Wiki Nos imaginations
Advertisement
Cette histoire/fanfiction est en pause, par volonté ou inactivité de l’auteur.

Catégorie Intermédiaire
L'auteur souhaite savoir les éléments à modifier pour améliorer son style d'écriture.


Cette histoire a été écrite par Serow Awen


Préface[]

Ce livre est un récit grandement inspiré de tous les récits que j'ai lus et adorés, ou du moins énormément aimés, ce qui revient au même. Vous trouverez là-dedans la fusion d'Harry Potter, Gardien des cités perdues, les Royaumes du Nord, la Quête d'Ewilan et tous les autres livres de Pierre Bottero... et, heureusement, de mon imagination !

Chapitre 1, Retrouvailles[]

La nuit avait installé un silence sans fin que seul le chant des oiseaux et le hululement des chouettes venaient briser. James Obien, assis dans un petit fauteuil à bascule, se trouvait dans une grande pièce presque vide, à l’exception d’un petit lit et d’un bureau. Le fauteuil où se trouvait James était à côté de la fenêtre. Des cheveux châtains clairs lui arrivaient aux épaules, des yeux d’un bleu presque vert et un visage doté de traits fins, on ne pouvait qu’admirer la beauté de ce garçon, qui, du haut de ses dix ans, montrait une maturité presque hors du commun. Son corps était fin et musclé, sa peau était très légèrement bronzée. Il ne faisait aucun bruit, laissant à la nuit son silence, et pourtant, il paraissait éveillé. Ses yeux étaient grands ouverts, fixant avec intensité le ciel bleu argenté qui laissait voir un nombre d’étoiles incroyable, parmi elles se trouvait la grande ours, la petite ours… Sa respiration était à peine audible mais son souffle était pourtant parfaitement régulier.

Tout à coup, il baissa la tête tout en respectant le silence qu’offrait la nuit. Deux faisceaux de lumière aveuglants éclairaient la petite allée qui menait à la maison. C’était le signal qu’attendait James. Sans aucun bruit, il se glissa hors de la chambre, descendit l’escalier et se cacha en dessous. Une à deux secondes plus tard, la porte s’ouvrit sur deux personnes d’une trentaine d’années : une femme très belle aux cheveux blonds clairs et aux yeux bleus, l’autre était un homme qui ressemblait énormément à James, omis ses iris qui étaient très verts. Tous deux avaient des traits tirés et le visage préoccupé.

- La situation empire, on ne peut rester à la maison tant que ce n’est pas réglé, dit l’homme.

- Mais on ne peut pas non plus laisser les enfants tout le temps seuls, répondit la femme avec douceur. James gère les deux petits suffisamment longtemps dans la semaine pour nous permettre de nous absenter plus de deux jours d'affilée.

- Je sais, je sais, répondit l’homme. Il faut toujours choisir entre la communauté et la famille, c’est un choix difficile, trop dur à faire.

James écoutait avec attention, toujours caché sous l’escalier. Cela faisait deux ou trois fois qu’il surprenait ses parents à avoir une conversation de ce type. Mais il était surtout intrigué par la phrase de son père qui revenait toujours : « Il faut toujours choisir entre la communauté et la famille, c’est un choix difficile, trop dur à faire. »

- Tu as raison, lui dit la mère de James. c’est un choix trop dur à faire.

Sur ce, ils quittèrent l’entrée. Les parents de James prirent place à une petite table, souvent utilisée comme bureau visible depuis l’escalier.

Le père de James avait toujours cet air préoccupé qui ne le quittait jamais ces dernier temps. James s’en inquiétait, car il était rare de le voir stressé, même pour quelque chose qui semblait grave. Sa mère, quant à elle, affichait un air fatigué. Elle laissa un sourire planer sur ses lèvres pendant quelque temps avant de se lever et de se laisser tomber dans le rocking-chair le plus proche. James ne la voyait plus car la porte n’était pas grande ouverte mais entrebâillée.

