Wiki Nos imaginations
Aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Ligne 1 : Ligne 1 :
 
{{Livre|écrivain=Jade énergia|illustrateur=Jade énergia|statut=En cours|genre=Fantastique, humour, amitié, amour, combat|personnages_principaux=*Le Chat
 
{{Livre|écrivain=Jade énergia|illustrateur=Jade énergia|statut=En cours|genre=Fantastique, humour, amitié, amour, combat|personnages_principaux=*Le Chat
 
*Thomas
 
*Thomas
*Jeda|image1=Couv.jpg}}
+
*Jeda|image1=Couv.jpg|titre=Le Clan de l'éclair}}
   
 
par Jade énergia
 
par Jade énergia

Version du 8 décembre 2021 à 19:11

par Jade énergia

Ce livre possède son propre wikia, le wiki clan de l'éclair.

Prologue

3 ans plus tôt

Le garçon regardait autour de lui. Il ne voyait que des corps et du sang. Celui des personnes qu’il avait tué. Curieusement, au lieu d’en être fier comme il devrait (il avait pourtant réussi sa mission avec brio !), il ressentait une émotion qu’il ne connaissait pas. Comme quand le roi le surprenait à dessiner… De la honte. Mais il ne fallait pas qu’il se détourne de sa mission. Il fallait trouver les deux sœurs. C’était elles qu’il devait tuer. Il les avait vues dans la bataille mais avait dû les lâcher quand il s’était fait attaquer.

Il se rappelait quand on l’avait chargé de cette mission. Puis qu’on l’avait immunisé temporairement contre les effets de leur magie. C’était un grand honneur, les doses étaient rares. Ils lui avaient fait une piqûre dans la nuque. D’ailleurs, à chaque fois qu’il avait hésité, ça l’avait horriblement démangé… Comme là.

Il se dirigea vers le salon. Peut-être seraient-elles là. Sans savoir pourquoi, il repensa à la prophétie.

Leur héritier contre eux se retournera

Leur pouvoir renaîtra

Le fils contre le père se dressera

Soutenu par l’ancien bras droit

Les héritiers des familles ennemies

Seront désormais unis

Un félin se glissera parmi les rebelles

Ceux tentant de faire d’un monde une vie plus belle

Il contribuera à une nouvelle paix

Malgré ses secrets cachés

Malgré les frères oubliés

Malgré la sœur qui désormais le hait

A un éclair succèdera la foudre

A la foudre succèdera un éclair

Mais ce n'était pas le moment de se (re)lancer dans un opération de déchiffrage alors que il pouvait être assailli à tout moment. Il ouvrit la porte qui émit un grincement sinistre.

Le salon était plongé dans la pénombre. Il tâtonna jusqu’à trouver une bougie, qu’il alluma. Elles étaient là, à l‘autre bout de la pièce, l’une soutenant l’autre. L’une d’elles avait une blessure à la jambe et ne pouvait sans doute pas se tenir debout seule. Il commença à avancer vers elles, l’épée brandie devant lui. Il se sentait mal…

Soudain, une des sœurs releva la tête. C’était celle qui soutenait. Elle planta son regard droit dans ses yeux. Ça lui fit bizarre. Le garçon remarqua qu’elle avait les yeux de 2 couleurs différentes, l’un bleu et l’autre vert et ... Qu’elle était très belle. Et que son épée lui avait laissé une blessure au visage qui virerait à coup sûr en cicatrice… Si elle survivait. Mais elle ne devait pas survivre ! Pourquoi pensait-il à ça ? Pourquoi ressentait-il ça maintenant ? Il avait l’impression que sa nuque explosait. Il réalisa soudain ce qu’il avait fait. Il avait tué des gens qui ne lui avait rien fait ! Et il s’apprêtait à tuer 2 filles de son âge ! Il avait déjà occis leurs parents sans doute… Et maintenant il allait leur ôter ce qui leur restait… la vie.

Il re- regarda celle qui l’avait défié du regard. Il lut dans ses yeux du désespoir, de la tristesse, de la colère aussi. Forcément… Il avait tué sa famille. Mais aucunement de la résignation. Elle allait se battre à mort. C’en fut trop pour lui. Il lança son épée à l’autre bout de la pièce et s’enfuit en courant. L’épée atterrit près des filles. La sœur qui avait les yeux vairons s’en empara. Elle reconnut d’emblée l’emblème qui ornait le pommeau. Les instillas…

- Un jour, on le retrouvera…

- On se vengera…

- Et on le tuera.

Pendant ce temps, le garçon courait. Il ne voulait pas y retourner. Il ne voulait retourner nulle part. Et il pleurait.

Chapitre 1

Les voyageurs

Il faisait beau aujourd’hui. Tout laissait présager une journée comme les autres. Et pourtant… 2 personnes s’avançaient dans la forêt. Elles s’arrêtèrent pile devant un panneau indiquant « Vous entrez ici en territoire éclairite ». L’un des 2 voyageurs lâcha :

-     On y est.

C’était une fille, assez jeune. Elle était assez grande et avait un visage triangulaire, qu’encadrait des cheveux d’un noir de jais. Mais le plus remarquable était ses yeux : vert émeraude, on avait l’impression qu’ils avaient tout vu de la vie ce qui ne les empêchait pas d’être vif et brillants. Elle était très belle mais on voyait que c’était une guerrière.

J’aurais bien aimé vous faire le portrait du deuxième voyageur mais on ne voyait pas son visage, il était dissimulé par une capuche. Tout ce qu’on voyait, c’était une cicatrice qui lui barrait la joue droite. Tout chez lui, depuis l’attitude un peu tendue, méfiante et souple à la foi, jusqu’aux muscles fins et en longueur, faisait penser à un félin. Pour le reste, il était en tout point semblable à sa compagne. Son épée était étrange : la garde était en forme d’aile déployée bleue et verte et la lame scintillait d’une lueur bleutée. Et elle semblait collée à la taille de la personne que je viens de décrire.

-     Tu es prêt ?

-     Plus que jamais

Et ils passèrent sous la pancarte. Ils avaient à peine fait quelques pas qu’un ordre les figea sur place :

-     Ne bougez plus !

Et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire ils se retrouvèrent encerclés par une demi-douzaine de guerriers qui pointaient leurs armes sur eux !

-     Qui êtes -vous et que venez -vous faire sur notre territoire ?

Celui qui parlait ainsi était un jeune homme qui semblait être leur chef. Il avait des cheveux jaune d’or qui partaient dans tous les sens (comme un hérisson, pensa capuche -appelons-le ainsi- Qui s’y frotte s’y pique ! ) un visage pointu et (détail non négligeable) une épée pointée sur eux. Et, petite particularité de dame nature, là on aurait pensé trouver des yeux bleu ou vert clair, ceux-ci étaient noir comme du charbon ! Mais ces yeux plaisaient à Capuche. Il y lisait de la détermination et un sens de l’honneur à toute épreuve et il y brillait une petite flamme. Mais il y avait également comme une fêlure tout au fond. Il avait dû voir des choses horribles… Il nota que le garçon avait dit « notre territoire » et pas « mon territoire » comme il aurait eu le droit de le proclamer en tant que chef. Car capuche était sûr qu’il l’était. Et pas uniquement à cause du fait qu’il parlait au nom du groupe. Il en avait l’aura.

-     Eh bien ! J’attends !

Capuche avait beau avoir réfléchi rapidement, le garçon ne le trouvait pas assez rapide.

-     Ok. On veut bien répondre à tes questions, mais s’il te plaît, arrête de braquer ce truc sur nous ! ça peut faire mal tu sais !

Une fille lui pointa une lance sur la gorge et lui lança agressivement :

-     Toi tu ne parles pas comme ça à notre général !

-     Ça ira, Sar. Je suis assez grand pour me faire respecter tout seul ! répliqua l’autre.

La dénommée Sar se tue. Elle baissa sa lance sans pour autant lâcher capuche du regard.

-     Bon. Revenons à ma question. Qui êtes-vous et qu’est-ce que vous fichez chez nous ? Repris leur chef.

-      On me nomme le Chat.

-      Et moi Jeda. Nous sommes jumeaux. Poursuivit la fille

-      Et on voudrait s’engager. Terminèrent-ils en chœur.

-     On va voir ça, répliqua le général. Vu que vous vous êtes présentés, j’imagine que c’est à mon tour ! Thomas de l’éclair, général des éclairites.

Et il sourit d’un air amical.

-     Pour pouvoir s’engager, il faut passer un test. Pas d’inquiétude, seule la dernière étape sera décisive. On va seulement évaluer vos capacités. Et si vous n’êtes pas trop claqués, ça va commencer maintenant.

-      Comment ?

-      Vous allez affronter Sar et Yori. Comme ça, on va savoir si vous vous battez bien. Pas trop fatigué pour ça ?

-     Pour ta gouverne, répliqua le chat, on est toujours en forme pour se défendre. Et là, on l’est aussi assez pour se battre.

Thomas eu un sourire. Ce garçon lui plaisait. Peut-être pourrait-il envisager de le prendre comme apprenti, malgré… Malgré ce qui était arrivé à Nadian. Un garçon de type asiatique et portant un uniforme bleu (comme Sar et Thomas) sortis des rangs et alla se placer aux côtés de Sar. Il les regarda d’un air de défi et saisit la main de sa camarade. Ils semblaient très attachés l’un à l’autre. En fait, il fallait être aveugle pour ne pas le voir. Le chat nota qu’ils semblaient très à l’aise avec leurs armes (une lance à double pointe pour Sar et un katana pour Yori). Des soldats d’élites, pensa-t-il. Le bleu doit être la couleur de leurs meilleurs guerriers. Mais il fut coupé par ses pensées par la voix du Général.

-     Vous êtes prêts ?

-      Oui.

-     Alors… Combattez !

Simultanément, Jeda et le chat choisirent leurs adversaires : Yori pour le chat et Sar pour Jeda.

Cette dernière envoya valser d’un coup de pied bien placé la lance de son adversaire, qui se retrouva sans défense. Enfin… presque ! Car visiblement, on lui avait appris le Karaté. (On se demande bien qui d’ailleurs…)

Du côté du chat et de Yori, un duel d’épée s’était engagé. Mais une vrille accompagnée d’une feinte eu raison de la défense de Yori, qui dû également se battre à mains nues. Le Chat s’exclama :

-     Eh bien ! Je crois qu’il ne serait pas très honorable de se battre armé contre un adversaire désarmé !

Et il jeta son épée à terre.

-     Dis-donc le Chat ! Tu as parfaitement le droit de garder ton épée ! Tu l’as désarmé ! cria Thomas, assez surpris du comportement de l’étranger. Et de plus, Yori se bat aussi bien à mains nues !

Le Chat ne répondit pas. Il allongea simplement Yori d’un coup de poing bien placé sous la mâchoire sans que celui-ci ne puisse parer.

Sar avait également été vaincue par un coup de coude dans le ventre qui la laissa au sol. Et à sa grande surprise, son adversaire lui tendait une main secourable. Elle la saisit, remercia Jeda et se releva mais aperçu son compagnon allongé au sol, près de Thomas et du Chat.

-     Yori !

-      Il va bien, il est juste un peu sonné, répondit le général

-      Désolé, je crois que j’y suis allé un peu fort… s’excusa le chat

-      Bel euphémisme ! répliqua-t-elle. Tu l’as carrément assommé !

-      Purée… Ma tête… Mec, rappelle-moi de ne jamais te contrarier ! Marmonna Yori en se tenant le crâne.

-      Pas trop mal ?

-      Non non. Ça va, j’ai l’habitude…

-      Ouais, avec les raclées que je te mets à l’entraînement ! lança son général

-     Et celles que Sar te met à toi après pour m’avoir malmené ! répliqua Yori en se relevant et prenant la main de celui qui venait de lui mettre une raclée.

Ils se tutoient, c’est donc qu’il y a proximité. Mais ils le respectent… C’est bon ça… pensa le chat

-     Parce que je présume que d’habitude, c’est toi qui les distribues, les raclées ? demanda-t-il

-     Oui, c’est plus ou moins ça…

Le soldat le regarda avec une lueur amusée dans les yeux.

-     Bon bah vous avez passé le test n°1 haut la main ! Ça faisait longtemps que j’avais pas vu un combat…et une victoire aussi rapide et … stylée ! les complimenta Thomas

-      Tu nous flattes, là !

-      Allez, venez ! Il faut que nous soyons rentrés avant la nuit. Et s’adressant aux voyageurs : Il faudra que vous passiez le reste du test le plus vite possible.

-     Pourquoi ?

Le visage de Thomas s’assombrit.

-     Lors de l’attaque de notre camp nous avons perdu 2 d’entre nous : Pierre et Anton. Votre engagement remontra le moral des nôtres.

Le général pensa : « S’ils passent l’épreuve de l’introspecteur, puissent-t-ils les remplacer le mieux possible… Pierre et Anton étaient des bons soldats et des bons amis. C’est un miracle qu’il n’y ai pas eu plus de morts…

De son côté, le chat avait matière à réfléchir. Et voici ce qu’il pensait :

-     Bon. Le général est une bonne personne, ça c’est sûr. J’en serais presque désolé de devoir faire… Ce que j’ai à faire. Mais si on le fait discrètement, peut-être que personne ne le sera et que on pourra rester et vivre normalement.? Les soldats en vert doivent être les normaux… Et les violets ? Le symbole sur le haut de l’uniforme de Thomas ça doit être l’emblème de sa fonction. Mais que veut dire le C sur la tunique de celui-là ? Et il a bien dit « l’attaque de notre camp » ?

Ils arrivèrent devant un amas de rochers au milieu duquel serpentait un semblant de chemin et au sommet duquel on distinguait une plate-forme.

-     Il faut passer par là. Suivez-moi.

Et le garçon commença à grimper. Il arriva en haut assez rapidement.

-     A toi ! cria-t-il à le chat.

-     J’arrive !

Mais au lieu de se mettre à grimper, il s’accroupit, comme s’il allait sauter !

Sar était surprise. Elle n’avait jamais vu quelqu’un se comporter ainsi, sauf les fous de son pays. Elle n’osait pas demander à Jeda si le garçon qu’elle avait devant elle était bien dans sa tête mais Ilto s’en chargea à sa place.

-     Dit ton frère il est pas un peu…

Il fit le geste de visser un doigt sur sa tempe. Sar craignit que la jeune fille se fâche mais Jeda regarda l’impertinent avec un petit air… moqueur ? ironique ? réprobateur ? Sar n’arrivait pas à dire. Soudain, le Chat sauta. On avait l’impression de voir passer une fusée (mais silencieuse, la fusée). Il laissait derrière lui une traînée bleuâtre et scintillante qui s’effaça rapidement. Et il atterrit juste à côté de Thomas. Ce dernier le regarda comme s’il venait de lui pousser une queue et une paire de cornes. Remarque, ça c’est ce dont étais capable Morph et ça ne l’étonnait pas plus que ça.

-     Comment tu fais ça ? parvint-il à bégayer.

-     Canalisation de l’énergie. Répondit le Chat tout en s’époussetant. Zut. J’ai accroché une branche et elle a déchiré mon sweat.

La brindille en question tomba à terre sous le regard réprobateur du garçon.

-     J’y tenais, moi à ce sweat… grommela-t-il.

-     A propos de sweat, tu pourrais enlever ta capuche ? C’est plus pratique de causer quand on voit le visage de son interlocuteur.

Remarque tout à fait justifiée et justifiable. Mais la réaction…

Le Chat fit volte-face et lui hurla à la figure :

-     Tu peux me demander absolument tout en tant que général ! D’infiltrer le clan ennemi, de me jeter du haut d’une falaise ou d’éplucher les patates une année entière si ça te chante ! Mais ne me demande jamais, JAMAIS, tu m’entends de retirer ma capuche !

Thomas était surpris par ce déchaînement de violence.

-     Ok ok ! mais ferme ta bouche tu pues du bec ! Remarque, donner des patates à éplucher pour punir les gens c’est une bonne idée ! Bruno se plaint toujours de ne pas avoir assez de commis…

Il se tu. Le Chat se frotta la tête, se rendant compte de la disproportion de sa réaction.

-     Excuse-moi. Ma réaction était un peu exagérée. Mais s’il te plaît ne me demande plus jamais ça.

-     Ne t’inquiète pas. Moi aussi j’ai mes petits secrets et je ne veux pas qu’on farfouille dedans !

Il lui tendit une main que le Chat saisit. Ils ne se doutaient pas que cette poignée de main serait à l’origine d’une grande amitié…Et de bien plus. Tout à sa réaction, le Chat n’avait pas regardé en bas.

Ils surplombaient un large cratère aux rebords noircis par…de la cendre. En bas, on distinguait des ruines calcinées, des bâtiments et des tentes. Séquelles de l’attaque dont Thomas avait parlé ?

Ce dernier pris la parole. On sentait une sorte de douleur et d’amertume dans sa voix

-     Ce que vous avez sous vos pieds est ce qu’il reste de notre camp… Les squeletites l’ont incendié récemment. Et c’est là que Pierre et Anton ont trouvé la mort…

Yori posa sa main sur son épaule. C’était fou ce que lui et Thomas se ressemblait hormis la forme des yeux et la couleur des cheveux.

-     Venez. On descend. Le Chat et Jeda, venez avec moi.

Chapitre 2

Une arrivée fracassante.

Il prit position sur une plate-forme de bois qui était juste au-dessus du vide.

-     Vous venez ?

-     T’est sûr que ton ascenseur y vas pas flancher ? Parce que les cordes sont toutes brulées là …Remarqua Jeda.

En effet les câbles n’étaient pas en très bon état et semblaient à moitiés fondus. Quel avait donc été l’intensité de l’incendie pour mettre les lieux dans un tel état ?

-     Mais non ! Allez venez !

Et bon gré, mal gré ils montèrent sur la plate-forme. Elle commença à descendre normalement. Arrivés au milieu du trajet, Jeda pensa que ses craintes avaient été vaines. Tout semblait bien se passer. Sauf que la plate-forme se mit à tanguer et à être prise de violentes secousses !

-     Qu’est ce qui se passe ? hurla-t-elle ?

-     Un câble a cédé ! Accrochez-vous !

Thomas avait planté son épée dans le bois pour pouvoir s’y accrocher. Il s’y cramponna de toutes ses forces, mais une secousse plus violente que les autres lui fit lâcher prise et le précipita dans le vide !

-     Aaaaaaaah !

-     Non !

Soudain Thomas se rendit compte qu’il avait cessé de tomber ! Il leva la tête. Le Chat l’avait saisi par le poignet et le retenait. Il hurla :

-     Merci ! Appuis sur le bouton rouge ! Vite !

-     Jeda ! Le bouton rouge !

Le Chat ne pouvait plus tenir longtemps. Il dû se résoudre à utiliser son pouvoir. D’habitude il essayai de s’en passer, ça ne lui rappelais pas que des bons souvenirs et ça l’aurais « identifié ». Aussitôt, des arcs électriques entourèrent ses jambes et ses mains. Et il tira de toutes ses forces, décuplées par la canalisation. Le général eu l’impression d’être projeté en l’air. Il atterrit rudement sur la plate-forme. Pendant ce temps, Jeda avait réussi à ramper vers le bouton rouge, qu’elle poussa. Une dernière secousse agita la plate-forme puis le calme revint. Mais cette secousse avait projeté le Chat contre l’épée de Thomas… Ce dernier se releva tant bien que mal.

-     Merci ! Tu m’as sauvé la vie !

Devant l’absence de réponse de son interlocuteur, Thomas s’inquiéta

-     Ça va ?

Aucune réponse. Il s’approcha de lui. Le Chat était sans connaissance et adossé à quelque chose mais à cause de la pénombre du crépuscule, Thomas ne voyait pas à quoi. Dans le silence absolu qui régnait sur la plate-forme dévastée, on pouvait entendre un ploc ploc semblable à celui de la pluie. Mais il ne pleuvait pourtant pas… Il s’agenouilla à côté de lui et aperçu une tache sombre près du Chat… Soudain, il comprit : le ploc ploc, c’était des gouttes de sang qui tombaient et formaient la flaque en question ! Et ce à quoi il était adossé, c’était… son épée !

-     Vite ! Aide-moi ! Il faut le soigner ! cria-t-il à Jeda

Heureusement, le Chat était tombé de biais sur la lame et celle-ci avait heurté les omoplates. La blessure était sans gravité ; mais il était toujours sans connaissance.

-     Il faut lui faire un bandage.

-     Mais on a pas de quoi !

Effectivement, ils n’avaient pas de quoi soigner le Chat… Et les uniformes éclairites étaient très difficiles à déchirer. Donc difficile d’envisager un bandage à partir d’un morceau d’uniforme. Mais il fallait tenter le coup. Le général récupéra son épée et tenta de couper le bas de sa manche. Aucune déchirure, pas même un fil qui dépasse ! Il lui fallait donc prendre autre chose. Puis il pensa à son pensement ! Celui qu’il avait depuis l’attaque du camp, quand il s’était brûlé. Mais l’enlever, ce serait mettre à nu sa brûlure, provoquer des frottements dessus  et donc retarder sa guérison. Mais c’était à cause de lui que le Chat était dans cet état ! S’il n’avait pas laissé trainer son épée le Chat ne serait pas blessé et si ce dernier ne l’avait pas rattrapé il serait mort. Donc la solution s’imposait d’elle-même. Il fallait retirer le bandage et lui mettre. Et vite ! De plus il ne voulait pas avoir plus de sang sur les mains… rien que l’idée lui était insupportable.

Il interpella Jeda.

-     Tu peux te retourner s’il te plaît ?

-     Ok ?!

Thomas retira son T-shirt, ôta son bandage et remis avec une grimace de douleur sa tunique.

-     C’est bon.

Elle se retourna. Et apreçu dans la main de Thomas une bande de tissu.

-     Tu peux lui mettre ça, s’il te plaît ?

Elle acquiesça.

-     Maintenant il faut avertir ceux d’en bas de notre problème. On ne peut pas raisonnablement essayer de descendre dans ces conditions.

-      Mais comment ?

-     Facile !

Il sortit d’une petite sacoche passée à sa ceinture un carnet et un crayon et commença à écrire. Il marmonna en même temps :

-     Il faudra que je pense à rajouter une bande dans les sacoches… Plus pratique… mais médoc a besoin de toutes les bandes en ce moment…

Il déchira la page du cahier et l’enroula sur elle-même. Puis il se dirigea vers une espèce de tube fixée sur la plate-forme, glissa le message dans un cylindre de bois, le referma et lança le tout dans le tube.

