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Percy :

« Mieux vaut faire l'amour que la guerre. »

Alors là, Percy ne pouvait qu'être d'accord. Il avait testé les deux, et il confirmait.
Allongé contre Annabeth, il lui semblait que la sensation qu'il avait eue en faisant l'amour avec elle pour la première fois - une sensation de tomber, de se perdre au fin fond d'un puits – était la plus pure, la plus naturelle qui soit au monde. Il ne pouvait techniquement pas se noyer. Pourtant, c'était ça qu'il ressentait : une sensation de chute, de noyade.
Sauf que cette fois, Percy ne désirait pas lutter contre. Il ne désirait pas en être sauvé. Davantage, même : il était prêt à se noyer de nouveau.
Elle avait pris le contrôle, Annabeth. De lui. De tout. Il savait qu'elle aimait contrôler les choses. Lui, le contrôle, il l'avait perdu. Comme d'hab'. Mais il le lui avait donné, à elle. Elle en avait été heureuse, Percy l'avait vu.
Non qu'il se soit montré, hum, passif. Loin de là. Mais ça avait été si agréable de ne pas diriger. Percy l'avait oublié, ça.
Alors, comme l'avait souligné une Annabeth euphorique et joueuse, juste avant de sauter du lit, le temps des douches communes avait sonné. Nouveau décret que tous deux s'étaient empressés de mettre en oeuvre. Bon et mauvais plan. Bon plan, parce que nouvelle réalisation du plan Titanic Now sous la douche en question, et que, les fabuleux neurones de sa compagne ayant apparemment pris des R.T.T. inopinés, ce fut le jeune homme qui mena la danse durant ce second round.
Un point partout.
Logique, Percy se trouvait dans son élément.
Mauvais plan, parce que la salle de bain se retrouva inondée encore une fois. Mais cette fois, Annabeth ne dit rien. Logique aussi.
Après quoi, ils descendirent prendre leur petit déj', en peignoir, avec un sourire de trois kilomètres sur le visage. Lorsqu'ils furent attablés face à un bol de céréales, Annabeth lança :

- Hey, merci.

Interloqué, Percy leva les yeux de son bol, où il piochait mécaniquement, le regard dans le vague.

- Merci de quoi ? demanda-t-il, un peu paumé.
- Merci pour ma liste. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si tu ne m'avais pas... rendu service.

Stupéfait, il lui jeta un oeil dans lequel dix milles questions se bousculaient. Au moins. Puis il aperçut l'éclat dans ses prunelles grises : amusé, voire franchement moqueur.
Ah, d'accord. Elle jouait.
Cool. Percy s'estimait heureux d'avoir réussi à déchiffrer au moins une de ses pensées. S'il n'était pas encore bilingue en langage annabethien, au moins avait-il quitté le niveau « survie ». Après avoir eu plusieurs années de relations, dont deux sexuelles, très récemment.
Trop doué, le mec, youpi !
Il lui sourit en retour, de ce sourire fauteur de troubles qui lui plaisait tant, il le savait. Puis esquissa une petite révérence.

- De rien. J'adore rendre service. Tout le plaisir a été pour moi.

Nouveau sourire en retour, de sa part à elle. Franchement coquin, celui-là.

- Y'a pas plus faux.
- N'importe quoi !
- Si si, je t'assure.

Phrases échangées avec un débit de mitraillette, ton narquois. L'un comme l'autre avaient conscience de la puérilité de leur échange, alors qu'eux-mêmes n'étaient plus des enfants. Oh, que non !
L'instant fut rompu par un « toc-toc » sec à la porte d'entrée. Regard de couple, style « qu'est-ce-qui-va-encore-nous-tomber-dessus-par-tous-les-dieux ? »
Finalement, Annabeth se leva de sa chaise et alla ouvrir, Percy sur ses talons. La vivacité du soleil ruisselant sur les pavés lui fit plisser les yeux durant quelques secondes, si bien que la jeune fille n'identifia pas tout de suite le visiteur. Puis elle aperçut une longue chevelure noir corbeau.
La visiteuse, plutôt. Reyna.
Que faisait-elle ici ?

- Bonjour, Annabeth, déclara cette dernière, la mine avenante. J'étais venue te demander si tu l'avais fait.