Il se contenta donc d’observer son père, qui se passait la main dans les cheveux, tic nerveux qu’il avait quand la situation était gênante ou difficile à gérer. Il lisait des registres qu’il avait sortis d'une sacoche très petite, qui lui pendait à la taille. Les feuilles n’étaient étrangement pas pliées, pourtant plus grandes que la sacoche elle-même. James nota ce détails en se promettant de se le rappeler. De nouveau debout, sa mère vint s’appuyer sur l’épaule de son mari puis regarda ce qu’il lisait. Plus le père de James lisait, plus son front se plissait, formant de petites rides sur son visage déjà préoccupé.

- Nous n’avons pas le choix, murmura celui-ci. Il faut qu’on parte.

Son épouse continua la lecture en silence. Enfin, elle finit de lire le document que lui montrait son mari, plissa son front, puis déclara :

- Tu as raison. La situation est catastrophique de tous les points de vue. Nous devons partir.

Elle avait déclaré ça d’une voix enrouée, presque douloureuse à entendre. James n’en croyait pas ses oreilles. Partir alors qu’ils étaient à peine arrivés ! Cela faisait deux jours qu’il ne les avait pas vus, et encore, la dernière fois, ils avaient passé à peine une heure avec James, son petit frère et sa petite sœur. Il n’était pas question qu’ils partent sans leur dire bonjour. Malgré cette pensée, James resta caché sous l’escalier. Il regarda ses parents s’activer pour partir une nouvelle fois. Pour la première fois, James se demanda en quoi consistait vraiment leur travail.

Il regarda ses parents faire leur petit manège pendant presque dix minutes, pensant qu’ils allaient peut-être choisir de rester dormir la nuit. Puis finalement, son père se leva, posa un petit mot qu’il venait d’écrire sur la table de la salle à manger. Et laça ses bottes. Sa mère fit de même. James sentit son cœur battre de plus en plus vite. Allaient-ils véritablement partir ? James ne l’espérait pas, même pour tout l’or du monde. Ses parents étaient avec son frère et sa sœur les personnes qu’il aimait le plus. Ils n’allaient quand même pas partir sur un stupide coup de tête ! Plus James grandissait, plus ses parents restaient peu de temps. Il se rappelait que, quand il avait sept ans, ils restaient parfois à la maison plusieurs mois d’affilée et que quand ils partaient, c’était pour une journée. Ils avaient toujours un sourire bienveillant sur les lèvres, rigolant de la blague la moins rigolote que James pouvait faire. Mais les choses avaient changé. Maintenant, James avait l’impression qu’il était sculpté sur le front de ses parents deux rides, que même le plus heureux des événements ne pouvait pas enlever. Il lui arrivait même de se demander que si ces deux rides liées à la fatigue disparaîtraient un jour.

Sans hésiter une seconde, le père de James glissa la clef dans la serrure de la porte d’entrée. James était peut-être un garçon calme, mais il ne pouvait pas voir ses parents partir comme cela sans leur avoir dit bonjour. La tentation de crier son indignation l’emporta et il hurla, déchirant le silence que la nuit avait installé :

- Non ! Vous ne pouvez pas partir !!

Pendant que James bondissait hors de sa cachette, l’expression du visage de son père passa de la frayeur à l’hébétude, pour en venir enfin à la tristesse.

- Si, nous le devons, répondit son père calmement. Notre travail est bien plus important que tu le crois.

La mère de James fixait la scène avec gravité. Elle ne semblait pas vouloir intervenir, mais au bout d’un long silence, elle annonça aussi calmement que son mari :

- Notre rôle est de protéger le monde, James. Je suis étonnée que tu sois levé à une heure pareille, mais je suis contente de te voir.

- Moi aussi, ajouta son père avec douceur.

- Mais vous ne pouvez pas partir, sanglota James dans l’épaule de son père. J’en ai trop marre. Ce n’est pas qu’Elena et Mickaël sont pénibles, ils sont très sages. Ils ne parlent presque plus, ne font jamais un sourire sans un brin de tristesse. Et maintenant que vous êtes à peine revenus, vous voulez déjà repartir !

