Cette histoire a été écrite par Chagrin 11
CHAPITRE 1
Mon nom, c'est Charles. J'ai soixante ans. Je vis seul dans un vieux bâtiment à l'odeur de moisi. Ce bâtiment, c'est Osson Wall. C'est chez moi depuis mes trente deux ans. Depuis ce jour si terrible... Je vis depuis longtemps dans la solitude et la peine. Je suis quelqu'un de timide et peureux. Je suis également très sensible à tout ce qui se passe autour de moi... Ma femme, c'est Nim. Une femme qui n'a pas vieillie. Elle est très riche, Nim. Tout du moins, elle L’ÉTAIT. Avant de se marier avec moi, elle l'était. Elle avait un collier d'or, si resplendissant ! Il brillait de mille feux. Ce collier m'a fait tomber amoureux d'elle. C'était un soir d'été... je m'en souviens comme si c'était hier. Ce jour là, Nim et moi étions tous deux partis au centre commercial, pour acheter à manger. On ne se connaissait pas. Du moins, pas encore... Je me souviens en particulier que j'avais trébuché sur une marche et...j'étais tombé. Et pas n'importe où. Sur elle. Sur Nim. Elle m'a aidé à me relever et j'ai saisi sa main. Et je l'ai vu. Le collier d'or, qui dépassait de son foulard. Il était si beau et elle, elle devait être tellement riche ! Je me suis relevé en marmonnant des excuses. Quel imbécile je faisais ! Nim s'est tournée vers moi, je voyais nettement son sourire éclatant. Je n'avais jamais vu une femme, aussi belle. Certes, elle était encore jeune mais ses cheveux blonds aux couleurs des épis de maïs et ses beaux yeux bleu azur... J'ai tout de suite compris que j'étais amoureux. Mais ce que je n'avais pas encore compris, c'est que j'allais bientôt commettre la plus grosse erreur de ma vie...
Nim a rit. Un rire si doux.
-Ce n'est pas grave, a t'elle dit de sa voix étrangement faible, je suis très maladroite moi aussi.
Je n'ai pas trouvé quoi répondre. J'étais comme hypnotisé.
La voix de Nim a à nouveau retentit dans mes oreilles. Le plus beau son du monde.
-Vous ne vous êtes pas fait mal ?
-Non..., ai-je murmurer.
-Quelle heureuse nouvelle ! J'ai eu peur pour vous !!!!
-Oh...heu...ce n'étais pas la peine de vous inquiéter.
-Mon frère est mort d'une chute à moto alors j'ai peur dès que je vois quelqu'un tomber maintenant, ricana t-elle.
Je suis resté figé. Quelle erreur je venais de commettre !!!! Moi, la mort m'avait toujours fait extrêmement peur. Mes parents avaient perdu la vie alors que je n'avais que cinq ans et j'avais été placé dans une famille d'accueil. Je m'en voulais terriblement mais que répondre à cela ?
-Heu...je suis vraiment désolé...pour votre frère.
-C'était il y a longtemps, a dit Nim, je m'en suis remise. Mais parfois, il m'arrive tout de même de fixer les étoiles en pensant à lui. Je repasse dans ma tête les meilleurs moments que nous avons vécu. Je ne sais même pas pourquoi je vous raconte ça...veuillez m'excusez.
Je l'ai regardée, prêt à lui répondre que ce n'était pas grave et je me suis figé. Elle me rendait son regard...Durant un instant, nous nous sommes observés. J'ai senti mon cœur battre dans ma poitrine. Tout autour de nous avait disparu. Il n'y avait plus qu'elle...
-Je...je m'appelle Charles.
Je ne sais même pas pourquoi j'ai dit ça. Mais elle m'a sourit et m'a répondu :
-Et moi, c'est Nim.
CHAPITRE 2 :
Tout à coup, la sonnerie d'alarme du magasin a retenti. J'ai sursauté, à l'instar de Nim.
-Que...que se passe t-il ? a t-elle demandé d'une voix paniquée.
Je n'ai pas répondu; j'ai préféré courir jusqu'à la porte de sortie, lui faisant signe de me suivre. Elle a aussitôt obéi et j'ai pressé la poignée...sans que rien ne se passe. La porte était fermée à clé ! Je me suis retourné d'un coup. J'ai tourné la tête vers un des employés du magasin. Je l'ai rejoint en entraînant Nim avec moi.
-Excusez-moi...
Il m'a regardé droit dans les yeux.
-Oui ?
-On ne peux pas sortir et pourtant, on a entendu l'alarme...
