Cette histoire a été écrite par HyperSam
Catégorie Ecrivain
L'auteur souhaite savoir tous les éléments et détails qui pourraient améliorer son style d'écriture. Il demande à être jugé comme serait jugé un véritable auteur.
Chapitre 0 |
Résumé
« Montréal, Octobre 2020. Christophe Gagné, maire de l'arrondissement d'Outremont, est retrouvé mort dans son bureau. Étrangement, l'autopsie ne révèle rien de ce qu'aurait pu être la cause du trépas.
Austin Logston, jeune homme mystérieux, est néanmoins sûr et certain d'une chose : cette mort est en lien avec l'artefact qu'il recherche, objet que la victime avait en sa possession...
Avec ses amis, Austin se lance dans une enquête pour découvrir l'identité du meurtrier, qui semble vouloir semer le chaos dans la ville toute entière, et même au-delà.
Malheureusement pour eux, rien ne se passe comme ils l'avaient prévu. Leur ennemi semble toujours avoir une longueur d'avance, qu'il utilise à son avantage pour multiplier ses victimes. De plus, Austin commence à craindre de plus en plus cet adversaire invisible, qui semble savoir parfaitement qui il est vraiment...
Dans un monde où tout n'est qu'illusion, ils ne pourront compter que sur eux-même pour aider l'aurore à vaincre la nuit noire qui se profile à l'horizon. »
« Plus claire la lumière, plus sombre les ténèbres... »
Avant-Propos
Bonjour ou bonsoir, cher lecteur, sur cette histoire, qui je l'espère, va te plaire ! Tu trouveras ici un thriller assez sombre mais bourré d'action qui se passe la plupart du temps dans notre propre monde, là où je vis, au Québec.
Pourquoi je dis la plupart du temps ? Eh bien, Dawn Caller est aussi une histoire de fantasy, et un nombre infini de mondes communiquent entre eux par un lieu légendaire, l'Océan des Mondes.
En effet, pour cette histoire, je ne me suis pas cassé la tête pour choisir. J'ai mis dans un chaudron tout ce que j'aime, donc Fantasy, Policier, Thriller, Mystère, Action... et même un peu d'horreur. Puis j'ai assaisonné avec un soupçon de romance, et j'ai mélangé et fait mijoter à feu doux. Et voilà le résultat ! Un thriller d'urban fantasy qui devient un thriller de low fantasy de temps à autre. Néanmoins, l'histoire est très sombre parfois et il peut y avoir des scènes sanglantes ou très explicites. Vous voilà prévenus !
La genèse de l'histoire, elle, est très compliquée. Au départ, en 2019, j'avais imaginé cette histoire comme une sorte de Men in Black dans une ambiance de fantasy. J'ai écrit le début du premier chapitre, puis j'ai abandonné, je ne m'en rappelle plus pourquoi exactement. Plus tard, j'ai eu l'idée d'une autre histoire, cette fois-ci une sorte de Jet Set Radio dans une ambiance Fantasy. Qu'est-ce que Jet Set Radio ? Eh bien, c'est un jeu de Sega assez oublié de nos jours. Néanmoins, l'on contrôle un gang de trois jeunes, Beat, Gum et Tab, qui doivent faire des figures en rollers au nez et à la barbe des autorités, de même que faire des graffitis un peu partout dans la ville. D'ailleurs, Rolf est une référence à Beat et à Tab, Berri, à Gum, et Woren, au capitaine Onishima.
L'idée de Dawn Caller m'est finalement venue cet été, et j'ai donc remanié pas mal de choses que j'avais écrites jusque-là. J'ai d'ailleurs comme objectif de remanier pas mal de clichés de la fantasy.
Bref, si l'histoire te plaît, n'hésite pas à commenter... ça fait toujours plaisir ^^
Bonne lecture !
Chapitre 0
« Aucune raison de s'affoler »
La nuit descendait de plus en plus sur la ville. Dans ce magnifique crépuscule de juin, le ciel avait l'air d'être en or, et les étoiles n'étaient pas encore apparues que les phares des automobilistes jouaient déjà ce rôle. Malgré le calme de la nuit qui approchait à grandes enjambées, les rues de la ville ne se désemplissaient pas. Comme à tous les autres moments de la journée, les trottoirs étaient pleins d'une marrée humaine qui allait travailler ou encore qui rentrait chez elle, un peu comme des abeilles à l'intérieur d'une immense ruche. Même chose pour les automobilistes, car les rues étaient encore et toujours, même au plus noir de la nuit, pleine d'embouteillages. Il faut dire que pas mal de gens préféraient prendre leur véhicule que d'aller prendre le bus ou le métro. Quoi qu'il en soit, il semblait que la ville ne dormait jamais, car il y avait toujours au moins une lumière allumée, le plus souvent venant d'un panneau publicitaire ou encore des feux de circulation. Aussi, à l'odeur du vieux bitume ambiante se mêlait le bruit des klaxons, activés sûrement par des gens impatients.