-     Espérons que le système de communication n’aura pas trop souffert de l’accident…

-      Ouais ! Espérons ! lança Jeda d’un ton sarcastique.

-      A propos… Mes excuses. Tu avais raison de douter de la fiabilité de l’ascenseur. Lui dit Thomas

-      Mmh… Tout le monde va bien ? marmonna une voix que Jeda et Thomas avait bien envie d'entendre...

-      Le Chat ! Tu es vivant ?

-      Ben oui ! ça ne se voit pas ? Mais je reviens de loin !

-      Ouuuuf ! J’ai bien cru que …

-      J’allais mourir ? T’inquiète ! C’est pas demain la veille ! Répondit-il en tentant de se relever.

-      Reste assis. Médoc ne me pardonnerais jamais d’avoir permis, je cite, « un acte entravant la guérison du malade » dit Thomas en faisant des guillemets en l’air avec ses doigts.

-      Merci ! et comme Thomas le regardait d’un drôle d’air, il se reprit : pour le bandage. Sans ça je serais en train de me vider de mon sang là.

-     En même temps, je te dois bien ça ! Sans toi je serais un petit tas de chair humaine en bas !

Il se regardèrent et éclatèrent de rire. Mais ils furent interrompus par le tube où Thomas avait lancé son message qui se mit à vibrer et expulsa dans un « pop » satisfaisant un autre cylindre de bois semblable au premier.

-     Ah ! on nous répond.

Il extirpa du cylindre un message et un long fil à l’aspect métallique.

-     Ils nous envoient un câble de rechange. Vu qu’ils ne peuvent pas monter, on va devoir tout faire nous -même.

-      Expliques-nous ça. Demanda Jeda.

-      Simple. On doit ôter le précédent câble et le remplacer par le nouveau. Mais il faut grimper en haut de la machinerie et c’est risqué. On n’est jamais à l’abri d’un coup de poulie et quand on… Enfin bref, c’est pas du gâteau. Précisa -t-il.

-      Je m’en charge. Déclara le Chat, au grand étonnement de thomas et Jeda.

-      Mais…

-     Passe-moi ce câble et je te montre ce dont je suis capable.

Il pris à part Thomas.

-     Je sais que tu es blessé.

Thomas se demanda comment il avait deviné mais le Chat ne lui laissa pas le temps de répondre et continua

-     J’étais dans un état de semi-conscience quand tu m’as soigné. Ça m’a pas empêché de voir ta blessure…et tes abdos.

Thomas se demanda si c’était un compliment ou une moquerie. Plutôt un compliment, d’après le ton du Chat.

-     Et ma blessure ne me gêne pas du tout. Du coup…

-     Du coup rien du tout !

Les 2 garçons se retournèrent, surpris.

-     J’ai comme l’impression manifeste que vous m’oubliez, moi, intervint Jeda avec un petit sourire ironique. File-moi le câble, s’il te plaît.

Ils éclatèrent de rire. En effet, ils avaient oublié Jeda.

-     Tient. Dit Thomas une fois qu’il se fut un peu calmé

Il lui tendit le câble mais il avait l’air un peu…septique. Ce que remarqua très bien le Chat.

-     Macho, vas ! lui dit-il entre 2 hoquets de rire avant de s’y remettre de plus belle.

-      Bah quoi ?

-     Regarde donc de quoi on est capable dans la fratrie ! lança Jeda avec un dédain affiché.

Et elle sauta. Très haut. Elle semblait sur le point de retomber quand elle saisit une corde et se rétablit avec une aisance incroyable.

-     Cool, non ? Dit le chat à Thomas (ce dernier était figé de stupéfaction pour la 2 fois de la journée et ça lui arrivait, très, très, peu souvent.) je te ferais bien une petite démonstration moi aussi mais je ne pense pas que tu apprécierais d’être figé de stupéfaction pour la 3e fois de la journée. En plus, à la longue, tu risquerais de te décrocher la mâchoire et de te mettre à baver.

Thomas s’empressa de fermer la bouche, qu’il avait grande ouverte, et apprécia à sa juste valeur les acrobaties de Jeda qui étaient, il faut bien le reconnaître, fantastiques.

-     Il a vraiment un sens de l’humour bien à lui… Pensa le Général.

On aurait dit qu’elle volait. En 30 seconde et 2 centièmes (il avait compté) elle avait atteint la poulie qui soutenait le câble défaillant, s’emparait de celui-ci et le jeta vers les deux garçons.

-     Gare dessous !

-     Héééééé !

Les câbles étaient en acier trempé. En prendre un sur la tête, c’était signer son arrêt de mort ! Thomas cru bien que la dernière heure du Chat était arrivée quand il vit le câble lui tomber dessus à la vitesse de… l’éclair. Il ne pouvait rien faire. Juste assister impuissant à la mort de celui qui lui avait sauvé la vie. Mais le garçon leva simplement la main et un dôme lumineux aux reflets bleu et vert se forma au-dessus de lui ! Quand le câble atteint le dôme, il s’arrêta et glissa dessus puis tomba à terre. Le dôme disparut en un claquement de doigts sans que le Chat aie l’air autrement secoué que ça. Thomas par contre…

-     Tu… tu vas bien ?

-     Oui, pourquoi ?

Le général en doutait sérieusement. Il avait remarqué les signes avant-coureurs d’une grosse fatigue.

-     Note pour moi-même : l’utilisation de leurs pouvoirs à eux deux, quels qu’ils soient semblent leur coûter… Mais là, ce n’est pas représentatif, vu qu’il est blessé et que je ne sais pas combien de temps il a marché et plein d’autres facteurs… Allons, mon vieux, ressaisit-toi ! Voilà que tu parles d’eux comme d’une expérience scientifique… Pensa Thomas. Mais quand même prévoir une attelle pour la mâchoire ! Je pressens qu’ils vont m’en faire voir de toutes les couleurs…

Il ne croyait pas si bien penser…

Mais il fut coupé dans ses pensées par la voix de Jeda.

- Vous allez bien ? Désolée pour le câble. Au fait, je l’ai mis en place. Ça va le Chat ?

En effet, malgré ses affirmations son frère ne semblait pas aller très bien. Il était très pâle, autant qu’on pouvait en juger de nuit, mais on pouvait le voir à la lueur de la lune. Il s’agrippait à la rambarde pour ne pas s’effondrer de fatigue.

-     Bravo ! Tu grimpes comme une championne ! S’exclama Thomas. Je vais tenter de rallumer le mécanisme. Tu es sûre que tu as bien fixé le câble ?

Elle répondit par l’affirmative, l’air un peu agacé.

-     Pourquoi ? Tu en doutes ?

-      Non, non ! Mais je pose cette question tout le temps tu sais ! Je suis un paranoïaque de la préparation, ajouta-t-il avec un brin d’humour.

-     Mais pas de la sécurité à ce que je vois…

Elle alla s’appuyer sur un pilier de la plate-forme, l’air renfrogné.

-     Joli, Jeda ! Lança son frère, qui malgré sa pâleur et sa fatigue évidente, ne semblait pas vouloir se démonter.

-     Au poil !

Il s’agissait visiblement d’une blague dont le sens échappa au général.

-     Elle est rancunière ta sœur ! Glissa-t-il au Chat alors qu’il appuyait sur le bouton relançant l’ascenseur.

-      Ouais, un peu…

-      Bel euphémisme !

-     Je vous ai entendu ! Vous n’êtes vraiment pas discrets.

Ils se regardèrent et éclatèrent de rire. C’est dans cette ambiance joyeuse qu’ils arrivèrent en bas sans encombre.

Chapitre 3

Une sacrée doctoresse !

Ils descendirent avec un soulagement palpable de la plate-forme. Il faisait désormais nuit noire.

-     « Venez. Je pense que vous devez avoir envie de dormir mais il faut d’abord que vous passiez un examen médical. »

La réaction des jumeaux surpris le général. Ils se montrèrent immédiatement méfiants et renfrognés. Ça se voyait comme le nez au milieu de la figure qu’ils ne voulaient pas aller chez le docteur. Thomas le sentait.

-     « Allez, ce n’est pas la mort ! Par contre, si ta blessure s’infecte, le Chat, je ne te promets plus rien. » Et, voulant détendre l’atmosphère : « Comme ça, on pourra vérifier que vous êtes bien des êtres humains. Car après ce que j’ai vu, permettez -moi d’en douter. »

Curieusement, ça les renfrogna encore plus.

-     « De toute façon, on n’a pas vraiment le choix. Médoc va me passer un savon pour ne pas vous avoir mené à l’infirmerie et vous n’y couperez pas non plus. C’est une vraie démone ma sœur ! »

-      « L’infirmière est ta sœur ? »

-     « Oui. Plus exactement ma demi -sœur. Même mère, pères différents. Mais, rassurez -vous, elle est qualifiée. » Puis, revenant à la réalité, « Venez. »

Ils se dirigèrent vers une grande tente blanche frappée d’une croix rouge dont la barre verticale contenait un éclair. Le petit groupe entra dans une sorte de petite salle d’attente.

-     « Et on fait quoi maintenant ?» Demanda le chat au général.

Pour toute réponse, celui-ci cria :

-     « Médoc ! T’as de la visite ! »

-     « Voilà ! J’arrive ! »

Une personne poussa la « porte » et entra. C’était une jeune fille, un peu plus âgée qu’eux, avec des yeux noirs semblables à ceux de son frère et habillée d’une blouse blanche. Elle était plutôt mince, la peau mate « comme les gens du désert », pensa Jeda. Ses cheveux frisés lui arrivaient aux épaules, elle dégageait une aura de bonne humeur, bien qu’elle ait l’air un chouïa fatigué.

-     « Bonsoir ! » Puis, avisant les voyageurs, « Qu’est-ce que tu m’amènes là, Général ? »

-     « Deux nouveaux dossiers pour toi ! » Répondit son frère. « Je leur laisse le soin de se présenter eux-mêmes ! »

Elle les jaugea du regard.

-     « Bon. Qui se porte volontaire pour passer d’abord ? »

Personne ne répondit.

-     « Je fais vraiment si peur ? » Les taquina-t-elle.

-     « Tu connais les hommes, » lâcha Jeda, « Ils sont bien courageux sur le champ de bataille ou devant un incendie mais dès qu’on doit aller chez le médecin ou parler amour il n’y a plus personne ! » Et elle ajouta : « moi je suis volontaire en tout cas ! »

Thomas rougit et se mit à protester et le Chat décocha un demi-sourire énigmatique. Tout le monde avait compris que la pique visait surtout le frère de Médoc. La doctoresse éclata de rire.

-     Je sens qu’on va bien s’entendre toi et moi ! Allez, viens !

Une fois qu’elles furent entrées dans le cabinet de soins, Thomas glissa :

-     Elle est vraiment très rancunière ta sœur…

-      Ouais.

-      Au fait…

-      Quoi, Général ?

-     Merci et Pardon.

Le chat se retourna.

-     « Mais pourquoi pardon ? Tu ne m’as rien fait ! » S’exclama t’il. « Merci ça je comprends par contre. Ce ne serais pas à propos d’une certaine chute ? » Ajouta-t-il avec un brin d’humour.

-      J’ai laissé traîner mon épée sur la plate-forme. C’est comme ça que tu t’es fais mal…

-      « Bah. Avec ou sans ton épée, j’aurai quand même dégusté. A la place, je me serais pris une poutrelle et ça aurai pu être pire. Tu as déjà vu une blessure à la tête ? Et ses conséquences ? Là c’est juste l’omoplate qui s’est pris un coup. Et je guéris très, très vite. Regarde. »

Il l’invita à examiner sa blessure. Thomas poussa un cri de surprise.

-     Ta blessure ! Elle est presque refermée !

En effet, la plaie était recouverte d’une croûte et ne saignai plus. Fait extraordinaire car la blessure était quand même assez profonde pour continuer à saigner une bonne heure encore.

-     Mais c’est… Balbutia l’éclairite.

-     Incroyable, je sais.

Le garçon n’avait même pas l’air étonné.

-     Pour reprendre là où on était, je ne t’en veux pas du tout. Ce n’est pas de ta faute si l’ascenseur est dans un tel état ! J’en veux plutôt aux squelletites d’avoir incendié la plate-forme, et donc indirectement mis nos vies en danger. En plus, comme ça tout le monde est content !

Thomas hallucinait. Il n’avait jamais, au grand jamais, rencontré quelqu’un de pareil.

-     Tu…Tu ne m’en veux vraiment pas ???

-     Bah non ! Qu’est-ce que tu crois ?

De toute façon, songea le Chat, là j’ai déjà assez de rancœur en moi pour pas en rajouter…

C’est à ce moment-là que Médoc fit irruption dans la pièce.

-     Alors, à qui le tour ?

-      A moi ! Dit précipitamment Thomas, comme s’il avait peur qu’on lui prenne sa place.

-     Pourtant mon cher, objecta médoc, tout à l’heure tu me semblais un peu moins pressé pour entrer dans mon « antre » …

Thomas grimaça. Sa blessure lui faisait de plus en plus mal…

-     Médoc… Ce n’est pas le moment, s’il te plaît… Implora-t-il

Mais Jeda en rajouta une couche

-     Aurais-tu peur de moi ou de mon frère à ce point, Général, pour aller te réfugier chez ta sœur ? Ha les mecs…

Thomas n’en pouvait plus. Il était à bout. Et cette fille ne comprenait pas, mais alors pas du tout, l’état dans lequel il se trouvait.

-     Boucle- la !

Il y eu un silence choqué. Que le Chat rompit en applaudissant lentement.

- Bravo Jeda ! Timing parfait ! Lança-t-il ironiquement. Puis, se reprenant : Y as vraiment des fois où tu devrais fermer ta grande gueule ! Quand on ne sait pas, on ne cause pas.

Sa sœur le regarda d’un air voulant sans doute dire : « Quoi ? Tu ne me défends pas ? »

Sans leur laisser le temps de plus réagir, Thomas s’engouffra dans le cabinet de Médoc. Une fois à l’intérieur, Médoc lui demanda ce qui lui avait pris. En guise de réponse, il enleva sa tunique et désigna sa brûlure. Elle suintait et avait l’air irritée. Médoc poussa une exclamation.

-     Ton pansement ! Tu ne l’as plus ! Pas étonnant que ça te fasse aussi mal ! Mais je t’avais dit de…

Son demi-frère la coupa.

-     Je l’ai donné à quelqu’un qui allait se vider de son sang.

Et lui raconta tout l’histoire. Médoc soupira.

-     D’abord tu sautes dans les flammes pour sauver tes copains puis tu tombes dans le vide et ensuite tu enlèves ton bandage ! Tout ça en moins de 3 jours ! Thomas, à ce rythme soit c’est toi qui vas en mourir, soit c’est moi à force de m’épuiser à te soigner !

Il sourit, l’air un peu canaille, et répliqua :

-     Si c’est toi, tant mieux ! ça me débarrassera d’une sœur très enquiquinante !

La doctoresse tenta de lui donner une claque. Son frère l’évita facilement, mais grimaça. Elle le remarqua et fit la moue. Il fallait toujours que son frère fasse croire qu’il était plus fort ou plus résistant qu’il ne l’était vraiment… Cela pourrait mal tourner un jour, songea-t-elle.

-     Allez, soupira Médoc, je vais soigner ça…Sale affaire ! marmonna-t-elle

Elle sortit d’une petite armoire un baume anti-brûlure, un bout de tissu usé mais ultra propre et une nouvelle bande et commença à soigner le général. Quelques minutes plus tard, elle annonça :

-     C’est fait. Tu peux y aller.

Et comme il se dirigeai vers la paroi de toile les séparant de la salle d’attente, elle se repris.

-     Tu peux y aller, mais pas dans cette tenue.

Thomas rougis. Il avait en effet omis de ré- enfiler sa tunique. Il la remit rapidement, boucla son ceinturon et sorti.

Pendant ce temps, une légère altercation avait eu lieu entre le Chat et sa sœur.

-     Pourquoi tu l’as défendu ? Dit Jeda à son frère d’un ton aigre.

-     Tu étais allée trop loin. Il était brûlé et il avait mal ! De plus il ne t’avait rien fait ! Et devine où a atterris le pensement qui devait le protéger ? Répliqua son frère.

Jeda ne répondit rien.

-     Sur la blessure de la personne que tu es en train d’ignorer royalement, princesse !

-      Ah…

-     Bah oui « ah » !

Jeda finit par réagir.

-     Je crois… Que je lui dois des excuses.

-     Bien sûr que tu lui dois des excuses !

Jeda attendit la suite plus que probable de la diatribe de son frère mais ce dernier resta silencieux.

-     Le Chat ? Pourquoi tu me fais cette tête d’enterrement ? Il y a un problème ?

Il répondit avec lenteur.

-     Imagine… Que ce soit lui que nous devions tuer…

-      Je ne pense pas.

-     Et pourtant… Il y a une ressemblance que nous ne pouvons négliger…

Sa sœur resta silencieuse.

Chapitre 4

Le plus sage des lieutenants

C’est à ce moment-là que Thomas rentra dans la salle d’attente.

-     C’est à toi, le Chat.

Puis ajouta avec une petite moue :

-     Médoc va me tuer quand elle va voir dans quel état tu es…

Ce dernier entra dans le cabinet de la doctoresse.

-     Bonsoir.

-     Assieds-toi là.

Elle lui désigna une chaise médicale apparemment rescapée de l’incendie car elle portait des traces de brûlures et elle était noircie par endroits. Le garçon s’assit dessus avec une méfiance affichée. Médoc lui lança gaiement :

-     Oh, arrête de prendre cette tête de victime vouée au sacrifice ! Je ne ferais aucun mal à celui qui a sauvé la vie de mon frère, autrement ça barderait pour mon matricule !

Le général lui a donc raconté… Songea le Chat.

-     Bon. Passons aux choses sérieuses. Blessures apparentes ? Pathologies chroniques ?

Elle l’examina et poussa un juron.

-     Eh bah ! Tu t’es pas loupé ! Et en plus, tu es exténué et mort de faim ! Je peux compter tes côtes.

Elle marmonna pour elle-même :

-     Thomas de l’éclair, ça va barder pour toi ! Nan mais y fait jamais attention à l’état…

Le reste de sa diatribe se perdit dans le vide. Elle alla chercher une bande propre, un baume désinfectant et commença à le soigner. Elle retira l’ancien pansement, désinfecta la blessure et la banda. On sentait qu’elle était douée et qu’elle exerçait ce métier depuis longtemps malgré son jeune âge.

-     Tu es libre ! Lança-t-elle, j’ai fini !

-     Merci Médoc ! Beau travail, dit-t-il en admirant le bandage impeccable qu’elle avait posé sur sa plaie.

Il quitta la salle et se retrouva dans la salle d’attente. En s’asseyant à côté du général, il lui souffla,

-     Tu ferais bien de te casser, et en vitesse ! J’entendu Médoc marmonner contre toi lorsque je sortais. Et les termes les plus élogieux étaient : Aveugle physiologique, âne bâté, tête de mule et égoïste exocentrique !

Le général s’empressa de quitter la tente tandis que retentissait un terrifiant :

-     Général Thomas de l’éclair ! Viens ici !

-     Oh là là … Je n’aimerais pas être à sa place… Souffla le Chat

-     Moi non plus.

Les jumeaux sortirent de la tente et rejoignirent Thomas. Celui-ci se retourna brusquement en les entendant venir, la main sur la garde de son épée, en position de combat.

-     Ah, c’est vous, dit-il.

Il retira la main de son épée et se détendit.

-     Je suppose que vous devez être crevé, pas vrai ?

-     Tu supposes bien.

Puis examinant le frère de Médoc, il ajouta.

-     Et toi aussi, je suppose ?

-     En effet, reconnut-il, mais là n’est la question. Suivez-moi, je vais vous montrez où dormir.

Ils traversèrent le camp jusqu’à un bâtiment que les flammes semblaient avoir épargné. Sur le fronton, on pouvait voir au clair de lune un blason frappé d’un éclair jaune et avec, en arrière-plan, un A majuscule blanc sur fond violet. Ils passèrent la porte et se retrouvèrent dans une grande salle dans laquelle était disposée des chaises, des poufs et des tables sans plan précis ainsi qu’une bibliothèque. Elle était déserte. Ils gravirent un escalier et arrivèrent dans un dortoir où toutes les sortes de couchage possible était réunis. Les lits ne formaient pas des rangées mais des blocs disparates parmi lesquels ils slalomèrent. Quelques chuchotements accueillir leur arrivée mais ils se turent dès que les trois visiteurs arrivèrent au niveau du premier bloc. Ils s’arrêtèrent devant deux lits « normaux ».

-     Je pense que ça conviendra pour cette nuit, chuchota Thomas. Demain vous vous choisirez un lit. En temps normal, vous auriez construit le vôtre mais vu que nous allons bientôt déménager…

Voilà la raison pour laquelle tout ces lits sont dépareillés…

-     Merci.

- Je vous laisse. Bonne nuit.

Les jumeaux se couchèrent et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, ils s’endormirent. À 7 heures du matin, ils furent réveillés par une sonnerie stridente. Les jumeaux observèrent qu’il y avait à peu près autant de fille que de garçons, qu’il devait y avoir au bas mot une centaine d’apprentis dans le dortoir et qu’ils étaient de tout âges même s’il y avait une majorité de jeunes. Le général entra dans le dortoir, l’air jovial.

-     Bonjour tout le monde ! Bien dormi ? Boulon est occupé du coup c’est moi qui fais la répartition aujourd’hui. Bon alors, Luis, Morgan, Anne, Lynx et Brikbrok vous êtes de patrouille donc je veux vous voir à la plate-forme dans 20 minutes, p’tit dèj compris ! Sara, Boulon a besoin de toi à l’ascenseur le plus vite possible ! Les autres vous regardez vous regardez vos éclaireurs pour voir si vous avez un entrainement. Autrement, vous êtes libres. Ah, et le Chat et Jeda, vous êtes attendu par le conseil à 8 heures. Rivière, tu peux les guider ?

Toutes les têtes se tournèrent vers eux. Une fille aux yeux bleu turquoise et aux cheveux noirs coupés aux épaules s’avança et leur fit signe de les suivre.

