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Cette histoire a été écrite par LaTélépatheQuiEstHydrokinésiste

Titre complet : La Jeune Fille Rue Des Acacias ; Tome 1 : La Pierre de Persévérance.

Voici mon histoire ! Il y a certain points à revoir, néanmoins, j’espère qu'elle vous plaira ! ^^ 

Prologue  []

Le feu, l’eau, l’air, la terre…

Tous ces éléments semblaient s’être déchaînés sur l’adolescent. Il ne pouvait faire un pas de plus, sous peine de brûler dans les flammes ardentes, mais s'il restait là, il risquait de se noyer. Aucune issue de secours. Thomas chercha désespérément un moyen de s’en sortir, mais il ne pouvait qu’être impuissant, face à la puissance des éléments.

Les flammes se rapprochaient, l’eau montait, la terre devenait de plus en plus molle, empêchant tout mouvement possible, et l’air se faisait de plus en plus rare.

Alors c’est comme ça qu’il allait mourir ? Noyé, ou brûlé, ou encore asphyxié? Non. Ça ne pouvait être possible ! Il n’en avait pas le droit ! Il ne devait pas mourir ! Et c’est là qu’il la sentit. Au plus profond de ses entrailles, une rage immense grandissait, jusqu’à ce que le jeune garçon ne puisse plus la retenir.

Chapitre 1[]

Thomas Mellier était un jeune adolescent de 15 ans. Il avait des cheveux châtains bouclés, des yeux verts et des fossettes. Globalement, il était plutôt joli garçon et remportait un certain succès, auprès des filles de son lycée. Il avait un père, une mère et une petite sœur de cinq ans de moins que lui, qui se nommait "Eva". Enfin bref, sa vie était banale. Trop banale. Voyez-vous, Thomas était un rêveur, il aimait jouer de la guitare au bord de l'eau, lire, écrire et rêver en se promenant dans les forêts. Il rêvait d'un autre monde, d'une aventure où il serait le héros, mais rien, il avait juste une vie, banale.

Tout près de son lycée, il y avait la rue des acacias. Et au coin de cette rue, il y avait, tous les jours, une jeune fille. Parfois elle restait là pendant des jours, d'autres fois elle venait, attendait cinq minutes, et partait. Elle avait de longs cheveux blonds aux reflets dorés, des yeux bleus, et des joues roses. Elle portait un simple t-shirt à manches courtes blanc, un short en jean, des baskets et un sac à dos rose pâle. La jeune fille ne souriait jamais, parfois, elle sortait un carnet et un stylo de son sac, et écrivait.

Tous les lycéens se moquaient d'elle, mais ça ne semblait pas l'atteindre. Ou alors elle ne les entendait pas, et les fixait juste lorsqu'ils passaient.

Au départ, Thomas se moquait, lui aussi, mais plus les grandes vacances approchaient, plus il trouvait qu'elle était spéciale, étrange, anormale... Était-ce par ce qu'elle ne parlait et ne souriait jamais ? Ou alors ses yeux, ils étaient bleus, un bleu indescriptible, un bleu magnifique, un bleu où l'on voudrait s'y noyer... Ou peut-être était-ce pour sa beauté, elle était belle, bien trop belle, ce n'était pas normal.

Thomas, qui aimait s'inventer des histoires, essaya d'en faire une sur la jeune fille rue des acacias. Mais à chaque fois, il s'imaginait la prendre dans ses bras pour la protéger d'un éventuel danger. Au bout de quelques semaines, il se rendit compte qu'il était amoureux.

Alors, petit à petit, au lieu de se moquer en passant devant elle, il la fixait droit dans les yeux, comme elle le faisait avec tous les autres. La première fois, elle écarquilla les yeux de surprise, puisqu'elle s'attendait à recevoir des insultes, mais elle se ressaisit vite et reprit son air sérieux. Ainsi, il la regardait en cour et à la récréation. Et à chaque fois qu'elle plongeait son regard dans le sien, son cœur se mettait à battre à une tout rompre. Mais après deux ou trois semaines d'échange de regard, il décida qu'il serait temps d'aller lui parler. Le lendemain, il le ira la voir, il se l'était juré !

Chapitre 2 :[]

Thomas avait fait exprès d'arriver vingt minutes avant l'ouverture du lycée, pour avoir le temps de discuter avec la jeune fille de la rue des acacias.

Elle n'était pas encore arrivée, ainsi le jeune homme décida de l'attendre au coin de la rue, sous un acacia, justement. Le soleil était déjà haut dans le ciel, lorsque la jeune fille apparut au bout de la rue. Thomas la fixa dans les yeux, comme à son habitude. Elle fut fort étonnée de le voir ici, mais décida de faire comme si de rien n'était, et, une fois sous l'acacia, ils se regardèrent dans le blanc des yeux.

Thomas prit une grande inspiration et commença :

- Euh... Bonjour, moi c'est Thomas...

- Je sais. le coupa-t-elle.

Son ton était sec, froid et menaçant. Il ne donnait pas envie de continuer la conversation. Cependant, Thomas était déterminé à connaître au moins son nom. Alors il reprit:

- Cool... Et toi...? Tu t'appelles comment...?

Elle leva les yeux au ciel, prenant grand soin de ne pas lui répondre. Ce garçon avait le don de pouvoir l'agacée ! Soudain, une pensée traversa l'esprit de la jeune fille, et si c'était lui...? Et si c'était la personne qu'elle cherchait depuis des mois...?

Alors, pour vérifier, elle plongea à nouveau son regard dans le sien. Mais cette fois, l'adolescent ne vit qu'un regard vide, sans rien, aucune émotion... Il plissa les yeux, il lui avait semblé voir quelque chose bouger... Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'il ne se sente basculer dans le regard de son interlocutrice.

Il conduisait un bateau, sur une rivière qui lui rappelait étrangement la couleur des iris de la jeune fille de la rue des acacias. Cette eau avait quelque chose de spécial, d'étrange, d'enchanteur, d'anormal... Il n'eut pas le temps d'observer plus attentivement les eaux, car, plus il approchait de sa destination, plus d'épais nuages gris et menaçants se formaient, cachant, ainsi, le beau ciel bleu.

Au bout d'une dizaine de minutes, il arriva à un petit port de pêcheurs, délabré et abandonné. Il cala son bateau entre un ponton de bois qui tenait à peine la route, et une ancienne cabane faite de vielles planches pourries, à moitié sur pilotis.

Thomas ne pouvait plus continuer sur la rivière, il devait finir à pied. Mais il manquait de vivre, alors il se dirigea vers le cabanon pour voir si il n'y avait rien de bon à emporter.

A l'intérieur, une petite table et un fauteuil étaient renversés, les assiettes, les verres cassés, et les vielles traces de sang prouvaient qu'il y avait eu une lutte, sans doute un combat, parce que ce pêcheur n'avait certainement pas payé ses dettes. Mais rien à manger, et aucune arme à emporter...

Il soupira... Tant pis, il sautera un ou deux repas par jour. Il sortit de la cabane, et partit vers l'Est. Il traversa des plaines. Mais ce n'était pas des plaines avec de l'herbe verte et des fleurs. Non, c'était des plaines désolées, désertées, brûlées, avec de l'herbe séchée ou brûlée à perte de vue. Parfois, il y avait quelques vieux troncs d'arbres calcinés, qui se dressaient au milieu de ces vastes étendues, tristes et lugubres.

Cela faisait longtemps qu'il marchait. Mais il arrivait, il le savait, il était tout près.

Après avoir gravit une colline, il vit sous ses yeux une grande ville, où au milieu un château, aussi noir que les ténèbres, semblait s'imposer. Quelques maisons étaient incendiées, mais une odeur couvrait celle de brûlé... Une odeur...De mort.

Thomas sourit. C'était un sourire diabolique, cruel, sanguinaire. Il était arrivé. Tout d'un coup, il ressentit une violente douleur à la tête, suivi de plusieurs secousses. Il se sentit basculer et ferma les yeux. Lorsqu'il les rouvrit, il n'y avait plus une grande et effrayante ville devant lui, mais la jeune fille de la rue des acacias, qui le secouait violemment. Il s'était cogné à la tête. Une fois qu'elle vit qu'il avait ouvert les yeux, elle le plaqua contre le mur, le tenant fermement par les épaules. Son regard était rempli de colère, il était dur, froid, menaçant, mais cette fois, Thomas cru y percevoir de l'inquiétude, de la tristesse, mais aussi une petite lueur d'espoir. Même si ses yeux trahissaient ses sentiments, son ton, lui, ne laissait rien paraître. - Qu'est -ce que tu as vu ?! cria-t-elle

- ..

- QU'EST CE QUE TU AS VU, BON SANG ?!! cette fois elle avait hurlé, le secouant frénétiquement par les épaules, au bord des larmes.

Thomas décida de tout lui raconter, tout ce qu'il avait vu, dans les moindres détails. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait, il ne comprenait rien. Mais la jeune fille, elle, avait compris. C'était lui qui pouvait sauver son royaume. C'était l'élémentariste.

A la fin du récit du jeune garçon, elle le relâcha. L'atmosphère ne s'était, cependant, pas détendue. Il fallait lui donner des consignes, il fallait le ramener dans son monde, la survie de son peuple en dépendait. Alors, la jeune fille, lui dit:

- Bon écoute, tu vas aller en cour, tu vas faire ta journée normalement, et à la fin du... - elle chercha un mot - Ah oui! Lycée! Donc à la fin du lycée, je serais ici, je t'attendrais et je t'expliquerai certaines choses.

- Oui mais, qu'est-ce que j'ai vu ? C'était quoi ? Et pourquoi tant de désolation?

- Je ne peux pas te le dire, je dois partir. Promets-moi que tu viendras me voir!

- ...

- Promets le moi ! elle semblait paniquée devant l'hésitation de Thomas.

- ...Promis.

Il sentait qu'il allait le regretter, il avait un mauvais pressentiment, mais il le promit quand même. Il ne voulait plus voir la panique dans les merveilleux yeux bleus de la jeune fille, et puis, si c'était pour à revoir...

Elle esquissa un sourire, avant de partir en courant. Mais avant d'avoir atteint le bout de la rue, elle se tourna vers Thomas et lui jeta :

- Au fait, moi c'est Saphir !

Chapitre 3[]

"Saphir... Elle s'appelle Saphir... Quel joli nom..."

Pendant la récréation, Thomas n'avait pas hésité, et avait tout raconté à son meilleur ami, Arnaud.

Arnaud était grand, portait des lunettes rondes, et avait les cheveux roux flamboyants. Contrairement à Thomas, lui, n'attirait pas les filles. Il était aussi maigre qu'une brindille, et tout comme son meilleur ami, il aimait lire, écrire et rêver. C'est, sans doute, pourquoi il n'eut pas de mal à gober l'histoire de son ami.

Arnaud était le type de personne, à qui on pouvait tout dire. Les deux jeunes garçons se connaissaient depuis la maternelle, et se sont toujours soutenus dans les moments difficiles. Il venait tout juste de perdre ses parents. L'orphelin n'avait jamais dit de quoi ils étaient morts, et n'en parlait jamais. Ce sont ses grands-parents qui l'avaient recueilli. Mais ils le détestaient et ne faisaient pas attention à lui, ce qui expliquait sa maigreur.

Durant toute la journée, Thomas n'avait pas pu se concentrer sur ses cours, toutes ses pensées étaient accaparées par Saphir.

Il avait écrit à sa mère pour lui dire qu'il serait en retard, car il allait manger une glace avec Arnaud. C'était en partie vrai, parce qu'après son discours, son meilleur ami l'avait prié d'accepter de l'amener avec lui, et devant le regard suppliant du rouquin, Thomas n'avait pu dire non.

Pendant que Thomas attendait impatiemment la fin de la journée, Saphir, elle, courait. Elle traversait des plaines d'herbe verte, parsemées de fleurs. Elle se dirigeait vers une grande colline, où, au centre, un immense chêne, au tronc noueux se dressait fièrement, montrant ses longues branches vers le ciel. La jeune fille arriva devant l'imposant centenaire de bois, elle posa sa main à un endroit bien précis sur le tronc, et alors, une trappe apparut dans le sol, entre les racines.

Saphir s'y engouffra, elle devait prévenir ses compagnons, elle devait leur dire qu'elle l'avait trouvé. Lui, l'élémentaliste, le seul capable de réaliser la prophétie, de faire devenir les légendes réalité, le seul capable de sauver son peuple.

A la fin de la journée, comme prévu, Thomas la retrouva, il était en compagnie d'Arnaud. Arnaud avait été une des rares personnes à ne pas se moquer de la jeune fille, pour la simple et bonne raison qu'il ne l'avait pas remarquée. A sa vue, Saphir sentit la colère monter en elle, comment cet individu avait-il osé parler de tout ça ? Et surtout ramener un humain avec lui ? Mais il fallait faire vite, et donc passer outre de ça.

Elle se dépêcha de prendre Thomas par le bras, et lui souffla qu'ils ne pouvaient pas parler ici. Saphir amena les deux garçons dans un parc. Ils s'assirent sur un banc, et la jeune fille fixa Arnaud dans les yeux, de son regard froid, sec et menaçant. Elle le pointa du doigt, et dit avec ce même ton qui lui était propre:

- Qui est ce ?

- C'est mon meilleur ami, Arnaud. Je lui ai tout raconter, il voulait venir. s'expliqua Thomas

- Pourquoi tu as fait une chose aussi stupide ? demanda-t-elle, s'adressant toujours à Thomas, mais fixant Arnaud, qui avait l’air très mal à l’aise.

- Euh... Mec ? demanda celui-ci, de plus en plus gêné, Est ce qu'elle peut arrêter de me fixer, c'est flippant.

- Pardon. C'est plus fort que moi, je fixe les gens, c'est comme ça. répliqua la jeune fille, et elle détourna le regard, fixant les sapins disposés autour d'un lac, devant elle.

- Alors...? tenta Thomas, Est ce que tu peux m'expliquer ce qu'il s'est passé ?

- Je… - Elle prit une grande inspiration - Bon, en fait, je viens d'un autre monde, le monde d'Eliaé. Mais il est rongé par le Mal...Et chaque jour, celui-ci progresse de plus en plus... Il... Il existe une prophétie, qui dit que parmi les humains, un élémentariste, va pouvoir nous sauver. Tu es cet élémentariste, Thomas...

Elle avait tourné son visage vers Thomas, ses yeux brillants de larmes. Cette vision, fendit le cœur du jeune garçon, il ne voulait pas la voir pleurer, il voulait la réconforter. Mais c'était trop tard, des gouttes d'eau salées, roulaient sur les joues roses de la jeune fille. Elle reprit, avec la voix tremblante :

- Un élémentariste, est une personne capable de voir des visions depuis les yeux d'un autre élémentariste. Avoir un élémentariste dans son camp est très utile. Ils peuvent connaître les plans d'autres élémentaristes, mais un élémentariste très entraîné, peut déceler la présence d'un autre dans son regard. Ce que tu as vu, ce matin, n'était autre que la capitale d'Eliaé, Artémisa. Elle a été prise, par le Mal, et est devenue sa capitale. Seul quelques groupes se battent contre le Mal, chaque groupe porte un nom et un drapeau. Mais globalement, on nous appelle, les Interdits.

- Attends, répliqua Thomas plus perdu qu’autre chose, Comment puis-je être un élémentariste, alors que je suis né ici ?

- C'est simple. Tu ne viens pas du monde des humains, mais du monde d'Eliaé, ne me demande pas pourquoi, je ne sais pas comment. Une chose est sûre, tes parents ne sont pas tes parents.

- Quoi ?! s'exclamèrent en cœur les deux garçons, littéralement choqués par cette nouvelle des plus...Incongrues.

- Oui. répondit la jeune fille, impassible, Thomas, veux-tu que je te montre ton vrai monde ? Veux-tu venir avec moi pour avoir plus de réponses ? Arnaud, puisque tu as tout entendu, tu seras obligé de venir avec nous, de toute manière, une personne en plus ne nous fera pas de mal.

Les yeux pétillants, Arnaud s'empressa de dire qu'il viendrait. Abandonner ses grands-parents, pour vivre l'aventure dont il avait toujours rêvé ? Il était partant !

Thomas, lui, en revanche, ne savais que faire... Son monde, et rester avec Saphir, mais quitter ses parents, ou rester et laisser son monde, Saphir, et son meilleur ami mourir ? Ses parents resteront toujours ses parents. Rien que l'idée de se dire qu'ils étaient autres, lui était insupportable... C'était les vrais, point final. Il n'en avait pas d'autre.

- Mais comment peux-tu savoir que mes parents ne sont pas mes parents ? demanda-t-il suspicieusement.

- Parce que, c’est comme ça. Tu es bien Thomas Mellier ?

- Oui, mais, comment peux-tu connaître mon nom ? Je ne te l’ai jamais dit…

- Je sais beaucoup de choses, et je sais aussi que je n’ai pas le temps pour répondre à des questions peu importantes.

- Peu importantes ?! répéta avec indignation Thomas, Mais tu viens de me dire que mes parents n’étaient pas mes parents, et tu trouves que c’est « peu important » ?!

- Je n’ai pas dit que c’était « peu important », j’ai dit que tes questions étaient peu importantes. Du moins, pour l’instant. Je ne peux pas me permettre de perdre du temps, et je dois savoir si tu veux venir oui ou non. Et si tout ce passe bien, tu es sensé avoir tes réponses ce soir.

Durant toute la discussion, Arnaud n’avait pipé mot, et s’était contenté de regarder les deux jeunes gens discuter, mais comme lui aussi voulait partir à Eliaé, et essaya d’influencer le choix de son ami. Le silence fut sa seule réponse.

Devant l’indécision de Thomas, Saphir lui dit :

- Tu reviendras... Pour l'instant, tu vas seulement venir ce soir. Ne t'inquiètes pas.

- Alors... C'est... D'accord.

Il allait le regretter, il le savait. Mais si c'était vrai, qu'il aurait des réponses, et qu'il était le seul à pouvoir sauver ce monde, alors, il viendra.

La jeune fille eut un sourire satisfait, mais se ravisa bien vite. Elle se leva du banc, s'assura que personne ne pouvait les voir, et se dirigea vers le lac. Elle dressa ses bras en direction du ciel, et murmura des mots incompréhensibles. Aussi tôt, un tourbillon se créa au centre du lac. Saphir se tourna vers les deux garçons, et leur dit d'un air sérieux :

- Sautez.

Chapitre 4[]

- QUOI ?! s'étranglèrent les deux amis.

- Sautez dans le tourbillon,  dépêchez-vous ! ordonna Saphir

Elle regarda furtivement si personne ne les avait vu. Thomas s'approcha de l'eau déchaînée. L'eau était devenue étrange, d'un bleu magnifique, un bleu hypnotisant, un bleu enchanteur, un bleu anormal. Le jeune élémentariste fut comme envoûté par ce bleu. Il n'eut pas le temps de prendre sa respiration, qu'il plongea tête la première. Il ne vit pas Arnaud sauter dans l'eau pour l'aider, il ne vit pas non plus, Saphir, exécuter un plongeon parfait. Non, il ne voyait rien, et pour cause, il se laissait sombrer dans l'eau tumultueuse, presque bercé par les vagues qui retombaient lourdement sur lui. Les ténèbres commencèrent à l'engloutirent, et juste avant de se laisser aller dans l'ombre, il crut sentir des mains le tirer de l'eau.

Lorsqu'il reprit connaissance, il se trouvait au bord d'une rivière, allongé et totalement trempé. Thomas tourna lentement la tête, il avait l'impression de s'être fait piétiner par un éléphant. Un peu plus loin, il put voir Arnaud et Saphir qui discutaient. Ils avaient allumé un feu pour se sécher, et se réchauffer. Ils parlaient à voix basse,  et Thomas du tendre l'oreille pour entendre des brides de conversation.

- Tu es sûre qu'il va bien ? Il est resté un bon bout de temps sous l'eau. dit son meilleur ami inquiet.

- Pour la mille-trois-cent-quarante-deuxième fois, il va bien, il dort juste. Par contre la nuit va tomber d'ici deux heures, donc, si il ne se réveille pas maintenant, il y aura peu de chance pour qu'il rentre chez lui ce soir.   répondit Saphir avec une pointe d'agacement dans la voix, bien qu'elle semblait calme et apaisée.

Elle tourna son regard vers celui qu'ils croyaient endormi. Une vague de soulagement envahit son esprit, quand elle croisa son regard. Elle s'était montrée un peu trop brusque lors de leur rencontre, si ils devaient devenir des compagnons d'armes, autant être sur une bonne entente, c'est pourquoi, elle sourit à Thomas et dit:

- Alors, notre blessé s'est réveillé ?

Elle venait de lui sourire . Saphir venait de lui sourire ! Thomas n'en croyait pas ses yeux. Il sentit comme une horde de papillons batifoler gaiement dans son ventre. Comme elle était belle quand elle souriait ! Cependant, il ne put pas se concentrer plus sur ce détail car sa tête lui faisait horriblement mal. Et Arnaud venait justement de se précipiter vers lui en criant son nom, ce qui n'aidait clairement pas sa récente migraine.

- Où sommes-nous ? demanda faiblement l'élémentariste.

- Nous sommes sur les berges du fleuve de la Térialémane. Et nous devons rejoindre les plaines des Rélimanères. répondit son ami, pendant que Saphir s'occupait d'effacer toutes traces de leur passage.

- Comment tu sais ça toi ?

- C'est Saphir qui me l'a dit. Et tu sais quoi, en vrai, elle est trop sympa !

- Bon, les garçons, je veux pas vous presser mais il faut partir maintenant . Arnaud, tu vas aider Thomas à marcher. coupa la jeune fille.

- Quoi ?! Mais je peux marcher ! s'exclama, le dit, concerné.

Mais lorsqu'il se mit debout, il eut une douleur si importante dans la tête, qu'il dut s'accrocher à Arnaud, pour rester dans une position à peu près droite. Il fut vite obligé d'abandonner toute résistance, et de constater, qu'effectivement, il ne pouvait faire un pas de plus tout seul.

- Bien, vous allez voir, le chemin sera court, il n'y a que vingt-huit Berluiras qui nous séparent de notre destination. précisa Saphir juste avant de se mettre à marcher.

Les deux garçons n'osèrent pas demander ce que c'était qu'un Berluira, et commencèrent donc à la suivre en silence.

Ils se déplacèrent ainsi pendant près d'une heure. L'élémentariste avait eu le temps de reprendre entièrement ses esprits, et marchait, donc, tout seul. 

Les trois adolescents marchaient tête baissée. Les paysages s'étaient succédé, laissant maintenant place à une grande plaine d'herbe verte, parsemée de fleurs, légèrement orangées par le coucher de soleil. En vérité il n'y avait pas, un seul coucher de soleil, mais deux, car il y avait deux soleils. Au début,  Thomas n'y avait pas prêté attention, beaucoup trop étourdi, mais à cet instant, il se posait de sérieuses questions. Alors, le jeune garçon décida de briser le grand silence, qui s'était installé.

- Euh, c'est moi, où il y a réellement deux soleils ?

Saphir fit volteface, et Arnaud se tourna vers les coucher de soleils, avec un air éberlué sur son visage.

- Deux quoi ? répliqua la fille.

- Deux soleils... souffla le rouquin, qui semblait étrangement ailleurs, fixant toujours les deux astres.

- C'est quoi des soleils ?

- C'est ça.

Thomas désigna l'objet de leur discussion, et immédiatement l'expression d'incompréhension s'effaça du visage de Saphir, pour laisser place à de l'amusement. Elle lui expliqua donc, qu'il s'agissait d'Eclairarium et de Nuitarius, les deux astres qui faisaient partis, d'une des sept légendes fondatrices de leur monde.

Après cet éclairement, si on pouvait appeler ça éclairement, vu le nombre de questions qui flottaient dans la tête de Thomas, sans compter le fait qu'il ne connaissait, ni ne savait ce qu'étaient les sept légendes fondatrices, les jeunes gens reprirent leur marche, sauf, Arnaud, qui était resté contempler le coucher d'Eclairarium et de Nuitarius. Au bout du dixième appel de son ami, il daigna enfin, s'éloigner à contrecœur.

Le silence se réinstalla, laissant chacun dans ses propres pensées. Thomas commençait à regretter d'avoir laissé son meilleur ami venir avec lui. "Il n'a pas sa place ici... Et si il lui arrivait quelque chose ? Ce n'est pas son monde. C'est le mien... Et celui de Saphir..." songea-t-il. Le jeune garçon n'arrivait toujours pas à comprendre ce qui se passait. Il avait l'impression de rêver. Tant de questions, et aucunes réponses. Il avait beau essayer de se persuader que tout cela est réel et qu'il s'agit de son monde, l'adolescent n'y arrivait pas… Pourquoi avait-il accepté de venir ? Et si c'était un piège et que Saphir n'était autre qu'une dangereuse psychopathe, qui voulait le tuer ? C'était sans doute bizarre, mais il sentait qu'il devait venir ici, même si il n'en avait aucune envie…

Encore une heure s'était écoulée, la nuit était tombée. Il n'y avait pas de lune. Seulement des étoiles, qui, étonnamment, procuraient assez de lumière pour voir, globalement. Ils avaient passé toute cette heure à traverser la plaine. Et plus ils approchaient de leur destination, plus Saphir se sentait mal. Elle pressentait un terrible événement. La jeune fille n'eut pas besoin d'attendre très longtemps pour avoir une confirmation. Devant eux, se présentait une colline, et en haut de cette colline se dressait un tronc d'arbre calciné, qui jadis, fut un immense chêne,  au tronc noueux, et qui dressait fièrement ses branches vers le ciel.  Mais ce n'était pas tout, il y avait aussi, un drapeau, aussi rouge que le sang, qui ondulant tel une flamme, planté juste à côté de l'arbre.

Horrifiée,  Saphir gravit la colline en courant, suivit de Thomas et d'Arnaud.  Elle posa une main sur le tronc calciné, et l'autre sur le drapeau, et dut réprimer un sanglot. Les garçons ne comprenaient pas vraiment ce qu'il s'était passé,  à part qu'il s'agissait de quelque chose de grave.

- Qu'est... Qu'est-ce que ça signifie ? tenta Thomas.

La gorge nouée, la jeune fille répondit :

- Que tu ne rentreras pas chez toi ce soir.

Chapitre 5[]

Thomas avait froid, faim et sommeil, il voulait rentrer chez lui, et il ne pouvait pas. Il ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer, ce qu'il y avait de si grave, ni même pourquoi Saphir semblait si bouleversée.

D'ailleurs, après qu'elle ait posé sa main sur le reste de l'ancien chêne, une trappe s'était ouverte. Une odeur de terre et de champignons s'en émanait. La jeune fille la regarda, puis se tourna vers les garçons.

- Bon... La nuit est tombée, il n'y a, normalement, plus de danger, dedans. Il faut passer dans la trappe. C'était l'entrée de la base du groupe des Interdits que je fréquentais... On se nommait Les Pierres Légendes. Nous étions cinq, dans nos rangs nous pouvions compter un autre élémentariste. Il était le plus doué du royaume. Si quelqu'un s'introduisait dans son regard, il le ressentait. Je ne sais pas comment le Mal a su où nous étions. Quoi qu'il en soit, nous devons rentrer, nous y passerons la nuit, et dès le lever d'Eclairarium et de Nuitarius, nous repartirons dans une autre base. Avec un peu de chance, il y a eu des survivants et ils se sont dirigés vers cette base.

Arnaud, qui n'avait prononcé aucun mot, se contenta d'hocher simplement de la tête, tandis que son ami passait déjà un pied dans le trou. Il s'attendait à toucher un barreau d'une quelconque échelle, mais rien. Il regarda Saphir, qui, à son plus grand regret avait repris son air dur et froid, avec ce regard si glacial, qui lui était propre.

- Comment est-ce que l'on descend ? demanda-t-il

- Tu te laisses tomber. répondit-elle.

- Ah d'accord, j'ai compris, en fait, c'est un terrier, et on doit se laisser tomber pour trouver un lapin blanc qui parle avec une montre et qui est en retard comme dans Alice au pays des merveilles.

Le jeune élémentariste avait fait cette "blague" pour tenter de faire sourire Arnaud, puisqu'il s'agissait de son Disney préféré, mais celui-ci ne lui accorda même pas un regard. Tout ce que Thomas reçut fut un silence gêné et une douleur cuisante sur sa joue droite. La jeune fille venait de lui donner une gifle. Elle le poussa violemment dans la trappe, et il crut voir, pendant l'espace d'un instant le visage de Saphir baigné de larmes. Très vite, il fut rejoint par son meilleur ami, qui tomba lourdement sur les fesses et se releva en se massant le coccyx. Il faisait tellement noir, qu'ils ne voyaient strictement rien. Ils préfèrent alors, rester là où ils étaient et attendre la "meneuse" du groupe, qui était restée en haut.

Mais pourquoi avait-elle giflé l'élémentariste ? Le seul capable de sauver son monde ! De sauver son peuple... Peut-être parce qu'il avait fait une blague qu'elle n'avait pas compris, peut-être parce qu'il avait osé plaisanter alors qu'elle venait de perdre ses amis. Elle le savait. Oui, elle le savait qu'ils risquaient la mort, qu'ils allaient mourir, eux aussi avaient eu connaissance de leur funeste destin. Et, maintenant, c'était trop tard... Elle n'allait plus jamais les revoir... Mais qu'est-ce qu'un mort, pour sauver des milliers de vies ? Rien du tout... C'est pour ça que ses amis n'étaient plus.

Saphir sécha ses larmes, et prit une grande inspiration. Elle regrettait d'avoir frappé Thomas, alors, elle se promit que son mauvais caractère ne reprendrait plus jamais le dessus. Elle regrettait beaucoup de choses... Trop de choses ...