Regard-de-couple bis. Interloqué, cette fois-ci. Ainsi qu'un échange mental silencieux qui pouvait se résumer à peu près comme ça :
Annabeth : (avec un regard stupéfait en direction de son compagnon) «Comment elle sait ? »
Percy : (haussant les épaules) « J'en sais rien. »
Annabeth : « Ce serait flippant qu'elle soit au courant, quand même ! Oh, mais attends...»
Elle venait d'avoir une idée de ce que voulait la Romaine. Et faillit rire de sa méprise. Comme quoi, d'autres éléments de sa fameuse liste lui revenaient en mémoire. Elle se tourna vers la cheffe :

- Ah, mon rapport, tu veux dire ? Sur la dernière réunion du Sénat ?
- Oui, c'est ça. Tu avais promis de me l'apporter hier. Et comme tu ne l'as pas fait, alors que je sais que tu es quelqu'un qui aime rendre son boulot à temps, je me suis permise de venir te voir, histoire de vérifier si tu n'étais pas malade ou quoi.

Les prunelles de Reyna, d'abord concentrées sur le visage de son interlocutrice, s'écarquillèrent brusquement. Annabeth, qui n'en comprit d'abord pas la cause, suivit la même trajectoire oculaire. Et devint rouge tomate.
Son peignoir était resté à moitié entrouvert, laissant apparaître négligemment la chair nue d'une épaule, ainsi qu'un décolleté si plongeant qu'il en devenait presque obscène. Personnellement, Percy s'en fichait, puisque qu'ils s'étaient vus nus mutuellement. Enfin, il s'en fichait... façon de parler ! Mais il ne fallait pas un Q.I. à quatre chiffres pour comprendre que sa vision des choses ne pouvait pas être partagée par tout le monde.
« Oups. »
Au temps pour la discrétion !
Un demi-sourire se peignit sur les lèvres de Reyna.

- Je crois que tu as « oublié » de le rédiger, pas vrai ? Ou t'en as fait un d'un autre genre. Je me trompe ?

D'un hochement de tête embarrassé, Annabeth confirma que ce n'était pas le cas. Devant cette réaction, Reyna sourit franchement.

- Hey, Percy, arrête de la distraire, tu veux ? lança-t-elle, achevant de les mettre mal à l'aise.

Le jeune homme ne releva pas, se contentant de marmonner dans sa barbe un truc qui ressemblait fort à « C'est elle qui a commencé. »

- Bon, reprit la Romaine, c'est pas tout ça, mais je venais aussi vous avertir qu'une fête va avoir lieu ce soir, et que tous les ressortissants grecs y sont invités. C'est Octave qui l'organise, alors je suis plutôt méfiante, mais bon...

Percy opina, enlaçant la taille d'Annabeth :

- OK, on y sera.

***

Soyons clairs : Percy n'éprouvait absolument aucune envie de se rendre à une fête donnée par Octave. Sûr qu'on trouverait après coup de la ciguë dans les verres des invités. Ou de vieilles pelures provenant du rembourrage des animaux en peluche servant aux sacrifices quotidiens perpétrés par l'antipathique augure, dans le cake de bienvenue, ou dans les plats du buffet. Mais bon, soit il refusait tout net, sous peine de s'entendre dire pour la millionième fois que les Grecs ne valaient pas les Romains sur tous les plans, ou bien il faisait contre mauvaise fortune bon coeur, et retrouvait ses amis, notamment Piper et Jason, qu'il ne voyait plus trop, parce que ces derniers vivaient à l'autre bout du campus universitaire. Et il prenait le risque de s'amuser. Pas trop matière à hésiter, non ?
Pourtant, le jeune homme ne le sentait pas, cette histoire de fête. Octave ne répondait pas précisément aux définitions de « boute-en-train », « amical » et encore moins « fêtard » ! Et puis, Percy en avait vu, des endroits apparemment idylliques, pouvant cacher un, voire des piège(s) de nature potentiellement mortelle. L'île de Circée, le Casino Lotus... la liste était longue.
Pour autant, et peut-être aussi à cause de cela, pas question que lui comme Annabeth laisse l'autre y aller seul, pour deux raisons :

a) à deux, on est plus vigilants, rapport aux soupçons d'empoisonnement mentionnés plus haut.

b) à deux, leur pourcentage de « chiantitude » lors de la soirée avait de fortes chances de connaître une baisse significative.