- Bonjour ! Vous devez avoir faim, non ? leur demanda-t-elle d’une voie douce.

Et comme ils acquiesçaient, elle leur fit signe de la suivre. Ils traversèrent le bâtiment dans l’autre sens puis une grande esplanade parsemée de bancs parfois (souvent) calcinés avec au centre une grande fontaine dont la partie gauche était démolie, comme si son bassin avait été le théâtre d’un violent combat. On avait gravé une devise sur le rebord : « On va peut-être mourir demain, alors autant rire. »  Ils la dépassèrent et se dirigèrent vers une grande tente dressée sur des ruines d’où s’échappait une délicieuse odeur.

Ils entrèrent. La cantine était vaste, avec des tables aussi éparses qu’au logis des apprentis et au fond, des bacs contenant des sandwichs, des fruits et des plats.

Les 3 comparses prirent chacun un sandwich, jambon fromage pour le chat, composite pour Jeda et Rivière et s’assirent à une petite table. Entre deux bouchées -les sandwichs étaient délicieux-  le Chat demanda à Rivière :

-     ‘ourquoi ‘u ‘a’’elle Chivière ?

-     Euhhh ?

Le Chat avala une grosse bouchée sous le regard réprobateur de sa jumelle et dit :

-     Excuses- moi. Ces sandwichs sont une tuerie et ça faisait longtemps que je n’ai pas mangé de vrai repas. Je disais donc : Pourquoi tu t’appelles Rivière ? Répéta-t-il très sérieusement.

La jeune fille le regarda d’un air mi-amusé mi-réprobateur. Pour toute réponse, elle agita le petit doigt et l’eau de la bouteille de le Chat déserta son contenant et forma une massue aquatique qui alla s’écraser sur la tête du garçon. Il ruisselait de la tête aux pieds et se mit à crachoter. D’un geste négligent, l’éclairite fit se remplir de nouveau la bouteille d’eau et sécha du même coup les vêtements du garçon.

-     Mon frère jumeau, fleuve et moi-même, sommes des hydrokinésistes de talent.

-     Et modeste, pour ne rien gâcher. Mais c’est pas mal du tout. Mais je peux faire mieux.

Rivière tenait en main une bouteille d’eau, semblable à celle du Chat, en verre. L’apprenti jeta un regard à la bouteille. Il la désigna du doigt.

-     Je peux ?

Rivière lui tendis l’objet, légèrement intriguée. Le Chat le saisit, puis brusquement, jeta la bouteille en l’air. Elle retomba mais quand elle toucha le sol, ne se fracassa pas ! Le Chat la récupéra et la redonna à sa propriétaire. Il saisit ensuite la sienne et se mis à lui imprimer des mouvements circulaires. Pui il la posa sur la table et lui jeta un regard. Mais au lieu de s’estomper et de perde de l’énergie, la rotation se renforca jusqu’à créer une mini tempête qui brisa la bouteille de l’intérieur ! Le Chat s’excusa.

-     Pardon, je ne pensais pas que ça exploserai !

Mais son léger sourire démentait son innocente affirmation.

Quand tout fut revenu à la normale, Rivière questionna le Chat :

-     Tu contrôles la gravité ?

-     Pas exactement. L’énergie cinétique, pour être juste.

Jeda donna un coup de coude à son frère.

-     T’aimes vraiment frimer toi…

-     Pas plus que toi, répliqua-t-il en se massant les côtes.

Ils furent interrompu par un haut-parleur qui crachota :

-     Le Chat et Jeda sont attendus à la salle du conseil… Clok.

Et le tube de bois noirci tomba au sol et rendit son dernier soupir. Rivière soupira :

-     Boulon et son apprenti ont beaucoup de travail en ce moment… Suivez-moi.

Elle expliqua :

-     Boulon est le caporal de l’escouade violette, la nôtre. Il est également un excellent mécanicien.

Ils traversèrent le camp pour atteindre un bâtiment que les flammes semblaient avoir miraculeusement épargnées. C’était le centre névralgique du lieu, la salle du conseil. Il entrèrent et se retrouvèrent dans une grande salle lumineuse dans laquelle était placée une table ronde au milieu évasé. Autour de la table siégeaient plusieurs personnes dont le général et celui qui, visiblement, devait être son lieutenant. Le chat vit plusieurs visages connus, comme ceux de Sar, Médoc et Yori.

-     Tu peux y aller, Rivière. Merci. Dit le général.

La jeune fille se retira et ferma la porte. Le chat eu un léger frisson quand il entendit la porte se refermer. Il avait l’impression de refermer sur lui la porte de sa prison.

-     Bon. Le Chat et Jeda. On commence par la partie administrative. Vos dates de naissances ?

-     28 octobre 2379.

Le général écarquilla les yeux et sourit.

-     Ça c’est drôle ! C’est également la mienne !

Il se repris et annonça :

-     Bon. La partie moralisatrice, maintenant : En devenant éclairite, votre passé est effacé. Vous auriez pu être les pires salopards que la terre n’est jamais eu, nous nous en moquons. Mais en contrepartie, maintenant vous travailler pour le bien. En ce moment, nous concentrons principalement nos efforts sur le clan du squelette. Je vous rappelle que nous n’acceptons une mission qui si elle contribue au bien de notre monde. Mais si vous faites un trop gros écart sans raison valable, vous êtes exclus. Vous pouvez choisir le nom qui vous plaît. Lesquels souhaitez-vous ?

Le Chat comprenait mieux les noms étranges de certains. Ils les avaient donc choisis…

-     Les noms sous lesquels vous nous connaissez. Le Chat et Jeda.

-     Parfait. Le temps de votre apprentissage, vous aurez un mentor qui sera à la fois votre prof, votre référent et votre ami.

Thomas ajouta avec un petit sourire :

-     Même si je pense que l’on a rien à vous apprendre en combat.

Le Chat baissa légèrement la tête. Il apprécia le compliment, de même que sa sœur à sa juste valeur.

-     Vous apprendrez leurs noms en même temps que vous serez présentés au reste du clan, après l’épreuve de l’introspecteur que vous allez passer maintenant. Le conseil est levé. Sar, tu peux aller chercher Boulon, s’il te plaît ?

La plupart des personnes se levèrent et partirent sauf Thomas et son lieutenant. Ce dernier avait des yeux noirs et perçants qui ressemblait étrangement à ceux de Thomas, une cicatrice avec 3 points de suture en travers d’un nez en bec d’aigle et des cheveux noirs hérissés. Il était à la fois mince et charpenté. Le lieutenant semblait avoir la quarantaine et faisait penser à un vieux lion ayant vu plus d’une bataille. Il portait un uniforme bleu semblable en tous points à celui de son chef sauf en une chose : un L entourait l’éclair sur sa poitrine à la place d’un G majuscule. Il tendit la main au Chat.

-     Enchanté. Je suis Lion.

Tiens donc…Un vieux lion ayant vu d’une bataille, hein ? Le Chat saisit sa main … Et Lion s’effondra au sol, secoué de spasmes ! Le général dégaina son épée, et en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, il attrapa l’étranger par le devant de son sweat et lui posa la pointe de son épée sur la gorge. Leurs nez étaient presque collés. Le Chat voyait très distinctement son visage se refléter dans les yeux de son agresseur.

-     Qu’est-ce que tu lui as fait ? Réponds ! hurla-t-il ?

Le chat ne savait ce qui était arrivé à Lion… Il ne le savait absolument pas… Il se sentait aspiré par… Quelques secondes plus tard, il se retrouva dans une salle sombre. Il était dans le souvenir de quelqu’un… Il avança et vit un corps au sol. Un enfant le secouait et pleurait près de lui.

-     Réveille-toi ! S’il te plaît ! Réveille-toi ! Pourquoi vous lui avez fait ça ?

L’enfant leva les yeux vers une silhouette sombre qui surplombait la scène, tenant un fouet. A la faveur d’un rayon de soleil qui passa par un soupirail, le Chat aperçu le visage barbouillé de larmes de l’enfant. C’était Thomas ! Ou plutôt, l’enfant qu’il avait été, à 6 ans environ. La confusion n’était pas possible. Même cheveux jaunes en bataille, même yeux noirs… Et le corps au sol… Lion ! Sans connaissance et couvert de plaies avec une blessure au nez qui deviendrait sans doute la fameuse cicatrice. Mais il ne portait pas l’uniforme éclairite mais une tunique noire brodée de rouge aux manches et au col, tachée de sang et un pantalon noir également. Le petit Thomas se releva et hurla, plein de rage :

-     Pourquoi ? Vous n’êtes qu’un salopard !

La silhouette répondit, dédaigneuse :

-     Ton précepteur m’as désobéi. Il devait être puni. Et de toute façon, c’est de ta faute si j’ai dû faire cela.

L’enfant recula, comme si on l’avait frappé. La silhouette continua :

-     Si tu n’étais pas tombé malade, il n’aurait pas été contraint d’abandonner son poste pour te soigner. Il n’aurait pas dû. Après tout, tu n’es qu’un gamin comme un autre. Si tu étais mort, qu’es ce que ça aurait changé ?

Mais on voyait bien qu’il ne pensait pas vraiment que le petit Thomas était « un gamin comme un autre ». Mais l’enfant ne s’en aperçu pas et blêmit encore plus, si c’était possible. L’ombre repris, avec une nuance de contrariété dans la voix :

-     Mais je serais quelque peu embêté si lui meurt. Vois-tu, j’ai encore besoin de ton précepteur… Vivant. Mais pas d’un gamin qui tombe malade au moindre coup de vent et contrarie la destinée de son clan. Et si en plus il trépasse (il désigna Lion d’un coup de tête) ce sera de ta faute.

Le Chat avais envie de vomir. Si c’était là-bas que Thomas avait grandi… C’était un miracle qu’il ne soit pas soit mort, soit devenu comme la silhouette. Et faire culpabiliser un gamin de cette manière alors que tout était sa faute, à lui. Et si Lion était son précepteur, normal qu’il vienne l’aider ! Mais du coup, Thomas et Lion se connaissaient depuis très longtemps… Il avait envie de frapper l’ombre. Mais l’enfant ne se laissa pas faire. Il dégaina un poignard et se précipita sur la silhouette, dague levée. Mais celle-ci brandit son fouet et le fit claquer en l’air. La lanière de cuir s’enroula autour du poignet du petit Thomas. L’ombre resserra sa prise et l’enfant lâcha son poignard en hurlant de douleur. La silhouette se pencha brusquement sur lui, le saisit par le col et le souleva de terre jusqu’à ce que leurs visages se touchent presque.

-     Evite ce genre de choses à l’avenir, si tu ne veux pas finir comme lui !

Et il le balança près du corps sans connaissance de Lion. Le petit Thomas poussa un cri de douleur : le poignet blessé avait heurté le sol. Il se recroquevilla, son poignet serré contre lui. L’ombre se pencha sur lui, la main tendue. Et tout devint noir.

Chapitre 5

L’introspecteur.

-     Le Chat ! Tu m’entends ?

Il entrouvrit les yeux. Le général et Jeda le regardait, l’air inquiet. Fait étrange, il était toujours debout. Il regarda autour de lui, sur ses gardes. Il s’attendait à ce que Thomas lui saute dessus, l’épée au poing. Mais le général lui dit d’un ton bourru :

-     Excuse-moi. Tu n’y es pour rien dans l’évanouissement de Lion. Il me l’a confirmé lui-même. Tu te sens bien ?

-     Pas grave. Je comprends, répondit-il, éludant ainsi la question de Thomas

Il revoyait encore le corps de Lion au sol et le petit Thomas hurler… Ce qui c’était passé devait lui avoir rappeler cette scène. Et il avait pété un plomb.

-     Bon. Si on faisait ce qu’on avait à faire ? Repris-t-il pour chasser ses idées noires.

-     D’accord ?... Venez.

Jeda lui expliqua.

-     Il était à 2 doigts de t’embrocher quand Lion s’est relevé. Il a dit un truc à l’oreille du général et ce dernier t’as lâché. Il a voulu s’excuser et c’est là qu’on s’est rendu compte que tu ne réagissais pas. Je t’ai demandé si tu m’entendais. La suite, tu la connais.

Ils prirent un long couloir. Pendant qu’ils marchaient, Thomas pris à part Lion :

-     Alors ? Qu’est-ce que tu as lu ?

-     C’était incroyablement puissant… Ce garçon pourra être soit ton plus fidèle ami ou ton pire ennemi. Mais il y a un évènement qui le ronge de l’intérieur, il devra d’abord combattre ses démons avant de combattre des ennemis physiques. Il tiendra entre ses mains bien des vies mais se répugnera toujours à tuer. Sa cicatrice sur la joue n’est rien en comparaison de celle qu’il a au cœur.

Lion avait dit tout cela très vite, comme si les mots se prononçaient d’eux même.

-     Eh bah ! C’est de loin la plus dingue des lectures que tu ne m’aie jamais faite !

-     Prends-le comme apprenti, si tu veux mon avis. Mieux vaut… Il s’interrompit pris d’une intuition soudaine. L’introspecteur vas littéralement péter les plombs. Mieux vaut ne pas le faire tester, ni lui ni sa sœur, ça pourrais être dangereux pour la machine et pour eux.

-     Tu t’inquiètes plus pour la machine que pour le Chat ? Le taquina le général. Puis reprenant son sérieux :

-     C’est la loi. Tout le monde doit passer par là. Et Boulon vérifie l’introspecteur avant chaque passage. Ils ne risqueront rien.

Ils s’interrompirent. Ils venaient d’arriver devant une autre porte, en métal celle -là. Thomas tira une clef de sa sacoche et l’introduisit dans la serrure. Il fit entrer les jumeaux et Lion puis referma la porte derrière lui et alluma la lumière.

-     Bienvenue dans la salle de l’introspecteur !

Ils se trouvaient dans une salle ronde au centre de laquelle était placé une estrade. Sur cette estrade, une étrange machine en forme de tube avec 2 pupitres relié à ce qui ressemblait à une imprimante.

-     Cette machine lira votre potentiel et votre propension à être un bon éclairite. Vous n’avez qu’à aller au centre du tube et…

-     Non !

Tous se retournèrent. C’était les jumeaux qui avaient poussé ce cri.

-     Cela vous pose un problème ?

Les jumeaux se regardèrent. Il passa entre eux un message silencieux. Finalement, le Chat pris la parole.

-     On n’a pas très envie qu’un truc farfouille dans notre tête… Et puis pour ce qui est de se faire griller les neurones, on a déjà donné.

-     Pourtant, vous n’avez pas vraiment le choix, signala le lieutenant. Tout aspirant doit y passer. Alors décidez-vous. Qui passe en premier ?

Les jumeaux se regardèrent de nouveau. Puis ils s’écrièrent en cœur :

-     Elle !

-     Lui !

Chacun pointant du doigt l’autre. La scène avait quelque chose d’assez comique et Lion aurait éclaté de rire si le regard furieux des deux acolytes ne l’avait pas réduit au silence. Jeda se gratta le crâne, l’air à la fois furieuse et attristée.

-     Je crois bien que c’est la première fois que l’on n’est pas d’accord sur quelque chose, toi et moi…

-     Je crois aussi. Mais passe donc la première, ça me fera plaisir.

-     Et si j’ai pas envie ?

Ils commencèrent à se disputer. Thomas sentait que s’il ne faisait pas bouger les choses, on en serait encore là demain. Et en plus, il tenait une occasion en or pour casser les pieds de Jeda. Il prononça assez fort pour que tout le monde l’entende :

-     Ah les filles ! Quand il s’agit de taquiner, d’insulter quelqu’un ou de passer chez le docteur, ça vas. Mais quand il y a une grosse machine qui bourdonne un peu et qui luis, y a plus personne !

Les jumeaux se retournèrent et déclarent à l’unisson :

-     Qu’est-ce que tu as contre les filles ?

-     Les filles… En général ? Rien, dans l’absolu. Une fille en particulier ? Trop casse-pied et vaniteuse ! Sans compte qu’elle reproche aux autres des fautes qu’elle effectue elle-même !

Le Chat sourit. Sa sœur avait largement mérité cette pique. Allait-elle se dégonfler ou passer immédiatement ? Jeda, l’imprévisible Jeda… Mais Jeda s’avança vers Thomas et lui lança un regard noir.

-     Tu vas voir ça ! Et je te préviens, tient ta langue !

Et elle se positionna à l’intérieur du tube.

-     Lance la machine ! Ordonna-t-elle à Boulon.

Lion poussa un rugissement. Il savait désormais ce qui allai se passer. Mais c’était trop tard. Boulon appuya sur le bouton, déclenchant la machine. Le tube s’illumina d’une lueur verdâtre. Un cercle lumineux scanna le jeune fille, mais soudain tout les voyants passèrent au rouge et le tube émit un flash rouge sang. Jeda hurla et se tordit de douleur. Le Chat se précipita vers le tube.

-     Jedaaaa !

-     Non !

Thomas saisit le garçon par le poignet et le força à s’arrêter. Il était d’une force surprenante et le frère de Jeda fut obligé de stopper. Il commença à se débattre. Le Général lui hurla :

-     Arrête ! Tu ne peux pas l’aider, juste te mettre en danger et elle avec !

Ce dernier argument eu raison du Chat. Il tomba à genoux et regarda d’un air désespéré sa sœur qui se tordait de douleur. Soudain, deux tentacules lumineux jaillirent du tube et se dirigèrent vers lui. L’un lui effleura le bras et se rétracta. Là où le tentacule l’avait touché, il y avait une marque de brûlure. L’autre s’appuya brièvement contre son front. Le Chat recula, se mit à tituber et porta ses deux mains à son crâne. L’introspecteur s’éteignit soudainement et le tube s’ouvrit. Le corps inanimé de Jeda chuta au sol, face contre terre, avec des brûlures disséminées sur tout le corps. Le Chat poussa un cri de bête blessée à mort et se précipita vers sa jumelle. Il s’agenouilla et la retourna.

-     Jeda ! Nooooon !

Elle poussa un gémissement à peine audible et entrouvrit les yeux pour les refermer aussitôt. Un spasme la parcourut et un cri de douleur lui échappa. C’est fut trop pour son frère. Il leva un bras et la paume de sa main se mit à luire. Thomas étouffa un cri de surprise. Que comptait-il faire ? Il n’allait quand même pas… Achever sa sœur ? Mais c’est le contraire qui se produisit. Le garçon posa sa main sur les brûlures de sa sœur et les guéries une à une ! Jeda entrouvrit les yeux et aperçu son frère penché sur elle.

-     Tu es fou ! Il ne fallait pas utiliser ton pouvoir là… C’est trop dangereux !

Son frère sourit et tenta de se relever mais chuta au sol. Thomas accouru, l’adossa au pupitre de commande et s’aperçu qu’il tremblait convulsivement. Thomas regarda Lion et désigna Jeda. Ce dernier hocha la tête. Il avait compris.

-     Tu peux m’expliquer ce que tu viens de faire ?

Le Chat répondit lentement, comme si chaque mot lui coûtait.

-     Sauver… ma sœur. Qu’est ce… tu crois ? Et là… J’ai dépassé… mon cota de … grillage de neurones.

-     Miracle ! Tu blagues ! Donc tu vas bien.

Il examina la brûlure qu’il avait au bras. Elle n’était pas grave mais devait être douloureuse. Il voulut examiner son front mais le garçon roula sur le côté. Compris. Pas touche à la capuche.

-     C’est pas… significatif. Je blaguerais… même sur mon… lit de mort.

-     Tu te sens bien ?

-     Oui… Pourquoi ?

-      C’est vrai ce mensonge ?

Le garçon eu un demi sourire énigmatique et s’évanoui. Enfin, ça c’est ce que croyait le général, jusqu’à ce qu’il s’aperçoive que sa poitrine se soulevait régulièrement. Il s’était juste endormi ! Il réprima un éclat de rire et se tourna vers Jeda et Lion. La jeune fille semblait aller bien mais devait être un peu secoué. Soudain, l’imprimante bipa et deux feuilles de papiers en sortirent et voletèrent pour aller se poser aux pieds de boulon. Il les ramassa, et les parcouru du regard. Une expression de stupéfaction intense se peignit sur la moitié de visage qui n’était pas dissimulée par son masque de fer.

Chapitre 6

Mentors et apprentis

-     Gé… Général ! Venez v… voir !

-     Qu’est-ce qu’il y a, Boulon ?

Pour toute réponse, celui-ci lui tendit les feuilles de papiers. Le général étouffa une exclamation de surprise et relu la première, comme s’il n’avait pas compris quelque chose.

-     C’est incroyable… Je ne pensais pas que ce symbole apparaîtrait un jour…

Sur la feuille portant le nom du Chat était imprimé un éclair. Rien d’autre. Sur celle de sa sœur, quelques lignes et un « 80% ». Mais Thomas se fichait totalement de la fiche de Jeda. Comment était-ce possible que la fiche du Chat soit frappée de cet emblème ? Serait -il… Un éclaratype ? L'emblème ne laissait aucun doute quant à cela.

-     Mais alors…

Il se retourna vers le garçon. Il gisait toujours près du pupitre de commande. Thomas retourna vers lui. Il respirait plus rapidement. Puis, soudainement, fut pris de spasmes, se retourna sur le côté et vomi. Le général s’écarta.

-     Le Chat ? ça… ça vas ?

-     Aussi bien que … ça peut aller… dans mon état.

Le général soupira.

-     Arrête de dire des bêtises. Est-ce que tu es en état de marcher ? Il faut que tu ailles à l’infirmerie.

Question stupide, il n’était visiblement pas capable de faire trois pas.

-     Ça va. J’ai juste… besoin de repos.

Et sur ces mots, il se rendormi. Jeda s’approcha, une main posée sur ses côtes.

-     Mon frère… Il va bien ?

Thomas ne put résister à l’envie de l’interroger.

-     Qu’a-t-il fait exactement, tout à l’heure ?

Puis, avisant le regard de Jeda, préféra d’abord lui répondre.

-     D’après lui, ça va, il a juste besoin de repos.

Jeda examina son frère et posa la main sur sa poitrine. Bizarrement, une petite lueur s’alluma sur son buste, juste sous son T-shirt. Une autre lueur s’alluma sous celui de Jeda, comme en réponse. Elle se retourna vers le général et la lueur s’éteignit.