-Attendez ici, dit il d'une voix grave, c'est encore un de ces imbéciles de vieillard qui a du voler un bijou...
Je me suis figé. Près de moi, Nim retenait visiblement sa respiration.
-Un bijou ? ai je prononcé, tout en tremblant.
-Oui, m'a répondu l'homme, la bijouterie a été dévalisée, alors on ferme toutes les portes pour que le voleur ne parvienne pas à s'échapper. Il a tiré le gros lot ! Il a carrément pris celui à 10 000 ! Celui en or...
Je me suis alors, lentement, très lentement, tourné vers Nim. Elle avait caché le collier d'or sous sa veste. Et moi , j'avais compris.
-Allez attendre là-bas, nous a dit l'homme, on procède à une fouille sur toutes les personnes présentes dans le magasin.
Je me suis retourné en hochant la tête. Puis, Nim et moi avons commencé à marcher jusqu'à la fouille en silence. Elle s'est soudain arrêtée.
-Vous...vous savez, n'est ce pas ?
Je n'ai pas répondu. J'avais si peur de lui répondre. Le choix était crucial. Soit je lui disait la vérité à mes risques et périls, soit je restais en sécurité et faisais mine de ne pas avoir compris. J'ai respiré un grand coup. En cet instant révélateur, j'admirais sa beauté. Je me suis tourné vers elle.
-Oui, je sais.
-Ce collier, a t-elle bredouillé, c'est...il était si beau...je le désirais tant...au travail, mes amies ont toutes de si beaux accessoires...
-Je...je vous comprends.
Nous nous fixions à nouveau et même si je la trouvais imprudente et naïve, je comprenais que le fait d'être mise à l'écart en raison de sa différence pouvait la déranger.
-Heu, Charles...si je vous dit que je connais un passage secret...il mène chez moi et...peut être pourrions nous l'emprunter pour sortir d'ici.
Choqué, je compris alors pourquoi elle avait pris tant de risques à voler ce bijou. Elle connaissait une sortie rapide !
-Un instant, dis-je, le souffle coupé, il mène chez-vous ?
-Oui, murmura t-elle, chez moi.
Je pris une profonde respiration avant de déclarer :
-Allons-y.
CHAPITRE 3 :
Nim m’entraîna loin des fouilleurs. Nous nous mîmes à courir. Au bout de quelques virages dans les murs étroits, je vis une fenêtre en hauteur. Nim escalada immédiatement le rebord en me faisant signe de la suivre. Je positionnais un de mes pieds sur le mur et grimpais avec l'autre mais je faillis tomber par deux fois. Lorsque je parvins enfin sur le rebord de la fenêtre, Nim sauta. Choqué, je n'osais regarder en bas ,de peur de voir son corps étalé à plusieurs mètres sous moi...mais quand j'eus enfin le courage de baisser la tête, je vis qu'un parterre de fleurs se trouvait juste sous moi. Je suivis Nim et me réceptionnais sur mes deux pieds en plein dans les fleurs, désormais écrasées.
-Vous ne vous êtes pas fait mal, j'espère ? dit Nim.
-Heu...non.
La jeune fille me mena dans une petite ruelle sombre, qui semblait appartenir au magasin. Elle se glissa dans une porte en bois et ferma aussitôt la porte. Je me remis enfin à respirer. La maison de Nim était poussiéreuse, et composée d'une seule pièce. Au centre, il y avait un vieux fauteuil qui avait perdu du tissu, et une table basse sur laquelle se trouvaient des bouts de pomme sales. Un vieux chiffon était posé par terre et je compris rapidement qu'il devait servir de lit.
Je compris alors que Nim était d'une pauvreté extrême.
Comme je restais ébahi devant cette scène, la jeune fille s'écria :
-Vous allez bien ?
Je ne savais pas quoi répondre. La vie de Nim devait être terrible ! Je me suis soudain senti mal à l'aise.
-Hum..., dis-je d'une voix paniquée, il me faut rentrer chez moi !
Je ne savais pas pourquoi je disais cela car je ne désirais pas quitter Nim une seule seconde. Seulement, mon instinct me soufflait que je ne pouvais rester en ces lieux.
-Vous ne voulez pas rester ? demanda Nim d'une voix teintée de tristesse, j'aimerais bien avoir un peu de compagnie.
-Mais...nous ne nous connaissons même pas !