Soudain, des sirènes de police, agressives pour les oreilles, se firent entendre, couvrant sans aucune lutte tous les autres sons et bruits de la ville. Les passants, curieux, tournèrent la tête pour voir passer à toute vitesse un cortège de voitures et de motocyclettes de police. Les automobilistes stoppèrent net pour leur laisser la priorité. En ce moment, personne ne savait encore après quoi ou après qui ils en voulaient, mais tout ce beau monde était sûr et certain d'une chose : Ce cortège qui faisait hurler les sirènes et briller leurs lumières aveuglantes n'étaient que des renforts. Par contre, au lieu d'aller plus loin, les policiers s'arrêtèrent tout d'un coup et bloquèrent ainsi l'intersection. Les curieux qui s'amassaient déjà rapidement virent les policiers quitter leur véhicules. Vêtus d'uniformes bleus de même que de gilets pare-balles noirs charbon, ils étaient tous armés de pistolets qui semblaient chargés à bloc. Étendant des palissades pour créer un barrage, certains s'armaient de grenades lacrymogènes.
Tout ce déploiement soulevait une question : quel en était la cause ? C'était ce que bien des gens se demandaient, surtout que le fameux barrage bloquait une des intersections les plus importantes de la ville, toujours très fréquentée. Or, la réponse à la question ne prit pas longtemps pour se dévoiler. Une forme déambulait à l'autre bout de la rue sur ce qui semblait être un skateboard, et fort de la côte qu'il y avait à cet endroit, avançait à toute vitesse. Derrière lui, du sommet de la côte, surgirent d'autres motocyclettes de police qui gagnaient du terrain sur le fuyard malgré sa vitesse.
Dans la lumière, les curieux virent que l'étrange forme n'était en fait qu'un adolescent qui semblait avoir autour de quatorze ans. De taille plutôt moyenne, il avait la peau bronzée et de longs cheveux noirs dont la majorité était dissimulée sous un bonnet rouge. Ses yeux étaient cachés par des lunettes fumées. Portant une combinaison de toile bleue de même que des espadrilles blanches, les gouttes de sueur sur son visage trahissaient le secret qu'il commençait à s'épuiser. Il serrait contre lui une pièce d'étoffe qui semblait cacher un objet, et malgré ses lunettes fumées, l'on pouvait voir qu'il arborait un visage assez inquiet, même s'il essayait de n'en rien montrer.
« Police ! Arrêtez-vous ! » entendit-il crier depuis le barrage.
Surpris de voir des policiers assemblés dans l'intersection, le jeune garçon eut un moment d'hésitation, même d'incertitude sur ce qu'il devait faire. Des policiers devant lui, des policiers derrière lui, il se sentait pris en souricière. Regardant rapidement autour de lui, il vit premièrement le barrage immanquable de ses ennemis, puis la foule de curieux qui devenait de plus en plus grande. Près de la route, sous les lumières aveuglantes, il vit une suite d'automobiles dont la taille allait étrangement en ordre croissant, qui étaient stationnés à proximité d'un échafaudage temporaire de constructions et qui montait avec des escaliers très haut vers les immeubles. Esquissant un sourire, le jeune garçon posa le pied sur le sol et fit bifurquer son skateboard en direction des automobiles stationnées. Toujours la police sur les talons, il prit son élan avec des coups de pied sur le sol puis sauta à plusieurs reprises.
Les curieux qui étaient assemblés et même les policiers poussèrent des cris de stupeur et d'étonnement lorsqu'ils virent l'adolescent sauter d'un toit de véhicule à l'autre puis atteindre l'échafaudage et s'enfuir ensuite par les immeubles à proximité. Néanmoins, les policiers se ressaisirent, et reprirent la chasse à l'homme qu'ils avaient entamée. Bien vite, une unité grimpa l'échafaudage et poursuivit le jeune garçon par les toits, alors que les autres continuèrent par la route. Au sol, toujours dans l'intersection où la foule de curieux commençait à peine à se disperser, un homme, grand et costaud, mal rasé, les cheveux noirs encre en bataille, les yeux lançants des éclairs et vêtu d'une veste en cuir saisit son talkie-walkie.