-     Il dit vrai. Ce qu’il a fait n’est pas recommandé pour la santé mais si on le laisse dormir, il s’en tirera.

Thomas lui lança un regard interrogateur.

-     Il a fait une transfusion d’énergie. En langage clair, il m’a donné une grande partie de son énergie vitale, de manière à guérir toutes mes brûlures, sauf une.

Elle désigna ses côtes

-     Il n’avait plus assez de force pour cela. En fait, il m’a absolument tout donné, sauf le nécessaire pour respirer et pour que son cœur batte.

-     Il tient beaucoup à toi…

-     Je suis la seule famille qu’il lui reste. Les autres… Sont partis en fumée. Littéralement.

Sa voix se tendit.

-     Lors d’un incendie.

La vue des brûlures de Jeda a dû lui rappeler de mauvais souvenirs… Pensa Thomas. Il souleva le garçon.

-     Viens. Il faut aller à l’infirmerie.

La jeune fille acquiesça. Avant de partir, il se retourna et s’adressa au caporal.

-     Boulon. Je veux un rapport de ce qui viens de se passer, une examination minutieuse de l’introspecteur et une explication. Tu déposes le tout dans mon bureau, boîte F, le plus vite possible ainsi que les 2 feuilles, mais dans le casier M.

Le caporal inclina brièvement la tête.

-     Bien général.

Ce dernier quitta la salle en compagnie de Jeda. Ils repassèrent dans la salle du conseil. Là, le général s’arrêta et se dirigea vers un pan de mur. Il désigna une pierre gravée d’un monogramme formé d’un T majuscule dont la barre verticale était un éclair à la jeune fille.

-     Appuis dessus, s’il te plaît.

Elle appuya et à son grand étonnement, le mur se déroba pour les laisser entrer dans une pièce lumineuse. Elle n’était pas très grande, et comportait seulement un lit, un bureau, deux chaises et une petite commode. Mais de magnifiques dessins ornaient les murs, sans doute réalisés par l’occupant de la pièce.

-     C’est là que je dors.

Il déposa le Chat sur le lit. Celui-ci dormait toujours, d’un sommeil profond. Un peu trop profond au goût de sa sœur et du général. Thomas se retourna et s’adressa à Jeda :

-     Maintenant, vas à l’infirmerie et avertie ma sœur de ce qu’il vient de se passer, s’il te plaît.

-     Pas question ! Je reste avec mon frère.

La voix du général se durci.

-     C’est un ordre.

Puis, il se radoucit.

-     Je vais veiller sur lui, ne t’inquiète pas.

Jeda se retourna et passa la porte. Au dernier moment, elle se retourna et regarda son frère et le général. Ce dernier s’était assis et semblait plongé dans une profonde réflexion. Elle se retourna et ferma la porte.

24 heure plus tard…

-     Mmmm…

Le Chat entrouvrit les yeux. Il était dans une petite pièce sombre et il devait faire nuit. Il se releva sur un coude. Il s’aperçu qu’on avait bandé son avant-bras, là où le tentacule lumineux de l’introspecteur l’avait brûlé. Et… Il se redressa brusquement.

-     Jeda !

-     Ne t’inquiète pas, elle va bien.

C’était Thomas qui lui avait répondu. Il était assis sur une chaise près du lit où il était allongé.

-     Tu te sens bien ?

-     Ouais.

Il s’assit et balaya la pièce d’un regard circulaire.

-     On est où là ? Et… Combien de temps j’ai dormi ?

-     On est chez moi et tu as dormi une journée entière.

-     Quoi ?????? Un jour entier ???

-     Oui. On commençais à s’inquiéter.

-     Et tu n’es pas resté ici un jour entier, rassures-moi.

-     Je ne vois pas ce que ça peut avoir de rassurant, mais non, malheureusement. Je me suis relayé avec Jeda. Elle aurait dû rester à l’infirmerie mais elle était prête à m’arracher la tête si je ne la laissais pas t’approcher.

-     Elle n’aurai pas dû. Et toi non plus, d’ailleurs. Quand on a des responsabilités, elles passent avant un gars qui réussit l’exploit de dormir une journée entière. Mais…

Il resta silencieux si longtemps que Thomas se demanda si il ne devais pas partir. Puis, brusquement,

-     Merci.

-     Tu n’as pas à me remercier. C’est un peu de ma faute si on en est là.

Le frère de Jeda lui lança un regard en biais. Mais le général resta silencieux. En même temps, comment avouer qu’il avait été prévenu et qu’il avait (in) consciemment exposé les jumeaux à ce danger ?

-     Il est 6h du matin. A 7h, vous serez présentés au reste du clan et vous connaîtrez vos mentors, toi et ta sœur.

Il lui lança un ballot.

-     Tiens. Ça, c’est tout ce dont tu auras besoin tant que tu vivras ici, avec nous.

Le Chat ouvrit le sac. Il contenait un uniforme violet, une cape blanche ainsi qu’une sacoche contenant un briquet, un carnet, un crayon, de la ficelle et un coutelas ainsi qu’à la grande surprise du garçon, quarante sous. Il y avait également une drôle de breloque en forme d’éclair qu’entourait un cercle violet.

-     Merci.

-     Si tu penses qu’il manque quelque chose, va le demander à l’intendance. Si ce que tu cherches ne s’y trouve pas, tu peux aller l’acheter au village voisin. Ils sont sous notre protection et nous sommes en bons termes avec eux. Tu peux dépenser ton salaire comme tu l’entends mais tu n’as pas le droit de te droguer ou de boire de l’alcool. En temps normal, nous avons notre propre bar ici. Mais il a été détruit par l’incendie.

-     Le pendentif est le moyen de nous reconnaitre entre nous. Il se « souvient » de toi et personne d’autre que toi ne peut donc le porter. Et l’uniforme peut devenir toutes les tenues possibles et imaginable. C’est pratique pour les missions, tu peux aussi le faire devenir blanc, gris, noir ou en mode camouflage.

-     Ça n’a aucun rapport, mais est-ce que c’est toi qui as fait les dessins ?

Il désigna les illustrations qui ornaient les murs. L’une représentait un arbre gigantesque aux branches agitées par le vent, un autre une forteresse dont la silhouette se découpait sur un ciel noir que survolait un aigle et un autre était un dessin de Lion. Il y en avait une autre qui frappait le Chat. Son format était plus petit que les autres mais c’était le plus beau de tous. Elle représentait une silhouette féminine avec un coucher de soleil dans le dos. La fille levait les bras au ciel et des éclairs partait de ses mains. Sans que le Chat ne sache pourquoi, cette image mettait mal à l’aise. Comme si elle lui évoquait un souvenir lointain.

-     Oui. C’est un des rares domaines non-militaires dans lequel je suis doué.

Les deux garçons restèrent silencieux pendant un moment, regardant pensivement les dessins. Tout à coup, une sonnerie déchira le silence.

-      C’est l’heure. Enfile ton uniforme, je t’attends dehors.

Le garçon le mit. Curieusement, il lui allait à merveille, comme s’il avait été taillé sur mesure. Il boucla la ceinture, y passa son épée (même si c’était inutile) et sorti.

-     Suis-moi.

Ils débouchèrent sur une estrade ou les attendait déjà Lion et Jeda, qui avait revêtu les mêmes habits de son frère. Les jumeaux échangèrent un sourire.

-     Ça te va pas mal, l’uniforme.

-     Reste à savoir si les fonctions qui vont avec passeront aussi…

-     Ton bras va mieux ?

Son frère frotta machinalement l’endroit où le tentacule lumineux l’avait brûlé.

-     Oui. Et ta…

-     Bon. C’est bien gentil tout ça mais c’est l’heure des présentations.

Lion s’approcha d’un tube de bois et hurla un « réunion ! » retentissant. En quelques minutes, la salle devint pleine.

-     Bon. C’est à nous je crois.

Le général s’avança.

-     Bonjour ! J’ai une bonne nouvelle à vous annoncer. Nous avons deux nouveaux apprentis : Le Chat et Jeda !

Les jumeaux prirent une grande inspiration et s’avancèrent. Quelqu’un commença à applaudir. Puis, ce fut toute la salle qui commença à les acclamer. Le Chat et sa sœur sourirent. Ça faisait si longtemps qu’ils n’avaient pas vécu en communauté que ces applaudissement avaient une saveur particulière.

-     Silence ! J’ai dit silence ! En vue des dernières circonstances, j’ai décidé que je serai le mentor de le Chat et Lion celui de Jeda.

Il y eu un silence abasourdi. Les jumeaux étaient aussi étonné que le reste de l’assemblée. Le frère de Jeda regardait le visage du général qui se découpait à la lueur d’une torche. Pourquoi avait-il fait cela ? Une voix furieuse se fit entendre.

-     Ce n’est pas juste ! Ils sont des fils de personne et vous les prenez comme apprenti alors que tu avais refusé de me prendre alors que je suis le fils du général T’almang !

La foule se fendit en deux pour laisser passer celui qui avait parlé. Certains le regardait d’un air choqué et d’autres se demandaient visiblement ce que leur chef allait répondre. Visiblement, ce n’était la première fois que ce garçon contestait les décisions de Thomas. Il se pencha et son air gai disparut pour laisser place à un autre aspect de la personnalité du général. Jeda compris alors pourquoi il était le chef. Le général ne souriais plus et il émanait de lui une aura de dangerosité et de commandement palpable. Il alla se planter face au rebelle. Ils faisaient sensiblement la même taille à un ou deux centimètres près mais Thomas le dominait de toute sa personne. Un cercle se forma autour d’eux.

-     D’abords, qu’est-ce que tu sais de leurs origines ? Il sont peut-être des princes, qu’en sait-tu ? Et je te rappelle qu’en devenant éclairite, tu renonces à tout privilège lié à la naissance. Et j’ai peut-être des raisons pour prendre le Chat comme apprenti, des raisons dont je n’ai pas jugé bon de te parler.

Il toisa le garçon de toute sa hauteur.

-     Et puis-je te rappeler que après 1 an passé ici, tu n’es toujours pas capable de tenir une épée et que tu as même réussi l’exploit de te tirer une flèche dans les fesses ?

Le garçon rougit affreusement. Quelques rires retentirent dans la salle. Mais le général continua.

-      Tandis que les jumeaux sont meilleurs bretteurs que Sar et Yori ! Tu comparera de tes propres yeux… Si tu réussi l’exploit de rester en vie jusqu’à demain.

Thomas se retourna. Soudain, un cri retenti dans la salle.

-     Attention !

Le général fit volte-face. Le garçon se précipitait sur lui, dague levée. Thomas ne pouvait pas tirer son épée, il n’avait pas assez de place et si il le faisait, décapiterais instantanément 3 ou 4 personnes ! Quand à bouger, impossible, la foule était trop compacte. Il était condamné à mourir, ici et maintenant ! Deux éclairs violets lui passèrent devant les yeux. Puis, ce fut comme si le temps s’était figé sur une bien étrange scène. Le Chat était devant lui, son épée bloquant la dague et son autre main le maintenant en arrière. Sa sœur avait saisi l’assassin en herbe par-derrière et lui avait fait une clé de bras, l’immobilisant. Le Chat se retourna et lui fit un de ses étranges demi-sourire.

-     Ça vas ? On a bien été obligé de t’aider, ça aurait pas été très pratique de perdre son mentor avant même qu’il puisse me donner un cours.

Il retira la dague de la main du garçon et interpella l’assemblée.

-     Bah alors ? Quelqu’un pour nous dire où sont les cachots, SVP ?

Il s’adressa à l’assassin manqué :

-     Ça, dit-il en agitant la dague sous le nez du rebelle terrifié, c’est confisqué. Et arrête tes conneries, on sera pas toujours là pour te sauver la mise. Parce que je pense qu’au tribunal que le cas  « tentative d’assassinat raté sur général» est moins grave que le cas « Tentative d’assassinat réussite sur général ».

Thomas fut le premier à parler.

-     Vous… Vous m’avez sauvé la vie.

-     Y a plus qu’à espérer que ça devienne pas une habitude, répondit Jeda.

Lion s’avança et saisit le poignet de Thomas. Il avait l’air inquiet.

-     Ça vas ? Tu n’as rien ?

-     Non, grâce à eux.

Il sourit aux jumeaux et sortit une paire de menottes de sa poche qu’il passa aux poignets du garçon. Ce dernier était terrifié et se mit à sangloter.

-     Je veux pas mourir ! Bouhouhouhou… J’le dirais à mon père… Snif. Et y te fera la peau ! bouhouhouhou !!!!

Le général le regarda d’un air ennuyé. Yori fendit la foule et vint saisir l’épaule du rebelle.

-     Avec ta permission, général… Je me charge de lui.

Il dit cette dernière phrase d’un air si féroce que son chef eu un mouvement de recul.

-     Ok. Mais laisse le en vie et ne lui fais de mal… Pour le moment.

Yori eu un air si déçu que c’en était presque comique.

-     Même pas une petite claque ? Supplia-t-il.

Sar posa une main sur l’épaule de son compagnon.

-     Yori, si le général dit « Non », c’est non.

L’éclairite sortit de la pièce en trainant des pieds et en grommelant. Sar leur expliqua que Yori était un ancien Sayoka (un guerrier élitiste et redouté du royaume d’Algan) et que pour lui, c’était fréquent de battre des prisonniers.

-     On essaye de lui faire perdre cette sale habitude mais ce n’est pas facile.

Elle eu un frisson et frotta son avant- bras gauche, comme si elle sentait encore quelque chose. Thomas les interrompit.

-     Le Chat, tu viens ? Je pense qu’il est temps de voir de quoi tu es réellement capable.

Ils sortirent de la salle et se dirigèrent près d’une combe. Arrivé là, le général tira son épée.

-     Bats-toi.

Le Chat marqua un temps d’arrêt.

-     Tu veux que je me batte contre toi ?

-     Bah oui ! Contre qui d’autre ?

L’apprenti eu un demi-sourire qui troubla son mentor. Sans lui laisser le temps de dire « ouf », il se précipita sur lui, l’épée haute. Le général eu à peine le temps de parer le coup, donné avec une vitesse, une force et une précision inhumaines. Il se dégagea et tenta une feinte que son apprenti devina et para avec aisance, presque avec dédain. Après quelques passes, il devint évident pour Thomas que c’était le Chat qui menait la danse et non pas lui.

-     Eh bien ! c’est pas mal du tout mais maintenant on passe à la vitesse supérieure !

Il enchaîna les coups et les esquives de plus en plus rapidement. On ne voyais presque plus les coups qu’ils se portaient et ils devaient deviner les passes de leur adversaire plus que les voir. Thomas était ébahi devant une telle adresse. Il était un des meilleurs bretteurs du pays, il le savait. Mais là… Il n’y avait pas de comparaison possible. Le Chat semblait invulnérable, se jouant de son épée en une danse mortelle. A ce niveau-là du combat, la moindre imprécision pouvait être mortelle. Et ce fut le général qui la commit quelques minutes plus tard. Il s’apprêtait à effectuer un revers quand un mouvement sur sa droite le distrayit.  Il commit l’imprudence de jeter un coup d’œil par là. Juste un papillon. Cette distraction lui fut fatale. Une vrille le délesta de son arme et un coup de pied le jeta à terre. Il eut juste le temps de lever les yeux pour voir l’épée de son apprenti descendre sur lui et s’arrêter brusquement à 2 millimètres de sa gorge. Il restèrent 10 secondes dans cette position, puis le Chat rengaina son épée. Il tendit sa main au général et l’aida à se relever. Les deux garçons se sourirent. Un grand respect mutuel venait de naître.

Chapitre 7

Une nouvelle vie… Et une nouvelle bataille

-     Eh bien, déclara finalement le général, je crois bien que tu m’as battu.

-     Ah bon ? Je ne l’avais pas remarqué.

Ils éclatèrent de rire.

-     Franchement t’es de loin le meilleur combattant que j’ai jamais vu ! Chapeau !

-     Et avant moi c’était qui ?

Thomas eu un sourire gêné.

-     Je pensai que c’était moi. Apparemment je me suis trompé.

-     Tu te bas mieux que beaucoup. Mais je vais être honnête. Tu n’avais pas une seule chance face à moi.

-     J’ai bien la franchise.

Les deux garçons se mirent à discuter des gens qu’ils avaient rencontré. Un quart d’heure plus tard, alors que Thomas racontait ce qui était arrivé à un garçon qui avait demandé à un élémentaire de feu comment il faisait pour boire, une louve noire s’introduit sur le terrain. Elle s’inclina légèrement devant le général. Celui-ci soupira.

-     Morph… Je t’ai déjà dit d’arrêter de faire ça. Pas de te métamorphoser mais de t’incliner.

L’animal se métamorphosa en une adolescente aux traits presque enfantin et à la chevelure brune coupé au carré. Elle se retourna. Une queue touffue avait résisté à la métamorphose. Elle l’agita avec mauvaise humeur et celle-ci disparut. L’apprentie jeta un regard en coin à le Chat qui n’avait montré le moindre signe d’étonnement tout le long de la scène.

-     Général. Nous avons un léger problème. Vu que Anton et Pierre ne sont plus là, qui prend leur créneau de leur patrouille ?

-     Je la prends. Ce sera l’occasion de faire découvrir le territoire à le chat. C’est une patrouille longue c’est ça ?

-     Oui.

-     Merci Morph. Tu peux y aller.

L’adolescente s’inclina de nouveau et se métamorphosa en un aigle, qui s’envola et disparut dans l’azur. Le général eu un sourire.

-     Elle a voulu t’impressionner, on dirait. Le coup de l’aigle, elle ne me l’avait encore jamais fait.

-     Pourquoi voudrait-elle m’impressionner ?

-     Tu ne devines pas ? Tu es mon apprenti, celui qui a sauvé ma vie par deux fois. Elle n’est pas folle, elle a deviné, comme le reste du clan que tu prendras de l’importance. Et elle veut te montrer de quoi elle est capable, genre « pas touche à ma place ».

-     Mais…

-     Allez viens. On doit aller chercher des sandwichs. Les patrouilles longues durent une journée ; c’est plus prudent d’avoir son casse-croûte.

Ils se dirigèrent vers la tente quand Yori déboula devant eux, essoufflé.

-     Général… Pfff… Les squeletites …. Pfff… Ils sont près de la frontière… Pfff… Et visiblement… Pfff… C’est pas pour négocier.

-     Quoi ?

Le général se précipita sur un tube de bois. Il hurla :

-     Attaque de squeletites ! Réunion immédiate à l’entrée, toutes les patrouilles sont annulées !

Il referma le clapet et se tourna vers son apprenti.

-     C’est grave ? demanda ce dernier.

-     Oui, assez. Mais je pense qu’ils vont avoir une mauvaise surprise avec toi.

-     Moi ?

-     Oui, toi. Tu pourrais carrément mettre une raclée à Crâne, leur chef.

Le Chat resta songeur. Le général le saisit par le bras et l’entraîna près de la sortie. Le clan entier était déjà réuni. Les mercenaires formaient des rangs pas très droits, mais des rangs quand même, disposés en demi-cercle. Il n’y avait pas d’ordre de préséance, chacun se plaçait selon ses affinités. Le Chat se casa avec les apprentis et regarda le général haranguer ses troupes.

-     Ce coup-ci, il faut absolument qu’on leur mette une pâtée mémorable ! Qu’on puisse avoir le temps de se reconstruire, venger la mort d’Anton et Pierre ainsi que la destruction de notre camp et leur apprendre qu’on ne nous offense pas impunément !

Il leva le poing.

-     Et maintenant… On va leur montrer comment on s’appelle !

Tout le clan hurla son approbation et ils partirent tous vers la frontière, soldats et apprentis mélangés. Le chat se retrouva à côté de son mentor. Il se rendit compte que tous les soldats lui obéissait aveuglément et lui faisaient absolument confiance. Qu’avait donc fait le général pour leur inspirer un tel respect ? Ce dernier se retourna vers lui.

-     Je compte sur toi.

Le Chat resta aux côté de son chef jusqu’à ce qu’ils arrivent à la frontière. Là une marée rouge et noire était postée, comme un animal guettant sa proie. Et en tête… Crâne. Le Chat eu un frisson. Il reconnaitrait ce visage jusqu’au bout du monde. Crâne était squelettique, avec son visage long et émacié que perçait deux yeux, l’un noir comme un puit et l’autre blanc et traversé par une cicatrice verticale. Cette horrible face était encadrée par des cheveux noirs et plats retombant autour de son visage et par un long col rouge montant. Il portait une tunique rouge sang avec une tête de mort ricanant et un pantalon noir. Une dague de lancer et une épée pendaient à sa ceinture dont les poignées….  Etaient en os humains ! Un haut-le-cœur secoua l’adolescent. Les deux camps se fixaient, dans une attente qui semblait s’éterniser. Finalement, ce fut Thomas qui prit la parole le premier.

-     Alors Crâne ? Le recrutement de tes soldats avance ? Par ce que moi, je trouve ton armée plutôt squelettique !

Les éclairites éclatèrent de rire au bon mot de leur chef. Le Chat ne put résister à l’envie d’en rajouter une couche.

-     Ouais, il va moins crâner maintenant !

Le silence se fit instantanément. Toutes les têtes se tournèrent vers lui. Il se senti poussé en avant. Et en moins de deux, il se retrouva aux côtés de Thomas. Le chef des éclairites eu un sourire amusé et regarda Crâne.

-     Crâne je te présente le Chat, mon apprenti.

La réponse, glaciale, ne se fit attendre.

-     Je vois que tu as choisi quelqu’un d’aussi stupide que toi.

Chapeau. Il avait réussi, en une seule phrase, à insulter à la fois le général et son apprenti. Le Chat n’apprécia… Pas.

-     Moins idiot que toi. La preuve, nous insulter, c’est de la bêtise à l’état pur.

Il s’avança pour faire face à crâne et le foudroya du regard. Plusieurs squeletites eurent un haut le cœur. Aucun apprenti n’avait jamais osé parler ainsi à leur roi ! La réaction ne se fit pas attendre : Crâne se précipita sur le Chat l’épée haute. Celui-ci para avec aisance et répliqua par un revers qui envoya valser l’épée de Crâne. Un coup de pied donné sans ménagement l’envoya s’encastrer dans un muret en ruine. Crâne se releva avec difficulté et fixa son adversaire qui avançait vers lui, les yeux exorbités. Un mot se format sur ses lèvres.