La jeune fille s'assit contre l'arbre calciné. Des dizaines de souvenirs refirent surfaces... Des souvenirs qu'elle croyait oublier, loin, loin d'elle, pour ne plus jamais la faire souffrir. Mais le passé remonte toujours, et on ne peut le fuir, seulement l'affronter. Elle ferma les yeux...

Saphir se cachait derrière une porte entrouverte, elle écoutait la discussion de ses parents. Le roi et la reine, d'Eliaé. La petite fille aurait dû être au lit, mais elle voulait savoir ce qui inquiétait ses parents. Son père était totalement avachi sur son trône, et sa mère, à côté du roi, devenait de plus en plus pâle. Devant eux, se trouvait un homme qui avait la trentaine, des cheveux attachés en catogan, et un bouc, roux.  Cet homme n'était pas inconnu aux yeux de la jeune princesse. Il s'agissait de Téraurne, le meilleur élémentariste du royaume. Il semblait inquiet, et tenait dans ses mains deux choses, dans une, un vieux parchemin, et dans l'autre, un bijou, c'était en fait un collier, avec un gros pendentif, c'était un saphir, d'un bleu si envoûtant, si enchanteur, si merveilleux, si anormal

- Nous ne pouvons vraiment rien faire ? demanda faiblement la reine.

- Je regrette votre altesse... Il n'y a plus d'espoir, mes yeux ne me trahissent pas. Le Mal, va revenir. Et plus puissant encore, il aura toute une armée, et parmi ses rangs, plusieurs élémentaristes extrêmement puissants. Très bientôt Artémisa sera prise. Et vous périrez inévitablement, ainsi que votre fils, et fille... Je suis désolé... répondit Téraurne en baissant la tête comme pour faire le deuil d'une paix bien trop fragile.

La reine laissa alors un sanglot s'échapper de sa gorge, puis des larmes de ses yeux. Le roi la prit dans ses bras, et en gardant un calme que seuls les rois pouvaient avoir, il dit :

- Pouvons-nous avoir plus d'informations ? 

- Bien sûr majesté. Vous devez certainement le savoir, mais jadis cette pierre, -Il montra le collier-, permettait aux élémentaristes de contrôler les éléments.  Or, après plusieurs excursions dans le regard de certains élémentaristes, j'ai pu découvrir que le fait de contrôler les éléments était en fait, inné chez nous depuis le début, nous n'étions juste pas assez puissants. Cette pierre ne fait qu'augmenter nos pouvoir. Le Mal la convoite, je ne vais pas vous le cacher. Mais, j'ai aussi découvert une autre chose, pendant mes sessions de méditation. Je laissais mon esprit errer parmi, les esprits animaliers, lorsqu'il se trouva, je ne sais comment, un regard d'élémentariste si puissant, que je reçus une décharge de magie,  qui m'envoya valser à l'autre bout de la pièce.  Étourdi, je pus quand même reprendre contact avec cet élémentariste. Je vis bien vite que je me trouvais dans le regard d'un jeune enfant, il devait avoir l'âge de la princesse. Il se promenait dans un endroit inconnu et tenait la main d'une femme qui devait être sa mère.  C'était sans nul doute un humain...

- Mais ce n'est pas possible ! Le monde des humains n'est que pure légende ! Personne n'a pu le trouver ! Et les plus déterminer en sont devenus fous ! le coupa le roi.

- Je sais mon roi, mais il faut me croire et ce gamin est bien plus puissant que ce que vous pouvez croire .  Bien plus puissant que moi. Il représente une source d'espoir infinie. Il peut nous sauver ! Une prophétie s'est créée ! C'est lui, le seul qui peut nous sauver !

- Je refuse de croire en une telle absurdité ! Les humains n'existent pas! Et quand bien même ils existeraient, il est impossible de trouver leur monde ! Et de plus je refuse de confier l'avenir de mon royaume à un gamin !

- Donc vous refusez de sauver vos enfants ?!

- Mes...Mes bébés... sanglota la reine.

Le roi tremblait... Que faire ? Il y avait forcément un moyen d'empêcher le Mal de revenir, un compromis...

- N'y a-t-il vraiment aucun moyen de sauver le royaume ? Autre que ce garçon ? redemanda le souverain

- Je ne... Attendez... Peut-être que... Non, ce serai trop dangereux, et les chances de réussites sont infimes... répondit Téraurne,  comme pour lui-même.

- Mais de quoi parlez-vous ? le pressa le roi.

Téraurne,  regarda furtivement autour de lui, avant de chuchoter :

- Nous devrions continuer cette discussion ailleurs...

Les souverains approuvèrent et s'en allèrent dans une autre pièce. L'élémentariste posa les objets qu'il avait dans les mains, sur une petite table dorée,  juste à côté des trônes royaux. Puis, il se tourna vers la porte où se cachait Saphir. Son regard plongea dans les yeux dorés de la petite fille. Elle arrêta de respirer, était-elle repérée ? Si oui, allait-il la dénoncer ? Mais tout ce qu'il fit, ne fut qu'afficher une expression désolée sur son visage, puis tourna les talons pour aller voir le roi et la reine.

Saphir se dit qu'elle en avait beaucoup trop entendu. Elle n'aurait pas dû, elle regrettait... Elle allait mourir. Ils allaient mourir... Mais sa curiosité l'emporta  à nouveau, alors l'enfant se hâta d'entrer dans la salle des trônes. 

La petite table était là!  Dessus il y avait le parchemin, le collier, et un miroir qui appartenait à sa mère.  Elle prit le miroir, tout d'or, recouvert. Des fleurs étaient gravées dessus. Saphir adorait ce miroir, et aussi se regarder dedans. Ses parents lui avaient dit qu'elle avait de la chance car c'était une très jolie petite fille. Elle se regarda et apprécia, encore une fois, ses magnifiques yeux dorés, parfaitement assortis aux reflets de ses cheveux.

Une fois qu'elle se fut lassée de se mirer, elle prit le parchemin et entama la lecture. L'écriture était fine et légèrement penchée, elle disait:

" Princesse Saphir, vous voulez sauver votre royaume n'est-ce pas ? Ah ! Je vous vois déjà hocher de votre petite tête. Eh bien, c'est vraiment très simple ! Un jeu d'enfant ! Vous n'avez cas regarder intensément le pendentif ! Vous voyez,  c'est très simple, allez-y, faites-le, et vous pourrez sauver votre futur royaume. "

Alors, la jeune Saphir, sans se demander comment ça se faisait que le parchemin s'adressait à elle, ni même si ça pouvait être dangereux, prit le bijou, et le fixa.

Il était si bleu, si hypnotisant, si envoûtant, si enchanteur, tellement beau que l'on voudrait s'y noyer, si anormal... Il avait quelque chose de dangereux.  Lentement, doucement, des lettres dorées se formèrent à l'intérieur du pendentif, puis des mots, et pour finir, une phrase : "Tu es maudite". Puis, son bleu se transforma en un doré, un doré,  qui ressemblait étrangement à celui des yeux de la princesse.

Une violente douleur s'empara d'elle, et elle lâcha dans un hurlement, le pendentif qui ne manqua pas de se briser. Alertés par ses cris, ses parents arrivèrent, paniqués. Tout ce dont  Saphir  se souviens, c'est du cri poussé par sa mère,  d'une terrible douleur, de son père la prenant dans ses bras, et de l'élémentariste qui dit dans un murmure  :

- Maintenant, nous n'avons plus le choix. L'humain, ou la mort.

Saphir rouvrit les yeux... Pendant combien de temps, elle était restée là ? Elle se leva, et compta mentalement jusqu'à trois, puis s'engouffra dans la trappe.

Dès que la jeune fille toucha le sol, elle prononça son nom, et alors la lumière fit son entrée. Les jeunes gens se trouvaient actuellement, dans une vaste pièce circulaire. Au centre, trônait une table en bois ronde, avec autour cinq chaises. Des cartes jaunies, et de ses parchemins la recouvraient presque entièrement. Il y avait aussi une bibliothèque bourrée de livres, et de autres petites pièces, sans porte. Les murs et le sol n'étaient autre que de la terre, où quelques racines dépassaient. Dans les autres pièces, il y avait des piles de livres, des coffres et des couvertures. Les adolescents s'installèrent chacun sur une chaise, et Saphir prit la parole:

- Voilà... C'est chez moi... Au fait Thomas... Je suis déso...

- Non, la coupa-t-il, Je n'aurais jamais dû plaisanter. De plus, ma blague n'était même pas marrante. J'aime l'humour, mais l'humour ne m'aime pas.

Saphir esquissa un sourire

- Donc, on oublie tout ?

- On oublie tout.

- Au fait, Thomas, est ce que tu peux me rendre un service ?

- Oui, bien sûr !

- Eh bien voilà, j'aimerais bien que tu essayes de voir ce qu'il s'est passé.

- Eh bien, je voudrais bien le faire, mais les élémentaristes ne peuvent-ils pas seulement voir le présent ?

- Un élémentariste commun, peut-être, mais pas toi. Toi tu peux voir le présent, le passé, et le futur. Et je suis sûre que tu pourras faire encore plus de choses extraordinaires.

- Comment est-ce que tu sais ça ?

- Je t'ai cherché pendant des années, je connais quand même un minimum de tes capacités. Alors, tu veux bien le faire ?

- Oui, mais comment ?

- Tu n'as cas me regarder dans les yeux.

Alors, Thomas plongea son regard dans celui de Saphir, qui s'était soudain vidé de toute émotion. L'adolescent avait oublié combien les yeux de Saphir étaient beaux. Mais il ne se laissa pas divaguer, et se concentra un peu plus. C'est alors qu'il se sentit, une nouvelle fois, basculer.

Il se trouvait assis autour de la table ronde de leur base, autour de lui, il y avait deux hommes, dont un plutôt jeune, une jeune femme, et une chaise vide.

L'homme le plus âgé se trouvait à sa droite, il possédait une incroyable moustache, mais pas de barbe, des yeux vert émeraude, et de longs cheveux bruns tressés.

A sa gauche se trouvait la jeune femme. Elle, elle avait des yeux violets tel des améthystes, et ses cheveux châtain foncé, avaient été attachés en un chignon. Elle était vêtue d'une robe simple, blanche, et d'une cape bleue, aussi bleu que les yeux de Saphir. A côté d'elle, il y avait une chaise vide, puis le jeune homme. Ses yeux à lui, étaient d'un bleu si pâle, qu'on aurait pu les croire blancs. Ses cheveux blond vénitien lui arrivaient facilement aux épaules, avec des reflets dorés. Il portait, lui aussi, une cape bleue.

Thomas, regarda tour à tour toutes les personnes présentes, puis, prit la parole. Sa vois était devenue grave, et il roulait légèrement les r.

- Bon. Saphir l'a trouvé. Elle a enfin trouvé l'élémentariste, et compte le ramener ici.

- C'est ce qui a été prévu, non ? répliqua la jeune femme

- Plus maintenant Sonia. Je l'ai senti toute à l'heure, lorsque Saphir nous annonçait la nouvelle. Leur élémentariste s'est introduit dans mon regard. Donc, non seulement, ils savent maintenant que Saphir est toujours en vie, mais aussi que la prophétie est sur le point de se réaliser.

- Qu'allons-nous faire ? demanda le jeune homme inquiet

- Si, j'ai bien compris ce que Téraurne vient de nous dire, alors, nous allons mourir. répondit l'homme qui se trouvait à la droite de Thomas.

- Et... Et Saphir... ? reprit faiblement le jeune homme.

- Saphir ? Elle saura se débrouiller, ce n'est pas une petite fille sans défense. Le Mal compte nous attaquer, avant que Saphir n'arrive, pour nous capturer ou nous tuer. Ils espèrent comme ça, que Saphir soit déstabiliser, et que dans un élan de vengeance elle leur rende une petite visite.

- Et bien évidemment, Saphir ne le fera pas. conclut Sonia.

- Effectivement, elle le savait très bien, en faisant partie des Interdits, nous avons signé notre arrêt de mort.

- Mais que va-t-il se passer par la suite ? demanda le plus jeune

- Je ne sais pas. Tous ce que nous pouvons c'est espérer que l'élémentariste ne se rende pas compte que Saphir est dangereuse pour lui.

Et ces quelques mots prononcés par Thomas, mirent fin à la discussion, et aussi à la vision. L'adolescent se sentit basculer, et se retrouva devant Saphir, qui brûlait d'envie de savoir ce qu'il avait vu.

Mais ce que le jeune garçon avait entendu le perturbait trop. Pourquoi Saphir était dangereuse pour lui ? Alors tout ce qu'il réussit à dire fut seulement :

- Mais qui es-tu ?

Chapitre 6[]

Saphir, dangereuse...? Mais, cela ne devait pas être vrai...! Elle...Il...Thomas l'aimait...! Elle ne pouvait pas être dangereuse pour lui ! Ce n'était pas possible ! Ce fameux élémentariste devait s'en doute se tromper... Il devait être sénile, il n'y avait pas d'autre possibilités ! Mais enfin, qui était-elle ? C'est vrai ça, Saphir connaissait plein de choses sur Thomas, mais lui, il n'en connaissait que très peu sur elle !

- Qui...Qui je suis ? répéta bêtement la jeune fille.

- Oui... Qui es-tu ?... souffla Thomas.

-Mais... Mais pourquoi me demande tu ça ? Quel est le rapport avec ce que tu as vu ?

- Le rapport ? Quel est le rapport ? Thomas se mit à rigoler nerveusement ce qui inquiéta énormément Saphir, Eh bien c'est très simple, j'ai dit...Non, il a dit que tu étais dangereuse pour moi. Voilà ce qu'il y a ! Il a dit que tu étais dangereuse ! Alors qui es-tu ! Pourquoi je ne pourrais pas rester avec toi ?! Dans quel camp es-tu ?! QUI ES TU BON SANG ?!!!

L'adolescent s'était levé d'un bond, il tremblait, mais ses sentiments étaient indescriptibles, tristesse ? Peur ? Colère ? Déception ? Il n'empêche qu'il avait littéralement hurlé sur Saphir, qui semblait se liquéfier de plus en plus, à chaque seconde qui passaient, laissant derrière elles qu'un terrible silence gênant. Même Arnaud avait fait tomber le parchemin qu'il tenait, de stupeur. Il était vrai, qu'il n'avait jamais vraiment vu son ami s'énerver autant.

- J'aimerais tellement te répondre... Mais je ne sais pas qui je suis... Je voudrais savoir ! Mais je ne sais pas ! Je ne sais plus ! Même si je me souviens de tout, je ne suis plus la petite fille que j'étais, et je ne sais pas qui est l'adolescente que je suis... Je ne sais rien ! Je ne sais pas comment sauver mon peuple ! Je n'ai pas su sauver mes amis ! Ils sont morts par ma faute ! A cause de moi... C'est ma faute... Tout est de ma faute... Je suis désolée...

Elle avait prononcé ses derniers mots pour elle, comme si les dire à hautes voix changerait quelque chose, juste avant de fondre en sanglot. Pourquoi ? Pourquoi elle ? Qu'avait elle fait pour mériter ça ? Dangereuse... Ça oui, elle l'était... Pour tout le monde. Stupide ? Elle le fut... Mais elle regrettait, elle regrettait tout. Sauf que ça ne changeait rien. Tous morts. Tous partis... Mais qui était-elle ? Une princesse ? Une fille maudite ?

Toujours énervé, Thomas ouvrit la bouche pour répliquer mais il fut coupé pat Arnaud.

- Arrêtes Thomas.Tu ne vois donc pas qu'elle est perdue ? Tu ne sais pas ce que ça fait de perdre des gens que l'on aime, puis d'être agressé. Tu ne sais pas ce que ça fait, alors boucles la, au lieu de crier bêtement. Il se peut qu'elle soit dangereuse, certes, mais elle a aussi des sentiments, et je pense que c'est ça que tu as oublié.

- Je te rappelle que moi aussi j'ai perdu des personnes que j'aimais ! répondit le jeune élémentariste

- Ah, oui ?! Et qui ?!

- Mes parents ne sont pas mes parents je te signal !

- Et alors ?! C'est comme si tu avais été adopté, et tu le sais, au fond de toi, tu les considère comme tes parents ! Et de plus toi au moins tu vas les revoir ! Saphir et moi, nous ne pourrons jamais les revoir ! Jamais...

- Peut-être mais... Attends...Comment sais-tu que Saphir n'a plus de parents...?

- Elle ne l'a pas dit ?

- Bah oui, sinon je ne te demanderais pas.

- Pour moi c'était évident, seule une personne qui a perdu ses parents peut réagir comme ça.

Thomas ne répondit pas. Quelque chose n'allait pas, était ce Saphir, ou... Arnaud...? Quoi ?! Mais pourquoi Arnaud ? Il n'en savait rien. Son ami était juste bizarre... Était-ce dû au fait qu'il n'était pas né à Eliaé?

Saphir, qui s'était calmée, prit la parole, en prenant grand soin de ne pas regarder Thomas, contrairement à Arnaud, qui le fusillait littéralement du regard.

- Nous... Devrions nous coucher. Il se fait tard, et demain, nous devrons nous lever tôt, pour ramener au plus vite Thomas, dans... l'autre monde... Il y a des couvertures, là-bas. Elle désigna l'une des petites pièces, et tous allèrent se servir. Très vite, ils furent tous envelopper dans les épaisses couvertures, qui faisaient office de sacs de couchage, sur le sol dur et froid, fait de terre. Thomas tournait le dos à Saphir, et n'eut pas besoins d'attendre très longtemps pour être gagné par le sommeil. De même pour son ami. Mais au milieu, Saphir restait sur le dos, les yeux ouverts à se questionner. Qui était-elle...? En voilà une bonne question... Cela la plongea à nouveau dans de lointain, trop lointain, souvenirs...

Saphir ouvrit lentement les yeux. Que s'était-il passé ? Elle n'eut même pas le temps de regarder où elle se trouvait, que sa mère se précipita pour la serrer fort dans ses bras.

- Oh ! Ma chérie ! J'ai eu si peur ! Mais enfin...! Qu'est-ce qu'il t'a pris de... De... Ce n'est pas grave, l'important c'est que tu sois là, ma princesse. Elle s'écarta, laissant enfin, sa jeune fille respirer.

- Maman... Que s'est-il passé ? Papa et M'sieu Téraurne vont bien ? Et Peter ? C'est vrai qu'on va mourir ? Je veux pas vous perdre... Le monsieur... Le monsieur, il... Il a dit que j'étais maudite... Je veux pas être maudite... Je crois que j'ai fait une bêtise Maman...

La reine reprit sa fille dans les bras, et lui répondit :

- Tout le monde va bien, ma chérie. Et personne ne va mourir, ne t'inquiète pas. Ensuite, de quel monsieur tu parles ?

- Bah, du monsieur dans le pendentif.

- Le monsieur dans le pendentif ?!

- Oui, il a dit que j'étais maudite, il m'a traité de sombre idiote, avant de rigoler. C'est grave ?

- Non...Non ma chérie... Tu as dû rêver. Ce monsieur n'existe pas et...Tu n'es pas... maudite. Il y a juste un petit truc qui a changé.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Saphir, inquiète.

- Je... Je vais chercher ton père, Peter aussi va venir, tu sais il s'est beaucoup inquiété pour toi, car tu as dormi pendant longtemps.

- Combien de temps ?

- Trois jours...

- Trois jours...? répéta Saphir, soudain emplie d'une immense tristesse, Mais alors...Ça veut dire que...

- Que tu as raté le jour de ton anniversaire, oui...

- Mais... Alors je n'ai pas cinq ans ?

- Si, depuis hier. répondit la reine, légèrement amusée, Bon, je vais chercher ton père.

La souveraine sortit de la pièce, et avant d'avoir fermé la porte, elle adressa à sa petite fille, un sourire doux et réconfortant. Mais ce sourire ne pouvait pas alléger le poids de toutes les questions, qui alourdissent la tête de la jeune princesse. Sa mère lui cachait quelque chose... Il y avait bien eu un monsieur dans le pendentif. Elle ne l'avait pas rêvé.  Ensuite, qu'est ce qui avait changé ? Rien de grave, du moins, elle l'espérait. Et son anniversaire... Elle l'avait tant attendu... Chaque année, ce jour-là tout particulièrement, le ciel, de nuit, se couvrait d'une pluie d'étoiles filantes. Ce phénomène était dû à la régénération d'Eclairarium, il aspirait la lumière des étoiles,  pour s'en remplir. Mais Saphir n'eut pas le temps de s'attarder sur ses pensées,  car elle entendait la voix de son père résonné dans le couloir, de même pour ses pas, lourds, rapides et inquiets.

- Ma fille ! Ma fille s'est réveillée ! Il ouvrit violemment la porte, et, à la vue de son enfant, ne put s'empêcher d'avoir un mouvement de recul.

- Papa ! s'écria la petite fille, trop heureuse de voir son père,  pour pouvoir prêter attention à ce détail.

- S...Saphir...?

- Papa ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Rien. Il n'y a rien, je suis juste tellement heureux de te voir en pleine santé, que je n'en reviens pas !

Le roi se força à sourire, ce que sa fille ne remarqua pas. Il la prit dans ses bras, et fini par appeler son fils, le petit frère de Saphir.

- Peter ! Viens donc ! Saphir s'est réveillée ! On entendit très vite, de légers pas, se précipités dans le couloir. Puis, dans l'encadrement de la porte, un petit garçon, alors âgé de trois ans, apparu. Il avait les cheveux roux flamboyants, des yeux verts, des tâches de rousseurs et des lunettes rondes.

Dès qu'il vit Saphir, son visage joyeux se métamorphosa en une expression de peur. Il la pointa du doigt, et dit :

- Papa, j'ai peur !

- Peur de quoi ? répondit celui-ci.

- P...Peur de Saphir !

- Tu as peur de moi ?! s'écria-t-elle incrédule, et, cette fois, vraiment inquiète.

- Elle fait peur !

-  Mais qu'est ce qui te fait peur chez moi ?! demanda-t-elle, au bord des larmes, contrairement à son petit frère qui, lui, les avait laissées couler sur ses joues.

- T...Tes yeux !

- Mes yeux ?! Papa ! Qu'est-ce qu'ils ont mes yeux !

- Je...Je vais te chercher un miroir, ma chérie... Peut-être que tu comprendras mieux…

- Papa ! Me laisses pas tout seul avec elle! C'est...C'est un monstre !

"C'est un monstre !" Les mots de Peter résonnaient encore en elle, même si ça faisait au moins dix minutes qu'il était parti avec son père.  Saphir ne savait pas ce qui lui faisait le plus de peine, le fait que son petit frère est peur d'elle, et qu'il l'ait traité de monstre, ou alors, le fait que son père ne l'ait pas nié. Un monstre. C'était tout ce qu'elle était. Elle était... un monstre. Mais pourquoi ? Elle ne comprenais pas ce qu'il se passait, et elle pensait qu'il ne s'agissait que d'un rêve, ou d'une mauvaise farce…

Ce fut sa mère qui arriva avec le miroir. La petite fille ne prit même pas le temps de demander où était son père, qu'elle se précipita sur l'objet.

Ses yeux... Ses magnifiques yeux dorés, étaient devenus... Bleus. Un bleu si envoûtant, si enchanteur, si magnifique que l'on voudrait s'y noyer, si anormal. Le bleu du pendentif. Le monsieur dedans, le doré, le bleu, ses yeux,  elle est maudite. "Tu es maudite". Tant d'informations s'entrechoquaient dans la petite tête de Saphir. Et sa seule réaction, fut de lâcher le miroir, et de s'écrouler par terre, fixant bêtement le sol. Et des larmes. Mon dieu, combien de larmes avait-elle laissé couler ce jour-là ? Trop, sans doute. Beaucoup trop...

La petite fille croyait que sa mère allait la prendre dans ses bras, la consoler, la cajoler, lui souffler que tout irait bien, que tout s'arrangera... Mais rien. Elle lui dit simplement d'un ton sec et froid, d'un ton qui fit sursauter l'enfant :

- Tu as de la chance, car monsieur Téraurne veut bien s'occuper de toi, et te cacher.

Saphir releva la tête.

- C...Comment ? Me...Me cacher ? M'sieu Téraurne ? Maman ? Papa ?

- Tu n'es plus notre fille. Saphir est morte...

- MAIS NON !!! JE SUIS TOUJOURS LÀ !!! MAMAN ! PAPA !

La jeune princesse s'était levée d'un bond. D'énormes larmes ruisselaient sur son petit minois. Ce qu'elle venait de dire n'était autre qu'un terrible cris de désespoir et de douleur. Elle se précipita vers son père pour le prendre dans ses bras. Mais il la rejeta d'un simple geste, comme si elle n'avait été autre qu'une horrible chaussette sale.

Après... Saphir ne s'en souvient plus trop... Elle revoit simplement l'élémentariste la prendre dans ses bras et l'emporter loin de ses parents. Malgré tous les cris déchirants qu'elle ait pu pousser.

Saphir secoua violemment la tête, mais pas trop fort quand même pour ne pas réveiller Arnaud et Thomas. Elle refoula une nouvelle fois ses larmes. Mais ce n'était pas ce souvenir le plus douloureux... Non, c'en était en autre...

Téraurne avait caché la jeune Saphir, dans une petite maison souterraine, sous les vastes, et vertes plaines des Rélimanères. L'entrée de sa nouvelle maison,  était reconnaissable grâce à un immense et vieux chêne, au tronc noueux, qui dressait fièrement ses branches vers le ciel. Saphir n'avait presque jamais le droit de sortir. L'élémentariste lui avait expliqué que désormais, elle était “la princesse disparut du monde d'Eliaé”, et que personne ne devait savoir si elle était en vie, ou pas. C'est ainsi, cachée aux yeux des autres, que Saphir grandit. La jeune fille avait compris pourquoi ses parents furent si froids, lors de son départ du château.  Téraurne lui avait expliqué que c'était pour qu'elle ne cherche pas à les retrouver. Ils avaient fait semblant de ne plus vouloir d'elle. L'élémentariste avait aussi dit que le Mal convoitait la jeune Saphir, et que si elle retournait à Artémisa, ce serait tout son peuple qui serait en danger, et non juste elle.

Mais un jour, alors que Téraurne était en mission pour le royaume, Saphir reçut un drôle de message. Il disait que l'élémentariste s'était grièvement blessé dans les Montagnes Noires, et que seule la jeune fille pouvait le sauver.

Les Montagnes Noires... C'était un endroit où l'on évitait d'aller. Il renfermait moult créatures dangereuses, ravins,  précipices et magies étranges.  Une fois, la jeune Saphir avait ouïe dire qu'une puissante magie noire y régnait depuis des siècles. Mais ça ne faisait rien, M’sieu Téraurne était en danger, et où qu’il soit, Saphir ira le sauver.

Alors, sans prendre le temps de réfléchir aux conséquences que cela impliquait, l’enfant fit son baluchon, prit une carte, et sortit de sa cachette.

Elle ne sortait que rarement, mais la petite fille se souvenait de la beauté du paysage qui l’entourait, ainsi, elle ne put que sourire en voyant la vaste plaine verte parsemée de fleurs qui s’étendait devant elle. Une vague de liberté s’empara de la jeune princesse. Comme elle était contente de pouvoir à nouveau courir dans l’herbe, de voir les papillons batifoler, de sentir la chaleur du soleil sur sa peau pâle, et de sentir l’herbe sous ses pieds nus. Un éclat de rire enfantin s’échappa de sa bouche tandis qu’elle essayait, tant bien que mal, d’attraper une libellule. Malgré le fait qu’elle s’amusait, Saphir n’en oubliait pas moins sa « mission », et très vite, reprit son sérieux.

Depuis le château, elle pouvait voir les montagnes, au loin, qui se dressaient lugubrement. Un jour, sa mère lui avait dit que l’on pouvait toujours les voir, où que l’on soit dans Eliaé. Comme ça, si la jeune fille était perdue, elle pourrait toujours savoir où se trouvait le Nord. Et grâce à Eclérarium, on pouvait facilement trouver l’Est, car le plus puissant de ses rayons de lumière était constamment orienté vers cette direction.

L’enfant tourna sur elle-même pour apercevoir ces fameuses Montagnes Noires. Un frisson la parcourut lorsque son regard se posa sur les immenses piques menaçant et enneigé qui se dressait, qui semblaient lui dire « Viens vers nous, et nous t’engloutirons dans nos gouffres profonds. »

L’ancienne princesse prit une grande inspiration, et, armée de son baluchon, commença à marcher.

Le voyage ne fut pas si long que ça, ni même très dangereux. Elle eut de la chance et ne croisa personne. Et bien vite, même trop vite, elle se retrouva devant les Montagnes Noires. C’est là que la jeune fille se rendit compte qu’elle ne savait pas où aller dans ces montagnes. Et le plus gros problème était sans nul doute que la chaîne faisait plus de 1 250 Berluiras de longueur, et chaque pique, minimum 2580 Tiritaniums de hauteur.

Ne perdant pas espoir, Saphir trouva un petit chemin qui lui permit de rejoindre facilement, et presque en toute sécurité le haut de la montagne. Cependant, là-bas, il faisait froid, et les petits pieds gelés de Saphir, s’enfonçaient dans la neige. Et elle ne savait où aller. A droite ? A gauche ? Devant ? Ou peut-être un peu de tout… Totalement frigorifiée elle opta pour aller à gauche.

Avançant avec difficulté, la petite fille parvint a trouvé un gigantesque château, qui se dressait juste devant elle. Il avait de longue tours noires et pointues, un toit extrêmement haut, une immense porte noire. En fait, tout le château était en pierre noire, finement décorer de gargouilles effrayantes et sombres. Une étrange fumée rouge s’émannait du palace.