« Ici le lieutenant Woren ! Qu'on dépêche tous les agents disponibles sur la poursuite ! C'est un cas d'alerte rouge, vous m'entendez ? Alerte rouge ! Ce môme, je le veux mort ou vif ! Oui, vous avez bien compris ! Mort ou Vif ! » hurla-t-il à tue-tête, au risque de briser son appareil.
Poussant quelques grognements, il s'arrêta pour se gratter la barbe.
« Et mort, ce serait bien mieux... » se dit-il avec un ton sombre et cruel, avant de prendre place dans sa voiture et de démarrer en trombe.
Du côté du fuyard, la situation recommençait à être désespérée. Voyant les policiers le poursuivre de toutes parts, il décida de retourner sur la route. De là, peut-être qu'il pourra fuir par le métro, mais seulement s'il atteignait la station à temps. L'adolescent sauta donc d'un toit peu haut et atterrit le mieux possible sur le sol. Grimaçant, il regarda ensuite dans la ruelle autour de lui, et remarqua qu'étrangement, le silence était revenu, comme si les policiers avaient abandonné la poursuite. Néanmoins, il savait que ce n'était pas le cas et qu'il courait toujours un grand danger. La menace du lieutenant Woren et de ses hommes lui pesait toujours sur les épaules. Saisissant son skateboard dans sa main libre, il se mit à courir en direction de la station de métro la plus proche.
« Hé ! Rolf ! Par ici ! »
Le jeune garçon reconnut la voix féminine qu'il venait d'entendre. S'arrêtant d'un coup de courir, il observa la ruelle autour de lui.
— Berri ? C'est bien toi ? demanda-t-il, hésitant.
Une jeune fille qui semblait être du même âge que Rolf sortie de la pénombre d'une ruelle voisine. Très longs cheveux roux, flamboyant comme des flammes qui ne s'éteignaient jamais, elle avait le teint pâle. Mignonne, elle portait une veste en denim bleu dont la manche gauche était retroussée, laissant paraître un tatouage de passerin indigo de même qu'un short noir. Aux pieds, elle arborait une paire de rollers noirs assez usés.
— Allez viens ! Il faut mettre ta prise en sûreté... et toi avec ! lâcha-t-elle tout simplement de sa voix claire en s'enfonçant à nouveau dans les ténèbres de la ruelle.
Le jeune garçon la suivit, mais avant d'entrer dans la ruelle à son tour, il sentit l'objet qu'il tenait contre lui glisser entre ses doigts. Paniqué, il se retourna brusquement. Une petite statuette de dragon chevauchant ce qui semblait être le soleil se trouvait sur le sol, à côté du morceau d'étoffe qui servait à la recouvrir. Brillant sous la lumière des lampadaires, la statuette témoignait ainsi qu'elle était faite entièrement d'or massif. Faisant demi-tour, Rolf se jeta sur la statuette pour la récupérer. Les yeux encore vers le sol, un froid intense lui parcourut le dos lorsqu'il entendit une voix caverneuse s'adresser à lui, la pire voix de toute la ville ou même au-delà, une voix qu'il aurait aimé ne jamais reconnaître.
« Lève la tête et regarde-moi dans les yeux gamin, que je puisse voir le visage de ma victime avant de la tuer ! »
Woren se tenait devant Rolf et le menaçait de son pistolet, souriant froidement.
« C'est trop triste ! lâcha-t-il, ironique, tandis que le jeune garçon retirait ses lunettes fumées. Un autre militant pour la cause du guerrier de l'Aurore va disparaître ! Un jeune garçon qui n'a même pas passé la vingtaine ! Réveillez-vous ! Le guerrier de l'Aurore n'existe pas ! Ce n'est qu'une légende de pacotille, une histoire pour endormir les enfants ! Votre but est vain »
Rolf soutenait le regard de son adversaire sans flancher, mais il commençait un peu à paniquer. D'un moment à l'autre, le terrible psychopathe qui se trouvait en face de lui pouvait décider d'appuyer sur la gâchette. Cela signifiait donc qu'il devait se faire à l'idée de rencontrer son créateur très bientôt. Mais où était donc Berri ? Décidément, elle n'est jamais là lorsqu'il a besoin d'elle !
