste brusque, mes doigts crispés autour du papier.

- Où t’as eu ça ? Ma voix tremble malgré moi.

- Dans ton casier, dit-elle simplement.

Tout me semble trop bruyant, trop lumineux, trop oppressant.

Je serre la lettre contre moi, comme si elle risquait de disparaître.

- T’as lu ?

Emmy hésite. Puis acquiesce lentement.

- Oui.

Le sol se dérobe sous mes pieds.

Je recule d’un pas, mon souffle court.

- Lily…

- Non.

Je secoue la tête, incapable de la regarder dans les yeux.

- Ce n’était pas à toi.

- Pourquoi tu ne m’as rien dit ?

Je serre la lettre entre mes doigts. Une part de moi veut l’ouvrir, maintenant, tout de suite. Une autre veut a réduire en miettes.

Je devrais dire quelque chose.

N’importe quoi.

Mais aucun mot ne vient.

Alors je tourne les talons et je pars.

Chapitre 13 :[]

Je marche vite, trop vite.

Mes jambes tremblent, mon cœur cogne dans ma poitrine, mais je ne ralentis pas.

La lettre brûle entre mes doigts. Je pourrais l’ouvrir, maintenant.

Mais je ne veux pas.

Je ne peux pas.

Si je la lis, ça devient réel.

Si je la lis, je vais devoir affronter ce qu’elle a à dire.

Et je ne suis pas prête.

Je m’apprête à franchir la porte du lycée quand une silhouette surgit devant moi.

Je m’arrête net.

Camille.

Elle me regarde, son visage sérieux, les lèvres légèrement entrouvertes comme si elle s’apprêtait à parler.

Je veux fuir.

Mais elle bloque le passage.

- Lily, s’il te plaît.

Sa voix est basse, presque suppliante.

- Laisse-moi passer, je murmure, trop fatiguée pour crier, trop vidée pour être en colère.

- Juste une minute, c’est tout ce que je demande.

Je ferme les yeux un instant, inspire profondément.

- Camille, j’ai pas envie de…

- Tu as eu ma lettre ? me coupe-t-elle doucement.

Mes doigts se crispent sur l’enveloppe.

- C’est pas le problème.

- Si. Ça l’est.

Son regard cherche le mien, mais je détourne la tête.

- Lily, je t’en prie, continue-t-elle. Tu crois que je t’ai menti, que j’ai joué avec toi, mais ce n’est pas vrai. Je voulais te le dire. Je te jure que je voulais…

Un rire amer m’échappe.

- Ah oui ? Alors pourquoi tu ne l’as pas fait ? Pourquoi tu as attendu que je le découvre toute seule ?

Elle baisse la tête, mordille sa lèvre.

- Parce que j’avais peur.

Je fronce les sourcils.

- Peur de quoi ?

Elle relève les yeux et cette fois, il y a quelque chose dans son regard qui me désarme complètement.

- Peur de te perdre.

Mon souffle se bloque.

- Je ne suis pas courageuse… reprit-elle.

Le courage, c’est avoir peur et y aller quand même.

Punaise, je me déteste.

Je prends une grande inspiration et, finalement, j’ouvre l’enveloppe devant elle.

Je commence à lire, tandis que je sens les yeux verts de Camille sur moi, me scrutant à chaque mot.

Je déteste encore plus ce que je ressens quand je laisse échapper une larme, une seule, qui roule le long de ma joue à la dernière phrase.

- Je suis désolée... dit-elle d’une voix presque inaudible. Je… je tiens tellement à toi. Et quand j’ai compris qui tu étais, j’ai eu peur de tout gâcher.

Je m’apprête à riposter quand elle rajoute, presque dans un souffle :

- Je sais que mentir n’a pas arrangé les choses...

Je lève les yeux vers elle, les doigts crispés sur la lettre.

- Non, ça n’a rien arrangé, je murmure, la voix tremblante.

Camille baisse la tête, comme si elle s’attendait à ce que je l’envoie balader. Comme si elle savait qu’elle avait déjà tout perdu.

Et peut-être que c’est le cas.

Mais alors, pourquoi est-ce que j’ai si mal en la voyant comme ça ?

Pourquoi est-ce que mon cœur refuse de lâcher prise ?

Je serre la lettre contre moi, comme si elle pouvait m’aider à remettre de l’ordre dans mes pensées.

- Tu m’as menti, Camille. Et le pire, c’est que je t’aurais crue. Si tu m’avais juste dit la vérité…

Elle relève la tête d’un coup, les yeux brillants.

- Je sais, souffle-t-elle. Et je m’en veux. Tu peux me détester, je comprendrais. Mais ce que je ressens pour toi… ce n’était pas un mensonge.

Je ferme les yeux une seconde, essayant de respirer, de réfléchir.

Camille. K-Lunaire.

Les messages échangés tard le soir, les mots qui semblaient toujours si justes, si sincères.

Elle a menti sur son identité, oui.

Mais est-ce que ça efface tout le reste ?

Est-ce que ça efface ce qu’on était ?

Ma gorge se serre.

- J’ai besoin de temps, dis-je finalement, ma voix à peine plus forte qu’un souffle.

Camille acquiesce lentement.

- Je comprends.

Un silence lourd, rempli de tout ce qu’on ne se dit pas, s’installe entre nous.

Je la regarde une dernière fois avant de tourner les talons, la lettre serrée contre mon cœur.

Et cette fois, elle me laisse partir.

Epilogue :[]

Le temps passe.

Les jours défilent, plus calmes, plus légers.

J’ai repris ma place auprès d’Emmy, mes habitudes. Et pourtant… il manque quelque chose.

Ou plutôt, quelqu’un.

Je croise Camille de temps en temps, dans les couloirs, à la bibliothèque. Parfois, nos regards se croisent. Parfois, elle me sourit. Et parfois, mon cœur me hurle de courir vers elle.

Mais je n’ai plus peur.

Je sais ce que je ressens.

Alors un jour, après les cours, je trouve son casier.

Et à l’intérieur, je glisse une enveloppe.

Quelques mots, griffonnés à la hâte, mais qui sonnent justes.

“Il faut que je sois courageuse, qu’on le soit ensemble.”

Quand je m’éloigne, mon cœur bat plus fort.

Cette fois, c’est à elle de choisir.

Et moi, je suis enfin prête à entendre la réponse.

FIN.

Autre[]

Merci beaucoup d'avoir lu mon histoire ! J'espère que ça vous aura plus et n’hésitez pas à me donner votre avis ou des conseils ! Je suis preneuse ! :)

PS : Désolée 👻💛 j'ai pas pu faire la fin que tu voulais :/