Toute tremblante, Saphir ne pensait qu’à une chose ; se réchauffer. Donc, encore une fois, sans réfléchir, elle alla, à bout de force, frapper à l’énorme porte d’entrée. Et juste avant de s’évanouir dans la neige blanche, elle vit les portes s’ouvrir lentement, puis, plus rien.

L’enfant se réveilla doucement… Mais où était-elle ? Elle n’avait plus froid. Il ne lui fallut pas trois cent ans pour voir qu’elle se trouvait dans un gigantesque lit, bien trop grand pour elle, toute recouverte de draps de soie. La petite fille ne prêta pas attention aux meubles qui l’entouraient, de toute manière elle n’en eut pas le temps, car à peine avait-elle ouvert les yeux que quelqu’un fit éruption dans la pièce.

C’était un jeune homme, grand et musclé, il avait une tignasse de cheveux blonds impossibles à coiffer. Son visage était sérieux, mais une aura de douceur s’en échappait. Dès qu’elle croisa son regard, Saphir se figea. Il avait des yeux dorés. Les mêmes yeux dorés que Saphir avait. Mains ce n’était pas que ça, elle l’avait reconnu, lui, l’homme qui hantait tous ses rêves depuis deux ans. C’était le monsieur dans le pendentif.

Voyant qu’elle avait peur, l’homme eut un rictus moqueur, et alla s’assoir à côté d’elle. Sa voix avait quelque chose de tendre lorsqu’il dit :

- Ravi de vous revoir Princesse.

- Mais qui êtes-vous ? souffla-t-elle

- Voyons, vous ne m’avez donc pas reconnu ? Vous m’en voyez fort blesser…

- Qui êtes-vous, et que faites-vous avec mes yeux ?!

- Mais enfin, pourquoi tant de haine ? Sans moi vous en seriez déjà plus là, du moins, vous n’auriez plus vos yeux… Enfin bref, je suis Antonin Sicrétiliam. Que vous connaissez certainement comme le monsieur dans le pendentif, me tromperai-je ? Pour ce qui est de vos yeux, vous me les avez donnés, et pour répondre à votre question plus exactement, je vois, observe, et regarde avec « vos anciens » yeux. Etonnant, non ?

Saphir ne répondit pas. Lui avait-elle vraiment donné ses yeux comme il le disait, ou est-ce qu'il ne les avait pas pris lui-même ? Tout ce qu’elle savait à cet instant précis, c’est qu’elle bouillonnait de l’intérieur, cet homme lui avait gâcher la vie, il l’avait obligé à quitter ses parents, et son frère… Peter… Comme il lui manquait… Alors, sans réfléchir, Saphir sauta sur Antonin, et lui administra le plus de coups possibles. Il fut surpris tout d’abords, puis rejeta la petite fille d’un simple geste. Et lui dit :

- Tu te trompes d’ennemi, je te rappel que sans moi tu n’aurais plus tes yeux et tu serais morte de froid. Tu devrais me remercier, voir même me supplier de te pardonner pour les coups que tu m’as donnés, car mine de rien, tu griffes.

- Vous m’avez gâché la vie. Vous avez profité de moi pour sortir de ce médaillon, et puis d’ailleurs, qu’est-ce que vous faisiez dedans ?

- Et bien, je prenais des vacances pardi !

- Je ne rigole pas.

- Il ne me semble pas avoir dit que ça te regardait et que tu devais absolument savoir, espèce de fouine. Mais toi, qu’est-ce que tu faisais toute seule dans ces montagnes ?

- Je ne peux pas vous le dire.

- Tu ne peux pas, ou tu ne veux pas ? Et pourquoi tu ne « peux » pas ?

- Car vous êtes méchant.

- Je te l’ai dit, je ne suis pas ton ennemi, tu te trompes de personne. Alors, qu’est-ce que tu faisais dans les montagnes ?

- Je cherchais quelqu’un…

- Bon, c’est un début. Et je suppose que tu ne veux pas me dire qui est-ce que tu cherchais ? Est-ce que c’est quelqu’un que je connais ? Je pourrais peut-être t’aider ?

- C’est vrai ? demanda Saphir ravie d’avoir de l’aide

- Mais oui, je t’ai déjà dit que je n’étais pas ton ennemi. Donc qui est-ce ?

- M’sieu Téraurne…

- Téraurne ?! Mais qu’est-ce qu’il faisait ici ?

- Je ne sais pas, j’ai juste reçu un mot qui disait qu’il était blessé dans les Montagnes Noires.

- Et tu ne t’es jamais dit qu’il pouvait s’agir d’un piège ? Tu as conscience que ce que tu as fait est juste totalement stupide et irresponsable ?! Mais tu as quel âge enfin ?!

- J…J’ai sept ans… Et ce n’est pas un piège ! Parce que sinon, je suis sûre que je l’aurais ressenti !

- Mais oui, bien sûre, et tu pensais vraiment que faire ce qu’il y avait marquer sur le parchemin qui était avec le pendentif n’était pas un piège ?! Tu sais ce que tu es Saphir ?! Tu es naïve ! Et stupide, irresponsable, sotte, ridicule et pleurnicharde ! cria l’homme

- Ce n’est pas vrai ! Et je l’avais dit que vous étiez méchants ! contra l’enfant

- Je te l’ai dit combien de fois ?! Je-ne-suis-pas-le-mé-chant ! Tu devrais apprendre à réfléchir de temps en temps !

- Mais vous aviez dit que le pendentif était un piège !

- Bien sûre que c’était un piège, mais moi, je n’y pouvais rien, j’étais juste enfermé dans ce pendentif ! Ce n’est pas moi qui ais écris ce message.

- Mais alors, qu’est-ce que vous faites ici ?!

- Mais est-ce que ça te regarde ?

- Je vous ai dit pourquoi, moi, j’étais ici .

- Oui, mais je ne me souviens pas t’avoir dit que je le ferais.

Saphir se tut. Alors cet homme n’était pas méchant. Mais alors pourquoi refuse-t-il de répondre à toutes ses questions ? Était-ce vrai qu’elle avait mauvais caractère ? Était-ce vrai qu’elle était stupide ? Et était-ce vrai qu’il s’agissait d’un piège ? Des tonnes d’informations, mais surtout de questions s’entrechoquaient dans la petite tête de la princesse . Comme si il avait remarqué sa confusion, Antonin posa une main réconfortante sur le bras de la petite fille. Dès qu’il lui toucha son épiderme, il écarquilla soudainement les yeux.

-Wouaw…souffla-t-il

- Qu’y a-t-il ? demanda Saphir 

- C’est incroyable…

Le jeune homme fit apparaître une flamme au bout de ses doigts, et commença à jouer avec. Effrayée Saphir s’empressa de se défaire de l’emprise de son interlocuteur. Tout de suite la flamme s’éteignit, et Antonin se tourna vers Saphir et d’une voix suppliante dit :

- S’il te plaît… Laisses moi encore jouer, juste un peu… J’en ai besoin… ! J’en ai besoin…

- Mais vous avez besoin de quoi ?

- Besoin de cette énergie. Besoin de cette magie, de cette force que tu nous procure… ! J’en ai besoin ! Je la veux !

- « Nous » ?! répéta Saphir, inquiète et incrédule

- Oui nous, les élémentaristes !

- Vous êtes un… élémentariste… ?

- Oui ! S’il te plaît, retouches moi encore juste une fois, même si tu me fais mal c’est pas grave. Donne-moi ta magie !

- M’sieu Téraurne m’a dit qu’il ne fallait pas que je m’approche et que je parle à des élémentaristes… répondit l’enfant en s’éloignant de l’homme.

- Quoi ? Mais moi je suis gentil, je t’en prie je veux juste un peu de magie ! Et puis Téraurne est aussi un élémentariste, ça ne colle pas ton histoire !

- Mais avec lui c’est différent !

- BON TU VAS MA LA DONNER CETTE FOUTUE MAGIE, OUI OU NON ?! hurla Antonin

- N…Non… Vous ne l’aurez pas…

Et sur ces mots, Saphir se précipita sur la porte et s’enfuie en courant. Elle traversa des dédales de couloirs et d’escaliers, et finit par atterrir dans une vaste pièce ronde, où, en son centre, se trouvait une sorte de nuage constituer de ténèbres, qui flottait au-dessus du sol. A l’instant même où Saphir posa un pied dans la pièce, le nuage se transforma en un immense chevalier noir, constituer de fumée noire, révélant de fentes rouges en guise d’yeux. Une voix caverneuse emplie la tête de la jeune fille :

- Enchanté de faire votre connaissance Princesse. Je vois que vous avez lu mon message. Il vous a plu ? Et vous pouvez remercier Antonin, car sans lui vous seriez morte sans vos yeux et dans la neige. J’ai l’impression qu’il tient étrangement à votre vie… Mais bon, dans tous les cas, il a eu une idée bien meilleure que la mort pour vous.

- Qui êtes-vous ? murmura Saphir, ne sachant pas si il fallait penser ou dire la question.

- Mais je ne me suis pas présenté ? Quel impoli je fais, je suis le Mal, en personne !

- Le…Le Mal… ?!

- Et oui mademoiselle ! Et vous savez quoi, vous allez avoir l’honneur d’assister en tant que responsable à la prise d’Artémisa et à l’exécution de votre famille, n’est-ce pas merveilleux ?

- Vous…Vous bluffez, vous n’allez pas le faire … !

- J’vais me gêner tiens !

- Pourquoi vous êtes méchant ?

- Et toi, pourquoi es-tu stupide ? Il faudrait que tu commences à apprendre de tes erreurs, mais bon, c’est trop tard maintenant, dommage…

- Quoi ? Pourquoi il est trop tard ?

- Mais tu es vraiment sotte ma foi ! Je n’ai jamais vu plus débile que toi, mais mise à part le fait que c’est insupportable d’entendre ta petite voix nasillarde poser sans cesse des questions idiotes, je dois bien avouer que c’est plutôt pratique.

- Comment ? Je ne comprends pas !

- Parce que personne ne t’a demandé de comprendre ! Et maintenant fermes-la !

Alors, sans prévenir, le Mal tendit ses doigts squelettiques vers Saphir, lui empoigna le cou, puis la souleva dans les aires. Tout de suite, son visage se déforma en une terrible grimace de satisfaction, tandis que Saphir se sentit comme nauséeuse, comme si on lui drainait toute son énergie. Ses pensées se faisaient de plus en plus confuses, jusqu’à ce qu’elles ne deviennent qu’un simple brouillard, embrumant ainsi l’esprit de l’enfant, l’empêchant d’agir, que ce soit mentalement, ou bien physiquement.

Elle ne sait pas comment, mais elle était là. Et devant la petite fille, il n’y avait qu’une capitale, autrefois resplendissante, en feu, attaquée, détruite, anéantie… Saphir sentait la pression brûlante des doigts du Mal autour de son cou. Ses pieds ne touchaient pas le sol, et son regard était fixé sur le massacre.

Des élémentaristes qui étaient avec le Mal, brûlaient et inondaient la ville. Grâce à l'énergie de Saphir que le Mal drainait pour la redistribuée à ses soldats. Ceci n'avaient, d'ailleurs, fait qu'une bouchée de l'armée du roi, qui elle, n'était pas constituée d'élémentaristes. Certains habitants avaient fui la ville, et avaient disparu à travers les épais nuages de fumée incandescente.

L'armée du Mal n'était pas que constituée d'élémentaristes, il y avait aussi des Spectros, réputés invincibles. Les Spectros n'étaient autres que des âmes revenues des entrailles de la terre, pour servir la personne qui les avait demandés. Mais pour un faire venir un, il fallait trouver sa tombe, déterré son corps et le badigeonné de sang… Autrement dit, il fallait faire un pacte avec le Diable pour en avoir à son service. Et certaines personnes disaient que le Diable n'était autre que le Mal… Et donc, ces créatures de l'enfer se chargeaient de faire le plus de morts possible… Leurs yeux étaient blancs, leur teint blême, pâle et cadavérique, leurs lèvres sèches et leurs doigts longs et osseux. Certains portaient la marque de leur mort, une épée dans le cœur de l'un, une flèche dans la tête de l'autre, d'autre n'avaient même plus d'yeux…

La famille royale était coincée sur le plus haut balcon de leur château. Lorsque le Mal se fut bien assuré qu’ils lui accordaient assez d’attention, il expliqua, avec un malin plaisir, qu’ils ne pouvaient plus se défendre et qu’ils feraient mieux de capituler directement. Ce à quoi, le roi répondit par un « Jamais ! » déterminer.

- Vous êtes aussi stupide que votre fille, manifestement, mon seigneur. Répliqua l’attaquant.

- Laissez Saphir en dehors de ça ! Et je ne comprends pas comment vous avez faits pour la capturer ! répondit le souverain.

- Mais je ne l’ai pas capturée, loin de là. Ce serait mal me connaître. Non, elle est venue gentiment, et docilement à moi. Et elle m’a même proposé ses services. C’est grâce à elle que votre chère capitale est en feu, et que votre magnifique peuple est massacré. Donc qu’est-ce que l’on dit ? Merci Saphir !

Sur ces mots, il secoua l’enfant tel un vulgaire pantin de bois. Et bien entendu, Saphir aurait voulu crier que ce n’était pas sa faute et qu’elle ne voulait que faire le bien, mais rien. Aucun mot ne sortit de sa bouche, elle resta muette. Même lorsque ses parents la supplièrent de leur dire que ce n’était pas vrai. Elle les fixa juste, comme si elle ne faisait qu’approuver ce que le Mal disait. D’ailleurs, celui-ci se délectait de la scène qui s’étendait sous ses yeux, et attendit plusieurs dizaines de minutes avant de dire « Et voilà un cadeau de Saphir ! », puis tua, juste devant Saphir et Peter, leurs parents. Un simple coup de couteau dans le cœur de la reine, et un poignard dans le dos du roi servit à les faire chavirer dans les folles flammes qui les attendaient en bas du balcon.

Saphir ne put même pas pleurer. Non, rien. Elle ne pouvait rien faire, si ce n’est que respirer, voir, ressentir, et entendre le rire diabolique du Mal. Mais il se stoppa net lorsqu’il aperçut le jeune Peter, tout tremblant dans un coin du balcon. Un large sourire cruel fendit son visage constituer de brume noire. D’un simple geste de la main, il créa un pont de liane et obligea Peter à le passer pour qu’il puisse le rejoindre.

Une fois que ce fut chose faite, il se pencha vers le petit bonhomme et lui dit :

- Enchanté prince Peter. Alors, qu’est-ce que vous pensez de ce que votre sœur à fait à vos parents et à votre peuple ?

- Peter ne l’écoute pas ! C’est lui le méchant ! C’est lui qui a tué Papa et Maman ! hurla Saphir, qui, miraculeusement, avait à nouveau le don de parole.

- Non, Saphir. Ce ne sont pas tes parents. C’est de ta faute. Si tu n’avais pas touché au pendentif on n’en serait pas là. Il serait en sécurité, et mes parents seraient en vie. C’est toi qui les as tués. Tu fais peur… répondit Peter sur un ton sec, dur, et froid.

- C’est très bien petit. Voyez-vous, je me suis dit que vous pourriez m’aider pour lui trouver une punition digne de ce nom. Je pensais peut-être à de la torture puis une longue mort douloureuse. Qu’en dites-vous ? Il faut qu’elle paye pour ses crimes. proposa le Mal.

Cependant Peter n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit, car le meurtrier reçut sur son bras, qui tenait fermement Saphir, un jet d’eau bouillante. Ce qui lui fit pousser un cri de douleur, et lâcher sa proie, qui fut rattrapée de justesse par Téraurne, celui qui venait d’attaquer le Mal.

Dès qu’il l’eut dans ses bras, l’élémentariste courut en direction de la forêt des Kilimoniares. Mais trois Spectros s'élancèrent à leur poursuite. La jeune fille se souvient seulement qu’elle criait le nom de son jeune frère, et qu’elle reçut une lame dans les côtes, puis le noir. Elle ne s’était réveillée que plusieurs jours après…

Saphir ne sentit pas les armes couler sur ses joues pour ensuite s’écraser sur le sol de terre. Comment Arnaud et Thomas faisaient-ils pour dormir ? La jeune fille ne savait toujours pas si son jeune frère était mort ou en vie. D’après, Téraurne, il ne fallait pas trop espérer car il était le seul, avec Saphir qui puisse prétendre au trône. Il était donc presque évident que le Mal l’ait éliminé. Et est-ce que ses amis étaient toujours en vie ? Qu’avait vu Thomas lors de sa dernière vision ? Et qui était-elle ? Une meurtrière ? Une petite fille sotte ? Ridicule ? Idiote ? Irresponsable ? Avec un mauvais caractère ? Peut-être était-elle seulement une jeune fille maudite possédant une magie bien plus qu’étrange et qui croit pouvoir sauver son peuple ? A chaque fois qu’elle avait voulu sauver quelqu’un ça se terminait avec des cris et des larmes. Mais elle était peut-être aussi Saphir, princesse disparue du monde d’Eliaé, prétendante au trône, et très certainement dernière de la dynastie des Sérinilia. Un titre qui sonnait bien faux. Non, vraiment elle ne savait pas qui elle était… Un frisson parcouru la jeune fille. Elle se blottit un peu plus sous sa couverture et doucement, bascula dans un sommeil sans rêve.

Lorsque Thomas se réveilla, Saphir était debout, et Arnaud dormait toujours. La tension était palpable, et la jeune fille évitait tout contact avec le garçon. Il s’en voulait. Il avait littéralement pété un câble, et ne savait même pas pourquoi… Il y avait beaucoup de choses bizarres chez lui… comme le fait qu’en fait, ça ne lui faisait ni chaud ni froid le fait que sa famille humaine n’était pas la vraie. D’ailleurs, qui était ses parents… Pourquoi l’avoir placé dans le monde des humains ? Qui était le Mal ? Qui était cet élémentariste qu’il avait vu, ou plutôt qu’il fut, durant sa première vision. Il ne savait rien à propos des élémentaristes, de leurs pouvoirs, et de leur vie. Il ne savait rien de son monde… Son monde… Comme ces mots sonnaient creux. Il se sentait humain. Pour lui il était humain. Peu importait ce que pouvait dire Saphir. Et puis aussi, qui était-elle ? Comment était-ce possible de ne pas savoir qui l’on était ? Et puis ses yeux… Jamais Thomas n’avait vu des yeux de la sorte. Ce bleu… Ce bleu si magique, si envoûtant, si enchanteur, si anormal… Il y avait aussi Arnaud, il était si bizarre depuis son arrivé dans ce monde. Et aussi étrange que cela puisse paraître, Thomas avait comme une dérangeante impression au sujet de son ami. Mais enfin ! Qu’elle pensé stupide !

Cela faisait depuis la grande section qu’ils se connaissaient. Ils sont tout de suite devenus amis. Arnaud était nouveau dans la ville, il avait déménagé chez ses grands-parents parce que ses parents venaient de mourir… Il était bouleversé et parlait peu. Parfois il disait des mots incompréhensibles, que seul lui semblait comprendre. Mais maintenant que Thomas y repensait, ces paroles semblaient avoir comme un lointain accent qui lui était familier. Mais il ne se souvenait plus de ce qu’il disait… Peut-être qu’Arnaud s’en souvenait ? Il n’avait cas lui demandé.

-Euh… ? Mec, qu’est-ce que tu fais ? Ça fait au moins dix bonnes minutes que tu sembles fasciner par ce morceau de pain rassit.

Thomas sursauta, il n’avait pas vu qu’il s’était assis et que Saphir lui avait donné quelque chose à manger, il n’avait même pas vu que son meilleur ami s’était réveillé.

- Pardon, je pensais…

- ça, on l’avait bien vu. répliqua Saphir, avec une pointe d’amusement dans la voix, puis elle ajouta, Mais tu pensais à quoi au juste ?

- Je… Hum… Arnaud, tu te souviens de quand tu avais cinq ans ? Tu inventais des mots, est-ce que tu t’en souviens ?

- Je n’aime pas parler de cette époque et tu le sais très bien, Thomas. répondit l’intéresser.

- Je sais mais…

- Pourquoi tu n’aimes pas parler de cette époque ? demanda Saphir.

- Parce que… Mes parents sont morts cette année…

- Oh… Je suis désolée… Si ça peut te consoler, mes parents à moi, ils sont morts lorsque j’avais sept ans.

- Et tu as quel âge, maintenant ? reprit l’élémentariste.

- J’ai bientôt dix-sept ans.

- Punaise… Tu les fais pas… Je pensais que tu avais mon âge. souffla le jeune garçon étonné.

- Ah bon ? Et tu as quel âge ?

- Moi, j’ai quinze ans, comme Arnaud.

- Et bien moi, je pensais que vous étiez plus âgés… Au fait, Arnaud, tu n’es pas obligé de répondre, mais, comment sont morts tes parents ? Simple curiosité. Précisa-t-elle.

Et à la grande surprise de Thomas, Arnaud répondit, sur un ton froid, et en fixant Saphir droit dans les yeux :

- Ils ont été tués par une personne affreuse.

- Tués par qui ?

- Une personne affreuse. Je n’avais que cinq ans, je ne m’en souviens pas trop…

- Oui, tu as raison… Je suis désolée si je t’ai fait de la peine. Bon, les garçons, si nous voulons des réponses à la plupart de nos questions, nous devons y aller.

- Moi, ça ne me dérange pas, mais comment fait-on pour remonter ?demanda Thomas, intriguer.

- Ce n’est pas compliquer. Il suffit de visualiser mentalement que tu sors de cet endroit, et tu te retrouveras en dehors de cette cachette.

- Ok, merci. Qui passe en premier ?

- Je veux bien. Répondit Arnaud.

- D’accord, moi ça ne me dérange pas de passer deuxième. Renchérit Saphir.

Thomas décida donc de passer en dernier. Pendant que ses camarades sortaient, il songea à la discussion qui venait d’avoir eu lieu. C’était la première fois que Arnaud parlait de ses parents, et surtout de leur mort. L’adolescent avait toujours pensé qu’ils étaient morts dans un accident de voiture, ou quelque chose dans ce genre. Mais pas qu’ils avaient été tués ! C’est bizarre quand même…

Le jeune élémentariste ne put réfléchir plus longtemps car il entendit la voix de Saphir lui crier qu’il pouvait venir. Il se plaça, alors, en dessous du rayon de lumière qui lui parvenait, ferma les yeux, et s’imagina entrain de tournoyer sur lui-même, et de se téléporter en haut.

Lorsqu’il les ré-ouvrit, il se trouvait en face de ses deux acolytes. La jeune fille ne perdit pas de temps, et leur fit signe de la suivre. Ils marchèrent pendant plusieurs heures, mais le paysage ne changeait pas. Toujours des plaines, de l’herbe verte, des fleurs, et des insectes. Thomas commençait à vraiment en avoir marre de marcher, lorsque, soudain, Saphir s’arrêta net devant une butte de terre recouverte d’herbe verdoyante. Avec la voix tremblante, elle leur annonça qu’ils étaient arrivés. Elle tâta légèrement la butte, jusqu’à ce qu’une petite porte fasse son apparition. Elle toqua. Elle tremblait de tous ses membres, et priait intérieurement pour que ses amis l’attendent ici. Thomas posa une main réconfortante sur son épaule, qu’elle ne rejeta pas. Saphir avait besoin de soutien, et elle n’osait imaginer sa réaction si elle ne trouvait personne.

Au bout de quelques minutes, une petite bonne femme ouvrit la porte. Elle poussa un petit couinement lorsqu’elle aperçut Saphir. Elle cria :

- Saphir ! C’est Saphir ! Et elle est avec l’élémentariste ! Elle l’a ramené !

- Bonjour, Colette… répondit la jeune fille avec un sourire triste.

Tout de suite, la petite dame se poussa pour les laisser passer. C’est là que Thomas put la détailler un peu plus. Elle avait de longs cheveux bruns bouclés, de grandes mains aux doigts crochus, des pieds bien trop grands pour elle, un petit corps, et un ventre assez arrondit pour laisser croire qu’elle attendait un enfant.

Saphir et ses amis longèrent un long et étroit couloir bas. Bien que Colette avait un large sourire, la jeune fille, elle, ne pouvait contrôler son anxiété. Ils débouchèrent assez vite dans une pièce octogonale, où, il y avait une cheminée, une grande table et sur chaque mur, se dessinait une porte.

Dans cette pièce, un jeune homme les attendait. Thomas n’eut pas de mal pour le reconnaître plus qu’il s’agissait du même jeune homme qu’il avait vu pendant sa vision. Saphir, elle sentit une vague de joie immense s’immiscer dans son esprit, et oubliant ses bonnes manières se jeta au cou de son ami, en criant son nom.

- Frederic !

Elle le sera si fort qu’il en eut le souffle coupé, et Thomas, le cœur brisé.

- Je t’en prie, dis-moi que les autres sont en vie. lui souffla-t-elle à l’oreille.

- Sonia va bien, elle est partie aller chercher des choses avec Léo. Mais Dimitri…

Saphir s’écarta du jeune homme, et baissa les yeux. Il fallait s’y attendre, après tout…

- Et Téraurne ? demanda-t-elle.

- C’est bien ça le problème… Téraurne ne se réveille pas…

- Comment ça « il ne se réveille pas » ?

- Et bien, pour nous sauver, il a utilisé les réserves de magie, tu sais, celles que l’on a au fond de nous et qui constituent une partie de notre énergie vitale. C’est sans doute ce qui nous a permis de fuir. Et donc après ça, il est rentré dans une sorte de trans. Il ne se réveille pas et semble comme dans un autre monde spirituellement, mais physiquement, il est ici.

- Mais je n’ai cas aller le voir ! Je pourrais lui transmettre de ma magie ! Je te rappelle que j’ai la magie, en plus de la mienne, du pendentif !

- Non, tu ne le feras pas. Il était tellement puissant que même toute ta magie ne suffirait pas à lui rendre son énergie, et puis, tu en as besoin pour libérer notre monde. Tu dois faire en sorte que ce qui t’a semblé être un fardeau durant toutes ces années devienne ta force, et celle de l’élémentariste.

Totalement terrassée par ces nouvelles, Saphir s’assit sur une chaise, plaqua ses mains sur son visage et se mit à sangloter. Entre deux hoquets, elle murmura comme pour elle-même « Il nous faudrait un autre pendentif… ». Ce à quoi, Frederic répondit que justement, Colette avait entendu lorsqu’elle était plus jeune, de l’existence d’un second pendentif. Saphir ôta ses mains de son visage et regarda son ami, pleine d’espoir.

- Est-ce que c’est vrai ?

- Justement, nous essayons de nous renseigner et de trouver des documents. C’est pour cela que Sonia est partie.

- Mais c’est génial ! Surtout que maintenant qu’il y a Thomas et Arnaud, nous allons pouvoir aller encore plus vite !

- Euh… Saphir…la coupa Thomas, Je suis désolé mais…-il prit une grande inspiration- Mais je ne vais pas rester dans ce monde…

- QUOIIIIIIII ????!!! hurla Saphir complètement choquée.

- Oui, j’y ai bien réfléchi, et je ne peux pas rester ici. J’ai une famille humaine, certes, mais une famille quand même, qui doit se faire un sang d’encre pour savoir où je suis passé. De plus, je n’ai toujours pas de réponses à mes questions. Et enfin, je ne veux pas faire la guerre.

- Mais tu es le seul à pouvoir sauver ce monde ! Tu es notre seul espoir ! Notre dernière chance ! Thomas, je t’en prie, ne fais pas ça !

- Désolé Saphir… Mais je ne suis pas à ma place ici…

- B…Bon… Très bien… Si tel est ton choix… Je ne te retiendrais pas, je ne peux pas obliger quelqu’un à faire la guerre. J’espère juste que tu changeras d’avis. Et si ça arrive pense très fort à moi, comme si j’étais juste à côté de toi et je viendrais… Au fait Arnaud, je suis navrée, mais il serait sans doute plus sage que tu rentres avec Thomas…

- Oui, je comprends… répondit celui-ci.

Alors, les larmes aux yeux, Saphir fit apparaitre un cercle lumineux au sol, devant la mine désolée de Thomas, déçue d'Arnaud, d'incompréhension de Colette et furieuse de Frederic. Elle leur expliqua qu’ils n’avaient cas se placer dans le cercle et ils se retrouveraient chez eux. Lorsque Thomas posa un pied dedans, une douce chaleur parcourue ses membres, puis, sa vue se brouilla, et, lorsqu’elle revint, il se trouvait avec Arnaud, devant le lac dans le parc de la veille, sauf que cette fois, il faisait nuit.

Arnaud, lui, semblait être devenu totalement fou, il cria à Thomas :

- Faut qu’on y retourne mec ! On doit y aller ! On doit les aider !

- Mais tu as dit que tu comprenais !

- Je n’allais pas faire une scène devant tout le monde ! Mais maintenant qu’il n’y a personne oui ! Tu es vraiment taré, et égoïste ! Tu ne penses qu’a ta petite personne ! Savoir que tu m’oblige à retourner chez mes grands-parents ça ne te fait rien ? Ou alors peut être le fait que tout un monde comptait sur toi et que tu les as lâchement abandonnés ?! Ils ont besoin de nous ! Saphir a besoin de nous !

- Mais enfin ! Pourquoi tiens-tu tant à y revenir ?!

- Parce que Saphir…C’est ma sœur.

Chapitre 7 :[]

- COMMENT ?! Est-ce que tu peux répéter, s'il te plaît ?!

- Saphir… C'est ma sœur… redit Arnaud

- Kugezufgybcttt…. Q…Quoi ?! TA SŒUR ?! hurla Thomas, qui, littéralement, hallucinait.