« Ouille ! »
Sortit brusquement de ses pensées, le jeune garçon vit avec étonnement qu'une bouteille de peinture en aérosol était venue frapper de plein fouet la tête du policier. Sonné, il en avait laissé tomber son pistolet sur le sol.
« Cours, Rolf ! Cours ! »
Sur le toit d'un immeuble proche, Berri faisant dos au soleil qui se couchait lentement, faisant des signes. Rolf comprit que c'était elle qui avait lancé la bouteille de peinture à Woren pour lui permettre de s'enfuir. Reprenant la magnifique statuette avec lui, il repartit sur son skateboard dans la ruelle où était disparue la jeune fille à peine quelques minutes auparavant. Il continua d'ailleurs malgré les cris du lieutenant de police. Malheureusement, le jeune garçon remarqua bien vite que les autres policiers devaient avoir retrouvé sa trace, car la poursuite reprenait de plus belle dans les bas-fonds de la ville. Dévalant une nouvelle côte à toute vitesse, le jeune garçon se dirigeait vers le quartier du port. Quartier assez labyrinthique, il espérait semer les policiers pour de bon dans les méandres des ruelles. Malgré ses tours et détours, ses poursuivants étaient toujours accrochés à ses talons. Descendant encore plus près du port, il regarda derrière lui, mais son coeur bondit dans sa poitrine lorsqu'il entendit un véhicule klaxonner, le son provenant de droit devant lui.
En effet, un grand camion, stationné dans la rue, était devant Rolf, lui bloquant le passage. Tentant de garder son calme, l'adolescent donna un coup de pied sur le muret de la route pour effectuer un virage serré. Mais tout ne se passa pas comme prévu...
Le skateboard vira à l'envers, éjectant Rolf sur le sol. Essayant tant bien que mal de se redresser, celui-ci dévala ce qui restait de côte à toute vitesse et frappa de plein fouet le camion dans un grand fracas. Sonné, blessé, le jeune garçon se leva néanmoins grâce à l'énergie du désespoir, sachant que si le lieutenant Woren et ses hommes lui mettaient la main dessus, il souffrirait bien plus, car c'en serait fini de lui. Récupérant sa planche, il repartit sans prêter attention à son nez ensanglanté, au moment même où les policiers arrivaient sur les lieux. Malheureusement, une coupure profonde qu'il avait au-dessus de l'oeil droit saignait abondamment, lui voilant un peu la vue. Soudain, Rolf entendit un coup de feu, et il comprit trop tard que les policiers employaient les grands moyens. Recevant une balle dans le bras droit, il hurla de douleur. Des larmes coulaient de ses yeux.
« Mais ils sont malades ou quoi ? » se demanda-t-il.
Cependant, il fut témoin d'une scène qui le terrorisa : certains policiers révélèrent de très longues canines ainsi qu'un sourire mauvais, alors que d'autres étaient en train de boire goulûment le sang de Rolf qui s'était retrouvé sur le sol, prenant des postures animales. Les policiers étaient des vampires. Pourquoi ? Pourquoi enrôler des morts-vivants au lieu d'humains bien vivants ? Pour mieux les contrôler ?
Alors qu'il se posait ces questions, le jeune garçon gémit lorsqu'il reçut une nouvelle balle, cette fois-ci dans les côtes, et chancela.
Non, il ne pouvait pas abandonner, il ne pouvait pas mourir là ! Le jeune garçon traîna son corps à travers quelques dédales, déterminé, s'approchant de plus en plus du canal. Mais le sang qu'il perdait l'affaiblissait de plus en plus. Un voile assombri sa vision, et, à bout de force, s'écroula sur le sol. Il vit Berri sur les toits, au loin, qui regardait la scène, impuissante.
« Berri... » Murmura-t-il.
Perturbé, Rolf sentit une force entraîner son corps vers l'eau. Étant trop faible pour se débattre, il n'essaya même pas de comprendre ce qui lui arrivait. Il ferma les yeux avant de finalement tomber dans le canal avec un grand plouf.
Arrivant sur les lieux, Woren s'élança près du muret. Se penchant pour voir l'eau, il scruta les alentours. Il n'y avait rien, rien du tout. Commençant à perdre patience, le lieutenant vit néanmoins d'un coup un bonnet rouge remonter à la surface. Souriant malicieusement, il se détourna. Au loin, sur une petite île, un mystérieux jeune homme au teint bleuté et à la chevelure brune, portant une chemise noire de style western et un jean, se déchaussa, puis retroussa ses manches. Il entra dans l'étendue d'eau sans un bruit, et disparut sous la surface.