Était elle si naïve ? Malgré tout, j'aimais ça. Et puis, la tristesse dans sa voix quand je lui ai dit que je souhaitais m'en aller ! J'étais heureux de voir qu'elle voulait que je reste. En fait, en cet instant, mon seul désir était de demeurer ici à jamais, malgré la pauvreté de l'endroit.
-Bien sûr que si, je vous connais, dit Nim, vous vous appelez Charles, vous êtes gentil et déterminé et prêt à tout pour m'aider !
Après ses mots, je compris une chose. Nim savait parfaitement me décrire, elle me connaissait, au fond d'elle...
Mais moi...je ne la connaissais pas, elle était comme une étrangère pour moi.
Je ne prit pas la peine de me retourner avant de sortir. Je pressai la poignée de la porte, tout en commençant à regretter mes actes quand j'entendis un sanglot derrière moi. Je me retournai d'un bond.
C'était Nim. Elle pleurait. Je me suis vivement précipité à ses côtés. Je ne savais comment réagir.
-Nim...
-Non ! Vous devez partir ! Vous ne pouvez rester ici avec moi ! Je ne vous mérite pas ! JE NE VOUS MÉRITE PAS !
Je reculai d'un bond, choqué. Elle semblait en proie à une profonde colère. Mais pas contre moi. On aurait dit qu'elle s'en prenait à elle même. Elle hurlait, s'arrachait les cheveux, elle était comme...folle;
En tout cas, une chose était sûre. La Nim douce et gentille que je voyais quelques secondes auparavant avait disparu.
CHAPITRE 4 :[]
-Nim ?
Non, ce n'était plus Nim. C'était un démon. Ou bien une folle sortie de l'asile. Ou encore une bête sauvage. Mais où était Nim, alors ? Cette jeune fille si belle, si agréable, si aimante...
Puis, tout à coup, elle tourna son regard démoniaque vers moi.
-Partez.
Tout, dans ce simple mot, respirait la souffrance, la peur et la colère. Mais pas de regrets. Moi, pourtant, je regrettais avidement. J'avais ressenti envers Nim de l'amour pur, je m'étais noyé dans ses yeux, ses cheveux brillants. Et pourtant, j'avais choisi de la laisser, si seule. Je ne m'en étais jamais autant voulu.
Et j'étais le pire des monstres car mon geste a été de...me diriger vers la porte...de l'ouvrir...
Nim ne me quittait pas des yeux. Je voyais des larmes, une douleur sans nom. C'était effroyable. Et pourtant, je la laissais.
Je suis sorti dans un vieux couloir à l'odeur de souffre. Les murs jaunâtres étaient tellement effrités que des lambeaux pendaient sur la paroi. C'est alors que j'entendis des bruits de pas. Je vis soudainement apparaître un jeune homme, de mon âge à peu près, aux cheveux blonds maculés de terre. Comme il passait à côté de moi, suivi de deux autres gaillards, je m'écartai. Ils allèrent frapper à la porte de Nim, tout en m'ignorant.
-Hé ho ! s'écria le blond, c'est moi !
Il ouvrit à la volée la lourde porte, et pénétra dans la pièce. Je m'étonnait de voir que Nim avait un visiteur. Elle m'avait pourtant dit qu'elle ne recevait jamais personne ! Alors que j'allais m'éloigner, j'entendis un cri perçant. Nim ! Puis, une voix grave et aggressive.
-Allez, file-moi ce collier d'or vite fait si tu veux pas que je te tabasse !
La peur m'envahit soudain. Voila pourquoi Nim avait volé ce collier d'or ! Pour ces voyous qui la menaçait ! Il fallait à tout prix que je les arrête !
CHAPITRE 5 :[]
Je me suis jeté sur le blond. Sans réfléchir. Je l'ai cloué au sol et roué de coups. Ses deux complices se regardèrent sans réagir, puis, d'un même mouvement, firent volte face et s'enfuirent. Leur camarade, toujours plaqué au sol, saignait abondamment. Qu'est ce que j'avais encore fait ? Il était gravement blessé, par ma faute. Nim, tremblante, jeta son collier d'or à terre.
-Non, arrêtez, Charles, bredouilla t-elle, je vais lui donner le collier.
-JAMAIS ! Cet homme n'est qu'un sale voleur !
L'intrus suffoquait, des taches de sang recouvraient ses lèvres. Il se débattit mais je lui assénait un coup sur la tempe. Il s'écroula. Et ne bougea plus.
-Est-ce qu'il est...mort ?
Je me suis figé, incapable de répondre à la question de Nim. Si je l'avais tué, ce ne serait plus qu'une simple histoire de vol. Mais de meurtre.
A suivre...