- Saphir est ma sœur, je suis donc son petit frère, et mes parents étaient le roi et la reine d'Eliaé.

- Attends…! Tu es entrain de me dire que Saphir, non seulement est ta sœur mais aussi une princesse ?! Et ça veut dire que toi aussi tu es un…Un prince ! s'étrangla Thomas.

- Oui et non. Saphir est la princesse disparut, personne ne sait si elle est toujours en vie.

- Mais pourquoi ? Et qu'est-ce que tu fous chez les humains du coup ?! Pourquoi tu ne l'as pas tout de suite dit à Saphir que tu es son frère ? Est-ce qu'elle le savait ? Est-ce qu'elle t'a reconnu ? Tu peux faire de la magie ? Tu sais que tu ne lui ressemble pas ? Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit plutôt, du genre, hier matin, lorsque je te racontais ce que j'avais vu. Tu savais que j'étais un élémentariste ? C'est pour ça que tu étais bizarre… Mais tes grands-parents sont-ils vraiment tes grands-parents ? Si oui, ils viennent d'Eliaé aussi. Mais peut-être que tu pourrais m'apporter des réponses sur qui je suis, et pourquoi je suis là ? Et auss…

- OH ! Attends une petite minute ! le coupa Arnaud, Alors, crois-tu que tu pourrais me redire tout cela plus lentement ? En fait non, pose-moi juste une seule question, celle qui te parait-être la plus importante. Comme ça se sera plus simple.

Thomas, s'arrêta net dans ses questionnements. Une seule question ? Juste une ? Mais pour lui, toutes ces questions étaient importantes ! Cependant, un mot. Un seul mot sortit de sa bouche. Un seul mot qui résumait toutes ses questions…

- Pourquoi ?

Arnaud ne répondit pas tout de suite. Il semblait réfléchir… C'est là que Thomas se rendit compte qu'il y avait vraiment quelque chose qui n'allait pas. Mais il avait beau chercher, il ne trouvait rien. Et pourtant, le jeune garçon savait qu'il y avait une information capitale derrière tout cela. Oui, mais quoi ?

Son ami ouvrit la bouche pour répondre à sa question, mais fut interrompu par un policier qui faisait une ronde dans le parc.

- Eh ! Vous, là ! Venez un peu par ici !

Sentant les ennuis arrivés, les deux garçons ne purent qu'obéir. L'homme portait l'uniforme de police, et tenait sa casquette à la main. Il avait le crâne dégarni et un ventre assez rebondi. Grâce à sa barbe mal rasée, et ses rides qui sillonnaient son visage, Thomas lui donnait facilement la cinquantaine, ou plus. Une fois arriver, l'homme les détailla, et finit par dire :

- Non de Zeus ! C'est bien ce qu'il me semblait… C'est vous les deux gosses que l'on cherche depuis hier soir. Je faisais une petite ronde, et j'ai entendu des éclats de voix, je me suis donc approché, et c'est là que je vous ai vu. Mais que faisiez-vous ici? Et surtout à cette heure ?! Croyez-moi les gars, quoi qu'il vous soit arrivé, attendez-vous à être privé de sortie pendant au moins le reste de votre vie. Bon, aller les morveux, direction le poste de police. Au fait, moi c'est Charly Pinson.

Et sur ce, sans dire un mot de plus, le policier les dirigea vers le parking du parc, où, au moins trois voitures de police étaient garées. Un autre policier fouillait les environs, il fut vite interpellé par son collègue :

- Hey, Millisse !

- Charly, j't'ai déjà dit de m'appeler Martin ! commença le second policier, qui semblait avoir vingt ou trente ans de moins que le premier, Oh ! Mais tu as retrouvé les gamins ! C'est génial !

- Oui, et là, je les amène direct vers le poste de police, ça ne te dérangerait pas de dire aux autres que…

- Que tu les as retrouvés ? Pas de problème, c'est comme si c'était fait ! répondit le dit-Martin.

Et sans rajouter un mot, Charly fit monter les adolescents dans la voiture, pour les conduire directement au poste de police.

Le commissaire leur faisait face. Son front était plissé, il avait d'épais sourcils broussailleux, un bouc gris, et de petits yeux noisette. Cela faisait au moins cinq minutes qu'ils se regardaient dans le blanc des yeux, depuis l'arrivée d'Arnaud et Thomas, en fait… L'homme passa ses mains sur son visage, sans doute était-il épuisé… Et enfin se décida à parler.

- Qu'est-ce qu'il s'est passer ?

- Je…Euh… balbutia Thomas, à cours d'idées pour excuser son séjour dans un autre monde.

- Il m'aidait à fuguer, monsieur. reprit Arnaud, avec un ton, tellement assuré qu'il en étonna Thomas.

- Ah bon… Tu es bien Arnaud Stivenson ? demanda le commissaire, Et pourquoi vouliez-vous fuguer ?

- J'ai voulu faire une tentative de suicide monsieur. Et heureusement, Thomas m'a trouvé à temps, je veux dire, avant que je passe à l'acte, et il m'a suggéré une autre alternative pour mettre fin à ma vie… C'était de l'abandonné… Si je fuguais, je n'avais cas laisser mon passer derrière moi, et recommencer à zéro. Ça m'a plutôt plus, je ne vais pas vous mentir, du coup, il a décidé de m'aider à fuguer, à condition que je lui donne de mes nouvelles régulièrement.

- D'accord… Mais pourquoi avoir tenté de mettre fin à tes jours ?

- Je… Je ne me suis jamais remis de la mort de mes parents… Et mes grands-parents n'ont pas réussi à combler la peine qui emplissait mon cœur… Au contraire, ils ne faisaient que l'aggraver en me comparant sans cesse à eux…

- Et tu n'avais jamais essayé de leur en parler ?

- Non monsieur… Mais si ils me comparaient autant à mes… Parents… C'est parce qu'ils étaient, eux aussi, traumatisés par leur disparition, et cherchaient à les retrouver par tous les moyens… Je ne peux pas leur en vouloir monsieur… S'il vous plaît, ne leur dites pas que j'ai voulu mettre fin à mes jours, ça risquerait de les achevés…

Et pour conclure, Arnaud prit une expression de chien battu. Ce qui ne manqua pas d'attendrir le commissaire, qui s'empressa d'approuver la requête du jeune adolescent. Comme Arnaud mentait bien ! Si Thomas ne le connaissait pas, il aurait cru à tout son mensonge, sans une seule fois, chercher à le remettre en question. Le plus bizarre, c'est que, pas une seule fois Arnaud ne semblait hésiter, et racontait cette histoire avec tant d'assurance que son ami en eut le souffle coupé. Arnaud était si timide d'ordinaire ! En tant normal il aurait bafouillé et ce serait caché derrière ses épaisses lunettes rondes. Ou peut-être pas en tant normal… Peut-être que ce que Thomas venait de voir n'était que la vraie personnalité de son meilleur ami ? C'est vrai, après tout, Arnaud lui avait menti depuis le début… Mais alors, qui était Arnaud ?! Thomas était totalement perdu… Celui qu'il pensait connaître sur le bout des doigts venait de s'avérer être une toute autre personne ! Pouvait-il lui faire confiance ?

- Eh oh ! Mon garçon, tu rêves ?

Le commissaire agitait la main devant Thomas, et le fixait intensément, tout comme Arnaud, qui, à en juger par ses yeux rougis, avait sans doute laisser s'échapper quelques larmes pour donner un peu plus de vérité à son mensonge.

- Oh ! Pardon, je suis juste fatigué…

- Et bien taches de rester éveiller encore quelques minutes, car tes parents vont arriver d'une minute à l'autre.

Le commissaire posa encore quelques questions aux jeunes garçons, puis, lorsqu'un policier vint les informer que les parents de Thomas venaient d'arriver, il conseilla un bon psychologue à Arnaud, et sortit de la pièce. Les adolescents n'eurent même pas le temps de se regarder, que le père et la mère de l'élémentariste entrèrent en trombe dans la petite pièce où se trouvait leur enfant. Ce fut alors le festival des embrassades. Mme Mellier dut au moins faire une centaine de câlins à son fils, sous le regard soulager de Mr Mellier. Lorsqu'ils se dirigèrent vers la sortie, Thomas croisa le regard de son ami… Et d'un imperceptible signe de tête, celui-ci sembla lui dire "Je t'expliquerai tout, ne t'inquiète pas."

Durant tout le trajet, Thomas dut enchaîner excuses sur excuses, mensonges sur mensonges, pour expliquer sa "disparition" à ses parents, qui, mine de rien, était verts de rage. Et avec, on ne sait quelle chance, Thomas put réussir à leur faire gober toute son histoire. Au final, il fut juste privé de sortie pendant un mois, punition sans doute mériter pour être aller dans un autre monde sans leur dire.

Une fois arriver chez lui, sa petite sœur ne manqua pas de lui faire une remarque, comme à son habitude, lorsqu'il se faisait punir. Eva n'avait que cinq ans de moins que lui. Elle avait de longs cheveux bouclés châtains, qui lui retombaient facilement jusqu'à la taille, de grands yeux verts, aux reflets bleus, avec de longs cils noirs. Et ses joues étaient tintées de rose, tout comme ses lèvres. Malgré ses aires de petite poupée angélique et fragile, c'était une véritable peste, aussi éphémère que la mode. Elle avait été pourrie gâter durant toute sa jeunesse, car elle avait une "santé fragile" d'après ses parents.

Selon Thomas, elle avait eu une santé fragile. Parce que à cause d'une naissance difficile, elle avait eu des problèmes de santé, notamment au cœur, et aux poumons, mais c'était passé, et les médecins étaient formels: Eva possédait une merveilleuse santé, elle pouvait donc participer aux cours de sports sans risquer de faire une crise, et avoir une vie comme toutes les petites filles de son âge, loin des rendez-vous médicaux et des médicaments.

C'est pour cela que Thomas hallucinait littéralement, lorsqu'il apprenait que sa sœur n'avait pas fait sport car il y avait encore des risques. Non, la véritable cause n'était autre, que le fait qu'Eva ne supportait pas de faire le moindre effort physique ! Elle ne faisait que mener ses parents à la baguette ! Et eux-mêmes, se faisaient un malin plaisir à exaucer tous ses moindres désires ! Et si Thomas osait faire la moindre remarque, il s'en prenait plein la figure, et était consigné dans sa chambre.

Enfin bref, Eva était une petite peste, et comme Thomas en avait marre de batailler, il ignora sa remarque, monta les escaliers, et se dirigea vers la porte de sa chambre. Ce manque d'attention déplu fortement à sa jeune sœur, ce qui donna à l'adolescent un sourire triomphant.

Le jeune homme se dépêcha de s'installer confortablement sur son lit et de directement mettre ses écouteurs dans ses oreilles, pour y laisser s'infiltrer une douce, mélancolique et belle musique… Étrangement, elle lui faisait penser à Saphir. La belle, et mystérieuse jeune fille de la rue des acacias. Ou plutôt, la sœur d'Arnaud. Comment son ami avait fait pour lui cacher tout cela ? Toute cette confiance qu'il lui donnait, ne fut-elle donc jamais partagée ? En fait, tout ce qu'il venait de vivre lui semblait si… irréel… Sans doute avait-il peur que tout cela ne soit qu'un simple rêve…

Le jeune garçon ferma les yeux, et laissa son esprit flotter quelque minutes, bercé par la musique, qui était à présent pleine de détermination et d'espoir. Plus il y pensait, plus il se rendait compte qu'il y avait toujours eu un fossé entre sa famille et lui… Même si au niveau du physique, ils se ressemblaient tous, au niveau des goûts, ils avaient toujours été différents. Par exemple, ses parents n'avaient jamais aimé lire, si ce n'est qu'ils détestaient, lire. Contrairement à Thomas, qui lui, donnerait n'importe quoi, pour pouvoir avoir à nouveau, le bonheur de redécouvrir la saga Harry Potter. Rien que la sensation d'avoir le tome 7 entre de les mains, et pouvoir l'ouvrir et directement se plonger dans ce merveilleux univers, alors qu'il avait dû attendre plusieurs semaines d'argent de poche pour se l'offrir, était magnifique. Ses parents ne comprenaient pas non plus le fait que leur fils puisse passer des heures à déambuler dans la nature sans rien faire, au lieu de faire "une bonne partie de Mario Kart", comme ils le disaient. Et il se souviendra toujours de la tête qu'avaient fait ses parents lorsqu'il leur avait demandé si il pouvait faire de la musique, ils l'avaient regardé comme si il n'était qu'un extraterrestre, et s'étaient empressé de bafouiller un "on verra". Au final, Thomas n'apprit pas la musique grâce à ses parents, mais grâce à son professeur de musique de son ancien collège qui avait fait de la clarinette et du saxophone. Celui-ci avait un ami qui jouait de la guitare, et qui avait accepté de donner des cours gratuits à Thomas. Cet homme se nommait Carl Fitcher.

Même si il était incompris, l'adolescent ne se sentait pas moins aimé dans sa famille. Oui, il était persuadé que ses parents l'aimaient. Mais si il n'était pas leur fils, cela voulait sans doute dire qu'il avait été adopter. Alors pourquoi ne rien lui avoir dit ? En tout cas, cela expliquait certainement pourquoi ils préféraient Eva…

- A taaaable !!!

Eva venait de faire éruption dans la chambre de son grand frère, le tirant ainsi de ses pensées. Elle ponctua sa phrase d'une magnifique grimace, et s'en alla en claquant la porte derrière elle. A contrecœur, Thomas retira ses écouteurs de ses oreilles, et se leva difficilement de son lit. Il s'étira paresseusement, et se rendit compte que ses pieds lui faisaient horriblement mal, tant il avait marché.

Lorsque le jeune garçon entra dans la cuisine, il vit sa mère penchée au-dessus de ses casseroles, son père n'était pas encore arrivé, et sa chère sœur était assise à table, un large sourire aux lèvres, fixant Thomas. Elle avait sans nul doute, encore, "oublié" de mettre la table, comme toujours… Sans même se retourner, sa mère lui lança :

- Thomas, tu veux bien mettre la table, s'il te plaît, ta sa sœur se sent un peu fatiguée.

Evidemment, elle se sent "un peu fatiguée"… Décidément, rien n'avait changé… Comme si tout le monde faisait semblant qu'il ne s'était rien passé. Ou alors, comme s'il ils s'en fichaient…? Thomas chassa bien vite cette idée de sa tête. Sa famille l'aimait, et c'était une vérité. Pourtant, malgré ses pensées positives, une petite voix ne put s'empêcher de raisonner au font de son esprit. Un tout petit quelque chose, à peine audible. Un tout petit "ou pas…".

Une fois qu'il eut mis la table, et que son père soit arrivé, sa mère commença à servir toute la petite famille. Un silence pesant s'imposa pendant une bonne partie du dîner. Jusqu'au moment où, prenant son courage à deux mains, Thomas demanda:

- Papa…? Maman…? J'peux vous poser une question…?

Son père finit sa bouché avant de répondre:

- Oui, bien sûr, que veux-tu savoir ?

- Eh bien… C'est assez bête je sais mais… Mais… Est-ce que je suis bien votre fils ?

Ses parents se regardèrent comme si il venait de dire la plus grosse ânerie, ce qui était certainement le cas, du monde, et sa sœur éclata d'un rire moqueur.

- Mais qu'est-ce qu'il te fait dire une chose pareille ? dit sa mère.

- Eh bien… Comme on n'a pas vraiment les mêmes goûts, j'avais l'impression que l'on était comme, différents

- Que tu le veuilles ou non, nous sommes bien tes parents, ton père et moi.

- Et c'est bien dommage. marmonna Eva.

- Mais comment peut-on en être sûr ? reprit Thomas en ignorant la remarque de sa sœur, Ça existe des bébés qui sont échangés à la naissance.

- Non Thomas, je te rassure, tu n'as pas été non plus échangé à la naissance !

- Donc si je vous demandais de faire un test ADN, vous seriez d'accord ?

Le ton insolent de l'adolescent avait dû déplaire fortement à sa mère, puisqu'elle venait de se lever d'un bon, tel un tigre enragé, et elle hurla:

- Bon ! Maintenant ça suffit ! Tu veux connaître la vérité ?! Eh bien, oui, tu n'es pas notre fils ! Tu es notre neveu !

La révélation eut comme l'effet d'une gifle pour Thomas. Même Eva s'était tue, et avait arrêter de sourire. Sa mère venait certainement de prononcer des paroles en l'air, non…?

- Je croyais que vous étiez tous les deux enfants unique… souffla le jeune garçon.

- C'est le cas, mais que pour ton père. Moi, j'ai eu une sœur, une grande sœur. C'était la meilleure des grandes sœurs… Mais tout a changé quand elle a rencontré ce garçon … Il avait un nom très bizarre. Silence Maliburi, qu'il s'appelait. Elle est partie vivre avec lui… Elle ne nous donnait jamais de nouvelle. Quelques fois seulement, elle venait pour Noël, mais à chaque fois elle semblait plus absente, plus bizarre, plus étrange, comme si elle était dans un autre monde… Et un jour, elle s'est pointée. Ses cheveux étaient emmêlés, ses vêtements déchirés, et son regard suppliant. Elle avait un bébé dans les bras… Elle m'a obligé à le tenir, et nous a dit, à ton père et moi, que ce bébé se nommait Thomas, que nous devions l'élever comme si il était notre fils, et que en aucun cas il devait apprendre l'existence de ses vrais parents. Je n'ai même pas eu le temps d'ouvrir la bouche qu'elle partit en courant. J'ai tenté de la rattraper, mais elle s'était comme, volatilisée… Et depuis je n'ai plus de nouvelle, plus aucune trace de son existence… Et j'ai bien dû faire ce qu'elle m'avait demandé de faire, alors en quelque jours, les papiers d'adoptions étaient signés…

- Tu mens.

Thomas se tourna vers sa jeune sœur. Elle tremblait, et des larmes coulaient sur ses joues roses. Ne recevant pas de réponse, elle leva les yeux vers sa mère, et répéta d'un ton plus ferme:

- Tu mens.

- Pardon ? demanda sa mère incrédule

- Tu mens. Fanny, n'a jamais existé.

- Comment connais-tu son nom…?

- Tu mens. Fanny et Silence Maliburi n'ont jamais existé. Ce n'est pas vrai.

- Comment connais-tu leurs noms ?!

- Je ne peux pas le dire…

- Dis le Eva ! C'est un ordre !

- Quelqu'un m'a dit de ne pas le dire.

- Mais qui ?!!! Dis-le !

- Si je te le dis, ça ne t'avancera en rien.

- Mais je veux quand même savoir ! Aller ! Dis-le !!!

- Cette personne s'appelait…

- Oui, elle s'appelait…?

- … Saphir Sérinilia.

Chapitre 8 :[]

Thomas grogna. Il ne voulait absolument pas se lever. Mais son réveil faisait un boucan d'enfer ! Enfin, dans un effort surhumain, il se leva de son lit, arrêta son réveil, et, pour la millième fois, se dit que ça devrait être un crime que d'envoyer les gens à l'école de si bonne heure.

La discussion d'hier soir, n'avait pas fini très bien. Thomas avait à peine eu le temps de digérer le fait qu'il n'était autre que le neveu de ses parents, qu'il dut affronter le choque que causa la révélation de sa sœur. Elle connaissait Saphir et lui avait déjà parlé. Quand ? Pourquoi ? Où ? Comment ? Cependant, personne n'eut de réponse, Eva avait refusé de délivrer toutes autres informations. Le jeune garçon avait pris sur lui, pour ne pas trahir le fait que lui aussi connaissait la jeune fille. Mais après le repas, il ne put pas poser des questions à sa sœur, car ses parents les avaient envoyés dans leurs chambres. Mais juste avant de quitter la table, les deux enfants, échangèrent un regard, lourd de sens.

Pourquoi sa vie ne pouvait-elle pas être simple ?! Hop, je te ramène dans ton monde et ta vie redevient normale ! C'est pas bien compliqué de faire ça pourtant ?! Mais non, il fallait bien sûr que Arnaud soit le frère de Saphir, que ses parents ne soient pas ses parents, et que sa sœur connaisse Saphir alors qu'elle n'a rien à faire dans cette histoire !

Thomas poussa un cri rageur. Au moins aujourd'hui, il aura quelques réponses…

Après s'être préparer, il descendit les escaliers, et pria intérieurement pour que ses "parents" ne soient pas là. Il n'avait clairement pas envie de les croisés. Il ne savait même pas si il devait encore les considérés comme ses parents… Une vague de tristesse s'empara de lui, tout son monde venait de s'effondrer. Plus de parents, plus d'Arnaud tel qu'il le connaissait, et plus la jeune fille de la rue des acacias…

Lorsque l'adolescent arriva dans la cuisine, un mot de ses parents l'attendait. Il disait qu'ils étaient partis faire des courses, et que sa punition était levée. Visiblement, ils avaient, eux aussi, pas envie de le voir. Sage décision, puisque la confrontation n'aurait été que trop désagréable.

N'ayant absolument pas faim, Thomas se dit qu'il ferait mieux d'aller tout de suite à l'école, tant pis si il allait être bombarder de questions de lycéens trop curieux. En sortant dans le jardin, il remarqua la voiture de ses parents. Sans doute n'étaient-ils même pas partis…

Sur le chemin, Thomas passa devant la rue des acacias. Il sentit comme un serrement au niveau de son cœur. Avait-il fait le bon choix ? Il le savait, oui, au fond de lui il espérait toujours que Saphir apparaisse au coin de cette rue, et qu'ils se regardent dans les yeux comme avant. Perdu ? Oui, il l'était. Il ne savait strictement rien, et il y avait tellement de questions qui tourbillonnaient et fusaient dans sa tête. Encore une fois, une seule question finit par sortir de sa bouche, un murmure, un souffle, une brise…

- Pourquoi ?

L'avait-il prononcé à haute voix ? Si oui, il n'eut aucune réponse…

L'adolescent soupira, et reprit sa marche. Quand il arriva au lycée, Arnaud n'était pas encore arrivé, ce qui ne manqua pas de froisser Thomas vu le nombre de questions qu'il avait à poser, et vu le nombre de chose qu'il avait à lui dire.

La première heure de cour sonna, étonnamment personne n'était venu le voir pour lui poser des questions, et toujours aucune trace de son ami. Mais qu'est-ce qu'il faisait ?!

En entrant en classe, Thomas aperçut une nouvelle élève, assise juste devant sa place. Elle avait le teint mat, de grands yeux noirs, de longs cheveux bruns avec une épaisse frange, recouvrant la majeure partie de son front. Ses habits étaient simples, mais modernes, ils étaient dans des tons bleus. Bleu saphir…Yeux Saphir, plutôt…

Il rejoignit sa table. D'ici, il pouvait sentir, allègrement le parfum de la nouvelle. Il était étrange, envoûtant, enchanteur, anormal… C'était un mélange d'odeurs indéterminables, mais si familières à Thomas. Il ferma les yeux, et imagina une petite clairière à l'orée d'une forêt de conifères touffus.

- Bonjour, excusez-moi pour le retard.

Arnaud venait d'entrer dans la salle de classe, et se dirigea tout de suite vers sa place, sans un regard pour Thomas, malgré toutes ses tentatives de rentrer en contact avec lui. Mais il ne put s'empêcher de remarquer le sourire que son ami avait adresser à la nouvelle. Le jeune garçon sentit une gigantesque vague de frustration montée en lui, un immense monstre qui engloutissait sa patience, très certainement, pour la vie.

Les cours passèrent, puis enfin la récréation arriva. Cette fois, Arnaud ne pourra plus l'éviter ! Il le fera parler même si il faut le torturer pour cela ! Ou pas…

Une fois dans la cour, Thomas chercha son ami. Il vit la nouvelle toute seule dans un coin, mais pas d'Arnaud… Ah si ! Il était derrière un arbre. A grands pas déterminés, l'adolescent s'approcha de son ami.

- Arnaud ! Ou je-ne-sais-quel-autre-nom !

L’interpeller se retourna, et avait une tête de "qu'est-ce que tu me veux, je n'ai rien fait."

- Thomas ? Tu voulais peut-être me parler ?

- T'es sérieux ?! "Tu voulais me parler ?", mais tu te fous de moi ?!

- Oh, c'est bon, si tu ne veux même plus rigoler…

- Eh bien, là, tu vois, je n'ai pas vraiment envie de "rigoler" comme tu le dis si bien.

- Je sais, tu dois te poser un million de questions…

- Plus.

- Oui, bon, plus d'un million de questions. Mais je n'ai pas la réponse pour toutes, seulement pour certaines. Et ce ne sera pas gratuit.

- Comment ça pas gratuit ?! Mais tu es taré ?! Tu crois vraiment que je n'ai que ça à faire ?! Attendre, attendre, attendre, et entre temps découvrir que les personnes que j' aimais le plus étaient tout autre…

- T'inquiètes ! Tout ce que je te demande c'est d'aller voir la nouvelle et de lui parler.

- Pourquoi ?

- Poses pas de questions.

- Et tu veux que je lui dise quoi, moi ?

- Oh, je ne sais pas, peut-être "Les canards sont roses fuchsias avec des petits pois blancs à paillettes. " Ce à quoi elle pourrait te répondre: "C'est quoi des canards ?", et alors tu pourrais lui dire: "Ce sont des danseuses en tutu orange fluo, qui dansent la salsa, avec seulement trois dents.".

- Nan mais mec. Ch'uis sérieux.

- Oui. Je sais. Et moi aussi d'ailleurs.

- QUOI ?! Mais tu veux quand même pas que j'aille lui dire ça ?! Et tu ne pense pas que je mérite de connaître la vérité sans me ridiculiser ?!

- Je te jure que tu ne vas pas te ridiculiser. Et tu les veux tes réponses ou pas ?

Thomas s'arrêta de parler… Il pesait le pour et le contre… Et puis non ! Il en avait marre de se poser des questions ! Si il pouvait avoir des réponses comme ça, et bien il le fera ! De plus le ridicule ne tue pas. Du moins, c'est ce qu'il n'arrêtait pas de se répéter en allant voire la nouvelle.

Il s'approcha timidement d'elle. La jeune fille ne lui accorda même pas un regard, et elle avait le visage fermé.

- Euh… Salut. Les…Les canards sont…Euh…Roses fuchsias, avec des petits pois blancs à… Euh…Paillettes…

Oh bon sang ! Il n'avait jamais été aussi gêné de toute sa vie !

- C'est quoi des canards ? demanda la jeune fille, qui venait de se tourner vers lui.

- Et bien… Ce… Ce sont…Des…Des danseuses en tutu orange fluo, qui dansent la salsa, avec seulement trois dents…

Soudain le visage de son interlocutrice s'éclaira et un grand sourire le fendit.

- Ah ! C'est pas trop tôt ! Je commençais à avoir des fourmis dans les jambes ! Bon, moi c'est Eléannissandora, et toi tu es l'élémentariste. Bon, où est-ce que l'on pourrait commencer les cours…?

Elle avait prononcé ces paroles tellement vite que Thomas ne put capturer que quelques mots.

- Eh ! Euh… Oh! Attends ! Tu as dit que tu te nommais comment déjà ? Et comment tu sais que je suis un -il baissa le ton-, élémentariste…?

Elle eut un rire moqueur.

- Tu te fou de moi ? Tu veux rentrer à Eliaé oui ou non ? Et pour infos, je m'appelle Eléannissandora, é-l-é-a-n-n-i-s-s-a-n-d-o-r-a, Eléannissandora. Et toi, j'aimerais bien connaître ton nom, Saphir n'a pas eu le temps de me le donner.

- Tu connais Saphir ?

- Mais tu es bouché ou tu es bouché ? Bien sûr que je la connais ! Sinon je n'en parlerais pas, réfléchis un peu dans ta vie, tu verras, c'est très pratique. Enfin bon… Je n'ai pas le temps de faire une discussion pour tourner en rond. Est-ce que tu pourrais, du coup, me donner ton nom ?

- Thomas. Je me nomme Thomas…

- Et ton nom de famille ?

- Je…Je ne sais pas.

- Tu ne sais pas ?

- Oui… C'est, très compliquer.

- Ok. Si tu le dis. Bon, où est-ce que l'on pourrait aller ?

Eléannissandorra regarda tout autour d'elle, avant de voir Arnaud. Elle sourit et fit signe à Thomas de la suivre, puis partit en direction du rouquin. Une fois devant lui, Thomas se rappela qu'il avait droit à des réponses, il n'hésita donc pas, à dire :

- Arnaud. J'ai fait ce que tu m'as demandé. Je veux maintenant que tu répondes à mes questions.

- En effet, il me semble juste que tu en ais. Mais rappelle-toi que je n'ai pas réponse à tout. Et saches qu'Eléannissandora pourra, elle aussi, répondre à certaines de tes questions.

Tous s'assirent en tailleur sur le goudron. C'était évident qu'Arnaud connaissait Eléannissandora. Mais quand est-ce qu'il arrêtera de lui cacher des trucs ? Avec un peu de chance aujourd'hui…

- Est-ce que tu t'es toujours appelé Aranud ? commença Thomas.

- Non. Mon vrai nom est Peter, Antoine, Téromèce, Sérinilia.

- PETER SIRINILIA ?! hurla la jeune fille, Mais ça veut dire que tu es le frère de Saphir, et donc tu as survécu au Mal !!! Mais tu te fou de moi ou quoi ?!

- Non. Je ne me fou de personne. Je suis bien le petit frère de Saphir, et l'un des héritiers du trône.

- Mais pourquoi tu ne lui as pas dis ?! Tu te rends compte que pour l'instant elle a la mort de toute sa famille sur la conscience ?! Tu sais que même Téraurne lui a dit de ne pas trop espérer et qu'elle ferait mieux de se dire que tu étais mort ?! Tu sais au moins ce que ça fait d'être à sa place ?!