- Si, nous devons partir, répéta son père. Notre travail est bien plus important que tu le crois.

- En quoi consiste votre travail, s'il est si important ! hurla une nouvelle fois James. Expliquez-le-moi !

Sa mère plaça un doigt sur sa bouche : il allait réveiller son petit frère et sa petite sœur.

- Tu comprendras plus tard, dit-elle.

- Arrêtez de tout vouloir retarder tout le temps ! s'écria James. Je veux tout savoir tout de suite !

Il referma la bouche, se sentant tout d'un coup bête d'avoir prononcé des paroles aussi stupides.

- Très bien, répondit lentement son père. Nous allons tous te dire. Mais sache qu'à partir du moment où tu sauras tout, ta vie ne sera plus jamais la même.

James soupesa l'avertissement longuement avant de répondre :

- D’accord.

Chapitre 2, Révélations[]

Comment James pouvait-il savoir qu'un mot aussi simple ferait basculer sa vie dans les ténèbres, ou bien dans la lumière ? Cela, il ne le sut jamais vraiment. Car, dès qu'il eut prononcé la dernière syllabe du mot « D'accord », son père entama, sur le ton de la confidence d'une voix lasse et monotone, un récit que James n'aurait jamais pu prendre au sérieux :

- Nous ne sommes pas humains, James. Ni toi, ni ta mère, ni moi avons une goutte de sang humain dans les veines. Nous sommes autre chose, une autre race, si cela peut se dire. Nous sommes des mages. (Il laissa quelques secondes à James pour assimiler la révélation, qui n'en croyait pas un mot). Que tu le veuilles ou non, que tu le crois ou non, c'est la vérité et c'est aussi vrai que le fait que tu ne puisses briser une plaque fonte par la seule force de tes mains (James sourit : il avait cru un mince instant que ce n'était pas son père qui se tenait devant lui, que quelqu'un l'avait possédé ou qu'il faisait un cauchemar, mais à présent, il n'avait plus l'ombre d'un doute, car il n'y avait que son père pour dire ce genre d’expression farfelue).

Il marqua une pause, non pas pour reprendre son souffle, mais pour attendre un éventuel commentaire de James, qui, quant à lui, avait les idées confuses. Il aurait pu choisir de ne rien croire, ou bien d'exploser de rire comme dans les films qu'il regardait avec Alexie, un bon ami. Mais il savait que son père ne plaisantait pas, à cause de son air sérieux et sa voix, bien que lasse mais sûre d'elle. Il décida alors de ne rien dire, de se taire et de laisser son père parler, lequel continua en voyant l'air buté de James :

- Nous sommes aussi réels et matériels que les hommes, mais notre âme est plus pure que la plupart d'entre eux. Les humains ont des sentiments qui appartiennent à l'obscur, comme la folie des grandeurs qui les habite. Ce n'est pas que les mages ne ressentent aucun de ces sentiments, mais ils les ravalent plus facilement, et n'y pensent plus sans trop de difficulté. C'est grâce à cette pureté d'âme que les mages sont capables d'effectuer quelques tours de passe-passe, comme celui-ci :

D'un geste sûr, il décrivit un petit cercle devant lui. Avec une vitesse fulgurante, les cendres qui occupait le foyer mourant vinrent se placer dans l'espace qu'il avait délimité. Bouche-bée, James regarda son père avec stupéfaction, qui, en retour, lui adressa un sourire mystérieux. Puis, il ajouta, d'un ton posé :

- Bientôt, tu seras capable d'en faire autant.

Puis, sans un mot, ils prirent les deux bâtons en chêne massif qu'ils avaient toujours avec eux et s'évaporèrent.