-     Toi !

Le Chat paru troublé, comme si il ne s’attendait pas à cela.

-     Moi, déclara-t-il finalement.

Personne ne s’était aperçut de ce court dialogue. Plusieurs soldats s’amassèrent autour de leur chef pour le protéger. Du côté des éclairites, on avait pas bien réalisé qu’un petit nouveau venait de mettre à terre leur pire ennemi en moins de 2 secondes. Finalement, ils se jetèrent dans la bataille. Le général rejoignit son apprenti dans la mêlée en se taillant un chemin à coup d’épée.

-     Vraiment, bravo !

-     Ho, ça faisait un bout de temps que j’avais envie de me défouler !

Tout en discutant, les deux compères paraient, feintaient, esquivaient. Et tous cela comme si ils étaient dans un salon de thé ! Leur aisance dédaigneuse mettait en échec chaque soldat tentant de les approcher. Au bout d’une heure, les troupes de Crâne battirent en retraite, vaincues, avec plus morts et de blessés que d’hommes valides. Le Chat les regarda partir d’un air déçu.

-     Quoi ? C’est déjà fini ? Pfff… Bande de lâches !

Il l’avait l’air d’un gamin auquel on a retiré son jouet préféré. Le général pouffa. La scène avait quelque chose de comique. Le Chat soupira une dernière fois, se retourna et repartit avec le reste du clan. Tout au long du chemin, on n’eut de cesse de le féliciter pour son duel. L’apprenti semblait assez content de lui mais répliquait que si crâne savait ce qu’il était capable de faire, il n’aurait pas vaincu aussi facilement. L’effet de surprise, en quelque sorte. Et miracle, on n’avait à déplorer aucun blessé et aucun mort parmi les éclairites.  La bravoure du Chat les avaient galvanisé au-delà du raisonnable et avait produit l’effet inverse sur les squeletites.

Une fois arrivé au camp, il s’adossa à un muret et se baissa à terre pour ramasser quelque chose. Un morceau de bois, visiblement. Il sortit un couteau de sa sacoche et commença à tailler le bout de bois, appuyé contre un arbre. Au bout d’un moment, visiblement mécontent du résultat, il jeta l’ébauche par terre et se choisit un autre morceau de bois.

Par curiosité, Thomas ramassa l’objet et étouffa un cri de surprise. C’était un loup de bois admirablement bien sculpté mais le bois comportait une fêlure au niveau de la tête, ce qui le rendait inapte à être taillé. Il se tourna vers son apprenti. Celui-ci continuait à sculpter son morceau de bois et n’avais pas remarqué le manège de son chef. Ce dernier s’approcha de lui et lui tendit l’ébauche, comme une question muette. Le Chat saisit l’ébauche et regarda Thomas.

-     Oh, je suis assez habile de mes mains. Mais celle-ci est ratée.

-     Tu rigoles ? C’est une vraie œuvre d’art !

Mais le sourire admiratif du général disparut vite. Il repensa à tout ce qu’il y avait à faire, retrouver un emplacement pour reconstruire un camp, finir de soigner les blessés, déménager toutes les infrastructures… Il y avait tant à faire ! Son apprenti s’en aperçut et se demanda comment il pourrait lui tirer ses idées noires de la tête. Il saisit son mentor par le poignet et le secoua doucement.

-     Hé ho ! ça va ?

-     Oui. Mais nous avons tout à reconstruire…

Il regarda les murs noircis d’un air mélancolique.  Le soir, alors que le général s’apprêtait à se coucher, il entendit des bruits de disputes près du dortoir des apprentis. Il s’en approcha et jeta un coup d’œil. Le chat et Jeda étaient en train de se disputer

-     Tu n’as pas à utiliser tes pouvoirs à tout bout de champs ! Tu vas finir par…

-     Tu préfèrerais renier ce que nous sommes ?

-     Je ne te parles pas de reniement mais de sécurité !

Les jumeaux se regardèrent en chien de faïence, si bien que Thomas ne craignit qu’ils ne s’agressent mutuellement. Il jugea préférable d’intervenir.

-     Est-ce que ça va ? j’ai entendu crier. A cette heure vous devriez être couché !

Jeda le regarda d’un œil noir

-     T’es qui pour me dire à quelle heure je dois dormir ? Pas mon père en tout cas !

Le général la toisa.

-     Je ne suis pas ton père mais je suis ton chef. Et ça, ça me permet de te donner ce genre de conseils.

Jeda se renfrogna et se dirigea vers la porte, bousculant son frère au passage. Celui-ci heurta fortement le mur et lui cria :

-     Surtout, ne t’excuse pas !

Le général la regarda partir d’un air réprobateur et se tourna vers son apprenti. Celui-ci frottais son épaule d’un geste machinal.

-     Excuse-la. Elle est vraiment sur les nerfs en ce moment.

-     J’ai cru voir ça. Mais tu n’as pas à t’excuser à sa place. De plus, ce n’est pas le fait qu’elle est sur les nerfs qui va excuser son comportement. Tu devrais aller te coucher.

Le Chat baissa la tête en guise d’assentiment et parti vers les dortoirs. Il avait l’air de porter le poids du monde sur les épaules.

Chapitre 8b

Le Chat se retourna dans son lit. Bon sang, il avait envie de dormir encore un peu… Mais la petite secousse qu’il ressenti au bras lui indiqua que, non, ce n’était plus le moment. Il eu un long soupir et se releva.

-     Quoi encore ? les honnêtes gens n’ont même plus le droit de dormir ?

-     Les honnêtes gens ne portent pas de capuche pour dormir s’ils n’ont pas quelque chose à se reprocher, répliqua la voix glaciale de Fleuve.

Allons bon… qu’est ce qu’il me veux, ce taré ? pensa l’apprenti.

-     Et les honnêtes gens ne tentes pas de tripoter les filles sans leurs demander leur avis ! répliqua le Chat

-     COMMENT CA ???

-     J’t’ai vu, hier. T’as tenté de tripoter ma sœur. Si je te vois recommencer, je t’explose ! Pigé ?

-     Et toi, à draguer la mienne sans en avoir l’air !

-     QUOI ??? JAMAIS DE LA VIE !

Un apprenti sorti la tête de son lit.

-     Eh, si vous alliez régler ça dehors, sans réveiller d’honnêtes gens qui, eux, ne vous ont rien fait ?

Le Chat eu un sourire carnassier.

-     Excellente idée ! on va régler ça d’homme à vermisseau !

-     Tu parles de toi ?

-     Non, je croyais que le destinataire de ma réponse était tellement évident que même les crétins comme toi pouvais comprendre.

Fleuve l’attrapa par le col.

-     Comment ça ?

-     Le pauvre, c’est tellement vide là-dedans qu’il confond intérieur et extérieur ! On a dit que j’allais t’écraser dehors, pas dedans !

Il se dégagea de la poigne de Fleuve et se dirigea vers la sortie du dortoir, d’un pas nonchalant et en baillant ostensiblement. Mais l’apprenti ne l’entendais pas de cette oreille. Il claqua des doigts et plusieurs pics de glaces, surgirent de nulle pat (ou de l’humidité ambiante) se figèrent autour du frère de Jeda.

-     Et maintenant, BATS TOI !

Le Chat eu un soupir ennuyé. Il saisis une stalactite entre deux doigts et la brisa d’une pression de l’index.

-     Et c’est avec ça que tu veux combattre ? Lamentable. Mais je veux bien t’écraser, ça peut toujours être intéressant !

Fleuve ne se retint plus. Avec un rugissement, il sauta sur l’apprenti en tenta de le transpercer de ses sta. Mais le Chat avait invoqué un bouclier énergétique et posa un doigt sur ses lèvres minces.

-     Mais chut voyons ! à ce rythme-là, tu vas réveiller Jeda et tu ne sais pas comment elle peut être de mauvais poil le matin !

Il montra du doigt un point situé à côté de Fleuve. Celui là se retourna, cherchant à apercevoir Jeda. Et le Chat en profita pour lui mettre une gifle retentissante qui projeta l’apprenti hors du dortoir, dont la porte s’ouvris sur…Jeda. Qui se pris l’apprenti en plein dans le ventre. Sous la puissance du choc, l’adolescente heurta le mur du couloir. Fleuve se releva mais à peine était il debout qu’il reçu une gifle monumentale de Jeda !

-     Non seulement tu tentes de me tripoter, mais en plus tu me rentres dedans à la vitesse d’un bulldozer ! Faut te calmer !

Fleuve était tout aussi énervé qu’elle.

-     Alors là, ça va bien un moment ! C’est ton crétin de frère qui m’as propulséé…

Mais Fleuve n’en dit pas plus car il s’affala aux pieds de Jeda, évanoui. Celle-ci lui jeta un regard étonné.

-     Hey ? Fleuve ?

Le Chat s’approcha de sa sœur.

-     Pour une fois, cet idiot disais vrai. Mais ce qu’il a omis d’admettre, c’est que c’est lui qui a commencé en m’insultant.

Jeda eu un soupir.

-     Bon, j’imagine que pour être équitable, je dois AUSSI te gifler ?

-     Non, chat ira, merci !

Le Chat recula prudemment d’un pas… avant de se souvenir qu’il devait aller faire quelque chose d’urgent avec Thomas, merci au revoir. Une fois dehors, il eu un soupir de soulagement et se dirigea vers le terrain d’entrainement. Il aperçu sn mentor, appuyé aux cibles de tir à l’arc. Il eu un sourire et hâta le pas.

-     Salut général ! ça roule ?

-     Oui. Mais c’est pas ça le sujet !

-     Et c’est quoi ?

-     Tes capacités au combats.

-     Mais… Je croyais qu’on les avait déjà testé l’autre jour !

Thomas eu un soupir.

-     Oui, mais montre moi vraiment tout ce que tu sais faire.

-     Bah… J’sais me battre avec une épée, avec mes mains et mes pieds, avec un arc et un bâton et j’crois que c’est bon.

Le général eu un sourire.

-     Depuis quand tu fais des poèmes ?

-     Aucun poème, seulement des rimes, c’est c’que j’aime.

-     Pas mal ! Mais maintenant, montre moi ce que tu sais faire. Vas chercher un arc, et puis, tu me montre ça !

-     Pas besoin.

Thomas le regarda d’un air légèrement déconcerté.

-     Et comment tu comptes faire du tir à l’arc… Sans arc ?

Son apprenti eu un demi sourire qui semblait vouloir dire « je sais quelque chose qui va t’étonner, général » Il dégaina son épée, la tendit devant lui, poing refermé sur la lame. Thomas n’avait jamais regardé de plus près l’arme de son apprenti, et ce fut seulement là qu’il se rendit compte qu’elle était d’excellente facture. A la fois esthétique avec sa garde figurant deux ailes stylisées incrustées en leur milieu d’une pierre verte, du jade ou une opale, et pratique avec sa fine lame, solide et robuste et sa garde agréable à tenir en main. Thomas se rendit compte qu’il était incapable de définir en quel métal était forgée l’épée.

Mais soudain, la pierre se mit à briller, diffusant sa lueur à toute l’arme qui semblait se dissoudre. Thomas détourna les yeux tant la lueur était vive. Mais quand il reregarda de nouveau les mains du Chat, c’était un robuste arc de combat, long d’un bon mètre, peut être plus, que tenait le garçon. Le général était ahuri. Quelle arme était donc cette… chose ?

-     Mais comment tu vas faire pour tirer sans flèche ?

Pour toute réponse, l’apprenti banda l’arc et une flèche apparue, encochée dans l’arc. Le Chat visa la cible disposée à 200 mètres de lui, et tira. La flèche se ficha en plein centre de la cible.

Mais c n’était pas fini. L’éclairite se mit à tirer à une vitesse hallucinante vers les différentes cibles, sans en manquer aucune !

Chapitre 8

Le tout est de tomber au bon endroit…

Quelques jours plus tard…

Le général ratura une partie de la carte.

-     Cette zone-ci, on l’a déjà explorée, celle-là aussi… Rhaaaaaaaaaaa ! c’est pas vrai !

Pris d’un violent accès de rage, il froissa le plan et le jeta violement en direction de la porte. Celle-ci s’ouvrit au même instant sur Lion, suivit par le Chat et Jeda. Le lieutenant ouvrit la bouche, dans l’attention manifeste de dire quelque chose… Et la carte alla finir sa course entre les mâchoires grandes ouvertes de Lion. Quand Thomas s’aperçut de ce qu’il venait de faire, il devint tout rouge et se confondit en excuses auprès de son lieutenant. Le Chat se tenait les côtes de rire. Il devenait si rouge que Thomas, s’il l’avait regardé, se serait demandé si son apprenti n’était pas au bord de l’asphyxie. Finalement, Lion recracha la carte et l’essuya.

-     Heureusement que Boulon les imprime avec du papier imperméable, crachota-t-il. Autrement, la carte serait fichue. Et non Thomas, un plan ne sert pas de projectile pour étouffer son pauvre lieutenant.

Le Chat, qui avait réussi à calmer un peu son fou rire, ne put pas s’empêcher de faire une petite remarque de son cru.

-     Eh bien ! Redoutable ta technique, général ! Mais n’empêche, avec tout le respect que je te dois, c’était une sacrée boulette !

Il plaqua la main sur sa bouche en se rendant compte du jeu de mots involontaire qu’il venait de faire. Lion et Thomas éclatèrent de rire. Un quart d’heure plus tard, lorsque qu’il se furent calmé, Lion prit la parole et s’adressa à son chef.

-     Thomas, il faut que tu prennes une pause ! Tu es à 2 doigts de craquer, viens donc faire un tour avec nous.

-     Mais, protesta le général, j’ai encore des indications à faire, des cartes à compléter et…

Lion interrompit Thomas et lui brandit le projectile improvisé sous le nez.

-     Tes cartes vont toutes finir comme celle-ci si tu ne te détends pas.

-     Et de plus, ajouta le Chat, tu pourras faire du repérage avec nous donc tu ne seras pas inutile. Et ça fera considérablement baisser le risque de mort par étouffement que vous courez, Lieutenant !

Il saisit le bras de son chef et le tira hors de son repaire. Thomas se débattit mais son apprenti possédait une force étonnante pour un garçon aussi… aussi quoi ? Frêle ? non, pas frêle. Mince ? Mince, oui mais ça ne déterminait pas cela. Il pouvait paraître frêle au premier abord mais il n’était ni frêle ni faible. En fait, cette force était juste… surprenante. Thomas ne savait pas pourquoi, mais il ne s’attendait pas à une telle puissance de la part de son apprenti. Finalement, une fois à l’écart du camp, le Chat finit par le lâcher. Il se retourna et poussa une exclamation :

-     Non mais je rêve ! Regardez ! Il a emporté sa carte et son crayon !

Lion eu un sourire désabusé.

-     Thomas… Tu vas me donner ça et maintenant tu explores avec nous !

Le Général eu un soupir de résignation et lui donna le plan. Ils traversèrent le territoire pour se retrouver dans le zone qu’ils devaient explorer. A l’endroit où ils se trouvaient, des ronces et des orties parsemaient tout le semblant de chemin qu’ils suivaient. Lion traçait sur la carte le chemin qu’ils suivaient mais leurs uniformes ne cessaient de s’agripper aux ronces, ce qui rendait le travail difficile. A un moment, le Chat s’écarta du chemin.

-     Venez ! Je crois que j’ai trouvé un endroit où il y a moins de ronces !

Lion, Jeda et Thomas le rejoignirent. En effet, c’était mieux ici. Mais les herbes hautes leurs arrivaient aux genoux et ils voyait pas où ils marchaient.

-     Mais faites attention où vous mettez les pieéééééééééééééééééééééh !

La phrase de l’apprenti se termina par un hurlement. Le sol venait de se dérober sous ses pieds ! Thomas et Jeda lui attrapèrent la main in extremis mais emporté par leur élan, ils chutèrent eux aussi. Lion les vis disparaitre, impuissant.

-     Thomas ! Jeda ! Le Chaaaaaaaaaaaaaaat !

Les trois camarades furent entraînés dans une chute sans fin. Ils heurtaient des blocs terreux, en entrainaient d’autres avec eux et rebondissaient contre les parois inégales du tunnel. Il n’était pas totalement vertical et il devenait tantôt étroit, tantôt large. Les jumeaux tentèrent de les protéger avec des champs magnétiques mais cela exigeait une attention constante et y avait tant de roche et de terre à bloquer en tout sens qu’ils furent vite épuisés. Au bout de ce qu’il sembla être une éternité à Thomas, leur chute prit fin et ils furent rudement projetés au sol. Il tenta de se relever mais dût y renoncer. épuisé et couvert de bleus comme il l’était, chaque mouvement lui coûtait. Il rampa près des jumeaux et roula près du Chat. Son ami était tout aussi épuisé que lui mais trouva on ne sais où la force de se relever. Il jeta un regard autour de lui et se figea de stupéfaction.

-     Où sommes-nous ? s’interrogea Jeda

Son frère eu un large sourire.

-     Dans notre nouveau chez-nous, lui répondit-il.

Il s’assit près de son mentor, comme si la surprise lui avait coupé bras et jambes. Thomas et Jeda relevèrent la tête et poussèrent un cri de surprise. Le spectacle était… Magnifique.

Ils se trouvaient dans une grotte dont la voûte était ouverte en grande partie, comme le cratère d’un volcan mais avec une roche suspendue au-dessus. La grotte devait faire plusieurs dizaines de kilomètres cubes. Le décor était féerique. Une cascade jaissait à mi-niveau de la falaise pour aboutir dans un grand bassin, qui lui-même formait ensuite une rivière qui traversait la caverne. Des grottes crevassaient les parois de la caverne. Et toute la caverne était recouverte d’un gazon doux et d’arbres. Mais le plus impressionnant, c’était le cèdre gigantesque qui surplombait le tout. Il devait faire plusieurs dizaines de mètres de hauteur et être plus vieux que les 3 lunes. Thomas eu un sourire incrédule et s’évanouit.

Une heure plus tard

Thomas entrouvrit les yeux et entraperçu une silhouette floue penchée sur lui. Sans réfléchir, il se releva et frappa au visage la silhouette qui poussa un cri de surprise, dégaina son épée et saisit l’ombre par le col. Le général avait la vue encore quelque peu brouillée par le sommeil mais cela se dissipa rapidement et il eu la surprise de constater que ce qu’il tenait par le col était son apprenti ! Le Chat se dégagea et se massa la joue, l’air mécontent.

-     Hé ho ! on peut savoir pourquoi tu m’as frappé ? Je regarde gentiment pour voir si ça va bien et toi tu m’assommes à moitié ! Au fait, tu savais que tu ronfles ?

Thomas rougis affreusement et balbutia une excuse.

-     Ouais bon ok ! Mais la prochaine fois regarde où tu frappes, hein ?

Les garçons se relevèrent et regardèrent autour d’eux. Thomas sentit que quelque chose clochait. Soudain, il eu un déclic et se tourna vers son camarade.

-     Où est passé Jeda ?

Le Chat eu un sourire désabusé.

-     On vois bien que ce n’est pas une de tes priorités ! Ne t’inquiètes pas, ajouta- t-il d’un ton ironique, elle vas très bien. Elle est partie explorer les lieux !

-     Ah, ok …

Soudain, Thomas se plia en deux, la main serrée sur son torse qui se colorait lentement de rouge… Il tomba à genoux sous le coup de la douleur fulgurante qui l’avait traversé. Il vit le sol se rapprocher dangereusement de lui… Quand il s’arrêta soudainement à 2 centimètres de son visage. Il sentit qu’on le soulevais et le posait sur le dos. La douleur lui brouillait la vue mais il entrevoyait une silhouette se pencher sur lui. Le Chat. Mais quelque chose le troublait dans l’attitude de son apprenti. Sa posture… Elle dénonçait quelque chose au niveau des émotions. Quelque chose de vraiment étrange. il fallait vérifier. Thomas effleura ses émotions et se retrouva plongé dans un tourbillon orange/ bleu de tristesse, de panique et d’inquiétude. Malgré le fait qu’il ne soit pas télépathe, Thomas entrevit que les émotions que son apprenti ressentait étaient mêlées à celle d’anciens (et visiblement très désagréable) souvenirs C’était si violent qu’il hurla. Le Chat poussa un cri de surprise et de terreur et roula sur le côté, la tête entre les mains.

-     Qu’est-ce que tu fais ? Sort de ma tête tout de suite !

Une barrière de pics se dressa dans son esprit. Thomas ressortit en vitesse. Le Chat se tourna vers lui et lui jeta un regard étrange.

-     Qu’est… Qu’est- ce que tu m’as fait ?

Le général n’avait pas, mais alors pas du tout envie de répondre. Cette question faisait partie de la catégorie « ne pas toucher ». Mais il n’appréciait pas de devoir mentir à ce garçon qu’il considérait à présent comme un ami. Heureusement, son évanouissement lui épargna ce dilemme.

Le Chat resta à distance quelques secondes, puis, poussé par il ne savais quoi, il s’approcha du garçon. Le Chat vérifia, par prudence, que Thomas était bien évanoui. Il agita la main devant sa tête mais le général ne réagit pas. Son visage paraissait tellement plus jeune, comme si la responsabilité qui lui avait échu s’était retiré, d’un coup, le laissant tranquille. Il avait le même genre de visage que ces gens morts paisiblement, entouré des leurs. Il regretta aussitôt cette comparaison. Et si… il était vraiment mort ? Il se pencha et écouta. Non, le cœur battait toujours. Il retira le sweat du jeune homme et examina la blessure. La cause en était sans doute une pierre, qui, projetée avait heurté violemment le torse de son compagnon. Mais pourquoi la blessure s’était-elle ouverte là, maintenant et pas lors de leur arrivée ? On pouvait exclure la cause du mouvement trop brusque car… Enfin ce n’étais pas le moment de raisonner. La blessure était profonde et le général semblait avoir des difficulté à respirer. La pierre avait dû défoncer la cage thoracique. Il se leva et regarda autour de lui. Sous sa tunique, la lueur s’alluma de nouveau. Jeda atterrit juste devant son frère et l’interrogea du regard. Pour toute réponse, il lui désigna Thomas. Elle s’agenouilla à côté du blessé puis se tourna vers son frère.