Arnaud eut un mouvement de recul, comme si il venait de se rendre compte qu'il avait fait une grosse erreur. Thomas lui, qui déjà était perdu, ne comprenait plus rien du tout. Saphir avait la mort de sa famille sur la conscience ? Et Arnaud avait réussi à s'échapper des griffes du Mal ?

- Je n'étais pas encore près, à… à me rendre compte que j'étais enfin dans mon monde . Et peut-être que je ne sais pas totalement ce que ça fait d'être à sa place, mais je sais que elle, elle ne sait pas ce que ça fait d'être à ma place. répondit Arnaud

- Bon. Moi, j'ai d'autres questions à poser, donc, les questions qui ne viennent pas de moi ne sont pas prioritaires, c'est d'accord ? dit Thomas.

Les adolescents grommelèrent un oui, puis le jeune garçon reprit la parole.

- Comment est-ce que ça se fait que tu sois chez les humains ?

- Lorsque le Mal m'a emporté, j'ai vécu les pires choses qu'un gamin de cinq ans puisse connaître. Un jour, j'ai volé un objet magique; une petite clef ornée d'un rubis. Je me suis alors souvenu de Téraurne qui disait que des clefs de ce genre, permettaient de se téléporter. Je l'ai donc utilisé. J'ai souhaité aller là où le Mal ne pourrait plus jamais me trouver, et alors, le rubis s'est illuminé, et devant moi, est apparue une porte. Je l'ai passée et me suis retrouvé dans le monde des humains.

- D'accord… Et du coup, tes grands-parents ne sont pas tes vrais grands-parents ?

- Oui. Peut de temps après mon arrivée dans ce nouveau monde, les services sociaux m'ont trouvé et m'ont placé dans un orphelinat. Mes grands-parents m'ont donc adopter.

- Est-ce que tu savais que j'étais un élémentariste ?

- Non. Je n'en avais pas la moindre idée.

- Et quand il y avait Saphir au coin de la rue, est-ce que tu l'avais reconnue ?

- Non. Je ne regardais jamais cette rue.

- Et… est-ce que tu connaissais Silence et Fanny Maliburi…?

Arnaud pâlit, Eléannissandora arrêta de respirer, et pour la millième fois, Thomas ne compris rien.

- Silence et Fanny Maliburi…? Répéta la jeune fille.

- Comment les connais-tu ? demanda Arnaud.

- D'après ma "mère", ils ne seraient autres que mes parents.

- QUOI ?!!!!!!!! hurla une nouvelle fois Eléannissandora.

- Cette fois c'est toi qui te fou de moi, Thomas.

- Non. Je te jure que je te dis la vérité. Tout ce que je veux savoir pour le moment c'est qui ils sont.

- C'est une très longue histoire…

- Je veux la connaître.

- Tu en es sûr ?

- Bah, oui.

- Bon. Eléa, tu lui raconte ? Je pense que ça te concerne plus que moi.

L'intéressée prit une grande inspiration avant d'enfin se lancer :

- Alors, dans notre monde, il y a plusieurs sortes de "magiciens", si je puis dire, les élémentaristes, les ombrumeurs, et bien d'autres encore. Les ombrumeurs sont extrêmement rares. A ce jour, il n'y en a eu que trois connu du grand publique, Silence et Fanny Maliburi, et moi-même. Leur magie était d'une puissance extrême, c'est de eux que je tiens toutes mes connaissances dans ce domaine, mais ça c'est encore autre chose. En fait les ombrumeurs peuvent contrôler tous les aspects "sombres" des éléments, et les esprits. Contrairement à vous les élémentaristes, nous ne pouvons pas entrer dans leurs esprits, et ainsi connaître leurs ressentis, pensées. Mais nous, nous pouvons les contrôler. Je t'explique, même si nous ne pouvons pas savoir ce qu'ils pensent, nous pouvons leurs donné des pensées, ou des souvenirs, même des émotions. Imaginons, si quelqu'un est triste, et que je ne le veux absolument pas, je pourrais le rendre joyeux, en contrôlant ses émotions ou en lui donnant des pensées joyeuses qu'il croira être siennes. Et ça va de même pour les souvenirs, je pourrais leur en ôter, ou leur en donner. En tout cas, avec tous ces avantages et la rareté de ce pouvoir, tu dois bien te dire que vivre en étant connu comme un ombrumeur n'est pas s'en risque. Plein de personnes voulaient avoir Silence et Fanny de leur côté. Et puis un jour, ils ont disparu. Plus aucune trace d'eux, ni même de leur enfant… J'ai tenté de les retrouvés, mais en vain… Je sais juste que les derniers mois n'avaient pas été de tous repos pour eux, et qu'ils étaient agités durant cette période… Voilà. C'est tout ce que je sais…

- … Merci…

- Tu n'as pas besoin de me remercier, Thomas, si je suis là, c'est dans le but de tout t'apprendre sur notre monde et sur ton pouvoir. Tu n'as plus rien à faire ici, Thomas. Tu n'as plus rien dans ce monde.

- Si. J'ai Eva.

- C'est qui Eva ? demanda Eléannissandora.

- C'est ma sœur… Enfin, ma cousine…

- Mais c'est une humaine…

- Peut-être, mais elle connait Saphir, et ça, ce n'est pas anodin.

- Ta sœur connait Saphir ? Mais comment est-ce possible ? Jamais Saphir ne m'en avait parler… Tu es sûr qu'elle est bien humaine ?

- A cent pour cent.

- Ce n'est pas normal…

- Et elle connaissait aussi le nom de Silence et Fanny.

- Ce n'est vraiment pas normal… Tu crois que je pourrais la voir ? Tu pense que je pourrais passer chez toi ce soir ?

- Euh… Je ne sais pas trop… Il n'y a pas une très bonne ambiance à la maison en ce moment, je doute que mes "parents" soient d'accord.

- Ça ne va pas poser de problème. Je suis une ombrumeuse je te rappelle. Il me faut juste une image d'eux et ils seront d'accord, de plus, ils ramèneront ta sœur tout de suite à la maison.

- Attends ! On ne va pas quitter l'école comme ça ?

- Je te l'ai déjà dit. Tu n'as plus rien à faire dans ce monde. Tout ce que tu apprends ici ne te servira à rien à Eliaé. Donc, tu l'as cette image ?

- Oui, j'ai une photo sur mon téléphone.

Thomas sortit alors son téléphone, et montra une photo à Eléannissandora. Dès qu'elle la vit, ses yeux virèrent au bleu pâle, sa peau devint blanche neige, et ses cheveux blonds platines. Son regard devint étrange, elle pâlissait à vue d'œil, perdant toutes ses couleurs. De longues minutes s'écoulèrent, interminables, silencieuses… Eléa ne faisait que fixer la photo, intensément, très intensément, comme si elle allait la traverser. Et enfin, elle se redressa, reprenant soudainement ses couleurs, avec un grand sourire, elle annonça :

- On a rendez-vous chez tes parents Thomas !

- Mais, on va vraiment quitter le lycée comme ça, et ne pas revenir ? demanda confusément celui-ci.

Tous le regardèrent comme si il n'était qu'un pauvre abruti qui ne comprenait rien à la vie, ce qui ne manqua pas de vexer l'élémentariste.

- T'es bête ? On a une ombrumeuse ici. Tu n'as pas besoin de réfléchir, elle a fait ce qu'il fallait. Maintenant, il faut juste aller chez toi. Répondit Arnaud légèrement agacé.

- Mais… Il y a vraiment que trois ombrumeurs ? reprit Thomas.

- Bien sûr. dit son ami.

- Sottises, le coupa Eléannissandora, Il est totalement logique qu'il y ait plus de trois ombrumeurs. Ils ne sont juste pas révélés au grand jour.

- Mais pourquoi ? demandèrent d'une même voix les garçons.

- Pour plusieurs raisons. De un : Le Mal en a forcément dans ses rangs, mais il ne veut pas les montrer, cela serait trop risqué. Il doit les garder comme un "arme secrète". Et de deux : Imaginez, se révéler être un ombrumeur signifie porter une étiquette, tout le monde vous dévisage, personne n'a confiance en vous ; " M'a-t-elle manipulé ? Effacé mes souvenirs ? Ou m'a-t-elle fait du mal à mon insu ?" Ils ont peur de ce que vous pouvez leurs faire, ainsi, ils risquent de vous surveillez, vous perdrez alors des libertés. Sans compter le Mal qui vous voudra avec lui. Moi-même, j'ai fui, loin, et personne ne sais où je suis, ou si je suis encore en vie, à part le groupe des Interdits que je fréquente.

- Et quel est votre nom ? demanda le frère de Saphir.

- Pardon ? Notre nom ?

- Le nom de votre groupe. précisa Thomas.

- Nous étions Les Reflets Des Souvenirs. C'est chouette, non ? Mieux que le nom du groupe de Saphir. "Les Pierres Légendes" ! C'est tellement nul !

- Moi j'aime bien. marmonna Arnaud.

- Mais pourquoi avoir choisi ces noms ?

- Pour Saphir, c'est parce que les Pierres Légendes sont très importantes dans l'histoire de la magie, je t'expliquerais tout, ne t'inquiète pas, Précisa-t-elle lorsque Thomas ouvrit la bouche pour poser une autre question, Et pour moi, c'est parce qu'il ne faut jamais négliger les souvenirs. La plupart du temps, ils cachent des reflets des plus inquiétants. Ne l'oublie jamais, Thomas, jamais. Bon, on va chez toi, oui ou non ?

- Euh, oui, oui, oui. On y va. s'empressa de répondre le jeune homme.

Sur le chemin, Eléannissandora lui expliqua qu'elle était venue pour lui apprendre à maîtriser son pouvoir, et à en apprendre plus sur son monde, de sorte à ce que lorsqu'il reviendra il n'aura plus besoin de poser des questions. Thomas demanda pourquoi elle et pas Saphir ou un autre élémentariste. Ce à quoi elle répondit qu'ils n'avaient pas d'élémentaristes disponibles, que Saphir était occupée à faire des recherches, et que le pouvoir d'ombrumeur était celui qui se rapprochait le plus de celui des élémentaristes.

Très vite, les trois adolescents se retrouvèrent devant la maison de Thomas ; simple et moderne, une maison comme toutes les autres de la rue.

Dès qu'ils entrèrent, ils furent accueillis par les Mr et Mme Mellier, tous sourire.

- Mon chéri ! Tu es rentré ! Eva t'attend dans le salon. Alors, c'est elle ta petite amie ?

Le garçon sentit son cœur rater un battement, ses poumons arrêter de fonctionner, et son visage s'embraser. Petite-amie ?! Mais qu'est-ce qu'elle avait foutu dans leur tête ?! Et leur accueil trop chaleureux n'était pas naturel ! Le jeune homme ne réussit qu'à articuler avec peine un mot incompréhensible, et attira ses amis dans le couloir.

- Petite amie ?! chuchota-t-il furieusement à Eléa.

- Oui, Saphir m'avait raconté que les humains avaient des petits ou petites amis. Et le truc, c'est que j'adore le concept, je trouve cela trop cool ! Du coup, je me suis dis que je pourrais essayer d'en être une, juste pour le fun !

Arnaud explosa de rire, et lorsque qu'il fut calmé, Thomas répondit sèchement:

- Il n'en ai pas question.

- Mais pourquoi ?

Nouvelle crise de fou rire de la part d'Arnaud qui risquait sans nul doute d'en mourir.

- Parce que je ne veux pas.

- Ça ne répond toujours pas à ma question. Ça te gêne ? Parce que moi non.

L'adolescent tenta de de donner une réponse à la jeune fille mais il fut immédiatement interrompu par Aranud qui se tordait de rire, et essayait tant bien que mal de respirer.

- Bon, t'as fini de te moquer oui ?

Il ne reçut pour toute réponse qu'une nuée de rire, entrecoupée par des "Aïe, j'ai mal au ventre !". Thomas et Eléannissandora durent s'allier pour pouvoir réussir à le calmer. Et ceci mit fin à une discussion des plus gênante.

Lorsqu'ils entrèrent dans le salon, ils découvrirent Eva, assise sur le canapé, se tortillant nerveusement une mèche de cheveux.

- Eva…? commença Thomas.

Elle se tourna vers eux, et eut une expression de surprise quand elle aperçue Eléa, qui fermait la porte avec délicatesse.

- Je crois qu'il faut que l'on parle. reprit-il.

- Je le crois aussi. répondit-elle.

Thomas et Arnaud s'assirent alors à côté de l'enfant, et Eléannissandora, prit place sur un fauteuil en face d'eux.

- Bonjour jeune fille. Je me nomme Elannissandora, je suis la meilleure amie de Saphir.

Eva regarda paniquée, alternativement son frère et le rouquin.

- Ne t'inquiètes pas. Peter, euh, Arnaud, n'est autre que le frère de Saphir, et ton frère est celui qui peut sauver notre monde.

- QUOI ?!!!!

La question était plus un cri suraigu qu'une question.

- C'est une très longue histoire. Je te la raconterai plus tard. Pour l'instant, ce qui me préoccupe le plus c'est de savoir ce que tu sais sur notre monde, et pourquoi Saphir ne m'a jamais parler de toi. Et surtout pourquoi toi ?

- Je ne sais pas si j'ai le droit de le dire…

- Crois moi. Tu peux tout me dire, même si ça n'a pas d'importance. Tu peux me faire confiance. Tu peux nous faire confiance.

- Bon… D'accord. Alors, en fait, depuis mon plus jeune âge, je vois des choses… Avant je croyais qu'il s'agissait de fantômes. Mais maintenant je sais ce que c'est. Je vois les âmes et les auras des gens. – A ces mots, l'ombrumeuse se crispa, et se pencha un peu plus vers Eva. – Et un jour, j'ai vu une fille. Son aura n'était pas normale, elle ressemblait un peu à celle d'Arnaud, et de Thomas, mais elle était différente. Ce qui m'a le plus marqué était le bleu. Un bleu magnifique, un bleu envoûtant, enchanteur, anormal … Je ne voyais plus rien d'autre. J'étais happée par cette traînée bleue qui l'entourait, l'encerclait. Ce n'était pas de la simple brume, mais des flammes, de vraies flammes crépitantes, possédant une conscience. Je les entendais murmurer, souffler, rire. Elles m'appelaient, voulaient que je vienne m'approcher, les toucher… Mais je ne voulais pas. J'avais l'impression qu'elles allaient me brûler toute ma raison et ma conscience, m'engloutir sous terre, ou me noyer dans les abysses. Ce qui me fit revenir à moi fut que quelqu'un attrapa mon bras. La jeune fille venait de sauver mon âme. J'allais donner tout mon inconscient aux flammes, et elle, elle a arrêté mon geste. Et lorsque j'ai levé les yeux vers elle, j'ai vu dans ces iris le même bleu que les flammes, mais cette fois, inoffensif. Je sentais au fond de moi qu'elle n'était pas méchante. Ainsi, quand elle m'a gentiment demandé mon nom, je lui ai donné, ensuite, elle m'a demandé de lui dire ce que j'avais vu, et je lui ai tout raconté. Elle ne m'a pas ri au nez, à la fin de mon récit, elle m'a rassuré en me disant que ce n'était pas grave. Elle m'a donné son nom : Saphir Sérinilia. Saphir m'a raconté qu'elle venait d'un autre monde… Elle m'a tout raconté sur ce monde. Et parce que j'ai vu, elle en a conclu que je n'étais pas… Humaine … Je ne voulais pas le croire ! Ce n'était pas possible ! Mais au fond de moi, une petite voix me disait que j'y croyais. Que c'était la vérité. Que ça expliquait pourquoi je souffrais tant dans ce monde, pourquoi je me sentais différente, pourquoi je sentais un gouffre entre moi et le monde réel, pourquoi je voyais des choses que personne ne voyait… Saphir ne savait pas pourquoi j'étais ici, pourquoi je possédais des pouvoirs. Puis, elle s'est souvenue de quelqu'un. Quelqu'un qui fut comme moi. Elle m'a alors parlé de Fanny Maliburi. Apparemment, cette femme vivait chez les humains, et avait grandi en tant que tel, jusqu'à ce qu'elle rencontre un certain Silence Maliburi, qu'ils étaient tombés amoureux et qu'elle était partie vivre dans son monde. Là-bas, elle avait caché ses origines humaines, mais les avaient répétées à un certain Téraurne, le plus puissant des élémentaristes, qui lui l'avait répété à Saphir. Elle avait alors fait des recherches sur sa famille, et avait découvert qu'elle avait eu une sœur, Violette Mellier, et qu'elle tenait ses pouvoirs d'une arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère, qui avait disparu du monde d'Eliaé pour épouser un humain. Et qu'ainsi, les pouvoirs étaient réapparus chez Fanny. Quand j'ai dit à Saphir que Violette Mellier était ma mère, elle a failli avoir une crise cardiaque. Elle en a déduit que c'était sans doute pour ça que j'avais mon pouvoir. Ensuite, avant qu'elle s'en aille, elle m'a dit qu'il fallait que je reste chez les humains, qu'un jour viendra ou je partirai dans mon vrai monde, que je devais cacher ma différence et que, si un jour quelqu'un me parlait de Silence et Fanny Maliburi, je devais leur dire qu'ils n'avaient jamais existé. J'ai donc fait ce qu'elle m'avait dit, et continuer de souffrir en silence, cachant ma peine sous des allures de peste…Voilà, c'est toute l'histoire, j'ai essayé de faire le plus court possible…

Un long silence suivit les derniers mots prononcés par la jeune sœur de Thomas. Alors, elle était comme lui ? Faisant parti d'un autre monde, mais ressentait sa différence depuis le début… Elle souffrait…?

- Qu'est-ce qui te causait le plus de peine ? murmura Thomas.

Eva attendit un peu avant de répondre :

- Ma famille.

- Ta famille ? demanda son frère.

- Oui. La douleur que vous me causiez me rongeait sans cesse. Je souffrais d'un frère qui ne m'a jamais aimé, et je souffrais de parents qui ne me comprenaient pas, et ne faisaient pas si attention à moi au final… Parce qu'ils ne faisaient jamais attention à ce que je faisais… Ils me donnaient toujours ce que je voulais, sans que j'aie à attendre, ne me grondaient jamais, peu importe ce que je faisais, ça les importait peu de m'éduquer, de se soucier de ce que je pouvais ressentir au fond de moi. J'étais entourée mais terriblement seule… Combien de fois j'ai pleuré quand le soir arrivait, et que j'étais seule dans ma chambre ? Personne ne voyait ce que je voyais, ne vivait ce que je vivais… Je me souviens que lorsque j'étais toute petite, je voulais tout faire comme mon grand frère, une fois, j'avais passé toute l'après-midi à lui faire un beau dessin, mais il l'a à peine regardé, et est monté dans sa chambre sans un regard pour moi. Je me suis toujours demandé ce que je lui avais fait pour qu'il me déteste ainsi… J'ai pleuré, après cet incident, papa et maman m'ont demandé si j'avais mal, si je voulais un médicament. Sauf que personne ne pouvait comprendre où j'avais mal. J'avais mal au cœur, certes, mais ce n'était pas physique, c'était une douleur de tristesse, que personne ne voyait… Mais ça, on s'en fichait pas mal. J'étais tellement bien dans mon esprit que personne n'avait besoin de se soucier de ce que je pouvais ressentir… Jamais… Jamais quelqu'un n'est venu me consoler parce que j'étais triste, jamais on ne m'avait fait de câlin pour me consoler, pour me dire, par exemple, que mon frère avait, peut-être, passé une mauvaise journée et que c'était sans doute pour ça qu'il n'avait pas regardé mon dessin… Sauf que les mauvaises journées étaient chaque jour. Alors je me suis forgée une carapace, une coquille pour que personne ne voit ma douleur… Puisque tout le monde s'en fichait, pourquoi est-ce que je viendrai les embêter avec les fantômes effrayants que je voie, avec ma tristesse, avec ma douleur ? Si mes parents se fichent de mon éducation, cela veut dire que je peux faire ce que je veux. Je suis donc devenue une peste paresseuse, embêtant mon frère pour qu'il ait enfin une bonne raison de me détester, pour qu'il se sente mal, et qu'il puisse vivre un peu de mon quotidien, ou qu'il aille se plaindre à mes parents, pour qu'ils me reprennent… Mais rien… Aucun changement… J'étais juste toujours moi…

Eva s'arrêta. Elle n'arrivait plus à parler tant la tristesse lui nouait la gorge, et les larmes, qu'elle n'avait pu retenir, coulaient le long de ses joues. Eléannissandora s'était déplacée pour prendre dans ses bras la petite fille. Thomas sentit une grande honte en lui, mais aussi de la tristesse… Il n'avait pensé qu'à lui, et avait vu exactement ce que sa sœur voulait lui montrer, mais n'avait pas chercher plus loin. Pourquoi avait-il été jaloux ? Sa sœur avait tant besoin de lui ! Elle allait mal depuis son plus jeune âge, et lui, il n'avait pas arrêté de se plaindre parce qu'il n'avait pas de réponse et qu'il ne comprenait rien. Sombre idiot ! Comment rattraper le temps perdu? Comment se faire pardonner ? Comment payer de n'avoir penser qu'à lui ! Égoïste !

- Eva… Je suis tellement désolé… Je ne savais pas… Je ne voyais rien… Je n'ai été qu'un imbécile ! Comment me faire pardonner ? Tu peux me taper si tu veux.

L'enfant secoua la tête en signe de négation, et Eléannissandora lui souffla que elle, elle pouvait le faire à sa place avec grand plaisir. Ce qui ne manqua pas d'arracher un embryon de sourie à Eva. Elle s'écarta de la petite fille, pour laisser place à Thomas qui se mit à genoux pour être à la hauteur de sa sœur. Il la prit par les épaules, et la serra dans ses bras. Eva ne broncha pas. Il pouvait sentir sa respiration. C'était la première fois qu'il était aussi proche de sa sœur. Lorsqu'enfin il s'écarta, il dit une nouvelle fois qu'il était désolé. Sa jeune sœur lui sourit, et lui répondit que ce n'était plus très grave maintenant, et que ce qu'elle voudrait pardessus tout, c'était qu'on lui explique pourquoi Arnaud est le frère de Saphir, et que Thomas pouvait sauver Eliaé.

- C'est une longue histoire, et moi-même, je ne suis pas sûr de tout voir compris, es-tu sûre de vouloir la connaître ? dit son frère.

- Oui. J'ai tout mon temps.

- Par quoi voudrais-tu commencer ? demanda Eléa.

- Par Arnaud. Il faut que quelqu'un m'explique.

Alors Arnaud raconta. Il parla du pendentif, des yeux bleus de sa sœur, de ses parents qui l'avaient envoyée chez Téraurne, du fait que le Mal ait tué ses parents, et qu'il l'ait capturé. Il dit tout ce qu'il savait. A la fin de son récit, Thomas et Eva dirent d'une même voix :

- Alors c'est pour ça qu'elle a les yeux bleus…

- C'est pour cela, que j'arrivais à avoir des visions lorsque je la regardais dans les yeux ! reprit Thomas. C'était parce qu'elle me donnait de l'énergie…

- Et ça explique les flammes bleus… ajouta Eva.

Un léger silence s'installa. Tous étaient perdus dans leurs pensées. Mais il fut vite interrompu par la plus jeune qui demanda des renseignements sur son frère.

- Alors, comme tu le sais, je ne suis pas ton vrai frère, je suis ton cousin… commença-t-il.

- Mais tu seras toujours mon frère pour moi.

- Et tu seras toujours ma sœur. Mais évite de me couper s'il te plaît… Et donc, Silence et Fanny sont donc mes parents, et c'est de eux que je tiens mes pouvoirs. Mais je ne suis pas un ombrumeur comme eux, non, moi je suis un élémentariste. Et d'après Saphir, je serais capable de sauver son monde, car j'aurai une magie puissante, très puissante. J'ai rencontré Saphir à la rue des acacias, elle y allait tous les jours, et un jour je lui ai parlé…

Et Thomas raconta alors tout ce qu'il avait vécu dans Eliaé, les personnes qu'il avait rencontrées et les visions qu'il avait vues. Et bien sûr, il "oublia" de préciser que si il était allé parler à Saphir, c'était parce qu'il l'aimait.

- D'accord… Mais du coup, pourquoi, si tu es si puissant, ne peux-tu donc pas user de ton pouvoir tout seul ? questionna Eva.

- C'est là que j'interviens ! dit fièrement Eléannissandora. Saphir m'a dit que Arnaud, ou Peter, je ne sais pas, lui avait dit que Thomas voulait revenir. Sauf qu'il ne connaissait rien de ce monde, et qu'il ne savait rien faire avec son pouvoir. Tous les élémentaristes à-même de pouvoir nous aider étaient occupés, et Saphir aussi. Et comme moi je suis une ombrumeuse…

- Tu es une ombrumeuse ?!

- Et oui ! Si c'est pas cool ça ! Donc, je reprends, comme je suis une ombrumeuse, et que mon pouvoir est celui qui se rapproche le plus de celui des élémentaristes, je peux apprendre à Thomas à utiliser son pouvoir. C'est pour cela que je suis là ! Mais je ne m'attendais absolument pas à ce que je découvre que Arnaud est le frère de Saphir, donc Peter, et que toi, Eva, tu possèdes les Yeux de Vérité…

- Les quoi ? demandèrent ensemble le frère et sa sœur.

- Les Yeux de Vérité. C'est comme cela que ton pouvoir s'appelle. Tu peux voir la vérité à travers les âmes, puisqu'elles reflètent exactement ce que la personne est. Et tu peux aussi voir les auras. Je connais quelqu'un qui est comme toi. Qui a le même pouvoir.

- Qui-est-ce ?

- Il s'agit d'un gars qui se nomme Frederic. Il est dans le même groupe d'Interdits que Saphir, je crois qu'il est légèrement plus âgé qu'elle… Je devrais peut-être lui demander si il peut venir pour qu'il t'apprenne à maîtriser ton pouvoir…

- Mais je sais déjà le maîtriser.

- Pardon ?

- Oui. Je peux voir vos âmes si je le veux, ou vos auras, ou les deux. Je peux voir ce que je veux, quand je veux. J'ai plusieurs types de visions. Je pense que si je m’entraîne, je pourrais en tirer de meilleurs résultats, mais je n'ai besoins de personne pour cela. Je me suis toujours débrouillée toute seule. Je ne pense pas avoir besoin d'aide, au contraire, ça risquerait de plus me déconcentrer qu'autre chose…

- Bien. Si tu le dis… Mais tu t’entraîneras quand même avec Peter-Arnaud, il sera ton professeur et t'apprendras des choses sur notre monde. Moi, je serais le professeur de Thomas. Les leçons commenceront demain, chez vous. N'allez pas à l'école, je me charge de tout. Évitez de parler à vos parents. Je dois rentrer à Eliaé pour me renseigner sur les Yeux de Vérité…

- Ne leur dis pas que je suis Peter ! s'écria Arnaud.

- Pourquoi ?

- Je préférerai le leur dire moi-même…

- Bon… D'accord. Je vais m'en aller. Au fait, Peter, tu veux que l'on t'appelle comment ?

-… Arnaud. C'est sans doute mieux… Je ne suis plus vraiment Peter… J'ai changé.

- D'accord, Arnaud. A demain. A partir de 8 heures, sans faute.

Tous la regardèrent lorsqu'elle commença à perdre toute ses couleurs, et fit apparaître un nuage de brume bleu nuit, avec des nuances de violet. Ils ne la quittèrent pas des yeux, même quand elle disparue dans le nuage, et qu'il se dissipa.

- Bon… On fait quoi maintenant…? souffla timidement Eva.

- Je suis bien curieux de savoir ce que tu vois quand tu vois mon âme. dit Arnaud.

- Tu es sûr ?

- Oui, je crois.

- Alors, je vois… Ton âme varie du noir au blanc, et parfois, elle se craquelle légèrement, comme si c'était seulement de la terre sèche… C'est comme des volutes de fumées… Il y a, en sont cœur, un objet… Je n'arrive pas à voire, ni même à interpréter… Je ne comprends pas… C'est sans doute parce que tu n'es pas humain…

- C'est bon. Arrête. coupa Arnaud.

Eva sursauta.

- Tu as dit que tu étais sûr, de vouloir connaître ton âme.

- Oui, mais ça me fait une drôle de sensation… De plus, il est près de midi, et je dois rentrer si je ne veux pas avoir de problèmes…

- Déjà midi ? s'exclama Thomas, surpris.

- Eh, oui. Bon aller, je vous laisse ! A demain !

Et c'est ainsi qu'Arnaud prit congé. Thomas et Eva passèrent le reste de la journée à se questionner sur le monde d'Eliaé, les différents pouvoirs, et essayer d'interpréter ce que pouvait signifier l'âme d'Arnaud. Ils en sont arrivés à la conclusion que si elle allait du noir au blanc, c'était sans doute parce qu'il avait menti durant des années, et le fait que par moment elle se craquelait, voulait peut-être montrer les horreurs qu'il avait vécu chez le Mal…

Il n'empêche, que lorsqu'ils s'endormirent, c'était le cœur plus léger que d'habitude, et avec une hâte immense d'être le lendemain, pour commencer les leçons.

Chapitre 9 :[]

Thomas reçut une violente décharge électrique, qui le fit bondir de son lit. Il distinguait sans peine le rire d'Eva, Arnaud, et Eléannissandora. L'adolescent n'avait réussit à s'endormir qu'à une heure du matin, tant il avait hâte de commencer les leçons. Il avait sans doute dû dormir pendant trop de temps, et ses amis étaient très certainement, venus le réveiller avec un réveil, quelque peu douloureux.