***
Un jeune adolescent se réveilla en sursaut. Se redressant dans son lit, en sueur, il se saisit sa tête couverte d'une longue chevelure rousse à deux mains. Ce rêve avait pourtant l'air si réel... l'était-il ? Était-ce un rêve prémonitoire ? Mais dans ce cas, pourquoi avait-il vu ce jeune homme et cette jeune fille, pourquoi avait-il vu cette statuette ? D'ailleurs, même s'il aurait bien aimé pouvoir faire quelque chose pour Rolf, c'était l'objet qu'il transportait qui l'intriguait le plus, de même que les mots de Woren. Un dragon chevauchant le soleil ? Le guerrier de l'aurore ? Et depuis quand la police embauchait-elle des vampires et autres morts-vivants ? Tout le monde savait que ces êtres étaient fictifs et non réels. Mais tout ce questionnement demeurait sans aucune réponse.
L'adolescent tenta alors de se rendormir. Plus facile à dire qu'à faire, lorsque les éclairs et le tonnerre s'en donnent à coeur joie à l'extérieur, et que le vent en colère semble vouloir entraîner la maison dans une valse affolée. Se réfugiant sous ses couvertures, il attendit. Le sommeil ne venait toujours pas. Il avait fuit très loin et ne comptait pas revenir de sitôt. Dégoûté par l'insomnie qui lui tentait les bras, le jeune garçon se redressa, puis mit la main sur sa lampe torche et l'alluma. La lueur de l'objet révéla que la porte de son placard était entrouverte, laissant paraître des chemises de différentes couleurs, des vestes et d'autres vêtements suspendus à une pôle de bois. D'abord stupéfait, il se ressaisit rapidement, car il se rappela qu'il avait lui-même laissé la porte ainsi, sans doute par inadvertance. Alors qu'il bougeait sa lampe torche, la lumière de celle-ci révélait des posters collés aux murs, posters à l'effigie de héros des multiples mythologies des nations autour du monde. Ulysse et Achille de la mythologie grecque, Sigurd de la mythologie nordique, Horus de la mythologie égyptienne, et de nombreux autres.
Du haut de ses quatorze ans, le jeune garçon était fasciné par les mythes et légendes du monde entier. D'ailleurs, il était sûr et certain que ce n'était pas que des histoires, que ces récits étaient vrais pour la plupart. Selon lui, il y avait une énorme part de vérité qu'il ne fallait surtout pas négliger. Aussi, au plus profond de lui-même, il voulait croire que la magie existait réellement. Mais il ne le disait à personne, craignant que l'on se moque de lui.
Il décida de lire pour passer le temps et se changer les idées. Son dévolu se jeta sur un livre traitant de l'ancienne Égypte, qui trainait sur sa table de chevet. Il se plongea alors dans la lecture d'une page qui avait pour sujet le Nouvel Empire, période qui l'intéressait particulièrement, lorsqu'un étrange bruit, semblable à une sorte de craquement, se fit entendre. Surpris, le jeune garçon se dit que ce devait sans doute être son chat qui faisait des siennes avec sa planche à griffe, puis se replongea dans son livre. Il lisait cette fois un chapitre qui traitait de l'importance du soleil pour le peuple égyptien de l'époque. Il y avait même une divinité associée à l'astre du jour, Rê, qui fut néanmoins fusionné à une autre divinité importante du Nouvel Empire, Amon, qui devint Amon-Rê.
Le lecteur était fasciné par le mythe du trajet de ce dieu à corps d'homme et à tête d'aigle, qui parcourait l'espace dans sa barque céleste durant la nuit et qui combattait des monstres affreux avec l'aide d'autres dieux tels que Seth, dieu du chaos, afin de faire renaître le soleil à l'aube. L'adolescent laissa alors vagabonder sa penser vers cette dernière divinité. Ayant la tête d'un animal qui n'avait jamais été identifié, elle avait commis bien des crimes envers le panthéon, mais Rê était désireux de le garder à ses côtés, puisqu'il était utile dans le combat contre les abominations de la nuit.