Quand James retourna se coucher, bien qu'il sache qu'il n'allait pas réussir à s'endormir ; il tremblait de fureur, semblait-il. Il était furieux contre ses parents, qui ne lui avaient jamais révélé ceci, contre lui-même, qui n'avait jamais percé leur secret, et contre le monde entier, cela, il ne savait pourquoi. Il s'assit sur son lit, cette fois, et tentât de ravaler sa colère. Cela lui faisait de la peine, mais il pensa ne plus jamais pouvoir faire entièrement confiance à son père et sa mère. Combien de secrets cachaient-ils encore ? Et si tout cela n'était qu'un mensonge ? Si c'était le cas, il serait presque content, car si dans ce monde il existait rien qu'un brin de mage, ce qui avait l'air d'être le cas, il se trouverait encore plus insignifiant qu'à son habitude. Malgré la révélation qui venait de l'ébranler, il parvint finalement à faire la paix avec son esprit et finit par s'endormir.

Quand les premières lumières de l'aube traversèrent les carreaux de la chambre de James, perturbant son sommeil agité, il était entièrement en paix avec lui-même, tentant de comprendre la raison qu'avaient trouvée ses parents pour lui cacher un si gros secret. Il entendait les cris de son petit frère et de sa petite sœur, qui devaient être réveillés depuis longtemps. Malgré leur âge précaire, ces deux petits chenapans étaient parfaitement autonomes, et James ne se faisait pas trop de souci pour eux, enfin jusqu'à maintenant. La découverte soudaine de la magie l'avait bouleversé plus qu'il ne l'avait espéré. Il s'était résigné à croire son père, mais il avait longtemps hésité.

Un grand débat avait animé son cerveau, et ce n'était qu'en revoyant son père, plus sérieux que jamais, qu'il avait fini par accepter cette sombre vérité. Pour lui, la magie n'avait rien de gai : ce n'était qu'une arme de plus pour s'entretuer. Son père avait dit que les mages appartenaient à la lumière, mais cela n'avait aucun sens pour James : il n'y avait pas de limite distincte entre la lumière et l'obscur. Ces mots étaient si naïfs, si passionnés, que, rien que de penser que des hommes pouvaient encore croire ces sottises, et encore mieux, que son père y croit, le dégoûtait. Peut-être pouvait-on imaginer une éventuelle lutte entre la lumière et l'obscur, même si James préférait les mots harmonie et chaos mais, dans ce cas, chaque camp utilisait l'autre pour triompher. Et puis, même ceux que l'on appelait méchants se disaient gentils, ce qui démontrait que ses mots étaient trop naïfs. Trop passionnés. Trop dévoués. James ne put réprimer une grimace en pensant à cela.

Il se leva, descendit les escaliers en faisant un minimum de bruit, comme il le faisait toujours le matin pour signaler sa présence à son frère et sa sœur. Il avait le front plissé par la fatigue, le teint laiteux et les cheveux en bataille, mais ces petits détails quotidiens ne faisaient qu’accentuer sa beauté. Arrivé en bas, il entra dans la salle à manger où il trouva son frère et sa sœur, l'un la réplique de lui-même, et l'autre, le sosie de sa mère, en train de zigzaguer entre les tables. Même taille, même corpulence, l'on ne pouvait pas avoir de doute : ils étaient jumeaux.

- EH ! REDONNE-MOI LA COLLE !

- POURQUOI ? JE L'AI PRISE EN PREMIÈRE !

- Je vois que vous vous entendez à merveille, tous les deux, sourit James, faisant interruption dans la salle.

Un silence de mort s’aplatit sur la maison à son arrivée. Les jumeaux étaient aussi inséparables qu'insupportables . La seule fois où James avait proposé à Mickaël, son frère, de dormir dans une autre chambre que celle qu'il partageait avec sa sœur, il avait récolté un grand : « Quoi !!! T'es fou !!! » et une expression consternée. Sa sœur, quant à elle, avait commencé à crier à l'agonie devant cette proposition. Quand James l'avait suppliée d'arrêter, elle avait répondu : « Bah quoi ? Faut bien t’empêcher de diviser nos forces », le tout avec un haussement de sourcil provocateur.