Lorsqu'il se releva, il vit effectivement, les trois jeunes gens, pliés de rire.

- Marrant, hein… bougonna la victime.

- Si j'avais su ce que ça faisait, je l'aurais tout de suite utilisé sur Saphir, quand elle m'énerve ! répondit Eléa, en respirant à grande peine, et en se tenant les côtes, tant la situation lui paraissait hilare.

Eva fut la première à calmer son rire, bientôt suivit de l'ombrumeuse. Seul, persistait le rire éclatant d'Arnaud, qui n'avait put s'arrêter, et essayait tant bien que mal, de trouver un moment de répit pour respirer. Donc il se calmait un peu, puis recommençait à rire, et ce, durant plus de cinq bonnes minutes. Eva dû le faire sortir de la pièce pour le calmer. Quand enfin le calme revint, Thomas put se préparer pendant que ses amis attendaient dans la cuisine.

Lorsqu'il arriva là ou ils se trouvaient, il les entendit se disputés pour savoir quelle leçon ils feraient.

- Il va encore poser des millions de question ! Il faut donc commencer par Eliaé ! disait furieusement Arnaud.

- Sauf qu'il doit connaître son pouvoir et le maîtriser pour sauver notre monde. Un sauveur peut être bête comme ses pieds, ne rien savoir sur son propre monde et pourtant tous nous sauver ! répliquait l'adolescente.

- Moi je suis de l'avis d'Eléa ! précisait Eva.

- Et moi, on s'en fou ? demanda Thomas en faisant un pas dans la cuisine.

Surpris, ses amis se retournèrent vers lui. Ils lui répondirent que le choix lui appartenait, et Thomas décida de commencer par essayer de contrôler son pouvoir. Satisfaite, Eléannissandora l'amena dans la salle de bain.

- Euh… Est-ce que tu peux m'expliquer pourquoi on est ici ?

- Mets le feu. répondit-elle.

- Pardon ?!! Tu te moques de moi ?! cria Thomas qui commençait à comprendre.

- Si on est ici, c'est pour éteindre le feu. Allez, mets le feu.

- Non, mais attends. Tu peux pas me dire comme ça de mettre le feu à ma maison !

- Bah si, puisque je viens de le faire. Allez. Tu peux, le faire, concentre-toi, tu dois visualiser la flamme, la voire, la ressentir, l'entendre crépiter, la créer…

Alors Thomas ferma les yeux pour se concentrer…

- Non ! Ne les ferme pas tes yeux, tu dois voire, et pas imaginer !

- Mais c'est la même chose !

- Pas si il y a toute une armée à tes trousses. Crois-moi, tes yeux deviendront très vite un de tes outils majeurs.

- Et si je deviens aveugle ?

- C'est pour cela que je ne vais pas t'enseigner qu'un seul moyen d'utiliser ton pouvoir. Mais pour l'instant, c'est le plus facile, et tu n'es pas aveugle, donc vas-y, fais-moi brûler cette baraque !

L'élémentariste marmonna un "psychopathe…" et un "pyromane…", et fixa le tapis. Une flamme. Il devait y avoir une flamme, il la voyait, il la sentait, il l'entendait crépiter…

- Non, non, non et non ! répliqua l'ombrumeuse, Tu ne dois pas fermer les yeux ! Tu dois pas imaginer mais voir !

- Mais si tu veux que je puisse voir, il faut que j'imagine, et c'est plus simple en fermant les yeux !

- Mais tu ne dois pas imaginez tu dois voir ! C'est pas bien compliquer quand même !

- Mais tu veux que je vois quoi ?! Il n'y a rien sur ce foutu tapis ! Rien du tout !

- Mais si ! Regarde mieux, ne vois-tu donc rien ?!

Thomas se pencha sur le tapis et plissa les yeux. Il murmura, concentré :

- Et je suis censé voir quoi, au fait ?

- Les particules de magie élémentaire chaude.

- Pardon ? J'ai ouï dire que tu te foutais totalement de moi. répondit Thomas, énervé de ne rien voir.

- Mais non, regarde mieux il y en a partout ! répliqua-t-elle, en le gratifiant au passage, d'un magnifique coup de poing dans l'épaule.

Particules de magie élémentaire chaude ? Mais qu'est ce que ça pouvait bien être ? Ce n'est que quand il commença à fouiller la pièce pour trouver ces fameuses particules, qu'Eléannissandora, exaspérée, lui dit :

- Bon, Thomas, attends. Je vais essayer un truc.

L'adolescent sentit tout d'un coup, une vague de chaleur douce s'immiscer dans son esprit. Et puis une image lui apparue, C'était la même salle de bain, sauf qu'il y avait des milliards de petites particules, de couleurs ou de formes différentes, qui volaient dans tous les sens, se touchant parfois provoquant alors quelles que petites étincelles. La voix d'Eléa le tira de sa rêverie, et le fit revenir dans la même pièce mais sans les particules.

- Ce que tu viens de voir, ce sont les particules de magies élémentaires que je peux contrôler. Donc pour toi, ce ne seront pas les mêmes, mais elles ne seront pas censées être trop différentes. Allez, cette fois tu peux le faire, fais-moi rôtir cette pièce !

Et cette fois, Thomas sus, au fond de lui, ce qu'il fallait faire. Une caverne d'énergie venait de s'ouvrir dans les fins fonds de son âme, et de son corps. Cette énergie, enfin libérée alla se poser, en une fine couche sur ses yeux. Et c'est là qu'il les vit. Des milliards de minuscules particules volaient tout autour de lui. Elles dansaient, volaient, il les comprenait, il interprétait chacun de leur mouvement, il fusionnait avec ces particules. Son esprit et elles ne faisait qu'un.

Du feu… Il devait faire du feu. Mais les quelles pouvaient donner du feu, et comment ? Des petites étincelles rouges flamboyantes passèrent devant lui. Elles dégageaient énormément de chaleur. C'était sans doute elles ! Alors, il se concentra encore plus, le voile de magie devant ses yeux s'intensifia, et seules les petites étincelles lui apparaissaient maintenant. D'un simple geste il en pris une poignée. Et soudain, des flammes jaillirent de son poing fermé.

Il se tourna vers Eléannissandora, avec un grand sourire aux lèvres. Il avait réussi ! La jeune fille sautait littéralement de joie !

- Bravo !!! s'écria-t-elle

- C'est tellement merveilleux comme sensation ! Le mieux, c'est que je ne ressens absolument pas la chaleur ! Je ne me brûle pas !

- C'est génial, hein ? Aller, maintenant , essaye de l'éteindre avec de l'eau.

Thomas se concentra encore une nouvelle fois, et les étincelles laissèrent place à de minuscules gouttelettes, infiniment fines. Il les prit dans sa main valide, et un jet d'eau puissant s'en échappa. Il l'orienta vers la flamme, et dès que les deux éléments rentrèrent en contacte, ceux-ci s'intensifièrent. La flamme grandit, le jet d'eau redoubla de puissance. Un véritable combat s'était créé entre l'eau et le feu. Qui allait gagner ? Personne. Tous s'éteignirent lorsque Thomas joignit ses deux mains, forçant les éléments à fusionner. Ne le voulant absolument pas, ils s'évanouirent dans le néant. Le jeune garçon se tourna vers Eléa, qui, avait la bouche béante tel un poisson.

- Sacre non de bougre bon… bougonna-t-elle, totalement hébétée.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Thomas paniqué par la réaction de son professeur.

- Euh… Les gars ! Les gaaars ! LES GAAAARS !!!! hurla-t-elle vers la porte.

Très vite, on entendit des pas précipités dans l’escalier, et Eva et Arnaud apparurent dans l'encadrement de la porte.

- Qu'est-ce qu'il… commença Arnaud, mais il s'interrompit bien vite face à la scène qui se jouait sous ses yeux.

Les nouveaux arrivants adoptèrent eux-mêmes la même expression de poisson qu'Eléannissandora.

- Qu'est ce qu'il y a ?! Qu'est-ce que j'ai ?! cria Thomas paniqué.

Et puis il regarda ses mains, puis ses jambes, puis ses bras, et il comprit. Toute sa partie droite n'était constitué que de flammes, tandis que la partie gauche n'était qu'un torrent d'eau translucide.

Totalement apeurer, Thomas hurla. Il secoua frénétiquement ses membres mais ne réussit qu'à projeter de l'eau, et des flammes sur le rideau de douche.

- Thomas !!! Fais quelque chose ! Le rideau est en feu ! cria Eva.

- Je voudrait bien, mais je ne sais pas quoi faire ! Eléa ! Tu contrôles toi aussi les éléments ! Tu pourrais l'éteindre !

- Mais je ne contrôle pas les mêmes que toi ! Il n'y a que toi qui peux l'éteindre!

- Mais on est dans une salle de bains, il y a des robinets ! répliqua Arnaud.

- Sauf qu'elle a été coupée, Papa et Maman me l'on dit ce matin, il y a des travaux dans la rue !

- Alors on fait quoi ?! demanda Eléannissandora, cherchant à tout prit un moyen d'éteindre l'incendie, qui se propageait.

La fumée commençait à envahir la pièce, et Eva fut en proie à une quinte de toux atroce.

- Eva ! cria Thomas, Il faut la faire sortir d'ici !

L'enfant pouvait à peine respirer, et étouffait. Seulement, le plafond de la pièce était fait de poutres, et l'une d'elle vint à tomber juste devant la porte, enfermant les quatre jeunes gens.

- Thomas ! Tu dois faire quelque chose ! Et tout de suite ! hurla l'ombrumeuse pour couvrir le bruit des crépitements du brasier.

- Mais je ne sais pas quoi !

- Dépêche-toi ! Tu as la moitié de ton corps qui n'est autre que de l'eau ! Tu peux trouver un moyen !

- Mais je vais me brûler !

- On va tous brûler si tu ne fais rien, alors grouille-toi ! Ta sœur à besoin d'air !

Pression, peur, stress, angoisse… Tous ces sentiments paralysants avaient pris possession du garçon. De l'eau. Il se concentra sur la partie aquatique de son corps…

Le torrent, les vagues, les poissons qui parcourent gaîment la rivière, la pluie, les nuages, les fontaines...

SPLASH ! Thomas venait de se transformer une goutte d'eau géante et avait explosé dans toute la pièce. L'eau arrivait jusqu'aux chevilles des trois spectateurs, paralysés de stupeur. Mais Arnaud se ressaisit vite et commença à essayer de pousser la poutre, bientôt aider par Eléannissandora. Eva, elle, ne pouvait pas faire un mouvement de plus. La fumée n'était pas partie, et continuait de s'engouffrée dans ses poumons trop fragiles. De plus, Thomas n'était toujours pas réapparu, et cela inquiétait tout le monde. Et puis d'un coup, la fumée disparut. Elle fut remplacée par de l'air pur. L'enfant put prendre de grandes gorgées d'air frais. Elle releva la tête et s'écria :

- Thomas ! Il y a Thomas !

Les deux autres adolescents cessèrent tout de suite ce qu'ils faisaient et regardèrent attentivement la pièce, paniqués de n'y voire strictement rien.

- Où tu le vois ton Thomas ? demanda Eléa.

- Mais il est juste ici. répondit la petite fille en pointant le vide du doigt.

- Mais oui… C'est ça… La fumée t'est montée au cerveau… Sérieusement, c'est pas marrant, il s'est transformé en une goutte d'eau, puis a explosé. Je crois même que l'on est en train de lui marcher dessus. dit Eléa, avec un ton légèrement paniqué.

- Thomas ! Montre-toi ! Je te vois ! cria Eva.

- Mais tu vois quoi au juste ? demanda Arnaud.

- Je vois son aura. Elle a légèrement changé. Ce n'est pas la même qu'en temps normal.

- Eléa ? Tu ne peux rien faire ? Si Eva voit son aura, c'est qu'il est là.

- Mais je ne peux pas ! Vous voulez que je fasse quoi ?

- Je ne sais pas . Comment le faire réapparaître ? Il doit être sous la forme d'air, c'est pour ça que la fumée à disparue ! répondit le frère de Saphir.

Il reçut comme réponse une vague de courent d'air qui fit tomber ses lunettes pleines de suie dans l'eau.

- C'est Thomas ! Il a dû te répondre ! s'exclama Eva.

- Il doit être bloqué dans sa forme élémentaire. Il nous faudrait un supplément de magie pour le débloqué puisqu'il ne peut pas encore le faire tout seul. conclut Eléa.

- On pourrait demander à Saphir ? proposa la plus jeune.

- Non, ce serait trop long. Arnaud, tu crois que tu aurais assez de magie ? Moi il faut que j'en garde en réserve pour rentrer à Eliaé.

- Ouais… Je pense que je pourrais le faire… Mais je ne sais pas où il est…

- Mais moi je peux te le dire. répliqua Eva, contente de pouvoir aider.

- Alors où est-ce qu'il est ?

L'enfant scruta la pièce, et finit par pointer une direction de son index.

- Juste là !

Arnaud se concentra, plissa les yeux… De longues minutes s'écoulèrent dans un silence pesant… Puis, Thomas apparu d'un seul coup. Tous se précipitèrent sur l'élémentariste pour voir si il allait bien.

- Bon sang ! Ne t'avise plus jamais de disparaître comme ça ! gronda Eléannissandora, soulagée.

- Pourquoi n’en aurai-je pas le droit ?

- Parce que si tu disparais, tu veux que je devienne la petite amie de qui ?

- Pardon ?!

Eva du crier sa question pour couvrir l'éclat de rire incontrôlable qui s'était échappé de la bouche d'Arnaud.

- Ne cherches pas à comprendre, Eva, Eléa et moi on ne sort pas ensemble, je te rassure.

- Oh que si.

Nouvel éclat de rire d'Arnaud, et la petite sœur de Thomas se surprit à sourire.

- Oh que non.

- Si.

- Non.

- Mais si !

- Tu peux toujours courir !

- Je ne vois pas ce que le fait de courir vient faire dans cette discussion.

Rire étouffer du frère de Saphir.

- C'est une expression, Eléa…

- Vous avez des expressions bizarres vous les humains…bougonna la jeune fille.

Après qu'Arnaud se soit calmé, ce qui ne fut pas une mince affaire, tous les quatre se mirent à soulever la poutre qui bloquait la porte. Un fois que ce fut chose faite, ils contemplèrent l'étendu des dégâts ; Une couche de dix centimètres d'eau recouvrait le sol, toute la salle de bain était cramée, le rideau et le tapis étaient en cendre, une poutre était tombée, et la prise électrique pour le chauffage avait fondu.

- Bon… On fait quoi maintenant…? questionna Arnaud.

- On enlève l'eau avant d'ouvrir la porte ? proposa Thomas, Je pourrais l'enlever avec de la magie…

- Non ! crièrent ses amis d'une seule et même voix.

- Tu as assez fait de magie comme ça. rajouta Eléa.

- Alors comment vous voulez faire ?

- On peut utiliser un récipient, ou un truc comme ça, et on verse l'eau dans la baignoire…? dit Eva.

- Et tu le trouves où ton récipient ? répondit le meilleur ami de Thomas.

- Je ne sais pas… Est-ce que quelqu'un a un récipient sur lui ?

Les adolescents se dévisagèrent, mais restèrent muets.

- Mais Eléa, tu n'avais pas dit que tu pouvais contrôler le mauvais côté des éléments, ce qui veut dire que tu peux contrôler l'eau par exemple ? demanda l'élémentariste.

- Tu veux que je te tue ?

Aucune réponse de la part de Thomas.

- Voilà. Comme ça, ça règle la question. rajouta-t-elle.

- Vous devriez quand même me laisser utiliser ma magie, ce serait bien plus simple !

- Mais bien plus dangereux. précisa l'ombrumeuse.

- Mais enfin ! Vous ne savez même pas ce que j'ai vécu tout à l'heure !

- Et qu'est-ce que tu as vécu, alors ? demanda Arnaud.

- Eh bien… C'est… Indescriptible…

- Voilà… Tant que tu ne pourras pas prouver que ce n'est pas dangereux, nous ne te laisseront pas vider l'eau de cette salle de bain. conclut l'adolescente.

Mais Thomas avait fait son choix. Il allait utiliser sa magie. Ce qu'il avait vécu tout à l'heure était indescriptible, certes, mais restera à jamais gravé dans sa mémoire. Quand il avait fusionné avec l'eau, il était devenu le maître de l'eau. Elle lui obéissait, elle se soumettait à ses moindres désirs. Et quand il croisa la route de l'air, celui-ci le reconnut aussi comme le roi. Thomas abandonna alors son enveloppe d'eau pour prendre celle de l'air. Voyant que sa sœur allait mal, il dicta à ses nouveaux sujets d'enlever la fumée. Mais l'air ne voulait pas le laisser partir et il le retenait fermement. Thomas n'arrivait pas à contrôler assez l'élément pour qu'il puisse lui obéir totalement, et ainsi, lui rendre son corps de vivant. Ce n'est que grâce au supplément de magie donnée par Arnaud que celui-ci put enfin, commander l'air. Et en revenant, il sut. Oui, Thomas sut qu'il était devenu le roi des éléments. Que si il le voulait, il pouvait les commander. Mais il y en avait qui se détestaient, d'autre qui étaient trop têtu pour que Thomas, encore inexpérimenté, puisse les diriger. Pour cela, il devait forcer les éléments à coopérer, à s'entraider pour devenir encore plus puissant.

C'est donc d'un simple geste que Thomas fit disparaître l'eau, coupant tout de suite ses amis dans leur débat.

Tous se précipitèrent à nouveau vers lui, et Eva fut la première à, le toucher. Elle enfonça son index dans le ventre de son frère, et poussa un petit cri de surprise.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?!

- Il est entier et bien en vie !

Ils eurent un soupir de soulagement.

- Pourquoi t'as fait ça ? Je t'ai dit de pas le faire ! rouspéta Eléa.

- C'est dur à expliquer…

- On a tout notre temps.

- C'est bizarre, mais l'eau m'obéit… Je peux la maîtriser, je n'ai même plus besoin de voir les particules. Je sens la présence de l'eau, prête à faire tout ce que je veux… Elle ne désire qu'une chose ; se soumettre. C'est la même chose avec le feu, l'air et la terre. Sauf que le feu déteste l'eau, et est beaucoup plus timide. Il est reclus, et tapi dans l'ombre. L'air, lui, est celui qui défit le plus mon autorité, je n'ai pas encore assez d'expérience pour qu'il me voit comme le "roi", il est capricieux, mais pas méchant. Et la terre, je ne la connais pas encore, mais je sais qu'elle est là. Elle n'ose pas se montrer, elle à peur. Elle hésite à venir me voir, elle a peur de ce que je peux l'obliger à faire, il faut que je gagne sa confiance. Ce ne sont pas de simples éléments, ce sont de véritables êtres, doués d'une conscience, qui pense et ressente des émotions. Ils ont chacun leur propre caractère et leurs propres affinités, pour que tout se passe bien, il faut que je les force à coopérer, à s'aimer, à se compléter…

- Alors là… Je comprends Téraurne quand il dit que tu es vraiment puissant…

- Pourquoi, il dit quoi ? demanda curieusement Eva.

- Il dit que tous les élémentaristes peuvent contrôler les éléments, mais qu'ils ne sont juste pas assez puissants, c'est pour cela que la magie du pendentif peut permettre aux élémentaristes de les contrôler. Mais il m'a toujours dit, que lorsqu'il utilisait cette magie, il voyait des particules. Il a dit que selon lui, l'élémentariste humain pouvait contrôler les éléments tous seul, voir même plus. Je doute qu'il s'attendait, cependant, à cela.

- C'est bien beau tout cela, mais ça ne règle pas notre problème. Non mais sérieusement, vous avez vu l'état de cette salle de bain ? Ce n'est pas en parlant magie que l'on va pouvoir tout arranger. remarqua Arnaud.

Les jeunes gens approuvèrent, et le reste de la journée se passa à nettoyer la salle de bain, et à faire des allés retours entre la maison et le supermarché du coin pour acheter tout ce qu'il fallait remplacer. Comme l'eau était coupée, Thomas dut servir de robinet, chose qui le mettait d'une humeur si merveilleuse, qu'il fit la tête durant toute la journée. A la fin, la pièce était impeccable, si on oubliait la poutre calcinée qui était sur le sol. Mais Eléannissandora régla bien vite ce problème, en modifiant les souvenirs des parents pour qu'ils croient qu'il y avait eu un incendie quelques jours avant.

Lorsque la nuit tomba, Eléa et Arnaud décidèrent qu'il était temps pou eux de rentrer chez eux. Après leur départ, le frère et la sœur, se dirigèrent vers le salon pour parler de tout ce qu'ils avaient vécu dans la journée.

- Alors comme ça mon aura est différente ? commença l’aîné.

- Oui. Et c'est de même pour ton âme.

- A quoi elle ressemble ?

- Et bien… Tes jambes sont comme faites de terre et de pierre, ton ventre est d'un bleu translucide et ondule comme de l'eau, et le reste n'est autre que des flammes ardentes. Tout cela est légèrement secoué par une brise, qui doit signifier l'air. Et au-dessus de ta tête, il y a une couronne. Il est évident que tout ce que tu as dit sur les éléments était vrai, tu es leur roi. Ton âme le montre. Et pour ce qui est de ton aura, c'est beaucoup trop indescriptible, tout ce que je peux dire c'est qu'il y a les quatre éléments.

- J'ai bien envie de m’entraîner avec les éléments… J'aime tellement ressentir leur présence ! Je sais qu'ils sont là ! L'eau m'appelle, elle veut jouer avec moi…

- Mais il n'y a pas d'eau dans cette pièce ! Et de plus, je ne pense pas que ce soit une bonne idée d'inonder le salon, alors que les parents vont revenir du travail très bientôt, et qu'il y a la télé, non loin de toi.

- Mais ne t'inquiète pas, je gère !

- Ou pas…

Sauf que Thomas n'écouta pas sa jeune sœur, et commença à autoriser l'eau, pour qu'elle puisse venir. Il s'amusa à créer des gouttes d'eau sur le bout de chacun de ses doigts, puis transforma sa main en une main d'eau, ce phénomène se propagea sur tout son bras, puis redescendit, puis remonta, et redescendit, tel un yo-yo, et ce, sous le regard agacé d'Eva.

Ce n'est que quand Mr et Mme Mellier arrivèrent, que l'eau disparut pour de bon du bras de Thomas. Le reste de la soirée se passa sans encombre, et Thomas partit se coucher, heureux, de ce qu'il pouvait faire. Il ressentait leur présence, partout, les éléments veillaient sur lui, et restaient présents, si jamais il avait besoin d'eux…

Chapitre 10 :[]

- He ho ! Tu m'écoutes oui, ou non ?

Eléannissandora, venait de dire pour la cinquième fois cette phrase à Thomas, qui répondait toujours de la même manière : Un léger "oui", à peine articuler, et sans grand fondement, en jouant avec de l'eau au bout de ses doigts.

C'était la septième séance d’entraînement qu'il avait eu sur les éléments. Depuis, il pouvait tous les contrôler sans peine, mais le feu et l'eau, refusaient toujours de coopérer, et la terre avait peur de l'air. Il n'y avait rien à faire, on ne pouvait pas les mélanger, et cela inquiétait grandement l'ombrumeuse, qui insistait sur le fait qu'il fallait que tous les éléments s'entendent pour pouvoir avoir une chance de libérer Eliaé. Mais pour Thomas, il n'y avait rien à faire. Si ils ne voulaient pas, c'est qu'ils ne voulaient pas. C'est pour cela, qu'il ne portait pas une grande attention aux discours sur l'importance de ces entraînements, d'Eléa.

- Non. Tu ne m'écoutes pas, et je le sais.

- Mais, si je t'écoute, tu vois, je t'ai répondu, si c'est pas une preuve ça ? répondit l'élémentariste sans quitter les gouttes de ses doigts. Il devait bien avouer, que l'eau était rapidement devenue son élément préféré.

- Alors qu'est-ce que je disais ?

Thomas eut un soupir d'agacement, très vite repéré par son amie qui fronça un peu plus ses sourcils. L'adolescent s'étira. Aujourd'hui, ils étaient dans la chambre de Thomas. Eléa avait supposé que si ils changeaient de pièce peut-être que ça changerait quelque chose.

- Tu as dit qu'il ne fallait pas que j'utilise que l'eau, et qu'il serait mieux que je me concentre sur la terre et l'air, pour qu'ils se fassent confiance car ce sont ceux que j'utilise le moins…

- Faux ! cria fièrement la jeune fille, triomphante, J'ai dit que tu devais perdre cette habitude de jouer avec les éléments…

- Mais, je n'ai pas d'habitude ! contra Thomas.

- Et tu fais quoi, là, avec de l'eau qui tourbillonne dans ta main ? Ça fait des jours que tu fais ça constamment !

- Et alors, je ne vois pas ce qu'il y a de mal…

- Là, c'est sûr, il n'y a aucun problème. Mais quand tu seras dans notre monde, ce sera différent. Imagine qu'un élémentariste du Mal s'introduise dans ta tête et vois que c'est toi car tu es en train de jouer avec des éléments. Et avant que tu n'ait le temps de capter qu'il y avait quelqu'un dans ta tête, tu te retrouves encerclé par une armée d'élémentaristes enragés. Alors, tant que tu es chez les humains, il n'y a aucun problème car ils ne sont pas assez puissants pour pouvoir entrer en communication avec un autre monde. Seul Téraurne a pu le faire. Et ensuite, comme l'on ne fait qu'enchaîner échecs sur échecs avec les éléments, je me suis dit qu'il serait plus profitable de passer ce temps-là à travailler les visions.

- Les visions ?

Elle hocha la tête. Cette fois, elle avait entièrement capté l'attention de Thomas, et l'eau s’évanouit complètement de ses mains.

- En théorie, les élémentaristes ne peuvent voir que à travers les yeux des autres élémentaristes. Cependant, Téraurne pouvait voyager à travers les esprits animaliers, qui étaient plus "simples" que ceux des élémentaristes. Il a donc supposé, que comme tu étais vraiment puissant, tu avais sans doute, la capacité d'avoir des visons dans tous les esprits qui soient.

- Mais, si les esprits des animaux sont plus simples, pourquoi il n'y a que Téraurne, et peut-être moi, qui pouvons y aller ?

- Parce qu'ils ne sont pas constitués de la même manière. Les esprits d'élémentaristes ressemblent à des esprits d'élémentaristes, ils ne sont, toutefois, jamais identiques, ça varie en fonction de la personne, de son vécu, de sa puissance, etc… Ceux des animaux sont constitués d'une certaine manière, qui les rends plus, "simplistes", et comme ce ne sont pas les mêmes que ceux des élémentaristes, ils leurs est presque impossible d'y aller.

- Mais comment je vais faire pour m’entraîner ? Parce que je doute que rentrer dans la tête d'un élémentariste au service du Mal soit une bonne idée…

- Mais évidemment que tu ne vas pas t'amuser à rentrer dans leur tête ! Non. Si la théorie de Téraurne, s'avère juste, tu peux aller dans l'esprit de n'importe qui. C'est pour cela que tu le feras sur les trois personnes qui se trouvent dans cette maison.

- Comment je vais pouvoir le faire ?

Eléa se tut et afficha une moue concentrée. D'un geste rêveur, elle tapota le bout de son nez de son index. Les deux adolescents passèrent au moins dix bonnes minutes à se questionner. Ce n'est que quand ils épuisèrent toutes les hypothèses rationnelles et irrationnelles que la jeune fille déclara :

- Je pense que tu vas devoir le faire d'instinct. Moi-même, j'ai dû le faire toute seule, mais ça, c'était parce que je ne n'avais pas le choix. Silence et Fanny ont disparu avant de pouvoir me l'apprendre… De plus, c'est là que nos pouvoirs se séparent, certes nous pouvons tous deux pénétré l'esprit des autres, mais tout le reste sera différent.

- Qu'est-ce que tu vois, toi, quand tu es dans l'esprit des gens ? la coupa Thomas.

- Ce que je vois ? répéta-t-elle, Je vois différentes choses. Par exemple, si je vais dans les souvenir, je ne percevrais ni les couleurs, ni les ressentis, et encore moins la temporalité, je ne peux voir que des choses bougées, et entendre des sons, et encore, je ne peux entendre que de vague bruits, les voix sont déformées, et les images floues, je ne peux qu'essayer d'interpréter et de comprendre, c'est pour cela que manier les souvenirs est très compliqué, d'ailleurs je n'aime pas le faire, car je peux facilement me tromper.

- Ça ne doit pas être marrant…

Thomas s'imagina pendant l'espace d'un instant ce que ça devait faire si il était comme Eléa. Comme ça devait être frustrant de ne pas pouvoir comprendre correctement les souvenirs ! Mais le pouvoir d'ombrumeur était tellement incroyable que cela compensait certainement. Le pouvoir d'Eva était bien aussi. Mais même si, tout le monde avait bau lui raconté qu'il était extrêmement puissant et qu'il pouvait sauver le monde d'Eliaé, Thomas avait l'impression d'avoir un pouvoir trop… Banal… Certes, il pouvait contrôler les éléments, mais théoriquement, tous les élémentaristes peuvent le faire, non ? Le jeune garçon sentit un courant d'air le consoler, un crépitement réchauffé son cœur, de la pierre faire une légère pression pour lui montrer qu'elle était là, et l'eau… L'eau l'enveloppait doucement forment un doux cocon aquatique, réconfortant. Oui, il avait les éléments avec lui, et jamais ce ne sera pareil pour tous les autres élémentaristes, il était le seul à vraiment comprendre ces forces naturelles.