-     Que veux-tu que je fasses ? C’est toi l’expert en transfert d’énergie, de nous deux, pas moi !

-     Je ne veux pas que tu le guérisses. Mais que tu me prêtes ton énervita.

Jeda marqua un temps d’arrêt. Son frère et elle avaient beau être quasi fusionnels, prêter ou prendre de l’énervita ne se faisait pas en un claquement de doigt. Elle hésita un peu et tendit la main à son frère, qui la saisit. Leurs paumes se mirent à luire d’une lumière bleutée provenant de la main du Chat. La lumière verte produite par Jeda semblait irrésistiblement absorbée par celle de son frère. L’autre main du Chat se mit à luire et à pulser elle aussi, comme si la lumière voulais s’échapper de sa main. Le Chat posa sa main sur la blessure de leur compagnon qui commença lentement à se résorber.

-     C’est plus difficile que je ne le pensais, murmura le Chat d’une voix étranglée, il y a aussi des côtes cassées et les poumons sont abimés. Je… Je ne vais pas tenir longtemps.

En effet, la lumière commençait à faiblir, puis à remonter, puis de nouveau à faiblir, comme une ampoule en fin de course. Jeda se concentra et la lumière provenant de sa main redoubla. Celle de la main de son frère se stabilisa et la blessure acheva de cicatriser. Le Chat s’affala par terre, complètement vidé malgré l’aide fournie par Jeda.

-     Qu’est-ce que ça aurait été si tu ne m’avais pas aidé !

Jeda eu un léger sourire et s’assis à côté de son frère. Thomas émis un grognement et se redressa. Il se palpa le torse, surpris de ne plus y voir aucune blessure.

-     Je suis… Mort ?

-     Jusqu’à preuve du contraire, tu es bien vivant. Maintenant tais-toi et laisse-moi dormir, marmonna le Chat.

Chapitre 9

De douloureux souvenirs…

Et il s’endormi. Le général se releva et regarda son ami d’un air ahuri. Le Chat s’était endormi, là maintenant tout de suite. Il fis vite le lien avec la blessure, ou plutôt, l’absence de blessure à son torse et murmura :

-     Il a utilisé la technique de transfert sur moi ? Mais…

-     Tu as une objection au fait que nous t’ayons sauvé la vie ?

Le général se retourna et aperçut Jeda.

-     Non, pas vraiment. C’est plutôt pratique, d’être en vie. Mais par nous, tu entends que tu m’as aussi sauvé ? Mais alors, pourquoi n’es tu pas dans le même état que ton frère ?

Jeda lui jeta un regard en coin. Ce garçon avait une sacrée capacité d’analyse…

-     Je lui ai juste donné de l’énergie mais c’est lui qui a fait tout le travail. Il a puisé en grande majorité dans ses réserves, je n’ai fais qu’un don d’appoint.

-     Merci.

-     Pourquoi tu me remercies ? J’ai uniquement fais ça parce que mon frère semble tenir à toi. Parce que tu dois savoir que tu m’es tout sauf sympathique et que je te supporte plus qu’autre chose.

Ok. Au moins, Jeda avait dit clairement ce qu’elle pensait et les choses étaient claires. Enfin, pour Jeda.

-     Et pourquoi tu me supportes plus qu’autre chose ?

-     C’est pas tes affaires.

Son regard se perdit dans le lointain, comme si un souvenir l’envahissait. Thomas connaissait ce regard, c’est celui que Lion affichait quand Thomas lui demandait de lui parler de sa mère. Le général l’avait connue mais il ne savais pas grand-chose d’elle. Quand elle venait le vois, elle lui demandait toujours si ça allait, ce qui s’était passé et lui apprenait le dessin en cachette. Mais elle ne parlait jamais d’elle, de ses activités. Mais Lion avait grandit à ses côtés et aussi… avec son père. Mais dès qu’il demandait à Lion de lui parler de son père, le lieutenant se taisait ou détournait la conversation. Le général se leva.

-     Bon, moi je pars explorer un peu.

Jeda se leva à son tour.

-     Je t’accompagne parce que autrement tu risque de te perdre, futé comme tu es.

Thomas poussa un soupir. Cette fille étais réellement insupportable…

-     Bon tu viens ? tu traînes là !

Il se demandait pourquoi elle étais si insupportable avec lui alors qu’elle avait réussi à lier des bonne relation avec le reste du clan. Peut être son frère le savait-il…

Ils se dirigèrent vers une sorte de jungle/forêt et y pénétrèrent. Thomas se senti légèrement oppressé. Il se retourna.

-     C’est trop silencieux ! il y a quelque chose qui cloche ici !

-     Trouillard, va !

Thomas pensa à Le Chat qu’il avait laissé inconscient à la merci de tout ce qui rôdait… Il fallait faire demi-tour. Au même instant, une bestiole écailleuse de 3 mètres de haut se précipita sur eux, toutes dents dehors ! Thomas sorti ses boomerangs et s’apprêta à les lancer mais Jeda le retiens

-     Tu es folle ? Tu veux donc qu’on meurt ?

-     C’est une espèce protégée, crétin !

Thomas se dégagea mais il étais trop tard. La bête étais sur eux. Thomas ferma les yeux. Ce coup- ci, c’était bon. Il allait mourir. Il se plaça devant Jeda. Quitte à ce qu’il meure, au moins qu’un d’entre eux vive. Mais bizarrement, le coup fatal ne vint pas. Il entrouvrit les yeux et vit la bête au sol, en train de pousser ce qui s’apparentais à des ronronnements. Et le Chat en train de grattouiller la gorge de la bête. Thomas sentit sa mâchoire se décrocher. L’animal logea sa tête écailleuse contre le torse de l’apprenti et le regarda avec une expression d’adoration. Le Chat continua à caresser le museau de la bestiole et s’adressa à ses amis

-     Ne vous inquiétez pas, elle n’est pas méchante ! elle a juste besoin de câlins, c’est tout. Les krakennosaurus sont tous très affectueux.

Thomas regarda son ami, l’air de dire « attends, tu viens de me dire cette bestiole de 3 mètres de hauts couverte de crocs, de griffes et d’écailles n’est pas dangereuse ??? »

Soudain, le Chat se mis à tousser. D’abords un peu, puis beaucoup. Il tomba à genoux, la main plaquée sur la bouche, comme si il allait vomir. Thomas se précipita.

-     Le Chat ! ça vas ? Qu’est-ce que tu as ?

Jeda adossa son frère à la patte de la bestiole et le regarda, l’air de dire :

-     Je suis désolée de ne rien pouvoir faire…

Un filet de sang s’échappa d’entre les doigts du garçon. Il agrippa son uniforme au niveau des poumons, comme si il voulait s’arracher les poumons et continua à tousser. On voyais bien qu’il avait mal. Et que cette douleur l’affaiblissait de secondes en secondes. Le krakennosaurus émit un grognement d’inquiétude et pencha sa grosse tête écailleuse vers le Chat. Il avait des raisons de s’inquiéter car un petit filet de sang dégoulinai de sa bouche et son teint était devenu crayeux. Thomas se demanda fugitivement si c’était une maladie contagieuse. Jeda dû lire la question sur son visage car elle lui répondit que ça n’était pas contagieux. L’apprenti s’arrêta peu à peu de tousser et essuya d’une main tremblante le sang qui lui maculait le visage. Il se redressa et prononça quelques mots d’une voix si faible que Jeda dû lui demander de répéter.

-     J’ai dit « c’est pas grave, ne vous inquiétez pas »

Thomas n’étais pas d’accord avec ce que disais le Chat. Mais alors pas du tout.

-     Bien ? tu veux nous faire gober ça alors que tu a les mains rouges du sang que tu t’es mis à cracher en continu tout à l’heure ?

Devant le mutisme du garçon, le général fut forcé de se taire. Enfin, pour le moment. Il sorti un mouchoir de sa sacoche et le lui tendis.

-     Tiens. Essuie toi avec ça.

Le Chat saisit le carré de tissu et tenta tant bien que mal de se nettoyer avec. Un silence pesant était tombé, seulement rompu par le « ploc, ploc » d’une goutte de sang qui tombait de temps à autre au sol. A bout de patience, Thomas saisit le poignet du Chat. Celui-ci eu un mouvement de recul, surpris.

-     C’étais quoi, ce que tu viens de nous faire ?

-     Et si je te dis que je n’ai pas envie d’en parler ?

Le voix du général vibra de colère.

-     Eh bien je ne te lâcherai pas jusqu’à ce que tu me dise ce que tu as.

Il resserra son emprise sur le poignet de son apprenti. Ce dernier eu une grimace de douleur.

-     Arrête. A ce rythme là tu va me casser le poignet.

-     Je le ferais si tu ne me dis pas ce que tu as.

Une étrange expression passa sur le visage de l’apprenti. Le général eu l’impression de l’avoir déjà vue ailleurs… Mais où ?

-     Séquelles d’intoxication à la fumée. C’est incurable. Finit par souffler le Chat

Thomas lâcha son poignet et eu un mouvement de surprise. Il avait l’impression d’entendre Jeda lui dire :

-     Les autres… sont parti en fumée. Littéralement. Lors d’un incendie

Il lâcha son ami et souffla :

-     Je suis désolé. Je ne savais pas.

Le Chat se releva silencieusement, suivi de près par le Krakennosaure qui posa sa tête écailleuse sur l’épaule du garçon. Le Chat frotta distraitement la tête de l’animal. Jeda s’éloigna, visiblement pour aller explorer le reste de l’endroit. Thomas s’approcha de son apprenti et posa une main sur son épaule. Le Chat fit comme si il n’avait pas remarqué l’arrivée de son mentor et continua de caresser la grosse bête, qui poussa un ronronnement de contentement. Finalement, Thomas se décida à se lancer.

-     Excuse- moi.

Le Chat continua à l’ignorer et à caresser l’animal, comme si il n’avait pas entendu

-     Je n’aurais pas dû…

Il s’interrompit en s’apercevant que des larmes coulaient sur les joues du garçon. Il… Il pleurait ! Thomas n’avais pas besoin de s’introduire dans les émotions de son apprenti pour savoir quel était la cause de son chagrin. Il pensait à ses parents, à sa famille, à l’incendie. Le général ne savais pas trop quoi faire. Alors il força son ami à se retourner. Celui-ci le regarda, les yeux un peu dans le vague, comme si il ne le voyais pas.

-     Ecoute, je sais ce que c’est que perdre sa famille. Moi, je ne sais pas où est la mienne. Je n’ai que ma sœur et Lion. Mais tu ne dois pas te mettre à pleurer maintenant. On a d’autres choses à faire.

Ses paroles eurent un effet sur le Chat. Mais pas  celui escompté !

-     Tu sais ? hurla t-il, en proie à une rage incontrôlable, Tu sais ? NON ! Tu n’en sais rien ! Absolument rien ! Ta famille n’es pas morte sous tes yeux sans que tu puisse rien faire ! Tu n’as pas été le seul à survivre, sans savoir ce que tu allais faire, pourquoi c’était toi et pas un autre ! Et tu n’as pas ensuite compris que c’était de ta faute, de la tienne si tous, TOUS ! Tu m’entends ? étaient morts !

Le krakennosaurus poussa un hurlement de peur et se recroquevilla contre un arbre. Thomas savait qu’il n’arriverais pas à calmer le garçon avant qu’il ne fasse une bêtise. Il décida donc d’opter pour la solution « démonstration ». Il entra dans les émotions du garçon. Il se retrouva dans un tourbillon de rage, de haine et de tristesse. Il essaya de trouver l’inkarmation du Chat dans tout ce bazar mais ce n’étais pas chose aisé. Il fallait faire vite autrement, il risquait de se faire engloutir par le tourbillon d’émotions. Il finit par apercevoir un silhouette recroquevillée au centre d’une lumière bleue. C’était l’inkarmation du Chat. Le général s’approcha lentement. Peut-être que son inkarmation n’avais pas sa capuche et qu’il allais le voir enfin…

Il finit par le distinguer nettement. C’étais un enfant de 13 ans environ mais portant toujours sa fameuse capuche. Et détail étrange, la cicatrice saignait, comme si on venait de le blesser. Ses vêtement étaient abimés et brûlés à certains endroits. Il était assis et avait enfoui sa tête dans ses bras. Thomas s’approcha, posa une main sur l’avant-bras du garçon et le secoua doucement. Celui-ci releva la tête et le regarda. L’inkarmation se releva et le regarda droit dans les yeux. Thomas s’aperçut qu’il faisait la même taille que l’être, et bizarrement, ça le gêna. Comme si quelques centimètres de moins ou de plus faisaient la différence.

L’inkarmation pris la parole d’une voix étrange.

-     Qu’est-ce que tu me veux ? et pourquoi es-tu venu ici ?

Les volutes rouges commencèrent à s’agiter autour d’eux et certaines se colorièrent de vert. La couleur de la peur, songea Thomas.

-     Pour t’aider.

-     M’aider ?

-     Oui. Calme toi et reviens.

Le garçon eu un soupir. L’inkarmation sembla rétrécir, comme si elle était impuissante.

-     Je ne peux pas. Elle me retiens prisonnier

-     Qui ?

-     Ma colère.

Thomas eu un soupir. Et voilà, le retour des pouvoirs de super empathe ! Il se concentra. Une petite vague bleue s’affaissa aux pieds des deux inkarmations. Le Chat eu un soupir et… Disparut.  Thomas regarda autour de lui, à ses pieds et au- dessus. Rien. Mais une autre inkarmation apparut devant lui. C’était « le » le Chat qu’il connaissait, dans sa tenue d’éclairite, un petit sourire aux lèvres. Thomas eu un sourire. Mais ça voulait dire que son ami étais incroyablement puissant, pour pouvoir changer d’inkarmation comme ça, quand ça lui chantait ! Mais soudain, il sentit un tiraillement dans la poitrine. Il étais temps de rentrer dans son corps. Il souffla :

-     Il est temps que je rentre ou je vais y rester !

Le chat le regarda, approuva puis se mit subitement à rire, rire ! Le général ressortie en vitesse et regarda son ami, appuyé sur la patte du krakennosaurus, en train de pleurer de rire.

-     Eh je peux savoir ce qui te fais tant rire ?

Le Chat tenta de lui répondre entre 2 hoquets de rire.

-     Tu as dit… hahahahaha ! tu as dit que tu allais y rester si tu ne sortais pahahahahah !

Thomas resta un peu interloqué. Il ne comprenais toujours pas ce que le garçon voulais dire. Et il le regarda se marrer tout seul. Quand le Chat se fut un peu calmé, Thomas lui posa une question.

-     Le Chat…

-     Oui ?

-     Je voulais te demander… Pourquoi ta sœur est si casse pieds avec moi ?

Le chat resta un long moment silencieux, à regarder le soleil se coucher lentement. Il finit par lui répondre.

-     Parce que… tu lui rappelle notre frère. A l’origine, je ne suis pas le jumeau de Jeda, mais son triplé. Nous avions un autre frère… Aïlo. Et… tu lui ressembles. Pas physiquement, mais moralement. Et ça lui fait mal de te voir et de se rappeler son frère… notre frère alors qu’il n’est plus là. On était inséparable tous les 5…

Thomas l’interrompit au vol.

-     Les 5 ?

-     Oui… Jeda, Aïlo, ma petite sœur, un… ami et moi.

Le Chat se tue, visiblement plongé dans ses souvenirs. Il soupira.

-     Bon, bah, j’imagine que tout ce que j’ai à faire maintenant, c’est de me tenir à l’écart de ta sœur !

-     Tu sais , elle n’a pas toujours été comme ça. C’est jusqu’elle est triste. Avant… Elle était très douce

-     Très douce ? Tu plaisante ? La boule de pics hérissée et stressée qu’est ta sœur était douce !?

Malheureusement, une voix courroucée s’éleva derrière eux.

-     Une boule de pics hérissée et stressée ? Hé bien merci !

Thomas se retourna pour apercevoir Jeda. Elle était furibonde. Son frère soupira

-     Aïe aïe aïe ! Je crois que tu l’a mise en colère…

Le général sentit une goutte de sueur lui couler dans le dos. Le temps qu’il se demande ce qui se passait, Jeda était sur lui et le giflai de toutes ses forces, décuplées par la canalisation. La puissance de la claque le jeta à terre.

-     Je t’en ficherais moi des boules de pics hérissées et stressées !

-     Jeda tu ne crois pas que… tu exagères un peu ?

Elle se retourna.

-     Non. Laisse nous, c’est entre lui et moi. Et croie moi…. Il vas morfler !

Le Chat renonça à insister et s’assis sur une pierre.

-     Ça vas être du grand spectacle !

En effet, les 2 adversaires s’étaient mis en garde. Jeda se précipita sur le général à une telle vitesse que celui-ci eu à peine le temps de s’écarter. Elle freina brusquement et fit volte-face avant de tenter de lui enfoncer son épée dans le crâne. Thomas la bloqua juste à temps. Il tenta de la transpercer mais elle bloqua aisément le coup, comme il s’en était douté. Si elle avait autant de talent et de force que son frère, c’était perdu d’avance

-     Hé bien ! Que de violence ! soupira le Chat, l’air narquois

Et de se baisser juste à temps pour éviter une pierre jetée par Jeda, et un boomrang lancé par Thomas.

-     Hé bien, si vous le prenez comme ça…

Il se leva, dans l’intention évidente d’aller se battre quand un son lointain, porté par l’écho, attira son attention.

-     Thomaaaaaaaaaaas…. Omaaaaaaas.. Maaaaaaaaas… Jedaaaaaaaa.. daaaaaaaaa…Le Chaaaaaaaaaaaaaaaaaat… chaaaaaaaaaaaat… aaaaaa..

-     C’est Lion ! Il est là !

Thomas se retourna.

-     Rejoignons le !

Mais une voie froide l’arrêta.

-     Attends 2 secondes. On en a pas fini toi et moi

Chapitre 10

L’étrange Jeda

Thomas se retourna lentement pour faire face à Jeda. Elle le regardait avec une étincelle de folie dans ses yeux d’un vert de jade. Le général frissonna. Qu’allait-elle faire ? Et surtout, qu’était-elle capable de faire ? Le jeune homme posa une main sur son boomerang, comme pour s’abriter de la folie que semblait contenir l’âme de Jeda. Elle avait son épée dans une main et une pierre aux arêtes acérées dans l’autre. Les deux belligérants se regardèrent dans un silence de mort, les yeux verts et tourmentés dans les yeux noirs et interrogateurs. Et sans prévenir (d’ailleurs, pourquoi l’aurait-elle averti ?), Jeda lança la pierre de toute ses forces vers le visage de son supérieur. Thomas vit, comme au ralenti, la pierre foncer vers sa tête en tournoyant. Mais au moment où elle allait la heurter, une main l’intercepta. Thomas tourna légèrement la tête et aperçut le propriétaire de la main. Lion. Qui regardait son apprentie d’un air furieux. Le Chat se précipita sur sa jumelle.

-      Jeda ! tu te rends compte de ce que tu viens de tenter de faire ?

La jeune fille sembla petit à petit prendre conscience de la gravité de son acte. Elle venait ni plus ni moins de tenter de blesser gravement son chef. Ses yeux étaient légèrement embrumés et elle semblait avoir du mal à accepter que ce fût elle qui venait de faire ça. Lion lâcha la pierre qui tomba au sol dans un léger nuage de poussière. Sa main saignait et était couverte de plaies et d’égratignures, mais le lieutenant ne semblait pas s’en soucier plus que ça. Thomas posa une main sur son épaule et le remercia. Lion lui fit un léger signe de tête, sans pour autant lâcher Jeda du regard. Celle-ci soutint le regard de son mentor. Il s’avança vers elle… Et lui mis une gifle monumentale. Jeda tituba, sous le choc de la violence avec laquelle la claque avait été donné. Le Chat eu l’air choqué et s’interposa entre le mentor et l’apprentie.

-      Vous réprouvez le fait que ma sœur ai agressé Thomas mais vous avez exactement la même attitude qu’elle en la frappant ! Vous savez, il y a d’autres moyens de punir !

Lion sembla sur le point de le frapper lui aussi quand la main de Jeda se posa sur l’épaule de son frère. Le Chat se retourna. Sa jumelle le poussa légèrement sur le côté, s’avança face au lieutenant et au général et s’inclina en un curieux salut, un bras replié perpendiculairement au corps et la main droite contre sa poitrine.

-      Veuillez accepter mes excuses. Mon comportement n’était en rien acceptable et excusable.

Jeda resta un instant incliné puis se releva, droite face aux regards étonnés de Thomas et Lion. Le général finis par esquisser un sourire et posa sa main sur l’épaule de Jeda.

-      Excuses acceptées ! Ça ira pour cette fois, mais ne recommence pas, d’accord ?

La jumelle acquiesça silencieusement, le visage toujours grave. On sentait à cette expression que ce qu’elle venait de faire n’était pas n’importe quoi, mais quelque chose de grave et ancestral.

-      Bon, fini par dire Lion d’un ton bourru, l’important, c’est que vous soyez tous sain et sauf !

Thomas s’apprêtait visiblement à répondre mais le krakennosaurus (que tout le monde avait oublié à ce moment- là) poussa un rugissement d’approbation et s’avança d’un pas pesant vers Lion, visiblement en quête de câlins et de morceaux de sucres (c’est qu’c’est gourmand ces p’tites bêtes là !). Lion poussa un hurlement et dégaina son épée.

-      Un monstre ! Attention !

Mais le ricanement à peine étouffé du Chat et l’impassibilité moqueuse de Jeda et Thomas semblaient indiquer que ce n’étais pas du tout une bestiole dangereuse. Le krakennosaurus acheva sa trajectoire et commença à lécher Lion de la tête au pied et à le regarder une expression d’adoration.

-      Ce cher Lion s’est fait un copain, à ce qu’on dirait ! murmura le Chat à sa sœur.

Il semblait ne pas avoir totalement oublié la gifle qu’avais administré à sa sœur le lieutenant éclairite.

-      Et pour répondre à ta question, Lion ; répondit Thomas qui semblait parfaitement indifférent au fait que Lion était de plus en plus recouvert de bave verdâtre ; je vais parfaitement bien, mais c’est grâce à eux !

Il désigna les jumeaux d’un large revers de main. Lion, qui s’affairait à repousser la tête écailleuse du krakennosaurus, semblait assez étonné.