James avança vers les jumeaux, un petit sourire aux lèvres. Les voir se chamailler lui avait changé les idées. Son frère et sa sœur se rapprochèrent eux aussi de lui. Les mines timides inquiétèrent James. Et si les véritables jumeaux avaient disparu, remplacés par des démons diaboliques qui tentaient d’attirer James de leur côté ? Et si les jumeaux n'étaient qu'une supercherie de ses parents pour le surveiller à distance ? James n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche que sa sœur lui expliqua leur mine :

- On t'a entendu, hier soir, avec Mickaël. On sait tout, maintenant.

Puis elle fixa ses pieds d'un air coupable. Ces quelques mots avaient réussi à faire émerger James de la vague soudaine de bonheur qui l'avait envahi.

- Bon, finit-il par concéder, car le silence commençait à devenir pesant. Je suppose que ce n'est pas grave.

Les jumeaux haussèrent les épaules, hésitants. Voyant leur gêne, James repartit sur un ton plus joyeux :

- Qui veut des pains au chocolat ?

Tentant de feindre l’enthousiasme, les jumeaux sourirent à leur tour :

- Moi !

Mais cela était trop parfait, trop synchronisé pour être vrai. Tout le monde le savait, mais personne ne voulut le dire.

Chapitre 3, La lettre[]

À peine furent-ils installés à table, James sentit que quelque chose n'allait pas. Cette fois, ça ne venait pas de son frère ou de sa sœur, mais d'autre chose. Il jeta un bref coup d’œil à travers la pièce à la recherche d'une anomalie. Il la trouva assez vite : le feu était allumé ! Il regardait les flammes, fortes et sournoises à la fois, horrifié. Aussi vite qu'il s'était déclaré, le feu s'éteint, laissant place à une lettre cachetée d'une étrange façon. Tandis qu'il restait figé d'horreur sur sa chaise, son frère, plus curieux que James, s'approcha des flammes. James aurait aimé lui crier de ne rien faire, de ne pas toucher à cette lettre, que c'était ensorcelé. Mais il n'en fit rien. En raison de son incapacité à faire marcher les muscles de sa mâchoire, et aussi, peut-être parce qu'il était lui aussi un brin curieux dans toute cette affaire. Lorsque James s'attendit au pire (il pensa que son frère allait se changer en statue ou qu'il allait se désintégrer comme dans les films qu'il regardait avec Alexie), il ne se passa rien (enfin, Mickaël prit la lettre). Ce geste fut suivi d'un grand :

- Oh non !!! Il y a écrit que c'est pour James !!!

L’intéressé le regarda, interloqué. Mickaël répondit sur un ton railleur :

- Ben quoi ? C'est vrai quoi, tu vas même pas vouloir la toucher, cette lettre.

Il agita la lettre sous le nez de son frère ainé. Celui-ci retint un mouvement de recul.

- Tu vois ? T'as l'air complètement horrifié !

- Et qui ne l'est pas, dans cette maison ? se défendit James. Apprendre comme cela que la magie existe est vraiment horripilant !

- Moi, je trouve cela fantastique ! contredit sa sœur qui avait retrouvé son ton enjoué.

- Tant mieux pour toi, soupira James. Moi, ça me fout plutôt les chocottes.

La soudaine vulgarité de son langage lui fit se sentir immédiatement coupable. Mais son frère et sa sœur ne parurent pas s'en formaliser. Mickaël répondit d'ailleurs une nouvelle fois avec son ton railleur que James commençait à détester :

- Faut pas s'en étonner, t'as toujours été un trouillard.

- Mickaël, arrête ! gronda sa sœur jumelle. Tu vois bien que James est en état de choc !

Se faire ainsi défendre par Jennifer lui rappela les règles qu'il s'était instaurées à lui même : ne jamais leur montrer quand il avait peur, être toujours bienveillant... Il s'ajoutait des contrariétés à lui-même en faisant cela, il en était conscient, mais il ne pouvait pas faire sans. Son frère et sa sœur étaient les personnes auxquelles il tenait le plus, et il ne pouvait pas se permettre de les perdre. Il tendit la main vers la lettre. Mickaël la lui donna, bien qu'il ne le fit qu'avec regret. James ouvrit la lettre et commença à lire.