- Tu fous quoi, encore ?

Eléannissandora le fixait en froncent les sourcils.

- Est-ce que tu peux m'expliquer pourquoi tu es entouré d'eau ? Je croyais que on allait travailler les visions ? reprit-elle.

- Mais ce n'est pas ma faute ! tenta d'expliquer Thomas.

- Ah, oui ? Et c'est la faute à qui, alors ?

- Bah, c'est l'eau, elle est venue toute seule vers moi.

La jeune fille leva les yeux au ciel.

- Eh bien, on aura tout vu… Bon, tu veux apprendre à avoir des visions tout seul ou tu comptes être dépendant de Saphir ?

Thomas ne prit pas la peine de répondre. Si être dépendant à Saphir signifiait plonger constamment son regard dans ses merveilleux yeux bleus et se dire une nouvelle fois combien ils étaient beaux, alors oui, il voulait être dépendant de Saphir. Mais bon, ce serait quand même plus simple, si il savait le faire tout seul. Alors il ferma les yeux…

Dans quel esprit pourrait-il aller ? Arnaud ? Eva ? Eléannissandora ? L'élémentariste se dit qu'il préférerait aller dans l'esprit d'Eva, juste pour savoir ce qu'elle faisait et voir ce qu'elle voyait constamment. Il sentit sa conscience partir de son propre corps à la recherche d'un esprit. Il ne voyait rien, que du noir sans fin. Il déambula dans ce néant pendant vingt minutes au moins, puis enfin, il trouva une silhouette blanche. Tout de suite, il se mit à courir, si il était possible de courir dans un tel lieu, jusqu'à la silhouette, et lorsqu'enfin il l'atteignit, il se sentit basculer dans un autre esprit…

Il marchait, d'un pas assuré, le long d'un couloir sombre et inquiétant. Sur les épais murs de pierre, dépourvus de fenêtre, était accrochée une bannière rouge, où au centre, se dessinait deux épées plongées dans du feu d'où s'échappait une fumée qui prenait la forme d'un crâne humain.

Mais il se stoppa net. Il venait de sentir comme un courant d'eau glacée parcourir son esprit. Il ne comprit pas tout de suite, puis, un sourire se dessina peu à peu sur son visage, et il se hâta d'entrer dans la salle la plus proche. C'était une chambre des plus banale, avec un lit, un fauteuil, une commode, une table de chevet et un miroir.

Il s'assit dans le fauteuil et dit:

- Bonjour petit élémentariste. Tu te souviens de moi ? Je suis celui qui naviguait sur le fleuve, l'autre jour. Avant que tu ne poses mille et une questions, j'ai tout de suite sus que tu étais dans mon esprit, mais comme j'avais des choses à faire, je n'ai pas pris le temps de te chasser ou de te faire la conversation. Mais au moins, tu as pu profiter du paysage. N'était-il pas magnifique ? Enfin bref, je trouve sincèrement dommage le fait que tu ne puisses pas faire en sorte de ne pas te faire repérer, parce que je vais te dire un truc, la sensation d'eau glacée qui parcours tout ton corps n'est pas des plus agréables. Je suppose que tu dois te demander qui je suis ? Je pense que je me poserais les mêmes questions à ta place, mais comme je ne sais pas qui tu es, du moins ton nom, et bien je ne te dirais pas qui je suis. Cependant, je vais me montrer clément, et je vais te faire voir mon visage.

Alors, il se dirigea vers le miroir et…

Et Thomas reçut une énorme gifle cuisante sur la joue, puis se sentit basculer à nouveau.

Devant lui, il y avait une Eléannissandora échevelée, folle d'inquiétude, et prête à lui redonner une gifle digne de ce nom. Mais il y avait aussi Arnaud et Eva.

- Eléa ! Arrête ! Il est revenu ! s'écria la plus jeune.

- Un quart d'heure qu'elle te fout des baffes, mon vieux, un quart d'heure. dit bêtement Arnaud.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda faiblement Thomas, qui, lentement, revenait complètement à lui.

- Et bien, pour commencer, tu as fermé les yeux, puis tu les as ouverts, ton regard était vitreux et absent, j'ai donc supposé que tu avais réussi, et comme je n'avait rien sentit, j'ai donc supposé que tu était allé soit en Eva, soit en Arnaud. Mais quand ils sont venus pour voir comment ça se passait, et que tu n'as absolument pas réagit, je me suis dis qu'il y avait un problème, parce que si tu t'étais vu, tu aurais tout de suite fait quelque chose. J'ai donc compris que tu étais dans l'esprit d'un autre élémentariste, un élémentariste d'Eliaé. Alors je me suis mise à paniquée, et j'ai commencé à te donner des gifles. expliqua Eléa.

Un lourd silence s'installa. Tous attendaient que Thomas raconte ce qu'il avait vu. Mais tout ce qu'il voulait, lui, c'était de pouvoir respirer et de se repencher, au calme, sur ce qu'il avait vu. Cependant, cela ne devait pas être ce que pensaient ses amis car ils le regardaient toujours intensément, avec insistance.

- J'ai besoin de prendre l'air… grommela l'adolescent.

Personne ne broncha, et tous le regardèrent partir de la chambre dans un silence de mort. Lorsqu'il ferma la porte derrière lui, il entendit des chuchotements s'élevés de la pièce. Sans doute étaient-ils entrain de créer des milliers de théories sur ce qu'avait pu voir Thomas. Celui-ci descendit les escaliers et se dirigea vers la porte de derrière qui menait au jardin.

Le jardin en question, n'était pas bien grand. Il était composé de pelouse, avec un petit coin réservé aux multiples fleurs de Mme Mellier, qui, soit dit en passant, en tirait une grande fierté. Il y avait aussi un vieux chêne, qui trônait au milieu du jardin. Lorsque Thomas voulait se réfugier dans un coin rien qu'à lui, il montait dans cet arbre, et pouvait y rester des heures entières. C'est donc sans difficulté, que le jeune garçon se hissa sur une branche, assez haute, et assez solide, pour que tranquillité et sécurité soit assuré.

Eléannissandora avait sortit Thomas de sa vision, juste avant qu'il n'ait pu voir le visage de l'homme. Chose qui était très frustrante. Thomas essaya d’imaginé, moult visages, mais ne put en trouver aucun qui correspondait à ce qu'il avait entendu, et vu. Mais le plus étrange, était sans nul doute, le fait que Thomas n'ai ressentit aucune émotion. Rien du tout. Aucune pensée, aucun ressentit. Il n'était que spectateur depuis les yeux de "l'acteur". Ce qui, d'après ce que lui avait raconté Eléa, n'était pas normal, puisqu'il aurait dû capter tout cela. Mais pourquoi, était-il allé dans l'esprit de cet élémentariste en particulier et pas un autre ? De plus, l'homme en question avait parfaitement conscience du fait qu'il fut en lui. Mais si Thomas n'arrivait pas à masquer son passage, pouvait-il remarqué la présence d'un autre ? Peut-être que depuis le début, quelqu'un connaissait toutes ses pensées ? Peut-être que quelqu'un savait précisément qui il était et où il se trouvait ! Thomas frémit, et regarda, suspicieusement tout autour de lui. Maintenant qu'il avait émit l'hypothèse que quelqu'un pouvait être en lui, il se sentait comme épié.

- Il… Il y a quelqu'un…? demanda, Thomas en tremblant. Était-ce son imagination, ou il y avait vraiment un murmure qui lui avait répondu ? Thomas devenait de plus en plus incertain, et sentait la paranoïa montée en lui. Il se hâta de rentrer dans la maison, là où il y avait tous ses amis. Mais cependant, il sentit en lui, une boule de peur et d'inquiétude se créer.

- Est-ce que tu peux nous dire enfin ce qu'il s'est passé ? demanda curieusement Eléannissandora, lorsque l'adolescent revint dans la chambre.

- Ça va Thomas ? Tu es tout pâle. dit Eva, inquiète pour son frère.

- Oui, oui… ça va… répondit Thomas en se forçant à sourire. Sauf que non. Ça n'allait pas. Si il y avait quelqu'un dans sa tête, il risquait de connaître tout ses amis et leurs secrets. Il ne savait pas pourquoi, mais il ne voulait pas le dire. Il ne voulait pas que tout le monde se dise qu'il pouvait être dangereux. Et si tout le monde décidait de l'envoyer à Eliaé et de couper tous les ponts avec lui ? Il ne voulait pas se retrouver tout seul. Et si on le forçait à faire du mal aux gens et aux éléments ? Il ne voulait pas non plus que tout le monde le regarde de travers. Il ne voulait pas aussi les inquiétés…

- Bon, Thomas, si tu ne nous dis pas ce qu'il s'est passé, je te préviens, je vais dans ta tête, et je regarde tous tes souvenirs !

- Hein ?! Quoi ?!

- Ça fait plus de cinq minutes que je te pose des questions, et que tu m'ignore complètement ! Je passe donc à la menace ! déclara Eléa.

- Désolé, j'étais perdu dans mes pensées…

- Ça, je pense que nous l'avons tous vu. Mais ce que nous voudrions savoir, c'est ce que tu as vu, et si tout va bien.

Le jeune garçon regarda alternativement ses compagnons, et put sentir leur regard le traversé de toute part. Thomas n’osait pas interrompre le silence gênant qui s’était installer dans la pièce. Mais il le devait. Alors il prit une grande inspiration, et raconta tout, en épargnant, bien sûr, ses doutes, du récit.

Le silence fut la seule réponse qu’il reçut. Et comme il s’y attendait, Eléa finit par déclarer :

- Je dois aller le dire à Saphir…

Oui, mais pourquoi faire ? Pourquoi aller le dire à Saphir, alors qu’elle ne pouvait rien y faire ? Qu’est-ce qu’elle pouvait savoir de plus qu’Eléannissandora sur tout cela ? De plus, jamais Eléa lui avait rapporter la réponse de Saphir sur tout cela. On parlait toujours de Saphir, mais jamais on ne savait ce qu’elle pensait de la situation. C’était comme pour Téraurne, on en parle, ils sont là, mais ils sont aussi absents que du feu dans de l’eau.

- Et qu’est-ce qu’elle va te dire ? demanda froidement Thomas. Tu vas à chaque fin de journée la voir pour tout lui rapporter, et tu ne nous dis jamais ce qu’elle t’a répondu. Elle doit bien penser quelque chose de tout ce que tu lui raconte !

- Mais je… commença l’ombrumeuse, intimidée par la colère qui commençait à croître en Thomas.

- Il n’y a pas de « mais » ! Je veux savoir ce qu’elle dit !

- Calme toi, Thomas… lui souffla doucement sa jeune sœur. - Mais je n’ai pas besoin de me calmer ! Je suis totalement calme ! Il se tourna vers son meilleur ami, pour trouver du soutien, bien qu’il savait pertinemment qu’il était en colère, mais celui-ci ne put que lui répondre.

- Je ne sais pas si les gens calmes ont du feu sur tout leur corps…

- Pardon ?!

L’élémentariste se regarda, et sans grand étonnement, il vit le feu parcourir toute son enveloppe corporelle. D’un geste las, il secoua son bras, et le feu s’évanouit. Puis, il reposa ses yeux sur Eléannissandora, qui ressemblait plus à une petite souris apeurée, qu’à une ombrumeuse sûre d’elle.

- Alors, qu’est-ce qu’elle dit ?

- Euh… Tu sais, Saphir, est vraiment fatiguée… Elle travail beaucoup, et ne se repose presque pas…

- Et qu’est ce qu’elle fait de si « épuisant » ?

- Elle… Elle...Elle cherche la trace d’un potentiel autre pendentif, elle a constamment le nez dans une vieux livre, même la nuit, et elle ne mange presque plus. Si tu la voyais, tu aurais peur. Même Frédéric s’inquiète, et Colette envisage de l’attachée à une chaise, pour la faire manger.

- C’est qui Colette ? demanda Eva, sans ressentir de la gêne pour avoir coupé Eléa dans son récit.

- Colette c’est une Bétariurne. répondit la meilleure amie de Saphir, et devant les regards confus de Thomas et Eva, elle rajouta, les Bétariurne sont des créatures d’une bonté extraordinaire, elles sont courageuses, proches de la nature, gentilles, généreuses, elles font de la cuisine divinement bonne, et pleins d’autres qualités, que nous, les Mondritatons nous n’avons pas -Le frère et la sœur échangèrent un regard d’incompréhension-. Enfin bref, tout cela pour dire que Colette est une Bétariurne qui fait partie de mon groupe d’Interdits. Son mari a été tué par un soldat du Mal, car il ne voulait pas donner de l’argent en plus pour les impôts. Elle s’est enfuie en étant enceinte de 2 mois, et nous, nous l’avons trouvés faible dans les plaines des Rélimanères, alors nous l’avons recueillie.

- Les Mondritatons sont les équivalents des Humains ? Questionna la plus jeune lorsqu’Eléa eût finit.

- Oui. C’est du vieux Eliaéein. « Mondri », la terre, le monde, « Taton », explorer. Explorer le monde.

- Et quelle est l’étymologie de Bétariurne ?

- « Bétari » l’être vivant et « urne », qualités, l’être vivant aux qualités.

- Mais c’est super intéressant ! Je veux que tu m’apprenne ça Arnaud ! s’exclama Eva.

- Tu vas devoir t’en passer, car je n’y connais rien. répliqua celui-ci.

L’enfant afficha une moue boudeuse,et croisa les bras en signe de mécontentement.

- C’est vrai que c’est intéressant, commença Eléa, On devrait arrêter un peu la magie, Thomas, et se concentrer sur ta culture. L’intéressé bougonna quelque chose comme «Tyran, honte de faire travailler des gens quand il ne vont pas à l’école, imbécile d’ombrumeuse qui veut m’empêcher d’utiliser les éléments. ». Mais quand « l’imbécile d’ombrumeuse » lui demanda de répété, il répondit pas une « oui! », faussement enjoué.

- Qu’est ce qu’il y a ? Tu ne veux pas connaître ton monde ? demanda-t-elle, relativement agacée.

- Si, mais, pas tout de suite… J’aime bien faire de la magie ! Tu ne sais pas ce que sais que de fusionner avec les éléments ! C’est un sentiment si, indescriptible, si merveilleux, si libre ! Personne ne peut le décrire. C’est cette puissance, que l’on sent coulée dans ses veines, c’est cette puissance qui nous montre que l’on est enfin quelqu’un, c’est elle qui me donne ce pouvoir, cette liberté… !

Eléannissandora eut un regard peiné, et finit par dire :

- C’est bien ça qui me fait peur…

Peur ? Peur de quoi ? Thomas était plus que déboussolé, et voulait savoir ce que ça signifiait, mais il ne put pas lui demander où est-ce qu’elle voulait en venir, car avant qu’il n’ait ouvert la bouche, elle avait déjà disparu dans un nuage de brume.

Dépité, le jeune garçon murmura qu’il voulait être tout seul, et ne pipa mot, quand Arnaud et Eva sortirent de sa chambre, dans un silence de mort. Peur… Comment Eléa pouvait-elle avoir peur ? N’avait-elle donc pas confiance en lui ? Ne devait-elle pas plutôt se réjouir qu’il soit le roi des éléments, qu’il ait toute cette puissance au bout de ses doigts, et dans tout son corps ? Ne devait-elle pas être fière que son élève soit aussi fort ? Ne devrait-elle pas être tout simplement heureuse pour lui, heureuse qu’il se sente si bien avec les éléments, heureuse qu’il soit heureux ? Pourquoi avait-elle peur ? Il avait vu Star Wars et lu Harry Potter, il le savait que la soif de pouvoir n’était pas une bonne chose et amenait dans le côté sombre. Mais il n’avait pas de soif de pouvoir… Et quand bien même il en avait, il saurait la contrôlée, il n’était pas né de la dernière pluie. De plus, il était gentil dans l’histoire, celui qui doit sauvé Eliaé, cela n’aurai aucun sens qu’il devienne méchant et aille avec le Mal ! Et être contre Saphir...Euh, plutôt Saphir, Eléa, Arnaud, Eva, et tout les autres, serait trop dur.

Thomas repensa aussi à la vision. L’impression d’être sans cesse épié ne l’avait pas quitter, et ça, ça le rendait malade. Y avait-il quelqu’un dans sa tête, à entendre toutes ses pensées et voir tout ce qu’il faisait ?

- Non ! Non ! Il n’y a personne ! Personne ! Il n’y a personne dans ma tête !!!

Le jeune garçon secoua violemment la tête,et finit par la prendre entre ses mains dans un geste de désespoir. Peut-être n’y avait-il pas qu’une personne ? Peut-être étaient-elles plusieurs ? Mais depuis combien de temps ? Et si il était épié depuis sa naissance ?!

Il ne voulait pas le montrer que quelque chose n’allait pas. Ne rien montrer, et être comme tout les jours. Voilà ce qu’il devait faire. Mais pendant combien de temps ? Et si quelqu’un le découvrait, que ce passerait-il ?

Ce soir, il ne vint pas dîner. Il resta dans sa chambre, et finit par s’endormir, épuisé, et rongé par l’inquiétude.

Chapitre 11 :[]

Ses pas raisonnaient dans l’épais couloir qu’il arpentait. Murs épais, en pierre. Voilà ce qui l’entourait. Parfois, il y avait de grandes portes massives en chêne, qui étaient sans cesse fermées, mais jamais de fenêtre. Sur les murs, des drapeaux couleurs sang affichaient bravement leurs motif qui n’étaient autre que deux épées plongées dans du feu, d’où s’échappait de la fumée qui prenait la forme inquiétante, d’un crâne humain.

L’homme n’y prêta pas un grande attention, il avait l’habitude de les voir, et d’arpenter ces couloirs. Il repensa à ce qu’il s’était passé dans la journée… Cet élémentariste était encore dans le monde des humains. Cela ne posera, sans doute, pas de très gros problèmes. Le plus compliqué à gérer sera ses alliés… Une petite fille possédant les Yeux de Vérité, avec un pouvoir d’une très grande puissance ; un rouquin qui n’est autre que le frère de la princesse. Un ennemi pour le trône, donc un ennemi du Mal… Une ombrumeuse formée par Silence et Fanny qui, elle aussi, a une puissance hors du commun ; Téraurne, mais lui, il est incapable de faire quoi que ce soit ; un autre qui a aussi les Yeux de Vérité, mais qui lui, est bien inférieur à la gamine, et bien évidemment, Saphir. Saphir, et ses yeux… L’homme ne put retenir un gloussement moqueur. Alors comme ça elle cherchait un autre pendentif ? N’en avait-elle pas marre de ces objets qui lui apportaient tant de malheur, comme elle se plaisait à le dire ?

Au moins, si elle le trouvait, toutes les années à être dans la tête de ce petit élémentariste, comment se nommait-il déjà ? Tom ? Tommy ? Thomas ? Oui, c’était Thomas ! Donc toutes ses années passées à être dans l’esprit de Thomas porteront enfin leur fruits ! Le seul obstacle, c’est qu’il commence déjà à se poser des questions sur une potentielle présence, et si il en parle, ça risque de compliquer, sérieusement la tâche. Le mieux serait qu’il se renferme dans ses doutes…

Au bout de quelques minutes, l’inconnu put enfin apercevoir la fin de ce long couloir. Une gigantesque porte de bois verni se dressait face à lui. Peu intimidé par cet obstacle, l’homme ne prit pas la peine de toquer, et entra.

C’était une immense salle, au parquet ciré, presque vide, et impeccablement propre. Aucun signe de vie et de poussière, ou d’un quelconque organisme à-même se signifié la saleté. Le plafond était vraiment haut, l’homme ne s’attarda pas trop sur ce détail, car ça lui donnait le vertige. Au fond, un grand escalier de marbre se dédoublait en deux parties différentes. Il était recouvert d’un étrange tapis… Il était rouge bordeaux, presque noir, en fait, et on avait l’impression qu’il y avait quelque chose de vivant en dessous… Étrange, très étrange… Et effrayant, très effrayant…

Les murs étaient en pierre noires. Noires tel un corbeau, noires tel l’ombre, noires tel la mort… De minuscules vitraux en forme d’arc brisé, tout aussi noir que les pierres, laissait passer une faible lueur, on aurait eut beaucoup de mal à voir, si il n’y avait pas ce grand lustre d’or et de cristal suspendu au plafond. Cette œuvre d’art diffusait un brillant éclat, qui donnait un léger côté doré au parquet, il était tellement majestueux qu’il en aurait fait pâlir Louis XIV de jalousie.

Au fond de la salle, les deux coins avaient été remplacés par des arrondis vers l’extérieur. Ils n’étaient pas d’écorés, mais bien différents de la pièce, ils étaient sombre, comme si la lumière ne pouvait y pénétrer.

Sans un seul regard pour le tapis vivant, l’homme se dirigea vers l’arrondit gauche, d’un pas déterminé. Il regarda attentivement les pierres. Fichtre ! Il oubliait toujours où est-ce qu’il fallait appuyé ! En même temps, quelle idée de changé constamment le code pour entrer ! Après avoir passer plusieurs minutes a tâtonné le mur sans grand résultat, il se souvint qu’il fallait déposer des gouttes de son sang sur le sol. Personne ne pouvait donc faire les choses simplement dans cette maison ?! Comme si il avait que ça à faire ! Pourtant, et malgré son agacement, il prit quand-même son poignard, situé aux côtés de son épée, et enfonça légèrement la pointe dans son index. Il fallait faire attention, il était tellement bien affûté qu’avec un seul mouvement brusque, il pouvait tranché son doigt ; chose qui serait fort regrettable, ne nous le cachons pas. Très vite, de petites gouttes écarlates perlèrent et tombèrent sur le sol immaculé.

Tout en essuyant son doigt sur sa cape rouge sang, l’homme s’écarta. Un étroit escalier en colimaçon venait de monté du sol, et de traversé le plafond, dans un bruit infernale de vieux rouages. L’homme attendit qu’un CLAC sonore retentisse, pour enfin, se décider à monter.

Se concentrer sur son objectif, et ne pas le quitter des yeux. Voilà ce qu’il pensait tout en gravissant les marches une à une. Ne pas se rendre compte que l’on tourne constamment et ne pas regarder en bas. Même si il s’exécutait à suivre ces instructions au doigt et à l’œil, il ne pouvait s’empêcher d’être gagner par un sentiment nauséeux, et vertigineux, simplement parce qu’il souffrait du vertige et du mal des transports, et pour ne rien arranger à son malaise, le fameux escalier (qui semblait constamment s’allonger tant il menait haut, soit dit en passant) était entièrement dépourvu de rambarde.

L’homme retint un grelottement de frayeur. Bientôt, bientôt il atteindra le bout de cet escalier infernal. Pourtant ce n’était pas la première fois qu’il l’empruntait, non, loin de là, et ce ne sera certainement pas la dernière. Mais pourtant, aujourd’hui, il y avait quelque chose, quelque chose qui le rendait plus terrible, plus effrayant. Il ne savait pas quoi, mais quelque chose avait changé, et ça, ce n’était vraiment pas une bonne nouvelle…

Thomas se réveilla en sursaut. Son pyjamas lui collait au dos tant il avait transpirer. Parcourut de frissons, il mit un certain temps à s’habituer à l’obscurité qui engloutissait sa chambre. Une fois que se fut chose faite, il inspecta du regard toute la pièce. Il n’y avait personne… Ou alors… Il ne voyait personne…

Un rêve… Ce n’était qu’un rêve… Le jeune garçon n’aurait su dire pourquoi il en avait tant eut peur. Ce...N’était...Qu’un...Rêve… Et pourtant… Ce n’était pas un simple rêve. Il semblait réel. Bien trop réel… Thomas avait l’esprit embrumé, il n’arrivait à se concentrer. Était-ce à cause de son réveil brutal, ou… Était-ce parce que quelqu’un était dans son esprit ?

Il n’était pas témoin de la scène, il était l’homme. Ce même homme, qui n’était autre que celui de sa première vision, tout comme la dernière. Ce même homme qui se disait élémentariste. Thomas était-il allé dans cet esprit inconsciemment durant son sommeil ? Ce n’était certainement pas un hasard si c’était encore et toujours ce même être. L’élémentariste avait dit qu’il était dans l’esprit de Thomas depuis des années. Le jeune garçon avait donc vu juste ; il y avait bien quelqu’un. Le partisan du Mal redoutait que Thomas en parle. Soit, si il fallait le crier sur les toits pour lui mettre des bâtons dans les roues, il le fera. Mais pour cela il fallait attendre, attendre que le jour se lève, attendre que ses parents partent travailler et attendre qu’Eléannissandora et Arnaud arrivent. Quelle heure était-il ? L’adolescent regarda son réveil qui affichait en lettres lumineuses, trois heures et quarante-deux minutes.

Trop fatigué pour continuer à réfléchir, ou à se dire qu’il y avait peut-être quelqu’un qui épiait en ce moment ses pensées, Thomas se rendormit. Il ne rêva pas d’élémentariste. Non, il rêva qu’Eléa disait qu’elle était la petite amie de toute la Terre, et qu’elle décrivait l’étymologie de « petite amie », en disant que ça signifiait « C’est celui qui dit qui l’est. », que Arnaud ne s’arrêtait pas de rire, et que à chaque fois qu’il se calmait puis repartait dans de grands éclats il changeait de couleur. Et à côté de cette scène déjà loufoque, Thomas voyait sa sœur entrain de faire le poirier sur une main, et de parler avec l’âme d’une plante.

- Oh ! Thomas c’est pas le moment de dormir ! Il y a Saphir !

- Hein...Quoi… ? Eva...Laisse moi dormir y a pas école…

Thomas grommela… Il ne voulait pas se lever ! Il était si bien dans son lit avec ses couvertures ! Et puis Eva pouvait attendre, tout comme Eléa, Arnaud et…

- Saphir ?!

L’élémentariste se leva d’un bond, et aperçut sa jeune sœur lever les yeux au ciel.

- Eh bien...J’ai cru qu’on y passerait la journée… Et pour ta gouverne, oui, il y a Saphir. C’est bien toi qui voulait des réponses non ?

- Oui mais… Attend ! Il est quelle heure ?!

- Il est huit heures et dix-sept minutes. Tu crois que c’est pourquoi que je viens te réveiller ?

- Et les autres sont où ?

- En bas, dans le salon. Pourquoi ?

Thomas ne prit pas le temps de répondre, et poussa rapidement sa petite sœur or de sa chambre. Il s’habilla en vitesse prenant des habits au hasard dans son armoire, et couru dans la salle de bain pour faire sa toilette. Et en même pas trois minutes, il était prêt et descendait les escaliers, en ayant le cœur au bord de la crise, tant il appréhendait le moment de revoir Saphir.

Plus que trois marches… Déjà les voix de ses confrères lui paraissaient. Il entra dans le salon. Arnaud, Eléannissandora et Eva étaient sur le canapé, alors que Saphir était dans le fauteuil.

Dès qu’il la vu, le jeune garçon fut à nouveau frappé par sa beauté. Elle était belle. Bien trop, belle… Elle était plus maigre, et ses cheveux étaient plus gras que la dernière fois. Des énormes cernes soulignaient, aussi, ses yeux. Eux, ils avaient gardé leurs vivacités, leurs bleu, si enchanteur, si magnifique, si anormal…

Thomas regarda Arnaud, il semblait mal à l’aise, et Eléa lui lançait de temps en temps des regards furieux. Il n’avait pas dit qui il était.

A peine avait-il fait un pas dans la pièce, que le bleu de des yeux de Saphir forma comme une nuage, une brume de magie et d’énergie qui entra en Thomas. Une douce sensation de chaleur, de liberté et de puissance s’empara de lui. Une vague de potentiel le parcouru, les éléments semblaient eux aussi réagir à cette brume. Ils étaient plus présents, plus soumis, plus forts…

Le vent se mit à souffler, fort, très fort, bien trop, fort. Il emporta les lunettes d’Arnaud, et fit s’envoler la pile de magasines posés sur la petite table basse.

Tous ses amis durent s’accrocher à ce qu’ils pouvaient et se tournèrent vers Thomas, qui, lui, ne bougeait pas le moins du monde. A travers le cris furieux du vent Eva put lui hurler :

- Thomas ! Dis-lui de se calmer tout de suite, ou sinon je vais m’envoler !

Alors Thomas s’exécuta. D’un seul geste, si simple, il indiqua à l’air de se faire plus discret. Et tout s’arrêta. Plus un souffle, plus un seul courant d’air. Plus rien…

Durant toute la procédure, Saphir ne l’avait pas quitté des yeux, et elle souriait. Thomas avait fait d’énormes progrès, il avait enfin affirmé son pouvoir, et en était le pur maître ! Ce que racontait Eléa était loin d’égalé ce qu’elle venait de voir, même si, Saphir avait conscience que ce pouvoir avait été augmenté grâce à la magie du pendentif. Il était enfin prêt, au niveau des éléments. Mais pour les visions, Saphir n’avait pas trop compris ce que sa meilleure amie avait essayé de lui dire.

- Salut, Saphir.

Un large sourire éclairait le visage de Thomas. Il était heureux de revoir Saphir, et heureux en plus, de la voir sourire. Mais il n’eut pas le temps d’approfondir la discussion, car Eléannissandora se leva du canapé, le pris par le bras, et l’emmena dans une autre pièce en déclarant :

- Bon, maintenant que tu est réveillé, on va avoir une discussion de petit-ami à petite-amie !

L’élémentariste put à peine entendre un « Pardon ?! » de Saphir qui mêlait indignation et incompréhension, et un rire étouffer d’Arnaud, qu’il se retrouva dans la cuisine. Il pria intérieurement pour qu’Eva raconte tout à Saphir, histoire qu’il n’y ait pas de mal entendu.

- Bon, faut que je te parle. Dit sérieusement Eléa.