-      Mais, poursuivit Thomas, il n’en est pas autant pour le Chat.

En effet, quand on regardait de plus près l’apprenti éclairite, on voyait que sa posture trahissait un épuisement profond et qu’il était très pâle, d’un blanc presque crayeux. Quelques traces de sang séché maculaient encore son visage et son uniforme et il tremblait de fatigue.

-      Non, non, ça va ! protesta-t-il faiblement.

Mais son mentor le saisit par les épaules et força à s’assoir

-      Mais oui c’est ça ! Tout va très bien madame la marquise ! J’ai bien vu quand tu t’es interposé ! Tes jambes tremblaient et que chaque pas semblait mesurer un kilomètre pour toi ! Donc tu vas te poser !

Jeda, qui pour une fois était d’accord avec le général éclairite, approuva lentement de la tête et lança quelque chose à son frère. Celui-ci tenta de l’attraper mais il était si fatigué qu’il le laissa passer. Thomas le rattrapa et l’examina avec curiosité, indifférent au regard suppliant de l’apprenti éclairite. C’était un carré de tissu blanc, d’une dizaine de centimètres de côté avec deux initiales : J.E.. Thomas le regarda avec curiosité.  Il avait l’impression confuse d’avoir déjà vu ce mouchoir, mais où ? Mais bon… Les mouchoirs en tissu avec des initiales étaient légion et le Chat ne devait pas être le seul à avoir comme initiales J. E.. D’ailleurs, en y repensant, il semblait à Thomas que son premier instructeur était nommé Jan Eyre… Un sacré type ce Jan Eyre… Mais pour le Chat, à quel nom et prénom correspondaient ces initiales ? à moins que ce soit celui de Jeda… Oui, c’était plus logique ! Il demanda à Jeda :

-      Pourquoi lui as-tu lancé ton mouchoir ?

Il lui semblait que Jeda attendait cette question depuis qu’il avait récupéré le carré de tissu et se délectait à présent de son interrogation.

-      A vrai dire, dit-elle avec un plaisir apparent et l’air totalement indifférent au supplice visible qu’endurait son frère, ce n’est pas mon mouchoir, c’est celui de mon frère. Et le terme « doudou » serait plus approprié.

Le Chat devint d’un rouge pivoine très agréable à regarder. Jeda continua, aux anges.

-      Il ne peut pas dormir sans. Sa future compagne devra s’accommoder à son odeur de charogne pourrie et au fait d’avoir pour rival de lit un carré de tissu à la propreté plus que discutable ! Et vu que monsieur s’apprêtait à piquer un somme en pleine mission, il m’a l’air indispensable qu’il ait son moumou !

Le Chat devenait de plus en plus rouge et Thomas trouva qu’elle exagérait un peu (beaucoup). Le mouchoir était assez propre, si on exceptait les quelques taches de sang, sans doute dû à une précédente crise et il sentait plutôt bon le feu de bois et le caramel. Il le tendit à son apprenti, qui le saisit. Celui- commençait à afficher un léger sourire. Thomas sentit qu’il préparait sa riposte. Mais il avait une ou deux questions à lui poser d’abords. Il désigna les initiales qui ornaient le tissu.

-      J’en déduis que tes parents ont trouvé spirituel de vous donner les mêmes initiales ?

-      Ils sont même allés plus loin… soupira le garçon.

-      Et tu t’appelles ?

La réponse fut brève, claire, explicite et concise.

-       Ça ne te regarde pas.

Mais il ne se tut pas pour autant et dirigea son regard vers Jeda.

-      Mais vois-tu, comme je ne fais quasiment qu’une seule personne avec ma sœur, elle m’a piqué disons… Quelques habitudes.

Jeda sembla comprendre les intentions de son frère et commença à le supplier du regard. Mais son jumeau fut sans pitié. Il s’adressa à Jeda.

-       Il faudra que tu lui présentes Miss Paillettes ! Vois-tu Thomas, Miss Paillettes est son doudou licorne avec des petites ailes pailletées, une crinière arc en ciel, des yeux rose et kawaï et (comble du ridicule !) une inscription sentencieuse et explicite : « J’adore les froufrous ! »

La propriétaire de Miss Paillettes devint encore plus rouge que son frère avant elle.

-      Tu oublies, siffla-t-elle, que c’est à la suite d’un pari perdu AVEC TOI que j’ai dû dormir avec cette… Chose !?

-      Mais tu y as pris goût ! rétorqua son frère.

Et pour lui couper toute velléité de réplique, il s’endormi sur le champ. Thomas eu un sourire. Ce mystérieux garçon était vraiment fantastique ! Lion s’accroupi, plus terre à terre, et examina l’apprenti. Le krakennosaurus, tout aussi inquiet, s’accroupi (enfin si on peut dire ça quand une bête de 3 mètres de haut s’affale à terre dans un fracas épouvantable) auprès de son nouvel ami-pourvoyeur en morceau de sucre-maître et poussa un grondement inquiet. Pour se réconforter, il donna 2 ou 3 coups de langue baveuse à Lion, qui poussa un soupir. Il faudrait au moins une bonne dizaine de douches au lieutenant pour se débarrasser de la bave verdâtre ainsi que de l’odeur qui l’accompagnais.

Lion n’était pas médecin mais avait appris deux ou trois trucs auprès de Médoc et lui servait de temps à autre d’assistant, en supplément de Pansement, l’apprenti surdoué et dévoué de la doctoresse éclairite. Il eu un soupir. Le Chat avait un véritable talent pour donner le change ! Sa respiration rauque et irrégulière et le petit filet de bave rougeâtre qui coulait à présent de sa bouche dénonçait un grave problème pulmonaire. Et le fait qu’il ne se soit pas réveillé malgré l’odeur que dégageais Lion et le fracas que produisais le krakennosaurus exprimais quant à lui un sommeil profond, presque un coma. Lion sorti de son sac une borne d’appel d’urgence, dont le récepteur donnait dans le bureau de médoc.

15 minutes plus tard, la doctoresse et son apprenti étaient là et s’enquéraient de l’état du malade. Le résultat était… Inquiétant. Très inquiétant.

-      Insuffisance respiratoire et Intoxication respiratoire, mais je n’ai pas pu déterminer à quoi. Il va falloir le mettre sous assistance, le temps qu’il récupère.

Elle posa un masque sur le visage du Chat et le brancha à un étrange appareil carré sur le dessus duquel il y avait un trou dans une empreinte en forme de paume. Le cubé était relié à une bonbonne métallique par un long tuyau hermétique. Pansement posa la main sur l’empreinte et après quelques minutes, la retira. Jeda remarqua qu’elle était devenue rouge et qu’une petite empreinte en forme de cercle marquait le centre de sa main. Médoc, voyant le visage interloqué de celle qu’elle considérait à présent comme une amie, répondit à son interrogation muette.

-      Pans’ (tiens, elle utilisait un surnom !) maitrise l’air. Il est aérokinésiste et a un don pour séparer les molécules d’air les unes des autres. Il vient de remplir d’oxygène la bonbonne via l’appareil que tu vois.

Jeda acquiesça, les yeux dans le vague. Thomas la fixait d’un air surpris. Elle ne semblait pas se soucier plus que ça du sort de son frère. Il fit une légère intrusion dans ses émotions et fut pris dans un tourbillon de colère et d’inquiétude, encore plus fort que celui qui l’avait emprisonné dans la tête du Chat. Il se retira vivement et tituba légèrement. Lion se releva et le saisit par les épaules.

-     Ça va ?

-     Oui.

Il saisit Lion par le bras (ou plutôt, le membre ultra gluant qu’il pensait être le bras) et l’attira à l’écart, sans savoir vraiment pourquoi.

-     Lion, à propos de Jeda…

-     Oui, quoi ? Tu es amoureux d’elle ? le taquina le lieutenant.

Mauvaise idée. Les yeux de Thomas se rétrécirent jusqu’à ne former plus que 2 fentes.

-      Ecoute Lion, ne me refais jamais ce coup-là. Ce genre de petite plaisanterie, ça vas bien un coup. Mais à la longue, c’est, disons… plus que lassant. Donc je te conseille d’éviter.

Lion recula d’un pas et examina l’attitude de son « fils ». poings serrés : colère. Yeux embrumés : souvenir lointain et pas très agréable. Et tout ces indices ajoutés à la « conversation » qu’il venait d’avoir…

-      Bon sang j’y crois pas ! Tu as un… Chagrin d’amour ????

Petit Thomas est devenu grand… Songea Lion. Bon sang, c’était allé vite ! Il le connaissait depuis qu’il était né et depuis qu’il l’avait retrouvé chez les iugaros, il été allé de surprise en surprise avec Thomas. Il était plus mature, plus dur, plus réfléchis. Mais là…

Thomas ne réagis pas à l’exclamation de Lion et continua comme si de rien n’était :

-     Je voulais te dire, à propos de Jeda, qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Elle a un don pour feindre et dissimuler.

-     Ah… D’accord.

Le général se retourna, dans l’intention de rejoindre médoc et le Chat, mais au bout de quelques pas, s’arrêta et fit volte face.

-     Au fait, tu devrais prendre une douche. Tu schlingues.

Lion soupira. Il avait vu une cascade, dans le coin. Mais où ?

Pendant ce temps, Thomas était agenouillé auprès de son ami, sa main posé sur la sienne, comme pour lui transmettre un peu de sa force. Mais le Chat ne semblait pas percevoir la présence, ses yeux vitreux regardant le ciel sans vraiment le voir. Minute.. des yeux vitreux ? Une question s’imposa à l’esprit du général.

-     Comment puis-je savoir quelle expression/position ses yeux affichent sans les voir ?

Jeda s’était agenouillé à côté de Thomas et, sans le regarder, répondit à sa question muette

-     Ah, toi aussi tu as remarqué. Mon frère a intégré un dispositif mécanique à sa capuche permettant aux gens le regardant de « voir » les expressions des ses yeux, sans pour autant les voir. Une machine unique au monde.

Ah, d’accord. Question résolue. Mais bon sang, comment faisait elle pour deviner ce qu’il pensait ??? Elle n’était pas télépathe tout de même ?? Là encore, Jeda sembla deviner l’interrogation du général.

-      Tu affiches tes émotions sur ta figure comme sur un panneau d’affichage. Ce n’est pas bien compliqué de deviner quelles questions tu te poses, tête de poireau.

Gêné, Thomas passa sa main dans ses cheveux. Bon, c’est vrai qu’ils étaient en bataille mais de là à le traiter de tête de poireau…

-     Modère toi un peu, je te rappelle que je suis ton chef… Tête de mule.

Jeda le regarda de travers, mais finalement, au grand étonnement du général, elle ne riposta pas. Médoc secoua doucement l’épaule de son frère.

-     Thomas… On y va. Retire ta main, s’il te plaît.

Le général lâcha à regret la main de son ami et ressorti de la caverne. En sortant, il jeta un regard en coin à Jeda. Celle-là… elle était vraiment bizarre.

Chapitre 11

Examens

De retour au camp, Jeda pris une bonne douche. Les odeurs de sang et de krakennosaurus empestaient. Elle sorti de la douche avec un soupir de soulagement. Ça faisait un bien fou ! Elle descendit l’escalier principal et croisa rivière. L’apprenti lui adressa un sourire. Rivière était en permanence douce et souriante et sa bonne humeur faisait du bien à Jeda.

-     Où va- tu ?

-     Peut être au terrain d’entrainement.

-     Tu ne va pas… rendre visite à ton frère ?

Jeda secoua la tête.

-     Médoc interdit toute visite.

Rivière eu un sourire compatissant et posa sa main sur l’épaule de sa camarade.

-     Je suis sûre qu’elle a de bonnes raisons.

-     Oui… Mais quand même…

Rivière s’apprêtait à répondre mais quelqu’un l’interpella du bas de l’escalier.

-     Rivière, il serait temps qu’on y ailles !

Jeda baissa les yeux. Un garçon de leur âge se tenait en bas de l’escalier. On ne pouvais pas voir son visage car il était à contre-jour. Il grimpa les marches jusqu’à se retrouver face à Jeda et Rivière.

-     Ah oui, désolée Fleuve. J’arrive ! Si tu veux, Jeda, tu peux venir t’entraîner avec nous.

Elle désigna Fleuve.

-     Jeda, je te présente Fleuve, mon frère jumeau. Fleuve, je te présente Jeda, ma… Meilleure amie.

Le garçon se tourna vers Jeda, mettant ainsi son visage en pleine lumière. Il ressemblait comme 2 gouttes d’eau à sa sœur, si on exceptait qu’il était un garçon et que ses cheveux noir étaient coupé cours. Ses yeux bleu turquoises, légèrement froncés en raison du soleil qui lui arrivait droit dans les yeux, fixaient Jeda.

-     Il est pas mal… songea t-elle…

Mais Rivière la coupa court dans sa réflexion en les prenant tout deux par le poignets et les attira vers le terrain d’entrainement. Quand ils arrivèrent, un groupe d’apprentis occupait déjà le terrain. L’une d’eux lançais une paire de bolasses sur un poteau d’entrainement, à vingt mètres d’elle environ. L’arme rata le poteau, à la grande frustration de l’apprentie.

-     Purée !

Son camarade, un apprenti avec une queue et des oreilles de renard (un métamorph, sans doute) commenta :

-     Et voilà, j’avais raison ! Persévérante l’a lancé avec 2 centimètres d’écart.

L’apprenti qui avait raté son tir se retourna, l’air furieuse.

-     Eh bien fait mieux, si tu peux !

Elle lui désigna les bolasses. L’une des apprentis, une fille brune, s’avança.

-     Je te rappelles que c’est difficile à maîtriser comme arme ! Donc ne la juge pas !

-     Oh ça va Sophie ! Ne part pas au quart de tour !

Un autre apprenti du groupe pris part à la discussion. Il avait des ailes de chauve-souris noires dans le dos et des cheveux de la même couleur qui lui descendait aux épaules.

-     Bon ça va, on a compris, rien ne peux égaler les capacités de notre capitaine en chef au lancer de bolasses… Mais je suis le meilleur lanceur d’aiguilles !

-     Merci Anta. Mais personne ne te retire ce titre !

Les apprentis commencèrent à se chamailler gentiment, chacun revendiquant un titre de « meilleur … » Mais Fleuve s’avança, leur coupant toute véleité supplémentaire de discussion.

-     Si vous êtes là pour vous chamailler comme des gosses, passez votre chemin ! On a besoin du poteau !

Rivière rougit affreusement. Son  frère n’avait jamais aucun tact et aucune compréhension pour les autres ; ce qui les mettait tout 2 dans des situations très délicates. Un silence lourd tomba sur le terrain. Enfin, les  apprentis s’avancèrent, leurs armes au poing. C‘était Persévérante, qui avait d’ailleurs récupéré ses armes qui s’avança la première, suivit du métamorphe renard, qui s’était transformé en un renard de 3 mètres de haut, la fille qui avait défendu la fille qu’elle avait nommé « capitaine en chef » et Anta, le « meilleur lanceur d’aiguille ». Un cercle se forma autour de Fleuve qui se retrouva encerclé.

-     Répète, Fleuve ? Demanda Persévérante d’un ton froid.

L’apprenti leva la main droite, autour de laquelle s’enroula un filet d’eau qui se figea en forme de shuriken qu’il lança droit sur sa camarade. Mais celle-ci semblait l’avoir prévu et avait déjà fait un pas de côté avant qu’il ne lance ! Elle fit un discret signe de doigt à ses camarades. Soudain, le métamorphe renard, le garçon chauve-souris et Persévérance se jetèrent sur Fleuve, d’une manière parfaitement coordonnée. Ils ne laissèrent pas la moindre chance au pauvre apprenti. Celui-ci se défendait bien, mais contre de personnes ayant une coordination parfaite et au moins son niveau, si ce n’est plus, c’était peine perdue. Mais si on passait outre cela, Jeda se régalait. Fleuve se battait magnifiquement et c’était un plaisir que de le voir évoluer. Mais son regard glissa sur Persévérante. Jeda jaugea d’un coup d’œil à l’apprenti.

-     Force moyenne, compensation par la ruse, le combat à distance même si elle semble savoir manier ses couteaux. Travail d’équipe excellent. Et probablement voyante, vu la manière dont elle a évité le shuriken de Fleuve et utilise son don pour prévoir les coups de l’adversaire.

Le pauvre fleuve en morfla. Quand les combattants s’écartèrent, il gisait inconscient à terre. Jeda fut sous le coup d’une émotion qu’elle n’avait ressenti jusque-là que pour elle ou son frère. De l’inquiétude. En ayant l’air de ne pas trop se presser, elle s’avança jusqu’à Fleuve et le retourna, l’air toujours indifférente à ce qui venais de se passer. Mais à la vue d’une énorme bosse sanguinolente sur le front de fleuve, elle ne put retenir un rictus d’inquiétude. Ce  fut bref mais ce fut précisément ce moment que choisit fleuve pour entrouvrir les yeux… Et apercevoir Jeda. Qui s’inquiétait pour lui. Et était quand même sacrément belle…

****

Pendant ce temps, Médoc s’apprêtait à examiner le Chat. Ses yeux prirent une teinte rouge et s’illuminèrent. En effet, la jeune fille avait comme don de pouvoir voir à travers quasiment tout. Ce don, combiné à ses connaissances médicales, rendaient ses examens fiables à 100% et très précis. Elle se pencha sur l’apprenti qui gisait, inanimé, sur le lit d’examen. Elle commença par la tête et eu la surprise de découvrir qu’un puissant sort de transformation entourait la tête et le corps du Chat. Elle essaya de le percer mais n’y parvint pas. Médoc ne pu que déterminer que le sort atteignait  même l’état des organes internes. Pourquoi diable possédait- il ce genre de sort mi-mécanique, mi-magie métamorphe, qui de plus, coûtaient une fortune ?

La conversation que Thomas avait eue avec Jeda lui reviens en mémoire.  

Ah, toi aussi tu as remarqué. Mon frère a intégré un dispositif mécanique à sa capuche permettant aux gens le regardant de « voir » les expressions de ses yeux, sans pour autant les voir. Une machine unique au monde.

Jeda avait en partie menti. Cette machine ne faisait pas que filtrer les émotions, elle transformait tout son être ! Mais pourquoi ? La tête pleine de question, Médoc repris l’examen. Visiblement, rien de grave à la tête. Elle passa au torse et là, ne put s’empêcher de pousser un cri d’horreur ! Les poumons étaient dans un état horrible. Les bronches à demi bouchée, certains canaux respiratoires détruits. C’était à se demander comment il avait fait pour survivre jusque-là.  En comment il vivrait en tant qu’éclairite. Elle se retourna et vomi. Comment... Comment ? Elle se retourna et jeta un regard presque craintif au corps allongé sur la table d'examen. Médoc repensa à son frère. Elle savait que ce garçon était pour lui un cadeau, une bouée pour surnager du terrible souvenir qui engloutissait Thomas, qui le submergeais jour après jour sans qu'il arrive à surnager. Bien, sûr, il faisait bonne figure ; mais ce n'était qu'en apparence. Alors, pas question que le Chat meure. D'autant plus qu'elle s'était... Attachée à lui. Elle hurla, comme un défi :

- Tu verras, tu vivras !

Et elle avait sa petite idée pour ça...

***

Pendant ce temps, Jeda aidait Fleuve à se relever. Celui-ci la repoussa.

-     Je peux me relever tout seul !

Mais il perdit un peu de sa crédibilité quand la main sur laquelle il s’appuya dérapa et qu’il retomba sur les fesses. Jeda ricana.

-     Parfaitement !

Elle tourna superbement le dos à Fleuve, et s’adressant à Rivière :

-     Tu me les présentes ?

Rivière fut un instant déstabilisée puis désigna les apprentis.

-     Je te présente Persévérante, l’apprentie de Rose.

La fille aux bolas fit un sourire et salua Jeda.

-     Luigi, l’apprenti de Fleur et le frère de Morph.

Le métamorphe eu un sourire amical et remua sa queue.

-      Sophie, l’apprentie de Nat.

-      Anta, l’apprenti d’Haku.

Les apprentis commencèrent à discuter sur les circonstances de leur engagement. Persévérante était originaire du village voisin et s’était engagée dès qu’elle avait pu, et Luigi avait fait de même. Anta et Sophie, eux étaient venus suite à la campagne de recrutement massive menée récemment par les éclairites, tout comme Jeda et son frère. Rivière et Fleuve, eux, étaient venu ici parce qu’ils voulaient s’améliorer et que ils n’avaient pas vraiment d’autres endroits où aller depuis qu’ils avaient quitté leur famille. Durant la conversation, Jeda discuta gaiement avec tous les apprentis mais ignora royalement le pauvre Fleuve, qui commençait à se repentir de l’avoir repoussée. Mais la cloche annonçant le dîner se mit à sonner et les apprentis se dirigèrent vers la cantine en vitesse, histoire de ne pas avoir les restes. En chemin, ils croisèrent le général. Celui-ci semblait fatigué et leur adressa un sourire las. Rivière s’approcha de lui pour essayer de lui remonter le moral mais sa tentative ne connut que peu de succès. Thomas tenta bien de simuler un peu de gaîté mais c’était peine perdu.

En même temps, quand on a un ami dans un état critique, le sort de tout un groupe de plus de 1000 personnes sur les épaules, une fille casse pieds qu’il faut gérer et le déménagement du dis groupe sur le dos, ça fait beaucoup à 15 ans. Ils déjeunèrent en silence, la lassitude du général plombant l’ambiance. Il finit rapidement son repas et quitta la salle.

-     Bonne nuit tout le monde. Lança-t-il sans enthousiasme.

Une fois arrivé dans sa chambre, Thomas retira son sweat et sa tunique, dévoila son torse que traversai de haut en bas une impressionnante cicatrice. Il lui jeta un regard triste et se jeta sur son oreiller. Il s’endormit aussitôt.

Chapitre 12

Rêve ou cauchemar ?

Le général rentrai au camp après une longue patrouille. Il n’avait qu’une envie, boire une bonne citronnade et revoir ses amis. Bo  ok, ça faisait 2 envies. Il s’aperçu soudainement que les oiseaux ne chantaient pas et que le ciel était rouge. Pris d’un horrible pressentiment, il se précipita vers l’entrée du camp. Et ce qu’il vu lui glaça le sang. Le camp était en flammes ! et juste sous le portique… Un corps. Il courut vers lui et le retourna. C’était Jeda et… il n’y avait plus rien à faire pour elle. Ses yeux vitreux fixaient le ciel et on lisait encore dedans la détermination dont elle avait fait preuve.