Mon fils,

Si tu lis cette lettre, c'est que tu as décidé de me croire,

Tant mieux, car tout ce que j'ai dit hier soir est vrai,

Je t'en donne ma parole.

Le sang des mages coule dans tes veines, que tu le veuilles ou non.

Ton esprit est plus pur que celui des humains :

C'est celui d'un mage.

Tout en toi montre que tu es un mage.

James grimaça. Il n'aimait franchement pas son père depuis qu'il avait découvert la magie. Mais, malgré ses réticences, il continua à lire la lettre :

Je sais que cela peut te paraître fantastique, mais, à partir d'aujourd'hui, tu vas changer d'école.

Un vieil ami à moi va venir te chercher. Emmène les jumeaux, et dis leur tout.

James sourit en lisant cela. La magie avait donc ses limites : ni son père ni sa mère ne savait que les jumeaux les avaient espionnés.

Tu vas être scolarisé dans une académie surnommé « The Bridge's Academy ».

Tu vas y apprendre la magie. S tu ne veux pas, je ne t'en tiendrais pas rigueur.

Si tu le veux, par contre, va rejoindre mon ami à midi à la volière.

La volière était une petite clairière où on trouvait beaucoup d'oiseaux. Il était onze heures, il n'avait donc plus beaucoup de temps pour prendre sa décision.

À très bientôt, je l'espère.

La lettre se finissait comme cela. James passa la lettre aux jumeaux impatients, songeur. Devait-il partir pour cette académie mystérieuse ? Finalement, il décida de partir : savoir utiliser la magie le rendrait surement moins faible. Il fit savoir cette décision aux jumeaux qui sautèrent de joie en l'entendant. À midi moins dix, habillés d'un simple sweat-shirt et d'un pantalon d'été (ce n'était pas dans les habitudes des Awen de porter des shorts) ils se mirent en route. Les sacs à dos qu'ils portaient n'étaient pas bien lourds : James et les jumeaux ne s'étaient pas attachés à beaucoup de biens matériels durant leur courte vie chez les humains.

- Oh la la, ça va être trop bien, s'écria Jennifer, enthousiaste.

- C'est sûr, répondit son frère en sautillant.

Malheureusement, James ne partageaist pas leur enthousiasme. Quand ils arrivèrent dans la clairière, où des aigles royaux jacassaient, James vint les caresser. Il avait toujours eu un rapport particulier avec les animaux, qui ne le fuyaient pas, mais qui, au contraire, l'approchaient. C'était un phénomène étrange qui ne manquait jamais d'étonner les passants. James caressait l'encolure d'un des deux aigles quand une lumière éblouissante l'aveugla. Comme une apparition divine, un homme sortit de l'auréole blanche qui s'était matérialisée dans la clairière. Celui-ci était d'une beauté surnaturelle : ses longs cheveux d'un noir de jais lui descendaient en cascade jusqu'aux épaules. Ses fines lèvres rouges contrastaient parfaitement avec la cicatrice rouge sang qui barrait son avant-bras droit. Ses yeux aussi bleus que l'océan étaient grands, mais pas disproportionnés et ne faisaient qu'accentuer sa beauté. Son corps, qui s'était musclé sous l'effort, était fin et dévoilait de jolies courbes, malgré la tunique verte clair et le pantalon un petit peu plus foncé que l'homme portait. Celui-ci posa un genoux à terre et prononça solennellement :

- Serow Awen, prince des elfes.

Comme hypnotisé par le prince, ni sa sœur ni son frère ne répondit. Se voyant dans l'obligation de répondre, James s'agenouilla à son tour et déclara :

- James Obien, prince de rien du tout. Et voici mon frère Mickaël et ma sœur Jennifer.

L'homme éclata d'un grand rire.

- Ne nous embêtons pas avec les formalités, jeune homme.