- Si c’est un truc de petit ami… commença Thomas en grommelant.

- Mais non ! le coupa-t-elle agacée, Cette phrase, si je l’ai sortie, ce n’était que pour trouver un prétexte pour te parler, et ensuite c’est aussi parce que j’ai toujours voulu la dire ! Ce que je veux te dire n’a strictement aucun rapport.

- Mais alors, qu’est-ce que tu veux me dire ?

- Arnaud.

- Arnaud ? Répéta Thomas, incrédule.

- Oui, je veux te parler d’Arnaud.

- D’Arnaud ?

- C’est dingue je ne savais pas qu’il y avait de l’écho ici ! répondit Eléa avec sarcasme, Il n’a pas dit à Saphir qui il était ! Je lui ai caché le truc le plus important pour elle en me disant que Arnaud le ferait bientôt, et non ! Trente minutes qu’on est là, et ils les a passées à se tortiller nerveusement sur le canapé ! Alors comme c’est ton meilleur ami, j’aimerai bien que tu lui dise, s’il te plaît.

- Je lui dirais.

- Quand ?

- Maintenant.

- Alors on est d’accord, tu le fait, hein ? Tu te défile pas, hein ?

- Oui, mais… Pourquoi ce n’est pas toi qui le ferais ?

- Parce qu’Arnaud est ton meilleur ami. Je ne sais pas pourquoi il ne veut pas dire qui il est à Saphir, ce n’est pas compliquer quand même, c’est comme dans ce film là, Harry Potter, où il y a le méchant qui dit « Luke, je suis ton père. ».

- Ça c’est Star Wars. Harry Potter c’est autre chose.

- Ouais, c’est pareil.

- Faut pas confondre.

- Pas grave.

- Si.

- Bon, tu vas lui dire au lieu de te défiler derrière des films ?

Thomas leva les yeux au ciel. Et finit par marmonner un « oui » en serrant les dents. Il ouvrit la porte de la cuisine et tombe sur…

- Arnaud ?

Depuis combien de temps était-il là et écoutait-il la discussion entre Eléa et Thomas ? Et surtout, pourquoi ?

- OK, les gars, je vais aller lui dire, c’est juste que je ne sais pas comment faire… Ça fait tant d’années, voyez-vous. Plus de dix ans ! dit Arnaud.

L’élémentariste regarda l’ombrumeuse et tous deux hochèrent de la tête, en signe d’approbation. En vérité, Thomas était plutôt soulagé car il n’avait pas envie d’embêter Arnaud avec ces histoires. Il lui faisait confiance.

Sans prendre le temps de parler plus longtemps, les trois amis regagnèrent le salon. Le frère de Saphir tremblait lorsqu’il rejoint sa place aux côtés de Thomas sur le canapé, cependant, personne ne sembla s’en apercevoir. Avant que quelqu’un n’ait le temps d’ouvrir la bouche, Arnaud prit une profonde inspiration, et dit :

- Saphir...Il faut que je te dise quelque chose de très important…

Eléa se redressa un peu plus, et Saphir se pencha un peu en avant, vers Arnaud.

- Oui ?

- Et bien… Je… Je…

La tension était palpable et toute l’assemblée retint son souffle.

- Je ne m’appelle pas vraiment Arnaud comme je te l’ai dit…

Des gouttes de sueur perlèrent de son front,il baissa les yeux, et Saphir se surprit à trembler légèrement. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’il allait dire, mais elle savait que ça changerait sa vie à tout jamais.

- La vérité, c’est que je m’appelle… Peter, Antoine, Téromèce, Sérinilia.

Plus rien. Plus un son, plus un bruit, plus un souffle. La nouvelle s’était abattue tel la foudre sur un arbre. Arnaud regarda Saphir dans les yeux, il ne mentait pas.

Saphir, elle, ne disait rien et fixait juste Arnaud. Dans sa tête une lumière rouge clignotait, et une voix raisonnait en boucle. « Frère ! », « Frère ! », « Frère ! ».

- Saphir… ? Ça va ? demanda doucement Eléannissandora.

« Frère ! », « Frère ! », « Frère ! ».

- Saphir ? redemanda l’ombrumeuse.

La princesse ne répondit pas. La voix s’était tue et avait laisser place à des larmes. Elle pleurait. Elle n’arrivait toujours pas à réfléchir. C’est pour ça que, sans s’en rendre compte, elle se jeta au cou d’Arnaud le serrant fort dans ses bras.

- Peter… !

C’était plus un souffle qu’un vrai mot. Mais elle avait besoin de le dire pour y croire, pour se dire qu’elle ne rêvait pas, pour voir la vérité. Peter état là ! Vivant ! Il était là et vivant !!!

- Téraurne disait que tu étais mort, et qu’il n’y avait presque plus d’espoir ! Il...Disait...Que...Tu..Étais...Mort !

Saphir desserra son étreinte, et fit face à son frère. Elle essuya ses larmes avec son bras, et se moucha avec le mouchoir que lui tendait Eva.

- Comment est-ce que tu… ? Par quel miracle es-tu en vie, Peter ? Par quel miracle ?!

Arnaud esquissa un sourire gêné. Mais prit quand même le temps de lui répondre.

- Lorsque le Mal m’a capturé, j’ai vu chez lui des choses si atroces, que je ne pourrais me résoudre à évoquer ici. Cependant, un jour, j’ai trouvé une clef téléportatrice, et j’ai souhaiter aller là où le Mal ne pourra plus jamais me trouver.

- Oh, Peter ! Je suis tellement désolée ! C’est ma faute ce qui est arrivée, je t’en pris, excuse moi ! Je t’en supplie, pardonne moi !

- Ce n’est pas ta faute ce qui est arrivé. Tu était petite, et le Mal savait manipuler...Je ne t’en veux pas, Saphir.

- Mais tu avais dit que…

- J’avais cinq ans, OK ? La coupa Arnaud, Je ne vois plus les choses de le même manière, et si il y a bien une personne qui devrait s’excuser, c’est moi ! Je ne mérite pas d’être ton frère...Non, je ne le mérite pas…

- Peter… !

Saphir ne trouva rien à dire que de prendre une nouvelle fois son jeune frère dans ses bras. Lorsqu’elle s’éloigna, une question lu vint à l’esprit, et elle ne se gêna pas pour la poser.

- Mais pourquoi ne pas me l’avoir dit plus tôt ?

- …

- Peter...Pourquoi… ?

- Parce que il me fallait du temps pour réaliser, et aussi, je ne voulais pas que ce soit Eléa qui te le dise… Et maintenant je m’appelle Arnaud, OK ?

Son ton était devenu comme menaçant, et agacé. Il glaça le sang de Saphir qui se fit tout de suite plus distante, comme apeurée.

- Mais...Peter… !

- Arnaud. Peter n’existe plus. Peter, c’était le gamin qui a vu ses parents périr, et qui ensuite fut capturé par le Mal. Arnaud, c’est celui qui a survécu. Peter est mort.

Saphir encaissa la nouvelle comme une gifle cuisante. Peter… ! Pourquoi ? Pourquoi ce ton énervé ? Pourquoi cette rage que Saphir décelait au creux de sa voix ? Peter...Non...Tu ne peux pas partir ! Je t’ai perdu une fois ! Je t’en pris, ne me quitte pas !

- Moi aussi j’ai vu mes parents périr, je te signale. Le ton commençait à monter, et Eléannissandora, sentant la tempête, tenta de calmer Saphir, mais celle-ci l’envoya bouler.

- Oui. C’est vrai, mais tu n’avais pas cinq ans.

- J’en avais sept, et le Mal me tenait par le cou, en puisant dans ma magie ! Je n’ai même pas pu détourner le regard ! Et il leur a fait croire que c’était à cause de moi ! A CAUSE DE MOI PETER !!!

- …

Arnaud baissa les yeux. Un lourd silence s’était abattu sur les jeunes gens, tel un arbre lors d’une tempête. D’une toute petite voix tremblante, le frère de Saphir murmura :

- Je suis désolé Saphir...Je n’étais peut-être pas si prêts que ça finalement… -Il leva les yeux vers sa grand sœur, esquissant un sourire sincère - Mais, bon, c’est un peut trop tard maintenant, non ? Je suis content de te retrouver...Grande sœur.

Saphir sourit, un sentiment de joie et d’apaisement s’empara d’elle.

- Moi aussi...P’tit frère.

Des milliers de souvenirs retrouvèrent la porte du cœur de la princesse. Des souvenirs où elle jouait avec Peter. Ils s’inventaient des histoires de magies de fées, de dragons et de chevaliers.

- Tient ! Prend ça méchante sorcière ! Ça t’apprendras à transformer la gentille fée en méchant dragon !

Peter, déguisé en chevalier, portant les écussons du royaume, combattait Saphir, qui elle jouait les sorcière, dans le grand parc du château, sous le regard bien veillant de Téraurne, qui avait été chargé de gardé les deux garnements.

- Aïe ! Peter ! Tu m’as fait mal ! Fait un peu attention !

La jeune princesse se frottait le bras gauche, endoloris par le coup que lui avait porter son frère.

- Mais j’ai pas fait exprès ! Et puis toi, t’es qu’une chochotte en même temps !

Saphir voulu répliquer face à l’agression, mais Téraurne intervint entre les deux enfants.

- Allons, Prince Peter, pourquoi votre sœur serait-elle une chochotte ?

- Parce qu’elle pleurniche tout le temps pour un rien ! Fit le petit garçon en croisant les bras, en mode « Je boude et je ne bougerai pas ! ».

- C’est pas vrai ! se défendit l’aînée.

Son jeune frère lui montra sa langue comme réponse, et elle se dépêcha de l’imiter.

- Voyons, est-ce une manière de se comporter ? gronda l’adulte, Et pour votre gouverne, ce n’est pas parce que l’on pleure tout le temps que l’on est forcément une « chochotte ». J’ai connu une jeune fille qui était comme ça.

Les enfants s’assirent dans l’herbe verte et se rapprochèrent de leur gardien. En tant qu’élémentariste, le plus fort du monde, Téraurne avait beaucoup voyagé et avait connu milles et une aventures. Les deux petits adoraient quand il contait ces péripéties qui se finissaient toujours bien, malgré les dangers prenants.

- C’était une jeune fille, aux cheveux oranges carottes qui frisaient. Ses yeux étaient verts, un vert si pur, si naturel, si merveilleux qu’il était comme anormal. Son visage était constellé de tâches de rousseurs, et on petit nez en trompette se teintait de rose, tout comme ses joues, lorsqu’elle était jeune. Elle vivait dans une épaisse forêt touffue, verte et reluisante. Cette jeune fille se nommait Persévérance. C’était l’esprit de la forêt.

- Un esprit élémentaire ? questionna la jeune princesse.

- Non, princesse, l’esprit de la forêt. La forêt reflète ce qu’elle est, elle nourrit les arbres et les animaux peuplant cette forêt, de sa magie. Il n’y a pas d’esprit élémentaires. Donc cette jeune fille avait vécu des dizaines d’épreuves terribles et il lui arrivait souvent de pleurer le soir. Et pourtant, c’était l’une des personnes les plus courageuse que j’ai connus…

- Vous aviez quel âge ? questionna le plus jeune.

- Je devait avoir 17 ans, tout au plus.

- Et elle est toujours en vie ? demanda la princesse.

- Bien sûr ! Mais je ne sais pas ce qu’elles est devenue…

Le regard de l’élémentariste se perdit, et se fit plus lointain. A quoi pouvait-il penser ? Certainement à de vieux souvenirs du passé…

Visiblement gênée, Eva toussota pour rappeler à Saphir la venue de sa visite. Celle ci sursauta et se rendit compte qu’elle avait l’air totalement ridicule à regarder dans le vide, pendant une dizaine de minutes. Elle balbutia quelles qu’excuses et planta son regard dans celui de Thomas. Il le soutint.

- Tu voulais me parler, non ?

Le jeune homme baissa les yeux, et dis, honteux de sa crise d’hier, que oui.

- Et tu veux savoir quoi ?

Le ton de Saphir n’était pas dur, sec et froid. Non, il était doux, et pleins de gentillesse comme si elle comprenait pourquoi il s’était énervé.

- Et bien...Je voulais savoir ce que tu pensais de...Mon cas… ?

Eléa toussota, un peu trop fort, ou un peu trop sèchement pour croire que ce n’était pas fait exprès. Elle en voulait sans doute à Thomas de s’être énervé sur elle.

- C’est...Génial… souffla Saphir.

- Génial… ? Répéta Thomas qui était loin de s’attendre à cette réponse.

- Oui. Je n’en attendais pas moins de toi au niveau des éléments ! Tu es bien devenu leur roi, et ils sont prêts à t’obéir. Il n’y a que quelques petits détailles à réglés, mais ce sera vite fait. Cependant, au niveau des visions… Je suis...Pas déçue, non, mais plutôt...Étonnée… ? Désolée, je ne trouve pas de meilleur mot… C’est que je ne m’attendais pas à ce que tu ais la même vision avec le même élémentariste… Je sais qu’au début, tu devais passer par mes yeux, car tu n’avais pas encore conscience de ton pouvoir, ce qui rendait la direction de ta vision incertaine, mais là… !

- Ah ce propos… commença Thomas, près à enfin délié sa langue sur le sujet qui lui vrillait l’estomac. Je crois que cet élémentariste peut se trouver dans mon esprit.

Personne ne rit. Personne ne réagit en fait. Saphir regarda Eléa, qui soutint son regard, Eva baissa les yeux, et Arnaud, lui, fixa son ami, le perçant du regard comme pour chasser un intrus. Le cœur de Thomas battait la chamade, qu’est-ce que ses amis allaient dire… ?

Finalement, Saphir se décida à briser le silence, devenu très pesant :

- Qu’est ce qui te fait dire ça… ?

Thomas prit une profonde inspiration et raconta tout ce qu’il avait vu, tout ses doutes, et son rêve. A la fin de son récit, la princesse se passa les mains sur le visage, signe qui signifiait sans nul doute, la fatigue.

- Je...Je ne pense pas qu’il y ait quelqu’un dans ta tête… finit-elle par déclarer au bout d’une dizaine de minutes de réflexion acharnée.

- Quesls sont les éléments qui te le prouvent… ? Demanda Arnaud.

- Je ne peux pas être sûre à 100 %, mais je sais, que tu contient trop de magie pour que quelqu’un soit constamment en toi. Téraurne lui-même avait reçus une décharge qui l’avait envoyé valser à l’autre bout de la pièce.

- Oui, mais si les élémentaristes s’y étaient habitués ? Après tout, Téraurne à put retourner après dans son esprit pour découvrir que Thomas vivait dans ce monde. Renchérit Eléa.

- Mais de toute manière, ils ne sont pas assez puissant pour aller dans un autre monde mentalement ! Seul Téraurne et Thomas ont put y arriver !

- Donc tu pense vraiment que Téraurne est l’élémentariste le plus puissant à coups sûr ? Pour moi, il n’y a que peu de chances que ce soit le cas. C’est comme pour les ombrumeurs ! Idiot est celui qui croit qu’il n’y en a que trois ! Pense -tu vraiment que le Mal se pavanerai avec ses élémentaristes en disant qu’ils sont les plus puissants ? Non. Il les gardera caché, pour que l’on pense que l’on ai une longueur d’avance alors que non.

- D’accord, Eléa, mais si il y avait quelqu’un en lui, il l’aurait sentit, non, puisque c’est le plus puissant, et ça, tu ne peux pas le nier.

Cette fois, personne ne put répliquer, pour contredire la jeune fille. Vaincue, Eléa baissa les yeux...Puis, elle releva la tête, comme si elle avait eut un éclaire de génie, et se tourna vers l’élémentariste :

- Thomas, te souviens tu de notre première séance d’entraînement, quand tu as mis le feu à la salle de bain ?

- Bien sûr ! Comment l’oublier ? Répondit-il, quelque peu dérouté.

- Donc tu te souviens du souvenir que je t’ai donné pour savoir à quoi ressemblait les particules ?

Eva et Arnaud échangèrent un regard d’incompréhension, alors que Saphir se redressa dans son fauteuil, comme si elle savait où Eléannissandora voulait en venir.

- Euh...Oui je m’en souviens…

- Et as-tu ressentis quelque chose ?

- Je...Je oui ! J’ai sentit comme une vague de chaleur douce en moi…

- C’est ça ! C’était moi dans ton esprit !

- Ce qui veut dire...commença le jeune garçon.

- Que tu l’aurais sentit si il y avait quelqu’un dans ta tête ! Compléta Saphir, un large sourire au lèvres.

- Donc il n’y a personne… ! Souffla Thomas, sentant un lourd poids s’envoler.

- Bon, c’est pas tout ça, mais moi, je meurt de faim ! Déclara Eva en se levant d’un bond. Et l’assemblée affamée ne put que l’imiter.

Eva se dirigea dans la cuisine, et ouvrit le frigo. Qu’elle referma presque aussi tôt pour annoncer, d’une voix dépitée, qu’il n’y avait qu’une boite de sardines.

- Mais c’est génial ! s’écria Eléa, en sautant presque de joie.

La dévisagent bizarrement, Arnaud lui demanda qu’est-ce qu’elle trouvait de géniale dans le fait qu’ils n’avaient rien à manger.

- Mais je vais pouvoir enfin faire des courses ! C’est merveilleux ! J’en rêvais depuis que Saphir m’en a parlé !!! Je veux trop monter dans un de ces chariots de fer !

- Mais c’est les bébés qui font ça, Eléa, les bébés ! Tenta d’expliquer Saphir.

- Mais je suis presque comme un bébé, non ? Je n’ai qu’à y aller avec mon petit ami, donc Thomas !

- Pardon ?! Non, mais tu rêves ! Jamais je n’irais au supermarché avec toi !

- Mais pourquoi ?

- Je veux trop monter dans un de ces chariots de fer. Répliqua Thomas en imitant la voix de l’ombrumeuse.

- Bon, d’accord… Qui veut bien m’accompagner ? Demanda la jeune fille.

- Si tu veux je veux bien. Se dévoua Arnaud.

- Oh merci ! Enfin quelqu’un qui est gentil. dit Eléannissandora en prenant bien soin d’insister sur le dernier mot et de fixer Thomas.

- Saphir, tu viens avec nous, ou pas ? Lui demanda son frère.

- Euh...Franchement, sans façons, merci, je ne veux pas être avec une folle.

- Pareil pour moi ! Renchérit Eva

- Et ben c’est cool d’avoir des amis ! s’exclama Eléa en se dirigeant vers la sortie, et en gratifiant ses camarades d’une splendide grimace.

Lorsque la porte d’entrée se referma sur Arnaud. Un léger silence s’installa dans toute la demeure.

- Au fait Saphir, tu aimes les sardines? Demanda Eva, sans éprouver une quelconque gêne à l’idée de poser une question aussi stupide.

- Euh...Non, pas vraiment, je ne suis pas friande de poisson...Pourquoi ?

- C’est parce qu’elle se périme bientôt, et que donc il faudrait la manger…

- Mais elle est là depuis quand ?

- Je sais pas trop...Je sais juste que mes parents déteste gâcher la nourriture, donc, il vaut mieux la manger maintenant avant que la date limite soit vraiment dépassée et que l’on soit obliger de la manger quand même.

Se sentant obliger de faire un acte « héroïque », Thomas, qui n’appréciait guère les sardines, se dévoua pour manger la boite. Il alla la chercher, et la posa sur la table de la cuisine. Il essaya donc de l’ouvrir. Il essaya, oui, mais il n’y arriva pas. Et il pria pour que personne ne puisse voire ses joues virer aux rouge écarlate.

- Tu veux de l’aide Thomas ? Proposa sa jeune sœur.

Voyant qu’il ne pourrait aller plus loin et qu’il ferait mieux de se rendre face à la terrible boite de sardine, il fit un imperceptible « oui » de la tête. Sa sœur, de ses mains délicates, s’empara alors du maudit objet et en trois secondes réussit sa mission. Seulement, le trésor, était un peu trop...Kaki pour être naturel pour de simples sardines...Et l’odeur.. ! Mais qu’elle odeur il s’en échappait ! Saphir, prise d’un haut-le-cœur, sortit en trombe de la cuisine, et Eva abandonna très vite son frère pour la même raison que la princesse.

Comment est-ce que Thomas s’est débarrassé de l’immondice, personne ne le sait, et personne n’a vraiment envi de le savoir. Mais une chose est sûre, bien que Thomas ai promis aux filles que l’odeur était partie, elles refusèrent catégoriquement de rentrer dans la cuisine. Ils allèrent donc dans le salon.

Là bas, ils parlèrent de tout et de rien. Saphir racontait des anecdotes de son enfance quand elle vivait avec Arnaud. Parfois elle arrêtait son récit et se perdait au file de ses pensées...Un voile sombre se posait alors sur son doux visage, et nombreuses sont les fois où Thomas se demandait comment l’en ôter définitivement.

Puis soudain, alors, qu’elle racontait comment Arnaud avait fait pour cacher toutes les chaussettes de sa sœur dans le château, Saphir se figea. Un souvenir ! Un souvenir lui était venu ! Une vague de détresse s’empara d’elle. Ce n’était pas un souvenir à elle, mais à Eléannissandora qu’elle avait envoyé à Saphir.

Des hommes. Regards noirs, sourire aux lèvres, longues capes rouges sang. Ils étaient au nombre de trois. Trois élémentaristes du Mal s’approchaient d’Eléa et d’Arnaud. De peur et de détresse, Eléa envoya son souvenir à Saphir, accompagné d’un message « Ils arrivent ! Thomas… ! »

- Ils arrivent !

- Pardon ? Demanda Thomas interloqué.

- Ils arrivent ! Les élémentaristes du Mal ! Ils ont vu Eléa et Peter !! Il faut fuir ! Eléa m’a envoyé un message ! Partons ! Vite !

Eva s’était levée d’un bond, la panique se lisait dans ses yeux :

- On va où ?

- A Eliaé, il n’y a plus de point de non-retour, ils savent où nous sommes, dit adieux à ton ancienne vie, mais fait vite !

- Et Papa et Maman ?

- …

- Et Papa et Maman ?! Ils vont leurs faire du mal !! cria la plus jeune paniquée.

- Il faut faire vite ! Le plus important c’est de nous sauver, et je ferai tout mon possible pour aider tes parents ! Mais il faut partir ! Eva !

Le petite fille n’entendit pas l’appelle de Saphir et monta les escaliers pour se réfugier dans sa chambre et serrer fort son doudou, Trumphy un ourson en peluche qui porte un déguisement d’éléphant en salopette.

- Eva ! Qu’est-ce que tu fait ?! Demanda furieusement Saphir en entrant dans la chambre, pendant que Thomas était parti guetter si quelqu’un venait.

- Je ne partirais pas ! Pas sans Papa et Maman !

- Ne fait pas ta gamine et viens !

- Mais je suis une gamine !!! Je n’ai que dix ans !

- Bientôt onze ! Aller viens ! Tu peux prendre la peluche si tu le veux !

- C’est Trumphy ! Et je ne viens pas ! Pas sans Papa et Maman !

- Mais je croyais que tu voulais venir vivre à Eliaé et que tu ne te sentais pas bien ici ?!

- Mais je ne pensais pas ne pas pouvoir embrasser mes parents au moins une dernière fois !

- Viens ! Le temps presse !

- NON ! PAPA !!! MAMAN !!! VENEZ !! VENEZ ME CHERCHER !!! JE SUIS LÀ !!!

Il n’y avait pas les parents d’Eva...Mais la jeune fille rappelait à Saphir, une petite fille, âgée de cinq ans, paniquée, venant de se faire rejeter par ses parents et traiter de monstre par son frère…

- Viens...Eva… !

- Papa…! Maman… ! Je vous aime, très, très fort…

Les larmes inondaient le visage de l’enfant, pourtant, lorsque Saphir lui tira doucement le bras pour l’intimer à partir, elle se laissa guidée, ne cessant de répéter qu’elle aimait ses parents et qu’elle ne les oublierait jamais.

Alors qu’elles venaient de franchir la porte de la chambre, Thomas se précipita vers elles, manquant au passage, de se rompre le cou en glissant dans les escaliers.

- Ils arrivent ! J’ai fermé la porte à clef !Dit il haletant.

- Qui ?

- Les élémentaristes ! Je n’ai vu, ni Eléa, ni Arnaud…

- Vite ! Est-ce qu’il y a une deuxième sortie ?

- Oui, par derrière, vers le jardin, mais c’est une impasse…

- Alors nous allons devoir les affronter de face…

- Affronter ? Répéta Thomas, On ne peut pas juste les esquiver ?

- Thomas, tu vas utiliser au max tes éléments ! Tu as compris ? N’hésite pas à tuer si il le faut !

- Tuer ? Redit Thomas, paniqué.

- Oui, tuer. Aller, on y va !

Saphir passa en courant devant le jeune garçon, soudain blême. Tuer… Il devrait peut-être tuer ?! Eva se laissait toujours guider par Saphir, en continuant de répéter inlassablement qu’elle aimait ses parents. Sans doute n’avait-elle même pas entendu ce que la princesse venait de dire. Remarquant la pâleur de Thomas, elle s’arrêta :

- Qu’est-ce qu’il y a ? Tu te sens mal ? Je suis sûre qu’Eléa et Pet...Arnaud vont bien.

- Ce n’est pas ça...murmura Thomas, sentant un poix en plus sur son cœur, en pensant à ce qu’il pouvait être arriver à ses amis.

- Alors il y a quoi ? Tu pourrais te dépêcher de cracher le morceau ?! Ce n’est pas comme si on risquait d’être tuer d’une minute à l’autre si on ne sort pas tout de suite ! Cria Saphir perdant toute once de patience ou de compréhension.

- Tu as dit tuer…

- Bien sûr que je l’ai dit ! Alors c’est ça ? Tu ne veux pas tuer ?! Un rire nerveux et incontrôlé s’échappa de la gorge de la jeune fille. Mais tu vas faire la guerre Thomas ! Et en plus ces gars là ne sont pas humains dans leur tête ! Ils ont massacré mon peuple, peut-être tuer tes parents, tuer de nombreux Interdits et commis encore on-ne-sais combien de crimes ! Et puis auss…

« BOUM ! » Saphir ne put terminer sa phrase, car une détonation sourde retentit, faisant vibrer le sol, et sortir enfin Eva de sa bulle.

- Thomas ?! Que ce passe-t-il ?!

- Ce sont eux ! Hurla Saphir, Ils on essayé d’entrer !! Vite ! Ils doivent bloqué la porte ! On va passer par la fenêtre du salon ou de la cuisine !

Les trois jeunes gens dévalèrent l’escalier, et purent constater que chaque élémentaristes bloquaient chacun une issus de sortie. Saphir se sentit dépassée. Ils étaient pris au piège.

« BOUM ! » Une nouvelle secousse ébranla la terre, et la porte d’entrée céda, et un homme, vêtu de noir, un large sourire mauvais à ses lèvres découvrant ses dents impeccablement blanches, une longue cape rouge sang lui arrivant aux cheville. Il n’avait pas de casque, ce qui laissait ses cheveux noirs corbeaux en bataille à l’air libre. Ses yeux étaient marrons, et son sourcil droit était barré d’une large et longue cicatrice.

Il s’inclina devant Saphir, qui le foudroyait du regard, tenant toujours Eva, qui, tremblait comme une feuille, serrant si fort Trumphy que si il fusse vivant, il en serait mort, à n’en point douter.

- Princesse! Mais que nous vaux l’honneur de vous voir ici ?

La phrase se répercuta sur les murs blancs cassé de l’entrée, dans un écho macabre. Personne ne cilla. Mais Thomas, lui, reconnu tout de suite la voix. La voix terrible qu’il entendait dans chacune de ses visions. C’était lui, l’élémentariste.

- Et bien… ! Vous n’êtes pas très bavarde ! Moi qui croyait que vous voudriez prendre des nouvelles de vos chers parents...Ah mais oui ! C’est vrai ! Vous les avez tuer ! Il éclata d’un rire sans joie, et Saphir serra le point. Elle ne bronchera pas, elle ne s’énervera pas. C’est ce qu’ils veulent. Elle restera calme. Calme, calme, calme…

L’homme se tourna vers Thomas, et afficha une moue heureuse sur son visage.

- Ah ! Petit élémentariste ! Comme on se retrouve ! Vous savez, j’avais hâte de vous rencontrer ! En vrai, hein, pas dans l’esprit ! Il rit lui-même à sa blague, si on pouvait la qualifiée de telle…Mon nom est Milistrien Emanoie. Et vous ?

« Ne lui réponds pas ! Ne lui réponds pas ! » pensa Saphir aussi fort qu’elle le put.

- … Thomas Mellier.

Ce gars était vraiment débile.

- Enchanté, Thomas Mellier. Oh ! Mais, je vois qu’il y a une charmante petite-fille avec vous, mais qui est-ce donc ? Demanda Milistrien en se penchant vers Eva.

- Vous n’avez pas besoin de le savoir. Coupa Saphir d’un ton sec.

L’homme se releva, pour se mettre à une hauteur normale.

- Et pourquoi ? Si l’envie m’en prend ?

- Comment avez vous su que nous étions là ?

- Comment la gamine s’appelle ?

- Qu’avez-vous fait de mon amie et de mon frère ?!

- Réponds d’abord à ma question et je te répondrais !

- Non ! Qu’en avez-vous fait ?! Hurla Saphir sentant une vague de panique en elle.

- Tu vas me répondre oui ?!!

De rage l’élémentariste prit Saphir par les épaules et la secoua de toutes ses forces. Puis, il se figea, tenant toujours la jeune fille. Son visage s’éclaira, et de ses mains jaillirent...Des flammes.