A ces deux premières raisons clairement avouées, le jeune homme pouvait en ajouter une troisième, plus secrète, celle-là :

c) si, dans le pire (et sans doute le plus improbable !) des cas, il était bourré, il était certain qu'une jolie sirène de sa très proche connaissance serait en capacité de le dessoûler en cinq sec' ! Soit en le jetant dans la fontaine la plus proche, soit en lui administrant une baffe magistrale, au choix.

***

De nouveau, le soir tombait lorsqu'ils se rendirent à destination, au Gand Cirque, la fête se déroulant en extérieur. Des faisceaux multicolores dessinaient des ombres mouvantes qui irradiaient la piste de danse en lui conférant une aura ensorcelante. La musique, électrique, parachevait l'ambiance. En tendant l'oreille, le jeune homme eut une pensée pour son amie Thalia en reconnaissant le groupe Green Day, qu'elle adorait. Les gradins antiques donnaient un côté atypique au lieu.
Malgré le froid et la demi-obscurité, des dizaines de corps ondulants se trémoussaient déjà sous la lumière des étoiles. Percy vit de loin Piper qui dansait avec Jason, ses longs cheveux bruns fouettés par le vent, et il ne put s'empêcher de remarquer qu'elle bougeait bien. Un peu plus loin, Hazel et Nico observaient le spectacle qui s'offrait à eux, assis en haut des gradins. Seule Hazel leur fit un signe de la main en les apercevant, un bref sourire au lèvres. Son frère, lui, resta pour ainsi dire de marbre.
Percy se remémora comment, presque cinq ans plus tôt, lors d'une soirée semblable au collège de Westover Hall, il avait fait sa connaissance et celle de sa soeur Bianca. Qui aurait pu croire alors que le gamin surexcité et fan du jeu de cartes Mythomagic de cette époque allait changer à ce point ? Pas lui, en tout cas.
Jetant un coup d'oeil circulaire, il manqua éclater de rire en voyant Octave, visiblement éméché, qui titubait lamentablement de long en large autour de la piste. Puis son regard tomba sur les cannettes de bières, alignées sagement comme de bons petits soldats, sur la table du buffet, et fut saisi de l'envie soudaine d'en boire une. Si Octave lui-même en avait bues, cela prouvait forcément qu'elles n'étaient pas empoisonnées. Machinalement, Percy se dirigea vers ce dernier, évitant tous les corps contorsionnées des jeunes qui se trémoussaient en rythme, attrapa une des canettes et la porta à sa bouche. Ce ne fut que lorsqu'elle fut vide que le jeune homme se rendit compte à quel point il avait soif. Il en prit une deuxième, qui disparut dans les profondeurs de son estomac avec la même facilité.
Cette soif inattendue était-elle une conséquence de son « activité » de la nuit précédente ? Peu probable.
Sa main eut comme d'elle-même un mouvement vers une troisième canette... avant que son épaule ne reçoive, elle, une petite tape sèche.

- Hé ho, le Capitaine Haddock, là, arrête de picoler OK ?! T'es fils de Poséidon ou de Dionysos, aux dernières nouvelles ?

Tadaaa ! Son puits de Sagesse avait encore frappé ! Confus, Percy se tourna vers elle.

- De Pos...

Un hoquet le secoua.

-... éidon.

L'air fâché d'Annabeth le dissuada de faire le malin. Au même moment, les premières notes d'un nouveau morceau s'échappa des baffles. D'abord indifférent, le jeune homme cligna des yeux lorsqu'il se sentit traîné vers la piste de danse.

- Hé, Annabeth, tu sais très bien que je ne sais pas danser ! fit-il d'une pauvre voix éraillée.
- M'en fous, du moment que tu ne bois pas, ça m'est égal.
- Pfft, pas envie !

D'un seul coup, elle lui offrit un regard faussement enjôleur, lui faisant perdre ses moyens.

- Bien, Cervelle d'Algues. T'as le choix, pour dessoûler : soit tu danses avec moi et tu oublies ces fichues cannettes à défaut d'oublier tout court, soit je te jettes dans la fontaine la plus proche à coups de pieds au fesses. Tu choisis quoi ?
- Gumpfff !

Elle fit mine de tendre l'oreille :

- Pardon ? J'ai pas bien entendu !
- Option numéro un, articula Percy, gêné et un peu honteux.
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