C'est alors que le craquement se fit à nouveau entendre, suivit d'un grognement étrange, qui n'avait rien d'humain. Ce dernier son était à peine perceptible, mais l'adolescent prit peur lorsqu'il l'entendit. Alors qu'il se demandait ce qui pouvait bien se passer dans la maison, un courant d'air frigorifiant le frappa de plein fouet. Non, tout cela n'était pas normal. Effrayé, il décida quand même d'investiguer. Quittant sa chambre sur la pointe des pieds, il s'engagea dans le couloir. Il regarda par une fenêtre, et vit que la nuit était calme. Dans le ciel, la pleine lune brillait, et caressait délicatement le fleuve Saint-Laurent. La vue de cette grande rivière intrigua l'adolescent. Ce plan d'eau, était-ce le fameux canal de son rêve, là où Rolf était tombé ? Si tel était le cas, cela signifierait que la ville n'était nulle autre que Montréal... ou peut-être Québec...
Un autre grognement retentit, plus fort cette fois. Un bruit étrange qui semblait sortir tout droit de ses pires cauchemars. Que faisaient ses parents ? C'était assez étonnant qu'ils n'aient pas réagi plus vite aux bruits étranges. L'adolescent se dirigea donc vers leur chambre, qui était située à l'autre bout du couloir. Il frappa doucement à la porte, mais il n'y eut aucune réponse.
« Papa ? Maman ? »
Toujours rien...
Prenant son courage à deux mains, il se décida à entrer.
Ce qu'il vit ne lui dit rien qui vaille. Sur le sol, près du lit défait de ses géniteurs, était dessiné grossièrement un grand cercle de sel. L'adolescent déglutit. Selon ses lectures sur les mythes et légendes du monde entier, il savait que ce type de dessin n'était pas une décoration. On les esquissait pour des buts précis : des rituels, des cérémonies sombres... ou pour se protéger d'une menace surnaturelle. Quel était le cas ici ? Il penchait plus pour le dernier cas, mais il avait en même temps bien du mal à y croire. Était-ce une farce ? C'était très peu probable.
« Que s'est-il passé ici ? » se demanda-t-il, inquiet.
Un nouveau bruit se fit entendre et le fit sursauter. Cette fois-ci, c'était son chat qui hurlait, comme si quelqu'un ou quelque chose le malmenait. L'adolescent sortit en trombe de la chambre de ses parents et se dirigea en courant vers l'endroit d'où venait le son, c'est-à-dire la cuisine au rez-de-chaussée. Sa conscience lui disait que c'était un geste stupide, mais lui voulait savoir à tout prix ce qui se passait en cette nuit mouvementée. Il dévala les escaliers à toute vitesse, mais lorsqu'il arriva à la cuisine, tout semblait en ordre. La seule chose étrange était un gros tas de poussière sur le carrelage près de l'évier. L'adolescent était de plus en plus nerveux. Il faillit pousser un cri lorsqu'il vit la porte de la cave entrouverte. Qui y était entré, ou en était sorti, et pourquoi ?
Peut-être aurait-il été plus sage de faire demi-tour, mais l'adolescent franchi la porte et s'engagea dans le sombre escalier. Il ne comprenait rien du tout. Dans la cave, tout était normal, il n'y avait aucune raison de s'affoler. Ou peut-être que si...
Au moment où la foudre tombait tout près de la maison, le jeune garçon vit apparaître devant ses yeux ébahit une matière qui avait l'air visqueuse. Plus les secondes s'écoulaient, plus une étrange silhouette ténébreuse prenait forme. L'adolescent voulait fuir, mais il se sentait bloqué sur place, gelé par un froid intense, et impuissant.
Une voix caverneuse prononça des mots incompréhensibles, avant que la forme, qui avait maintenant l'air d'un être humain plus grand que la moyenne et drapé de tissus noirs se jeta sur lui. L'adolescent hurla, puis perdit connaissance lorsqu'il sentit que la forme l'infiltrait à l'intérieur de son corps. Quand il se réveilla, la créature n'était plus là. À la place, une douce lueur verdâtre lui caressait le visage.
« Je suis là, Austin. Tout va bien » entendit-il.
Devant lui apparut un homme barbu qui semblait être sorti tout droit d'un film western. Chapeau, chemise, jean, ceinture et bottes, il tenait une étrange pierre couleur émeraude dans sa main droite, responsable de la lueur. Il devait s'être battu, puisque son visage était couvert d'égratignures, et que sa chemise était déchirée, laissant paraître une plaie sanguinolente sur son bras gauche. Avant de retomber inconscient, l'adolescent eut la force de murmurer quelques mots.
« Oncle... oncle Shayne ?... »