Chapitre 4, Le bureau de passages[]

Le trajet fut long, bien que la distance parcourue n'était pas extraordinaire. Ils venaient de rallier Morlaix, une petite ville bretonne où James et les jumeaux allaient à l'école. La beauté de la petite troupe ne les faisait pas passer inaperçus, même avec les capuchons que leur avait donnés Serow et qu'ils se voyaient obligés de rabattre sur leur tête. Le voyage aurait pu être beaucoup moins long s'ils avaient emprunté une voiture mais Serow rechignait à toucher à la technologie humaine et James commençait à se demander s'il n'avait pas raison. C'était en voyant son frère approuver que Mickaël avait déclaré, excédé :

- On dirait qu'il n'y a bien plus que moi qui suis sain d'esprit ici.

Cela dit, Jennifer lui avait collé une grande baffe dont il gardait encore la marque.

Serow ne lui avait pas donné d'indications précises sur l'endroit où ils devaient aller, et le chemin qu'ils prirent ne lui en donnèrent pas plus. Le centre de Morlaix était animé et les magasins qui bordaient les rues ne manquaient pas. James fut donc surpris de voir Serow entrer dans l'un d'eux. Il suivit quand même le mouvement et entra à son tour. Une librairie ! C'était là qu'Alexie et lui allaient après les cours, pour feuilleter quelques BD et romans. Mais Serow ne se dirigea pas au rayon jeunesse, pas plus qu'il ne retira son capuchon de sa tête. Sans une hésitation, il se dirigea vers le rayon « littérature religieuse » ce qui surprit fortement James. Mais il ne s'attarda pas une seconde sur les ouvrages qui peuplaient les murs et marcha plutôt vers une vieille dame que James avait déjà aperçue dans ses nombreuses escapades à la librairie. Assise sur une chaise, elle semblait prête à faire des dédicaces. En l'étudiant bien, James trouva que c'était plus le genre de personne à mieux connaître l'histoire que le monde actuel. Il fut donc surpris de l'entendre dire sur un ton jovial :

- Bonjour, Serow. Tu nous amènes de nouvelles recrues ?

- En effet, Marha, répondit-il sur le même ton. Évites de trop les perturber, s'il te plaît, ils ont encore l'esprit fragile.

- Très bien, concédât-elle. Où voulez-vous aller ?

- À Candeshlande, répondit Serow. James se sentit immédiatement happé vers le sol. Comme si une main géante l'avait emmené avec elle dans les profondeurs de l'abîme.

Chapitre 5, Candeshlande[]

Quand James reprit conscience, il était allongé sur un brancard, à l'ombre d'un grand pin. Serow, accoudé à l'arbre, sourit en le voyant et lui dit :

- Salut ! Je vois que toi non plus, tu n'es pas fait pour l'isoloir. T'es presque aussi sensible qu'un elfe !

James fronça les sourcils. Que pouvait bien être l’isoloir ? Il tenta de comprendre le mot sous tous ses angles, cernant la moindre de ses facettes, sans toutefois parvenir à se faire la moindre idée de la signification de ce mot. Sans toutefois le comprendre, il lui trouva un sentiment vaguement familier, comme s'il l'avait déjà entendu auparavant.

Serow l'entraina à travers des ruelles sombres de la ville qu'il appelait Candeshlande. Il lui apprit que c'était la ville qui faisait la frontière entre Ardamir et le monde des humains. Un marchand ambulant, vendant une drôle de mousse verte, criait dans la rue : « Mangue fraîche ! Mangue fraîche ! ». Mais Serow ne se préoccupa pas de cela. Il se contenta de courir à travers les rues jusqu'à être arrivé à un bâtiment imposant, fait de pierre blanche et surmonté d'une coupole.

- C'est l'hôtel de ville, dit Serow. Ton père t'attend dedans.

- J'ai pas envie de le voir ! répondit James.

Serow se contenta de hausser les épaules.

- Il m'a demandé d'aller te chercher et de te t'amener à lui, répondit-il.

James ne répliqua pas. Le ton de Serow était sans appel. Il le suivit donc, la tête basse, à travers les grands acs de la ville.

Advertisement