Thomas eu un choc. Il avait beau ne pas apprécier plus que ça la jeune éclairite… Elle restait une des siens. Et elle était d’une telle puissance que la voir tuée dénonçait un agresseur d’une puissance incroyable. Deux larmes coulèrent le long de ses joues. Thomas allongea Jeda sur le dos et lui ferma délicatement les yeux. Il s’inclina devant le corps puis couru vers le camps. Là, ce n’était que désolation. Bâtiments en flammes, partout des corps.

Poussé par un terrible instinct, il courut vers la place principale. Là… Un entassement de corps. Il fit un pas, ses yeux ne pouvant se détacher du morbide spectacle, mais son pied heurta quelque chose. Thomas tomba à genoux.

-     Yori ! Nooooooooooooooooon !

L’éclairite serrais encore son katana dans son poing. A l’exclamation de Thomas, il entrouvrit les yeux et regarda son frère d’un air vitreux.

-      Thom…as ?

-      Yori ! Ne t’inquiètes pas, on va s’occuper de toi !

Yori tenta de se redresser.

-     Sar… Où est…

Le général jeta un regard autour de lui. Il aperçut, quelques mètres plus loin, un autre corps. Il laissa quelques secondes Yori pour se fixer sur l’identité de l’éclairite. Sar. Il la souleva et la posa près de son compagnon. Celui-ci poussa un cri horrible. Elle était morte. Yori serra le corps inerte contre lui. Thomas songea avec une infinie tristesse qu’il allait bientôt la rejoindre, vu la gravité de ses blessures. Il posa la main sur l’épaule de son ami.

-     Yori…

L’éclairite releva la tête, les yeux embués de larmes. Lui toujours si réservé, éclatait.

-     Thomas… Je vais y aller. Merci pour tout.

Les deux amis s’étreignirent une dernière fois. Puis Yori tomba au sol, mort. Lui aussi. C’en était trop pour Thomas. Il leva les yeux avec rage sur la pyramide de corps et aperçu des silhouettes qui se battaient au sommet. Il les reconnus une à une. La silhouette au style de combat classique, Lion ! Une autre usait de bombes chimiques qu’elle lançait sur la silhouette ennemi. Médoc. La troisième semblait exécuter une danse empreinte de fureur, de haine et de détresse. Le Chat ! La quatrième, avec ses boomrangs, son crâne rasé et sa tunique rouge, Thomas la reconnu sans peine. Asad, son ami iugaro. Son frère des lions. Et la dernière… Elle portait une épée et se battait avec fureur contre l’ennemi, elle aussi. Même si il ne l’avait réellement vu qu’une fois, Thomas l’identifia avec un mélange de terreur et d’amour mêlés. La fille de ses rêves.. Celle dont il ne connaissait pas le nom mais qu’il aimait plus que tout. Ils se battaient tous ensemble. Ensemble. Mais chacun de leurs mouvement trahissaient une extrême fatigue. Depuis combien de temps se battaient ils ?

Mais l’ombre contre laquelle ils se battaient plaça une botte inattendue et atteignis Lion en pleine poitrine ! Le lieutenant chuta au bas de l’entassement de corps, aux pieds de Thomas. Le général eu une révolte intérieure. Pas ça ! Pas Lion ! Mais le lieutenant se releva et planta son regard dans celui de son fils adoptif.

-     Petit… Il va tous nous tuer. FUIS !

-      Mais… Et toi ? Et les autres ?

-      Ma blessure n’est pas grave, elle m’empêche juste de me battre !

Il désigna la blessure qui barrait son torse. Mais rien que cela suffisait à révolter le Général éclairite. Il dégaina son épée et la pointa sur l’ombre.

-     EH TOI, LA HAUT ! JE NE SAIS PAS QUI TU ES MAIS JE T’ASSURES QUE TU VA ME LE PAYER !

Les combattants se retournèrent et marquèrent un temps d’arrêt. La silhouette eu un rire amusé.

-     Oh, des insultes à présent ! Très bien ! Je prévoyais de la laisser en vie, elle aurait pu m’être utile mais c’est toi qui voit !

D’un mouvement fluide, il enveloppa Médoc de son fouet, et la jeune doctoresse ainsi immobilisée, il la transperça de son épée. Il la retira ensuite d’un air négligent et regarda d’un air ennuyé Médoc s’affaisser au sol. Le Chat poussa un hurlement et se précipita dans l’intention de lui porter secours mais l’ombre s’interposa et força l’apprenti à l’affronter. Thomas se précipita mais c’était trop tard. Sa soeur était morte. Il se jeta sur l’ombre avec une fureur décuplée. Un combat furieux s’engagea contre l’ombre. Asad eu un grognement de rage.

-     Quel monstre ! Il ne se bat même pas loyalement.

L’ombre eu un sourire.

-     Tu as tout à fait raison.

Et il frappa le guerrier iugaro. Dans le dos. Celui-ci tomba au sol, sa tunique rouge maculée de sang. Thomas reçu cette mort comme un coup de poing à l’estomac. Asad l’avait sauvé alors qu’il voulais mourir et avais redonné un sens à sa vie. Pas Asad. Non, pas lui. Il ne restait désormais plus que le Chat, Thomas et la fille. Leur désespoir augmentant encore, il jetèrent leurs dernières forces dans la bataille. Durant le combat, Thomas jeta un regard en coin à la fille. Curieusement, même si il haïssait les circonstances dans lesquels il la revoyait, une part de lui se réjouissait du fait qu’elle soit là, près de lui. Et que ce ne soit pas soit lui qu’elle combatte, aussi. Au fur et à mesure que le combat avançait, ils prenaient lentement mais sûrement l’avantage. La fille déséquilibra l’ombre d’un coup de pied là où ça fait mal et le Chat, profitant de l’ouverture de la garde de l’ombre, lui sauta dessus pour lui porter le coup fatal. Mais au moment où l’éclairite allait porter le coup final, il poussa un hurlement déchirant et roula au sol, secoué de spasmes !

-     Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

Thomas senti une panique folle l’envahir. Pas encore un mort ! Et surtout, pas le Chat ! Mais pourtant, son ami n’avait aucune plaie apparente et l’ombre ne l’avait pas touché une seule fois ! Celle-ci ricana.

-     Ah ! On pourra dire qu’il aura mis du temps à le percevoir. Je suppose que l’adrénaline aura bloqué la sensation.

Thomas tomba à genoux et tenta de calmer son ami, mais c’était peine perdu. Au contraire, l’éclairite semblait avoir de plus en plus mal !

-     Que lui a tu fais ??? Réponds !

L’ombre s’accroupit près du Chat, une lueur amusée dans le regard.

-      A lui ? Rien. Je n’ai pas réussi à l’effleurer de tout le combat. Mais à sa sœur…

-      QUOI ?

L’assassin pris tout son temps pour répondre.

-      Disons que durant la bataille, j’ai découvert une propriété intéressante concernant les jumeaux, grâce à… Civière et Veule.

-      RIVIERE ET FLEUVE !

-      Chipote pas, c’est la même chose. Si on tue l’un des jumeaux, l’autre en subit le contrecoup soit immédiatement, soit un peu après. Ça peut le tuer, ou le rendre fou. Rares sont ceux qui y survivent… Entiers.

Il eu un sourire sadique. Un silence lourd s’installa entre eux, seulement ponctué par les halètements de douleurs du Chat. Il était au bout du rouleau. Thomas serrais sa main. Pas toi. Pas toi. Pas toi.

L’éclairite eut un regard désespéré vers l’entrée du camp, là où gisais le corps de sa jumelle. Puis, plus rien. Il était mort. Thomas poussa un hurlement et se jeta sauvagement sur l’ombre. Il avait tué presque tout les gens qu’il aimait. Il allait le tuer ! LE TUER ! Il n’attaquait plus avec finesse, comme à son habitude, mais avec une sauvagerie sans bornes. Mais l’ombre semblait se ficher de ces attaques et, négligemment, d’un coup de pied, le précipita en bas de l’entassement de corps. Le général se reçu durement aux pieds de Lion. Ce dernier le releva doucement. Soudain, un hurlement de terreur se fit entendre en haut de la pyramide. Une autre silhouette s’était levée et elle s’attaquait à la fille avec une sauvagerie bestiale ! Cette dernière bloquait les coups comme elle le pouvait mais son épuisement la ralentissais. La fin était inexorable. Soudain, un coup plus violent que les autres lui arracha son épée des mains. Un deuxième coup lui balafra le ventre et la jambe droite. Elle tomba à terre. Thomas sauta et en trois bon, rejoignit la silhouette et l’embrocha ! Elle chuta au sol, tentant encore, dans sa folie meurtrière, de tuer sa victime. Thomas retira son épée du corps et, d’un coup, coupa les deux jambes de l’ombre. Il s’affaissa au sol, au sourire sadique aux lèvres. Thomas se retourna, un peu troublé par l’attitude de l’ombre, et regarda du côté de la silhouette et de la fille. Il ressenti un immense choc. Le corps qui se débattait encore les affres de l’agonie, la bave aux lèvres et les yeux roulant dans leurs orbites c’était… Le Chat !

Thomas poussa un hurlement et tomba à genoux. Les paroles de l’ombre lui revenaient en mémoire :

-     Ça peut le tuer, ou le rendre fou.

Et le Chat était devenu fou. Fou de douleur. Thomas, en larmes, serra contre lui son frère. Dans un dernier geste de folie, il tenta d’étrangler Thomas mais ne parvint qu’à lui griffer le cou. Puis, il expira. Thomas eu un sanglot. Qu’avait il fait pour mériter ça ? Question stupide. Il ne le savait que trop bien. Mais le Chat ? Asad ? Médoc ? Pourquoi ? C’était injuste !

Un gémissement étouffé le ramena à la réalité. Il se retourna. La fille. Elle était toujours au sol et souffrait visiblement beaucoup. Pas étonnant, remarque. Il déposa doucement le corps du Chat au sol, se releva et parcourut les quelques mètres qui le séparait d’elle. Dès qu’elle le vit avancer, elle recula instinctivement, en proie à une panique sourde. Elle avait peur. Peur de lui. Normal, après tout…

Il dégaina son épée. La fille tenta de reculer, sans succès. Mais Thomas la déposa à terre et leva les mains, pour bien montrer qu’il était inoffensif. Ça n’empêcha pas la fille de montrer ouvertement sa peur et sa méfiance. Il s’agenouilla doucement, en évitant les gestes brusques. Bon sang… Il aurai tellement aimé que ça soit plus simple, qu’elle ne le haïsse pas…

Parce que ce n’était vraiment pas gagné. La fille saisit la poignée de son épée, pour bien lui montrer qu’il n’avait pas intérêt à lui faire quoi que ce soit.

-     Je veux juste t’aider.

Malgré la réticence (bel euphémisme) de la fille, il examina les plaies. 1 cm de profondeur environ, du sang perdu et quelques nerfs touchés… C’est pas la joie… Thomas eu le réflexe de se retourner pour appeler sa demi sœur. Mais Médoc n’était plus. Deux larmes de plus coulèrent des yeux du général, dévalèrent ses joues et atterrirent sur celles de la fille. Ses yeux tremblaient dans leurs orbites et elle semblait au paroxysme de la terreur. Thomas pris un bout de tissu déchiré qui trainait au sol et banda comme il pu la plaie. Après ça, on aurait pu croire qu’elle lui ferais un peu plus confiance mais sa terreur était irraisonnée. Elle tremblait de peur et leva son épée, dans l’intention manifeste de s’en servir. Mais elle n’en avait plus la force. Le général n’eu même pas à forcer pour lui retirer l’épée de la main.

-     Dans l’état ou tu es, tu risquerai plus de te blesser qu’autre chose.

La fille le regarda d‘un œil vitreux et tenta de se débattre quand il la saisit par les épaules. Thomas la redressa doucement et chercha un endroit ou l’appuyer ; mais à moins de l’adosser à un cadavre, il n’y avait rien. Et alors, à défaut, il l’appuya contre lui. C’était étrange. Curieusement, ça lui fit extrêmement plaisir.

L’ombre, dont il avait totalement oublié la présence, lui dit d’un air sarcastique :

-     Tu rêvais de ça depuis le début, hein ! De pouvoir la tenir contre toi, qu’elle dépende de toi pour survivre ! Tu aurais été capables de tuer ton père et ta mère pour ça !

L’ombre avait raison et tords à la fois… Il était fou d’elle mais jamais il n’aurais commis de pareilles atrocités ! Quoi que… Une petite voix susurrait au fond de lui qu’il le ferait. Qu’il ferais n’importe quoi pour qu’elle l’aime et qu’elle soit heureuse. La fille ne pesait pas lourd mais il avait l’impression qu’il avait un énorme poids dans les bras. La seule âme vivante dans ces lieux, avec lui. Quant à l’ombre, elle ne pouvait pas prétendre posséder une âme après ce qu’elle avait fait. La fille remuais de plus en plus faiblement. Thomas tourna définitivement le dos à l’ombre. Il le tuerais plus tard. Et très cruellement, si possible. Mais, d’un seul coup, elle rouvrit grand les  yeux et les plongeas dans ceux de Thomas. Ça lui fit tout autant effet que le jour où il l’avait vu pour la première fois.

-      Laisse-moi… le tuer. Il est… à moi.

-      Mais dans ton état…

Elle se releva, mu par cette incroyable moteur qu’est la haine, chancela une seconde et ramassa son épée. Elle s’avança en tremblant vers le corps et lui… plongea l’épée en plein cœur. L’ombre ne résista pas. Il eut un sourire et lâcha seulement :

-     Ils te manquent, pas vrai ? J’aurais pu te les rendre…

La fille, ayant concentré se dernières forces dans cet acte, tomba en arrière. Sa chute était incroyablement élégante et Thomas eu voulu que le temps se fige sur cette scène. La lueur rouge de l’incendie baignait sa fine silhouette et redonnais un peu de couleur à ce visage si pâle ; sa tête rejetée en arrière autour de laquelle semblaient flotter ses cheveux noirs. Le général la rattrapa avant qu’elle ne touche le sol. Elle était si belle… Mais on lisais sa souffrance sur ses traits. Il aurait tant voulu les effacer d’un claquement de doigts… Il se tourna vers le corps de l’ombre. Soudain, un unique rayon de soleil rescapé du soleil permit à Thomas de distinguer ses traits. Il poussa un hurlement Cet homme qu’il haïssait tant… C’était…Lui !!!

Thomas se réveilla en hurlant.

Chapitre 13

Yori, Sar et… Thomas

La porte s’ouvrit en grand et la clarté lunaire baigna la chambre du Général. Une voix inquiète retentit.

-     Thomas ! Est-ce que ça va ? Réponds !

Une silhouette s’encadra dans la porte et Lion apparu, l’air très inquiet. Thomas se releva et se jeta au cou de son ancien précepteur.

-     Liooooooooooon ! snif… C’était horrible ! Snif ! Vous étiez… Tous morts

Le lieutenant eu l’impression de retourner 10 ans en arrière, quand l’enfant qu’était alors Thomas ouvrait timidement la porte de sa chambre en reniflant, pour ensuite éclater en sanglots en sanglots en lui racontant son cauchemar. Parfois, c’était sa mère qui se faisait dévorer par des limaces géantes, tantôt c’était Médoc qui chutait d’une falaise.

Là, apparemment, ça dépassait le stade de la limace géante… Lion repoussa doucement Thomas et le regarda. Il avait eu très peur quand il avait entendu le cri poussé par le général. Les éclairites n’avais pas que des amis. Et on avait plusieurs fois tenté de tuer son ancien élève.

Entre temps, Thomas s’était un peu calmé mais une terreur sourde subsistait encore en lui. Il jeta un regard dehors. Tout était calme et on percevait au loin le bruit des cordes de la guitare de guitare de Yori. Il l’avait ENCORE emportée à son tour de garde… Avec Sar. Bon sang… Ce n’était VRAIMENT pas règlementaire. Mais le général n’avait jamais eu le cœur de le lui interdire. Il avait seulement réduit les tours de garde de Yori. Autant aller le relever, puisqu’il ne trouverait sûrement pas le sommeil… Il soupira et alla prendre sa tunique.

-      Lion, je vais relever Yori.

-      Tu es sûr de ne pas vouloir réessayer de dormir un peu ?

-      Non. Tu peux retourner te coucher…Et merci.

-      De rien gamin.

Thomas soupira. A quinze ans, il n’était plus un gamin. Mais il savait qu’aux yeux de lion, il serait toujours un gosse un peu maladroit. Il fit un sourire à Lion et parti en direction de l’entrée principale. Une chouette hulula, faisant frissonner l’éclairite. Il hâta le pas et arriva rapidement à l’entrée.

Là, il aperçut Yori en train de gratter sa guitare et de loucher d’un œil sur ses cordes et de l’autre sur l’entrée. Enfin, la personne qui était assisse devant l’entrée. Soudain, Sar se releva  et pointa sa lance sur le buisson derrière lequel se trouvait Thomas. Yori l’imita, avec un temps de retard. Le général eu un sourire et sortit des buissons.

-     C’est comme ça que tu montes la garde, Yori ? En faisait la sérénade à Sar ?

L’éclairite resta impassible, sans qu’aucune émotion ne s’affiche sur son visage. Il rangea la guitare dans son étui, conscient d’avoir dérogé au règlement. Il se releva, toujours silencieux et s’inclina devant Thomas.

-     Quelle punition dois-je m’infliger ?

Intérieurement, le général fit la grimace. Cette tendance à s’auto flageller dès qu’il désobéissait était un désagréable héritage de son éducation sayoka.

Ces soldats, éduqués comme des machines de guerre, ne devaient ressentir aucun sentiment et avaient des règles de conduite très dures. Un cadre hérissé de règles. Et si on en franchissait une seule…

Yori, lui, était le fils cadet d’un grand chef de guerre et il était considéré par les siens comme un prodige mais un prodige rebelle. Son dos et son torse étaient encore couvert des cicatrices des nombreux coups de fouets subit. Et pas soignés… Comme punition ultime, on l’envoya se « performer » dans le clan de Thomas, ou plutôt dans l’alliance qui dirigeais son pays. Enfin, c’était compliqué. Toujours est-il que son pays envoya Yori, pour « resserrer les liens d’amitié » et se débarrasser de son jeune rebelle. Les deux jeunes s’étaient tout de suite appréciés et étaient devenus comme frères. Jamais Thomas sans Yori. Jamais Yori sans Thomas. Deux lits voisins, puis deux chambres quand ils eurent grandit. Puis, un jour, Yori dut repartir, au grand désespoir de son ami. Entre temps, on lui avait appris des techniques d’interrogatoire…discutables. Et horrible de cruauté.

Son clan, pour le tester, lui attribua comme tâche de faire parler une jeune guerrière lapatienne et de lui faire cracher tout ce qu’elle savais. Jusqu’à présent, elle n’avait rien dit. Elle avait hurlé et maudit à en perdre la voix, mais rien. Les lapatiennes revendiquaient descendre d’une déesse, Qualys, et s’attribuaient le titre de « filles de l’eau et de la jungle ». Leur rivalité avec les sayokas était millénaire et les 2 pays étaient en guerre constante. Mais ce que le conseil ne prévoyait pas et ne pouvait absolument pas prévoir, c’était ça…

Sar vit s’entrouvrir encore une fois la porte de sa cellule. Non, pas encore. Elle ne saurait passe retenir plus longtemps ses secrets. Un jeune garçon paru, un fouet à la main, habillé de l’étrange tunique à manches amples caractéristique de son clan. Il avait des cheveux noir ébouriffés et des yeux noirs plissés à l’extrême, presque réduits à deux fentes. Sar eu un coup au cœur. Il s’agenouilla sur la natte tressée qui faisait face à la jeune prisonnière et plongea ses yeux perçants dans ceux de Sar.

-     Les questions basiques pour commencer. Ton nom ?

Elle hésita quelques secondes. Elle n’allait pas rester muette le temps que Qualys coupe le lien de sa vie… Ce qui arriverais sans doute bientôt. Elle avait de plus en plus mal. Aux poignets, tailladés par les chaines, au dos, aux jambes, bref, partout.

Et puis, comme ça, ils sauraient à qui restituer le corps…

-      Sar… Mulangri

Un effort de trop pour la pauvre lapatienne, qui s’évanoui instantanément. Le sayoka regarda, impassible, sa prisonnière s’effondrer (enfin, autant que lui permettait ses chaînes…). Il se leva, dégaina son katana et s’avança vers elle. Il leva son arme… Et coupa les chaines qui retenais Sar au mur. Il allongea le corps sur la natte et examina les blessures qui constellaient la peau de la prisonnière. Des marques de coup de fouet et de fer rouge. Beaucoup trop. Le sayoka posa une main sur le front de la prisonnière. Il était brûlant de fièvre. Elle ne vivrais sans doute pas bien longtemps. Yori plissa les yeux. Il se retrouvais devant un dilemme.

Finalement, il souleva le corps amaigri par la prison et se dirigea d’un pas rapide vers la chambre de Nihonja. Lui, il saurait quoi donner pour faire baisser cette fièvre.

En fait, Yori avais eu un coup de foudre pour la jeune fille. Coup de foudre réciproque. Mais ils étaient issus de deux familles ennemies et Sar était une prisonnière de guerre que Yori était chargé de torturer, jusqu’à mort, s’il fallait. Donc leur situation était on ne peut plus compliquée. Au final, Yori avait fini par partir de son pays, suivit de Sar. Elle n’avait pas non plus pu rentrer chez elle, ils avaient donc erré jusqu’à ce qu’ils recroisent la route de Thomas.

-      Il commence à faire nuit, on devrais s’arrêter, Yori.

L’ancien Sayoka plissa les yeux. En effet, le ciel s’assombrissait de plus en plus. Yori pointa du doigt des lumières, qui provenaient sans doute d’un village.

-      Tu as raison, on aura qu’à aller là.

Un quart d’heure plus tard, ils étaient dans le bourg. Ils se dirigèrent vers la masure qui devait servir d’auberge et poussèrent la porte. Une bouffée d’air chaud et d’odeur d’alcool les frappa en pleine figure